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2. LES ZONES PILOTES D’ÉTUDE

2.2. Méthodes et moyens d'investigation

2.2.2. Les méthodes spatiales

L’outil télédétection a toujours et continue de constituer un espoir pour les gestionnaires de la lutte anti-acridienne dans les pays affectés par le fléau. On attend, en effet, de cet outil qu'il permettre l’aide à la décision rapide pour l’alerte et l’intervention précoces en permettant de localiser, en temps utile, les sites où apparaissent des conditions favorables à la survie, la reproduction, à la multiplication, voire à la grégarisation de l’insecte afin d'orienter prioritairement les équipes de prospection et de lutte vers ces lieux et éviter des déambulations coûteuses. Elle doit également aider à la caractérisation et à la cartographie du paysage de l’habitat et des biotopes du Criquet pèlerin.

Bien que cette utilisation de la télédétection en lutte anti-acridienne est relativement ancienne (Pedgley 1974). Elle reste, toutefois, toujours en deçà des attentes anti-acridiennes malgré son évolution dans d’autres types d’utilisation militaires et même civiles, Il faut en effet accéder à des méthodes fiables en milieu désertique et qui allient rapidité d'obtention des informations (pas de temps décadaire) et faible coût d'exploitation (Routier 2000).

La télédétection a surtout, été utilisée pour la détection de la végétation en vue d’aider à la surveillance anti-acridienne (Ghaout 1990, Hielkema et al. 1986, Hielkema et al. 1981). Louveaux et al. (1990) ont étudié le fonctionnement de l’aire de reproduction hivernale du

Criquet pèlerin en Mauritanie en utilisant, entre autres, une image Landsat. Cherlet & Gregorio (1991) ont tenté la calibration et l’intégration de la modélisation des données de la télédétection pour la surveillance des habitats du Criquet pèlerin. D’autres espèces acridiennes et leurs milieux ont été mieux étudiés.

En Asie centrale, Latchininsky et al. (2007) ont essayé de voir si les images Landsat peuvent améliorer le suivi de l’habitat de Locusta dans le delta de la rivière Amudarya en Ouzbekistan. En Chine, Liu et al. (2006) utilise 2 images Landsat ETM pour le suivi de l’invasion du Criquet migrateur Oriental dans 3 zones pilotes (Huangzao, Yangguangzhuang et Tengnan) aux environ de la province de Hebei sur le plan de l’intensité des dégâts et leurs distributions.

Ceccato et al. (2007) ont fait un travail sur les prévisions climatiques saisonnières par rapport à la recrudescence en Afrique de l’Ouest (2003-2005).

En ce qui concerne, les travaux de télédétection sur la géomorphologie en milieu du Criquet pèlerin, elle est très rare à l’exception du travail de Voss (1994, 1993) sur la cartographie de quelques biotopes acridiens ont été réalisés, en Mauritanie, au Soudan et à Madagascar. Despland et al. (2004) ont étudié l’effet des structures des paysages sur la formation des essaims en Mauritanie et au Soudan (Région centrale) par l’indice de végétation NOA/AVHRR. Leurs conclusions étaient que la résolution utilisée n’était pas adaptée pour distinguer les zones de déclenchement de grégarisation par rapport à d’autres. Par contre, dans la deuxième partie de l’étude, ils ont confirmé que les structures des paysages influencent le développement des recrudescences à travers deux mécanismes que sont : (1) la haute abondance des ressources qui favorise la multiplication des criquets tandis que (2) la contraction des ressources dans des petites taches augmente la concentration. Franc et al. (2005) ont utilisé la télédétection pour améliorer l’outil d’évaluation du risque acridien du Criquet Migrateur malgache en utilisant une image Landsat, ce qui a permis de caractériser 22 biotopes acridiens dans 5 écorégions.

Enfin un travail sur l’utilisation des images Spot 5 pour identifier la présence des criquets a été fait par Kibasa (2006) qui n’a pas pu distinguer les criquets des sols contrastés.

Par contre dans d’autres espèces acridiennes les milieux et la géomorphologie ont été mieux étudiées.

En Chine, Liu et al. (2006) utilise les images Landsat (capteur ETM) pour identifier les zones de reproduction de Locusta migratoria autour de l’embouchure de la vallée jaune en classant ses régions et leur couverture fractionnelle de végétation.

Au Kazakhstan, Sivanpillai et al. (2006) ont cartographié les biotopes de Locusta dans le delta de la rivière Illi en utilisant l’imagerie Landsat.

Franc (2007) étudie en détail les transformations mésologiques sur la dynamique des populations et la grégarisation du Criquet nomade dans le Nord de Madagascar, grpâce à des analyses synchroniques et diachroniques d’iimages SPOT pour démontrer la formation récente d'une aire grégarigène de ce ravageur sous l'effet d'une intense déforestation.

Par contre les travaux de télédétection sont très nombreux dans d’autres domaines, non-acridiens, tel que la géologie, physique et biogéographie dont, entre autres, ceux de Courel (1984, 2004) qui a mené de multiples études sur la transformation récente des milieux sahéliens de l’Afrique à partir de mesures fournies par les satellites.

De notre côté, nous souhaitons utiliser la télédétection pour spatialiser et caractériser l’ensemble des informations concernant le fonctionnement des éléments de paysage dans les

deux zones de haute et de basse fréquence, afin d’en détecter les similarités et les différences significatives.

Au départ, nous avions visé trois objectifs dans les études spatiales :

1. Caractériser les éléments géomorphologiques du milieu des deux zones d’étude en utilisant, entre autres, les images Landsat 7 TM, en vue d’en détecter les différences significatives pouvant avoir un rôle dans la grégarisation du Criquet pèlerin.

2. Etudier l’évolution comparative de la végétation avant et durant les deux années d’études 2002 -2004 grâce à l’analyse des images acquises

3. Essayer d’utiliser les images Meteosat pour détecter les nuages à pluie enregistrées par les stations automatiques installées dans les zones d’étude.

2.2.2.1. Le choix des satellites

Le pemier satellite choisi est Landsat (Land Satellite) de la Nasa principalement à cause de la taille de résolution et l’accessibilité de ses images. Il est largement connu et bien décrit par Girard & Girard (Girard & Girard 1999). Il est héliosynchrone, avec une résolution de 30 m sauf pour la bande infrarouge où elle est de 120 m. Sa répétitivité est de 16 jours. Chaque scène mesure 170 km en Nord-Sud et 185,2 km en est-Ouest. Il lui faut 233 tracés pour couvrir le globe ; chaque tracé couvre 248 scènes. Il est à une altitude de 696 km à l’équateur et à 741 km aux pôles et dispose d’un capteur ETM+ d’une bande spectrale de 10, 4-12, 5 µm.

Le second satellite choisi est Meteosat 6. Il est géostationnaire, est à une altitude de 35 800 km au dessus de l’équateur, à 0° de latitude. Il observe l’ensemble du globe. Il lui faut 25 minutes pour construire une image.

La nouvelle génération de Meteosat MSG n’a pas pu être testée à cause du retard de l’installation de sa station de réception au niveau du pays.

2.2.2.2. Le choix des images satellites

Nous avons acquis 3 images d’une scène Landsat TM 7 au n° LE720304700028150 de la zone qui correspondent au passage (Path) 203 et à la ligne (ROW) 047 collectées respectivement pour les périodes des : 6 juillet 2001, 24 septembre 2001 et 7 et octobre 2001suivant l’ordre de commande de l’USDA numéro 0110205240037. Les images étaient Géoréférencées en UTM/WSG84. Avec l’orientation de la carte (MAP ORIENTATION) sous format FAST-L7A. La taille du Pixel est de 28,5 m pour chacun des 7 canaux

Le choix de ces trois mois est justifié par leurs caractéristiques temporelles représentatives des milieux, du centre et Sud du pays. En effet, le mois de juillet est celui de la fin de la saison sèche tantdis que le mois de septembre est celui du pic de la période pluvieuse mais aussi du développement de la végétation. Le mois d’octobre produit ce que les nomades appellent en Hassanya « l’octobrie » : les pluies d’octobre.

Nous avons voulu comparer ces images durant les mêmes mois au cours des deux années d’étude 2002-2004. Malheureusement le Satellite est tombé en panne et par conséquent nous n’avons pas obtenu d’autres images de cette période. L’utilisation des images disponibles a été, par conséquent limitée à l’exploitation de la caractérisation géomorphologique des zones d’étude.

Pour les images Meteosat, la station de réception utilisée est localisée à l’ASECNA à l’aéroport de Nouakchott. Les deux zones d’étude basse et haute fréquence ont été géoréférencées et marquées dans l’écran de la station. Les images sont stockées dans la station par semaine. Une visite pour visualisation des images est faite toutes les fins de semaines pour détecter les nuages supposés produire des pluies couvrant la zone d’étude. Quand apparaît un nuage sur la zone, une impression papier est faite et ensuite sa comparaison est faite avec les données enregistrées par heure au niveau des stations automatiques.

Remarque.Les images traitées LANDSAT TM, couvrant les régions sèches, arides, hyperarides,

fournissent une représentation remarquablement précise de toutes les formes de relief pour les études de au géomorphologie : plateaux, inselbergs, ergs, aklés, plaines sableuses, surfaces rocheuses : glacis d’érosion et ergs, cuvettes lacustres.

Par contre, quand il s’agit d’avoir des informations fiables sur le tapis végétal, en utlisant par exemple l’indice NDVI (Indice de végétation normalisée), il est indispensable de limiter les observations et interprétations aux seules régions du Sahel central (entre les isohyètes 350 et 500 mm) où, les années les plus fastes, le tapis herbacé est suffisamment dense pour être perceptible (biomasse végétale d'au moins 1 500 kg ms/ha).

Or, en Mauritanie, seule la partie Sud du pays est concernée par le Sahel septentrional où le couvert végétal est plus ou moins continu, moins aléatoire.

Par contre, LANDSAT TM et SPOT ségrégent des unités végétales et des états de surface très variés dans la vallée alluviale du Sénégal.

Autrement dit, l’indice NDVI calculé à partir de l’image LANDSAT TM est inexploitable pour la discrimination des unités biogéographiques dans les régions sahariennes et saharo-sahéliennes où la faiblesse de la pluviométrie entraîne la discontinuité du tapis végétal.

Si la télédétection est un outil remarquable pour le suivi des écosystèmes des régions humides du monde, elle n’est pas l’outil le plus adéquat pour l’observation de la végétation des régions arides et hyperarides.

La télédétection, pour être efficace implique l’interprétation d’un grand nombre d’images et notamment des données enregistrées en temps réel, du début à la fin d’une invasion acridienne. Si nous voulions privilégier la télédétection au CNLA, il faudrait doter ce dernier d’un véritable centre de télédétection et d’un centre de réception, donc investir des sommes considérables. Cependant grâce à des données de terrain précies et géoréférencées sur les biotopes acridiens couplés à des images de haute résolution pourraient permettre de cartographier les unités de végétation.