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III. Présentation et discussion des résultats

4.1 Organisation de la collaboration

Binôme 1

Le p emie con ac en e R g.1 e Sp .1 e effec la en e, di ec emen le e ain e an elle o gani a ion di c e o po e p alablemen . Semblan e l niq e informa ion pa ag e, l en eignan e p ciali e a p ci le l men de ba e conna e conce nan la po e p ofe ionnelle adop e lo q n l e malen endan fai pa ie de l effec if de cla e : en début d année je lui ai donné deux trois informations sur la surdité / notamment l essentiel à savoir o placer l él ve et comment s adresser à elle et se dire que si on lui parle dans le dos on va pas obtenir grand-chose » (Spé.1, annexe 4.b, p.58). Selon les propos rapportés par ces deux praticiennes, cet aspect semble le seul

l men pa ag d embl e.

En effet, les deux enseignantes concernées ici déplorent toutes deux que peu de temps est con ac po change a je d p oje de cola i a ion de l l e d ficien e a di i e q elle accompagnen conjointement. Les rencontres en dehors des périodes d en eignemen deme en m me e memen a e a i b e p i en-elles être. Le emp a e donc co e la di ponibili manq an e. Afin de em die cela e pa eni à communiquer a minima à distance, un groupe de messagerie instantanée est mis sur pied, mais ce biais de communication reste lui aussi peu investi et fonctionnel.

Concrètement, leur organisation se présente de la manière suivante : Rég.1 a transmis sa planification annuelle peu après la rentrée à Spé.1 lui donnant ainsi une idée globale de ce q i allai e fai en co d ann e en ma h ma iq e e en f an ai . N anmoin , en ai on d pe d change le a ail effec e mai galemen d j ache e d p og amme quotidien se révélant fortement sujet aux changements, il demeure complexe pour l en eignan e SPES d an icipe e de p pa e e in e en ion comme elle le o hai e ai . Effec i emen , Sp .1 mod le on ac ion p dagogiq e e didac iq e g ce l ob e a ion di ec e d éléments du terrain, du travail effectif de son élève et compte également énormément sur cette dernière pour la tenir au courant du travail en cours. Cette enseignante spécialisée arrive donc souvent avec quelques activités déjà prêtes dérivées des manuels officiels ou de renforcement, mais elle ajuste son intervention sur le moment en fonc ion de la ma i e e de la h ma iq e in e ie pa l en eignan e i lai e d an la ance en q e ion. En m , R g.1 agi e Sp .1 adap e imm dia emen de i e. Ce q i e le p obl ma iq e ici, c e q e ce fonc ionnemen ne con ien pa l en eignan e p ciali e q i d i e ai e info m e en amon afin de p pa e de activités, des aménagements ou du matériel spécifiques pour être au plus près des besoins de l l e d ficien e a di i e.

En omme, le p oje de collabo a ion comme no le o on de l e ie ne emble pa ellemen abo i. N a an pa p i le emp de po e le ba e en amon , le a ail conjoin effec e ici la ol e e ne pa a pas contenter tous les partis impliqués. De plus, le manq e d change ne pe me pa d em die . San di c ion p alable ni e o le

ac ion men e a p de l l e d ficien e a di i e, Sp .1 a le en imen de po e e le le p oje d in g a ion de son élève.

Binôme 2

Le binôme qui réunit Spé.1 et Rég.2 allie échanges réguliers et adaptations en cours de o e. Dan ce en , l en eignan e i lai e n info me pa o jo l en eignan e p ciali e d p og amme p l a ance, il ne fai pa l obje d ne p pa a ion conjoin e en amont : « la SPES connaît plutôt bien le programme donc généralement elle vient en classe et pis je présente l exercice comme ça (Rég.2, annexe 4.f, p.197). Toutefois, l en eignan e g li e a p i le oin de an me e à la rentrée ses planifications sur l ann e l'en eignan e cha g e d app i : « je lui ai envoyé mes planifs par contre en début d année donc elle sait à peu pr s euh dans quel module je me trouve et pis euh et pis quel sera le prochain exercice que je vais faire » (Rég.2, annexe 4.f, p.197).

Le p a icienne on d e min en emble le di cipline po le q elle l en eignan e spécialisée allait intervenir et ont échangé autour de la fonction SPES en classe : « en début d année on a défini là o j allais agir, après on a un peu ajusté [...] on a pris vraiment le temps de, de discuter [...] de comment elle, elle pouvait percevoir ma place dans la classe (Spé.1, annexe 4.a, p.36) ».

La collabo a ion e con id e comme po i i e de pa e d a e, no amment grâce a fai q e ce en eignan e e connai aien a an de collabo e . C e ne o gani a ion pi odiq e e p og e i e, comme p ci p c demmen : l en eignan e p ciali e conna pa foi le ac i i a an d a i e en cla e, d a e foi elles discutent dix min e a an le d b de co e c e l occa ion po elle de p opo e la i lai e de modalités de fonctionnement : je vous avoue que c est plus au jour le jour. Apr s elle arrive parfois une dizaine de minutes en avance donc je lui présente l exercice et puis elle me dit ah mais tu sais on pourrait faire ci, on pourrait faire ça (Rég.2, annexe 4.f, p.207). De plus, les deux professionnelles prennent le temps de partager leurs observations quasiment après chaque séance : « elle reste une quinzaine, vingtaine de minutes après chaque cours et pis euh on fait des petits retours sur ça » (Rég.2, annexe 4.f, p.208).

Cependant, leurs échanges tournent davantage autour des feedbacks que des anticipations.

L en eignan e p ciali e précise que les discussions avec la titulaire de classe permettent de réguler les pratiques conjointes à travers des questions du type : est-ce que t es à l aise quand je suis dans la classe ou bien est-ce que tu préfères quand je suis en dehors ? Est-ce qu au fond de la classe ça te va si je continue de parler quand tu donnes des consignes ? (Spé.1, annexe 4.a, p.21). L en eignan e cha g e de o ien o gani e donc principalement au jour le jour avec la titulaire, de manière souple en fonction des be oin de l l e : on n a pas mis en place un / protocole genre tel jour tu fais ci comme ça euh c était au coup par coup (Spé.1, annexe 4.a, p.22).

D n poin de e fonc ionnel, le de p ofe ionnelle changen la pl pa d emp pa mes age o lo de pa e afin q e l en eignan e p ciali e p i e an icipe le modali ociale d ne ac i i o le g la ion ma ielle n ce ai e . De pl , la i lai e fai pa la SPES de e ob e a ion lo q elle n e pa en cla e afin de pe me e n i i pl global de l l e malen endan e e de fai e de choi conjoin pertinents. Leurs rencontres sont plutôt informelles et leurs échanges prennent place de

mani e pon an e, l aj emen e an o efoi con an : j ai pas forcément besoin d avoir des moments formels quand l entente est là en fait. Parce que euh on échange vraiment très régulièrement avec Rég.2 » (Spé.1, annexe 4.a, p.41).

Le contenu des échanges semble évolutif au cours du temps entre les deux praticiennes.

En effet, la en e, l en eignan e p ciali e con eille la i lai e p opo de la po e p ofe ionnelle adop e po pe me e l l e malen endan de cap e le me age o al e l aide pen e n plan de cla e ad q a . Pa la i e, elle pa age des informations utiles a ec l en eignan e i lai e en lien a ec le diffic l colai e q elle encon e. A bo de pl ie emaine , le de p ofe ionnelle aj en le emp d app i e al en conjoin emen le be oin de l l e chaque discipline. Un schéma semble finalement se dégager ; l en eignan e SPES e po e la i lai e le be oin de l l e malen endan e, elles définissent ensemble où sera faite la différenciation, la titulaire met ensuite ces aménagements en place et réajuste ses pratiques pédagogiques selon les discussions avec la SPES.

Selon l en eignan e p ciali e, la i lai e e n el pa enai e de am nagemen pen po l l e malen endan e, elle adh e galemen a p oje e e ne ca elle oi le bénéfice et en comprend le sens.

De manière générale, on peut dire que le binôme 2 priorise une continuité du dialogue, et ce dan la pon an i , po g le le p a iq e a f e me e. L a ic la ion quotidienne de leur mandat respectif soulève une anticipation des activités relativement faible mais une organisation plus générale pensée en amont.

Binôme 3

Le oi i me bin me d en eignan a e ne pa a oi ellemen de momen de rencontre car en général, les deux professionnels échangent sur le vif ou durant la c a ion. Il on l a an age d a oi ne comm nica ion efficace e n abo den q e l e en iel. De pl , le encon e ne on pa fo mali e , il fonc ionnen la maje e partie du temps avec des implicites et font régulièrement des points de situation : « le pointage on le fait tout le temps. On est à la récréation, on en parle » (Rég.3, annexe 4.g, p.232). a e le change g lie , il al en le p og de l l e, il con a en les difficultés, ils réfléchissent ensemble aux moyens compensatoires nécessaires et

el en l efficaci de ol ion o e .

L en i e de le o gani a ion e fai donc in i mai elle e con i globalemen le p incipe q e l en eignan e p ciali e a i e l en eignan i lai e e on p og amme dans sa pratique : ça s organise sur le vif, maintenant moi je suis de toute façon, et ça je le fais avec tous les enseignants avec qui, chez qui je suis, je suis / je suis euh du verbe suivre [...] leur euh leur journée, leur programme, où ils en sont » (Spé.2, annexe 4.c, p.112). De on c , R g.3 d fend ne pa o loi di e l en eignan e p ciali e ce q elle doi fai e ca elon l i, elle e ga an e de l l e malen endan q and elle e p en e en classe, c e elle la p ciali e. C est une spécialiste je vais pas lui dire quoi faire, elle conna t son travail. Elle me demande quel est le menu de la journée, on fait ça , c est d elle m me qui sait quand elle va aller vers E. pour pouvoir euh l aider dans des tâches » (Rég.3, annexe 4.g, p.226). Il n a donc pa d o gani a ion p alable, l en eignan g lie

indiq e la SPES le ac i i q il a p e e elle in e ien comme elle l en end a p de l l e d ficien a di if.

Dans le même sens, Rég.3 ne oi pa la p ence de l en eignan e p ciali e comme ne in ion en cla e. De pa on long pa co de empla an , il a p i l habi de de collaborer constamment avec des professionnels différents. La répartition du travail et de la place que chacun occupe au quotidien se fait naturellement entre les deux enseignants, an conce a ion. Il on o de a b n fice de nomb e e e p ience e n on pa n ce ai emen be oin de a ange en amon po fai e conco de le a ail en cla e :

« on a un peu roulé notre bosse les deux pis [...] on n a pas besoin de se dire les choses en fait, elles se font » (Rég.3, annexe 4.g, p.232). Il y a donc un réel échange au cours de l ac ion d en eignemen e en deho ce q e o ligne d aille Sp .2 : « il y a quelque chose d assez fluide et d assez euh / limpide (Spé.2, annexe 4.c, p.112).

Ain i, il n a ni p pa a ion en amon en e le de p a icien , ni an icipa ion ; Sp .2 ne conna pa le p og amme de la jo n e l a ance. N anmoin , le de x professionnels on d cid d n comm n acco d q e l in e en ion de l en eignan e p ciali e p end ai place niq emen en cla e a p de l l e, modali acco dan a ec ce q i emble e le pl b n fiq e on p oje d in g a ion. D aille , elon l en eignan i lai e, la collabo a ion a ec l en eignan e cha g e d app i e fondamen ale po le bon d o lemen d p oje d in g a ion. A i, il pa agen ellemen le m me objec if d app en i age e empa en d m me p og amme colai e. L en eignan e SPES ien info m le i lai e de l ol ion de l l e, elle con i e a o ce p incipale d info ma ion : « Spé.2 alors là oui et elle va me faire des retours réguliers » (Rég.3, annexe 4.g, p.233) et c est grâce à elle que j en sais plus sur ce genre de cas » (Rég.3, annexe 4.g, p.233).

En fin de compte, une collaboration que nous pourrions qualifier de progressive et pon an e e mi e en place en e ce de en eignan q i emblen a oi p i le marques dans ce fonctionnement et y trouver chacun pleinement leur compte. Il nous appa a ici q ne bonne comm nica ion, ne co-intervention équilibrée ainsi que des objectifs communs clairs favorisent une collaboration jugée efficace.

Binôme 4

À travers leur entretien respectif, les deux praticiennes nous partagent leur organisation conjoin e dep i le encon e da an d il a 3 an e la mani e don elle e anc e durant les deux années de collaboration.

Ain i, a an la en e colai e, l en eignan e p ciali ée rencontre la titulaire pour lui e pliq e le be oin de l l e o d e a fonc ion de o ien en an q e SPES. Elle l i fait part des limites de son intervention ainsi que des règles de fonctionnement qui lui sont essentielles et les bases de la collabo a ion on ain i d finie en emble. C e a i l occa ion po le p ofe ionnelle de d e mine le le e le appo de chac ne dan le p oje colai e de l l e. « On avait pris beaucoup de temps avec euh Rég.4 au début de l année pour discuter de ce que moi j avais besoin, pour pouvoir [...] proposer quelque chose de, de solide, d efficace, qui ait du sens pour l enfant (Spé.3, annexe 4.d, p.132).

L o gani a ion op a ionnelle d p oje e po i conjoin emen : le de en eignan e échangen a o de be oin ol if de l l e o d e d ciden de la modali d app i

la pl adap e, oi l e ie de la cla e, en indi id el o dan n pe i g o pe de a ail. L en eignan e g li e planifie alo l ho ai e e le ac i i p oposées à la classe en fonc ion de he e de p ence de l en eignan e p ciali e.

To a long de l ann e, l en eignan e g li e fai pa eni ma iq emen le programme de la semaine à l'enseignante spécialisée : elle savait à l avance les textes ou les exercices qu on allait travailler et elle, elle adaptait. Moi je lui faisais une confiance totale, et après elle me faisait un retour de ce qui avait pu être fait ou pas » (Rég.4, annexe 4.h, p.252). Cela pe me l en eignan e p ciali e de réfléchir a priori aux enjeux des exercices prévus et de transmettre des feedbacks à la titulaire a posteriori, principalement pa c i l aide de mo le p pi e o de me age en deho de he e colai e . Les rencontres se font souvent à la dérobée, mais du temps est également pris de manière plus formelle de temps à autre tout en restant rare. « On dialoguait beaucoup même si elle avait peu de temps parce qu elle arrivait d ailleurs et elle repartait ailleurs, donc c était vraiment très court » (Rég.4, annexe 4.h, p.252). Ainsi, les échanges ne prennent pas place sur des temps formalisés mais de façon spontanée selon les besoins du moment et les disponibilités de chacune. Une fois par mois les professionnelles disent consacrer un temps plus conséq en po fai e le poin la i a ion de l l e.

De mani e g n ale, l en eignan e SPES e ime q il n a pa be oin de pl de g la ion a ec la i lai e ca ne foi le p oje lanc , ne ce aine o ine e in all e.

Leur collaboration est perçue comme idéale par celle-ci, les échanges constants permettent de g le le a ail conjoin e la i lai e comp end l impo ance po la SPES d a oi le e e cice p l a ance, pe me an d an icipe le be oin de l l e malen endan e de p oi de am nagemen . Le con a de diffic l q il encon e on mi ensemble et les décisions de remédiation prises de concert. L'enseignante régulière accepte les projets proposés par la SPES - qui ne les impose jamais non plus - et la place au même ang q elle en cla e. De pl , le nomb e e di c ion e fle ion en e le de p ofe ionnelle emblen ga an i le lien en e la cla e o dinai e e l app i SPES.

Une prise de recul nous permet de constater que ce binôme enseignant fonctionne relativement bien, notamment grâce au fait que les bases de la collaboration ont été définies d le d b , q e la i lai e comp end le be oin de la SPES e en ien comp e, q ne confiance m elle e finalemen in a e en e le p a iciennes. On remarque de plus q e le encon e on p incipalemen info melle e q e l imb ica ion de p a iq e de chacune des enseignantes est permise par une communication constante, bien que déployées dans deux endroits physiques distincts.

Finalement, une tendance générale peut être soulevée, la totalité des binômes enseignants o gani e a e de encon e info melle e d mon e ne faible p pa a ion conjointe des activités en amont. Dans la majeure partie des cas, l'enseignante spécialisée SPES n a pa connai ance d p og amme l a ance e d ploie a p a iq e a o d adap a ion de che p e pa l en eignan g lie a de diffic l encon e pa l l e d ficien a di if. No po on donc q alifie l o gani a ion in e ie par les binômes en termes de modulations permanentes des interventions selon le partenaire p ofe ionnel e le p oje de l l e impliq . La g la ion e la fle ibili on pa ie p enan e de ce e o gani a ion, pa ic li emen po l en eignan p ciali q i in e

dan n fonc ionnemen abli pa l en eignan g lie d pendan , l i, d p og amme scolaire en vigueur.