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2. LES ZONES PILOTES D’ÉTUDE

2.3. Structure des biotopes des zones de haute et basse fréquences

2.3.4. Les biotopes acridiens

Analyses acridiennes

Au total, 3 612 relevés ont été effectués dans la zone d’étude, dont 1 563 avec une observation de Criquet pèlerin.

Tab. XXXII : Matrice de co-occurrence entre les trois phases de Criquet pèlerin et les entités

géomorphologiques mises en évidence par photo-interprétation.

Classe G LS LT LG AS AT AG Total 0 12 5 1 21 7 2 52 1 16 13 2 33 18 6 101 2 10 4 0 11 4 0 33 3 26 11 17 56 12 9 138 4 29 15 28 70 14 20 187 5 90 94 52 140 84 34 553 6 68 66 44 126 90 44 475 7 6 0 0 7 0 0 13 8 204 131 40 289 83 39 865 9 12 12 0 17 9 3 65 10 5 4 1 17 4 4 39 11 6 5 0 18 8 0 42 12 0 0 0 3 1 4 8 13 23 12 35 52 13 71 211 14 37 26 13 59 26 19 202 Total 484 360 185 805 333 161

Classes G : 15 classes géomorphologiques spatialisées sur la zone d’étude. L : Larve, A : Ailé, S : Solitaire, T : Transiens, G : Grégaire

Voir feuillet AFC -7 : AFC sans la classe 7 qui est déséquilibrée.

Le test du khi² préalable montre que la répartition des larves entre les classes géomorphologiques n’est pas homogène mais bien différentielle, avec un seuil de probabilité de P= 10E-14.

Fig. 58 : Analyse factorielle des correspondances liant la présence des 3 phases des larves de

Criquet pèlerin avec les entités géomorphologiques mises en évidence par photo-interprétation.

0 à 14 : 15 classes géomorphologiques spatialisées sur la zone d’étude. L : larve, S : solitaire, T : transiens, G : grégaire.

Les deux premiers axes de l’AFC expliquent 100 % de la répartition. La présence de larves grégaires (LG) contribue très fortement au 1er axe. La présence de larves solitaires (LS)

transiens (LT) contribue de manière opposée au 2ème axe.

La région 13 et la région 8 sont fortement opposées entre elles et expliquent la répartition des larves grégaires.

Les régions 13, 4 et 3 sont préférentiellement utilisées pour la reproduction des grégaires. Les régions 8, 0 et 2 sont préférentiellement utilisées pour la reproduction des solitaires. Les régions 9, 11, 1 et 10 sont préférentiellement utilisées pour la reproduction des

transiens.

Les unités de la zone de haute fréquence sont sans aucun doute favorables à la présence de

Schistocerca gregaria, puisqu’elles regroupent 91,5 % de l’ensemble des individus, de la forme larvaire à la forme ailée, recensés dans les deux zones de haute et basse fréquences.

Tab. XXXIII : Occurrence des différentes phases du Criquet pèlerin dans les unités

géomorphologiques de la zone de haute fréquence.

Unités LS LT LG AS AT AG Total % total

2 10 4 0 11 4 0 33 1,33 3 25 11 17 56 12 9 138 5,53 4 29 15 29 70 14 20 187 7,50 5 90 94 52 140 84 34 553 22,18 6 68 66 44 126 90 44 475 19,05 7 5 0 0 7 0 0 13 0,005 8 204 131 40 289 83 39 863 34,0 12 0 0 0 3 1 4 8 0,003 13 23 12 35 52 13 71 211 8,46

LS : larves solitaires, LT : larves transiens, LG : larves grégaires; AS : ailés solitaires, AT : ailés transiens, AG : ailés grégaires.

Dans la zone de haute fréquence, les larves (LS, LT, LG) et les ailés (AS, AT, AG) représentent 40,35 % et 51,18 % respectivement de l’ensemble des individus décombrés dans les 2 zones.

Les unités où les effectifs les plus nombreux sont : – El Khatt (8),

– le système dunaire complexe (5), – la plaine sableuse (6),

– le Tagant (13),

– le système dunaire akleiforme (4) et les grandes dunes dissymétriques (3), c'est-à-dire, à l’exception de la bordure occidentale du Tagant, les unités dunaires ou sableuses portant généralement sur un tapis végétal à Stipagrostis pungens et Panicum turgidum, relativement dense.

Les unités géomorphologiques de la zone de basse fréquence sont à l’exception de l’unité (1) : dunes dissymétriques séparées par des formes d’érosion : versants glacis de piedmont (14) des glacis d’érosion (9) et (10) où le substratum rocheux est couvert de blocs et de cailloutis (reg) ou d’un voile sableux peu épais ou des étendues planes correspondant à des dépôts lacustres et fluvio-lacustres dépourvus de toute végétation. À ce propos, on peu affirmer que les unités de la zone de basse fréquence sont faiblement végétalisées. On comprend alors pourquoi la zone de basse fréquence ne regroupe que 8,5 % des larves et les ailés recensés dans les 2 zones.

Tab. XXXIV : Occurrences des différentes formes du Criquet pèlerin dans les unités

géomorphologiques de la zone de basse fréquence.

Unités LS LT LG AS AT AG Total % total ZHF+ZBF

1 16 13 2 33 18 6 101 4,05

9 12 12 0 17 9 3 65 2,61

10 5 4 1 17 4 4 39 1,57

11 6 5 0 18 8 0 42 1,69

Tab. XXXV : Occurrences des différents stades et phases du Criquet pèlerin dans les zones de

haute et basse fréquence.

Zone de basse fréquence Zone de haute fréquence

1,57% Larves solitaires 18,29 % 1,33 Larves transiens 13,40 0,001 Larves grégaires 8,66 3,41 Ailés solitaires 30,24 1,57 Ailés transiens 12,07 0,005 Ailés grégaires 8,87

NB : les ailés sont les plus fréquents (ZHF : 51,18%, ZBF : 4,95%) que les larves (ZHF :

40,35 %, ZBF : 2,90 %), dans les deux zones.

La « fréquentation » de la zone de haute fréquence par les différents stades du Criquet pèlerin (larves et ailés) est beaucoup plus importante que dans la zone de basse fréquence. Ceci s’explique par l’extension des ensembles dunaires et des alluvions fluviatiles du Khatt et l’état satisfaisant de la pseudo-steppe qui le couvre. Il est vraisemblable d’ailleurs que ces mêmes formations sableuses « piégent » et « thésaurisent » les eaux de ruissellement provenant du Tagant occidental et les eaux de pluie estivales.

Delpy (1959) dans la notice hydrogéologique de la feuille au 1/200 000 à Ksar et Barka, se référant à la tradition orale locale, fait l’hypothèse que le Khatt qui aujourd’hui suit le piedmont du Tagant, coulait vers le SSW pour rejoindre le Sénégal. Cette hypothèse est plausible puisque la pluviométrie en Adrar était de l’ordre de 600 à 800 mm entre 9 000 et 5 000 BP (Holocène supérieur), de 400 à 500 mm vers 3 500 BP contre 100 à 150 mm aujourd’hui (Chamard 1973a). Sous une telle pluviométrie, les rivières fonctionnaient et les lacs étaient nombreux dans de Trabel Hajra. Les formations dunaires (unités 2, 3, 4, 5 et 6) qui se sont mises en place au début de l’assèchement progressif de l’Afrique occidentale, ont modifié, en les barrant, les cours d’eau descendant du Tagant comme le Khatt.

Il est donc vraisemblable que l’humectation de la masse sableuse des champs de dunes de la zone de haute fréquence ait pour origine le sous écoulement des eaux fluviales dans les vallées d’oueds aujourd’hui fossilisées par les sables éoliens.

Ce n’est pas tant les formes que la nature des formations qui font de ces unités des sites à forte présence acridienne les formes les plus fréquentées sont les ergs à elb-alâb, les aklés à substrat sableux, les épandages fluvio-éoliens épais de plus de 3 mètres et les allusions des grands oueds, etc.à la condition d’être constituées de sables fins à moyens, légèrement hétéromètriques, ayant un pouvoir de rétention de l’humidité relativement élevé.

À ces formes majeures bien représentées dans l’espace mauritanien, s’en ajoutent de nombreuses autres discontinues et spatialement dispersées :

– les cordons dunaires reposant sur un substrat rocheux et séparés par des couloirs interdunaires plus ou moins larges dont le plancher est tapissé de paléosols, de dépôts fluvio-lacustres ou lacustres, de formations pédologiques (croûte calcaire, grès de type alios) ;

– les épandages sableux pelliculaires ;

– les cuvettes lacustres où les dépôts argileux plus ou moins riches en chlorure de sodium et sulfate de calcium des sebkhas.

– les dépressions lacustres où se sont accumulés au cours de l’Holocène, des dépôts diatomitiques (eaux douces ou légèrement salées) fossilifères ;

– les versants-glacis, les glacis d’érosion ou les glacis d’épandage à la périphérie des plateaux (Adrar, Tagant, Assaba) et enfin, les affleurements rocheux de la surface des plateaux sus-cités.

Telles sont les formes de relief d’accumulation (erg, aklé), d’invention (buttes de diatomites, de paléosols) d’érosion ou d’érosion-accumulation (les glacis) et les reliefs structuraux qui caractérisent les régions désertiques de Mauritanie.