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Options de valorisation des poules reformées et des mortalités

Chapitre 4. Résultats et discussion

4.2. Résultats de l ’analyse des niveaux d’importance des variables

4.3.1 Options de valorisation des poules reformées et des mortalités

Les mortalités sont des poules qui meurent tout au long du cycle de production. Ces poules mortes sont valorisées à travers le compostage, l’enfouissement, l’incinération et l’équarrissage (tableau 5). Les poules reformées sont des poules en fin de cycle de production. Ces poules sont valorisées à travers les mêmes options de valorisation que les mortalités auxquelles s’ajoute la consommation humaine (tableau 6). La variabilité des niveaux d’utilisation de ces options de valorisation et de disposition force la discussion sur ces options afin de savoir les options qui sont les meilleures du point de vue de la logique de l’EC.

De l’avis des experts consultés lors du processus DELPHI, outre la valorisation à travers l’alimentation humaine qui ne serait permise qu’avec les poules reformées, les autres options de valorisation sont telles que l’équarrissage est l’option à préférer du point de vue de la logique de l’EC (figure 16 et figure 17). ll est suivi par l’incinération et le compostage. L’enfouissement paraît être la dernière option, voire même la pire.

Figure 16 : Classement des options de valorisation des mortalités

Source : Auteur (2019) à partir du sondage DELPHI

1

3 3

4

Équarrissage Incinération Compostage Enfouissement

Le classement des options de valorisation et de disposition des poules reformées et des mortalités est justifié par un certain nombre d’arguments ci-après formulés par les experts.

Pour ce qui ne peut être valorisé à travers la consommation humaine (les mortalités), l’équarrissage est sans aucun doute la meilleure option, car

il donne l’opportunité de tirer le maximum de la valeur de la carcasse et de développer de nouveaux produits (huiles, farines de viande et d’os, etc.). De l’énergie de réserve peut-être potentiellement récupérée du processus (Traduction de l’auteur).

Figure 17 : Classement des options de valorisation des poules reformées

Sour Source : Sondage DELPHI (2019)

La valorisation des poules reformées à travers la consommation humaine est de plus haute valeur ajoutée que l’équarrissage :

elle maximise l’utilisation efficace des ressources pour la production d’aliments destinés à la consommation humaine. Ceci permet de remplacer le besoin de produire des poulets de chair en allouant une partie de la production d’œufs à la production de viandes. Elle représente donc le moyen le plus efficace de faire circuler les nutriments et l’énergie vers la consommation humaine (Traduction de l’auteur).

Du point de vue de l’EC, l’Incinération est préférée au compostage et à l’enfouissement. En effet cette option est utile pour la circularité étant donné qu’

elle peut potentiellement inclure la récupération de l’énergie de réserve. Cette dernière peut substituer une partie des combustibles fossiles. Elle peut aussi permettre de récupérer certains nutriments (Phosphore et Potassium) et évite les émissions de méthane de l’enfouissement (Traduction de l’auteur).

1

2

3 4

5

Consommation

humaine Équarrissage Incinération Compostage Enfouissement

Bien que le compostage permette de récupérer la valeur fertilisante des carcasses, cette dernière reste relativement petite dans le cycle des nutriments. De plus,

cette option (le compostage) consomme de l’énergie alors que sa capacité à détruire tous les agents pathogènes indésirables est remise en cause. Son potentiel d’émission de GES (CH4, N2O) n’est pas négligeable. Il pourrait toutefois, être un choix par défaut pour ce qui ne peut pas être valorisé à l’équarrissage et dans des situations où l’énergie de réserve de l’incinération ne peut être recouvrée (Traduction de l’auteur).

L’enfouissement est la pire option de circularité, car

il offre zéro circularité : pertes de nutriments, néfaste, car il produit les GES (en particulier le méthane) et la qualité de l’eau (lixiviation de résidus de la décomposition). Cette option traduit un état d’esprit négatif et ne pourrait être envisagée que si, au minimum, le méthane peut être capté et que son utilisation est effective (Traduction de l’auteur).

Ce classement ci-haut présenté ainsi que les arguments le justifiant rejoignent le classement récemment suggéré par Korhonen et al. (2018). Ces auteurs soutiennent que « les produits (ou matériaux) doivent d’abord être récupérés pour être réutilisés et [...] ensuite seulement pour l’utilisation de la matière première, qui est le principal objectif du recyclage traditionnel. Selon l’optique de l’EC, la combustion à des fins énergétiques devrait être l’avant-dernière option, tandis que la mise en décharge est la dernière option » (Korhonen et al., 2018). Suivant cette logique, un parallèle peut être fait entre les options proposées par Korhonen et al. (2018) concernant le devenir des produits et les options considérées dans notre étude pour la valorisation des mortalités et des poules reformées. En effet, la valorisation des poules reformées à travers la consommation humaine est un moyen de donner à ces co-(sous) produits une seconde utilisation valorisante (réutilisation) tandis que l’équarrissage et le compostage sont des options de recyclage pour récupération de la matière première. L’incinération est proche ou équivalente à la combustion pour récupérer de l’énergie et l’enfouissement à la mise en décharge.

Dans le classement suggéré par Korhonen et al. (2018), l’un des critères considérés est l’économie d’énergie. La considération de ce critère vaut aussi pour les options de valorisation des poules reformées et des mortalités. En effet, selon les entretiens réalisés lors des visites de fermes, dans des zones où il existe peu d’unités d’équarrissage, la fréquence de récupération des poules est basse ce qui contraint les producteurs à les garder sous congélation en attendant que les transporteurs passent les récupérer. Ceci

entraîne une consommation d’énergie électrique supplémentaire et pousse certains producteurs à opter pour la disposition (des mortalités) à travers le compostage. Dès lors, on comprend les tendances récemment observées (Pelletier, 2017b) concernant la disposition des mortalités par les fermes canadiennes où, en 2012, les plus grandes parts de mortalités étaient compostées (57 %) et incinérées (16 %). L’équarrissage et l’enfouissement ne concernaient que respectivement 13 % et 14 % des mortalités. Cette distribution est toutefois peu préoccupante pour la circularité globale de la ferme avicole, car en général, le volume de mortalités est faible comparé au volume des poules réformées. La moyenne du taux de mortalité est établie à 3 % (FPOQ, 2017) ce qui suggère que 97 % de l’effectif de poules entrées au démarrage arrivent en fin de cycle de production et deviennent des poules de réforme. En 2012, l’utilisation des options de valorisation des poules reformées au Canada était telle qu’environ 91,5 % de ces poules étaient valorisées à travers la consommation humaine (58,2 %) et l’équarrissage (33,3 %). La part restante (8,5 %) était occupée par le compostage. L’incinération et l’enfouissement n’étaient pas utilisés (Pelletier, 2017b). Une telle répartition est plutôt satisfaisante et profitable pour la circularité en aviculture au Canada, considérant l’importance des poules réformées.

En somme, la consommation humaine est la meilleure option de valorisation des poules reformées. Elle est suivie par l’équarrissage qui compte aussi bien pour la valorisation des poules reformées que des mortalités. Selon notre classement, toutes choses étant égales, les fermes dont la grande part des poules reformées est valorisée à travers la consommation humaine et l’équarrissage réaliseront les meilleures performances en termes de circularité. La présence d’unité (s) d’équarrissage ainsi que leur accessibilité sont des facteurs déterminants à considérer lors de l’évaluation des indicateurs des variables de décision valorisation des poules réformées et réduction et valorisation des

mortalités. Il s’agit des indicateurs IP9, IP10, IP11 et IP12 puis IP14, IP15, IP16 et IP17

décrits dans le tableau 10. Ainsi, pour prendre en compte le contexte spécifique de

chaque ferme, le suivi et l’évaluation de ces indicateurs devraient être basés plutôt sur arbre de décision centré sur la présence (ou pas) d’un abattoir de volaille et d’unité (s) d’équarrissage et leur accessibilité (à une distance raisonnable par rapport à la ferme). La

figure 23 donne le modèle de l’arbre de décision qui peut être utilisé. Ce modèle est décrit au chapitre 5 soit dans la partie dédiée à la description de l’outil pratique de suivi des indicateurs de mesure de la circularité au sein des entreprises avicoles.