• Aucun résultat trouvé

FONTAINE Laurence

1

, BONIN Ludovic

2

, GARNIER Jean François

2

, LIEVEN Jean

3

, LEMARIE Patrick

4 1 ITAB, 9 rue André Brouard, CS 70510, 49105 Angers cedex 02 ; 2 Arvalis – Institut du végétal ; 3 CETIOM ; 4 CAB Pays de la Loire Contact : Laurence.fontaine@itab.asso.fr

Résumé : Les pratiques de désherbage mécanique font partie des techniques mobilisées dans les systèmes de grandes cultures biologiques pour maîtriser les adventices, en complément de mesures d’ordre préventif. Le programme de recherche mené entre 2009 et 2012 a permis de progresser sur la caractérisation du désherbage mécanique, ses conditions de mise en œuvre et de réussite, ainsi que sur la nécessité de connaître les adventices pour mieux les maîtriser. Il a par ailleurs montré la nécessité de développer des actions de promotion privilégiant les approches participatives des agriculteurs, pour favoriser la mise en œuvre de ces pratiques. Que ce soit en AB ou en agriculture conventionnelle économe en intrants, acquérir des connaissances et communiquer sur l’efficacité de ces pratiques et des outils apparaît indispensable.

Mots-clés : désherbage mécanique, adventices, faible intrant, bineuse

Projets dans lesquels s'intègrent les travaux : Casdar 8135 Désherbage mécanique (janvier 2009 - mars 2012)

Partenaires impliqués : Arvalis – Institut du végétal ; CETIOM ; ACTA ; Chambres d’agriculture de Seine-et-Marne, du Loir-et-Cher, d’Indre-et-Loire, du Gers, de la Lorraine et ses départements, des Pays de la Loire ; CREAB Midi-Pyrénées ; FDGEDA du Cher ; GRAB de Haute-Normandie, CAB des Pays de la Loire et GAB de Loire-Atlantique, FRAB Bretagne et GAB bretons

Contexte

La gestion de la flore adventice est une préoccupation majeure des systèmes de production agricoles, dans un contexte de volonté de diminution de l’utilisation des herbicides. Des méthodes de gestion de la flore sont disponibles en agriculture biologique (AB) et en agriculture conventionnelle (AC) en réduction d’herbicides, basées sur l’agronomie (rotation des cultures, travail du sol…) et sur la pratique de désherbage mécanique (DM). L’étude de ces techniques mécaniques innovantes (outils utilisés, conditions d’utilisation) et leur évaluation (efficacité, coût, temps de travail, impacts environnementaux) est un préalable à une diffusion large auprès des agriculteurs, d’autant que des freins subsistent quant à la mise en œuvre de ces pratiques à large échelle.

Objectifs et enjeux du travail de recherche

Le projet Casdar 8135 a été monté pour étudier, optimiser et promouvoir le DM sur un plan technique. Ses objectifs étaient de : - connaître les pratiques des agriculteurs en matière de DM et évaluer l’efficacité de ces pratiques ;

- connaître les adventices pour mieux les maîtriser ;

- étudier les conditions de transfert de ces techniques à des agriculteurs ne les pratiquant pas. Démarche scientifique

Différentes approches, complémentaires, ont été mobilisées pour répondre aux objectifs du projet. Près de 200 enquêtes ont été menées dans les 7 régions partenaires du projet, portant sur le matériel utilisé, les adventices les plus problématiques, la perception du DM, les moyens d’information mobilisés. Des entretiens approfondis ont été réalisés auprès d’une trentaine d’agriculteurs en AB pour décrire et analyser précisément leurs pratiques. Des expérimentations ont été menées dans le cadre du projet (en AB et AC), et les résultats compilés et analysés avec ceux d’essais réalisés précédemment ; ainsi, une synthèse a été effectuée en céréales d’hiver en AB (les cultures les plus représentées) sur 91 données (nombre d’essais x modalités testées x types d’adventices étudiés). Enfin, deux études sociologiques ont été conduites auprès d’agriculteurs conventionnels à l’échelle de bassins-versants en Bretagne et Pays de la Loire (acceptation de nouvelles pratiques).

Acquis scientifiques

Connaître et évaluer les pratiques. La combinaison d’outils, herse-étrille et bineuse en tête, domine chez les agriculteurs

biologiques (Figure 1), sachant que la herse est plus présente en polyculture-élevage et la bineuse dans les systèmes céréaliers. L’analyse des entretiens avec les agriculteurs met en évidence la très grande variabilité des pratiques, dépendante de nombreux facteurs : période de semis, écartement des rangs, fenêtres climatiques favorables et disponibilité pour intervenir, rotation des cultures, niveau d’interventionnisme de l’agriculteur. En céréales d’hiver en AB par exemple, les moyennes sont de 6,5 passages par

parcelle, 45 l/ha de consommation de carburant, 2,5 h de travail, mais elles cachent de très fortes disparités.

L’analyse des résultats d’essais de désherbage sur céréales d’hiver en AB montre que les stratégies les plus efficaces sont celles où les passages sont multiples, avec un premier passage précoce (entre la pré-levée et le stade 3 feuilles), avec 40 à 50% d’efficacité moyenne (exprimée en % de suppression des adventices). On constate cependant une très grande variabilité des efficacités, dépendantes des stades des adventices et de la répétition des passages. Néanmoins, lorsque la bineuse est l’outil prédominant dans les stratégies (avec plusieurs passages), ces dernières ont de meilleures efficacités (allant de 40 à 65%) (aussi démontré par Davies et al., 2002). Par ailleurs, plus le premier passage de désherbage sera tardif, plus les efficacités seront limitées ; les stratégies incluant des passages précoces puis des répétitions sont donc les plus efficaces. On constate par ailleurs que les stratégies incluant la bineuse peuvent avoir un effet positif sur le rendement des céréales en AB (limitation de la concurrence des adventices et minéralisation de l’azote).

7% 14% 0% 55% 4% 20% 0% 56% 7% 11% 4% 4% 11% 7% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Combinaison des différents matériels de désherbage mécanique (échantillon complet) (147 agriculteurs bio, 27 agriculteurs conventionnels)

AB/mixte conventionnel

Figure 1. Combinaison des types d’outils de DM (tous systèmes, céréaliers et polyculture-élevage)

Connaître les adventices pour mieux les maîtriser. Les adventices les plus préoccupantes citées dans les enquêtes de 2009 sont

le rumex et le chardon, avec une tendance majoritaire à la stagnation (rumex plus cité en polyculture-élevage, chardon en système céréalier). La folle avoine suit derrière, plus citée en système spécialisé, caractérisée par une forte recrudescence ces dernières années. Afin d’aider les producteurs à mieux identifier les adventices présentes sur leurs parcelles et, surtout, à les gérer dans la durée, une brochure a été élaborée dans le cadre du projet. Les principales adventices rencontrées dans les systèmes de GC en AB sont décrites (éléments de biologie), des photos sont reproduites pour faciliter leur reconnaissance, des recommandations sont fournies pour aider à contrôler leur développement.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 N o m b re d e c it a ti o n s Sans réponse Diminue Stagne Augmente

Figure 2. Adventices les plus citées par les agriculteurs biologiques et avis sur leur évolution dans le temps

Diffuser et transférer les techniques de DM. Les enquêtes de 2009 nous apprennent que, paradoxalement, près de la moitié des

agriculteurs biologiques ne s’estiment pas assez informés sur les techniques de DM (bien que les pratiquant), alors que plus des 2/3 des agriculteurs conventionnels enquêtés s’estiment assez informés. En AB, les besoins d’information cités par les agriculteurs portent à des niveaux équivalents sur (i) l’efficacité des méthodes de lutte, (ii) les caractéristiques des adventices (biologie, nuisibilité/tolérance), (iii) la connaissance des outils. En agriculture conventionnelle, un large plébiscite concerne (i) l’efficacité des méthodes de lutte et (ii) leur coût. L’enquête a aussi montré que, dans l’échantillon enquêté, plus d’un tiers des agriculteurs biologiques se basent sur les informations issues des échanges en groupe d’agriculteurs, alors qu’en conventionnel les premières sources d’information utilisées sont les conseillers agricoles (1/3 des réponses) suivis par la presse agricole (27% des réponses). Il est intéressant de noter le contraste entre les deux modes de production, et le fait que les agriculteurs biologiques soulignent, ainsi, l’importance des échanges entre agriculteurs et le besoin de connaitre les adventices pour mieux les maîtriser.

environnement et santé sont globalement pris en compte par les agriculteurs. Néanmoins, la solution désherbage mécanique est clairement concurrencée par la solution – a priori plus accessible aux agriculteurs conventionnels - de réduction des doses de désherbants chimiques. Le temps de travail à affecter aux solutions mécaniques constitue un frein important, devant les craintes de manque d’efficacité technique. L’apport d’informations techniques concrètes est important pour faire face aux réticences : efficacité des pratiques, conditions de mise en œuvre, évaluations comparées de temps de travaux et d’impacts sur l’environnement. En complément, l’élément déclencheur se situe très souvent au niveau des aides attribuées pour ce type de pratiques. L’accompagnement de l’agriculteur (individuel, collectif) est ensuite déterminant pour assurer l’appropriation progressive des techniques de désherbage mécanique. Les échanges – et donc l’organisation de ces échanges - entre praticiens du DM sont un élément clé pour favoriser la diffusion de ces pratiques.

Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

Les différentes actions du projet ont pointé les besoins en information et en références exprimés sur le DM : besoins en information, pour faire évoluer les représentations qu’ont du DM les agriculteurs ne le pratiquant pas (encore) ; besoins en références, pour améliorer les pratiques en termes d’efficacité technique, de temps de travail, d’impact environnemental, de coût économique… Si différentes brochures, directement issues des travaux du projet, ont été publiées pour répondre en partie à ces attentes, la poursuite d’expérimentations au champ et d’analyse des pratiques des agriculteurs est à mener. La connaissance des adventices reste un complément essentiel, ainsi que l’amélioration des outils et de leurs réglages. Le détail des techniques et les outils de communication sont par contre à réfléchir en fonction des cibles, entre les agriculteurs biologiques d’une part et les agriculteurs en réduction d’herbicides d’autre part, les besoins et les systèmes de culture différant.

Perspectives

Des travaux restent à mener pour repérer les conditions d’efficacité des différentes stratégies applicables en AC et en AB. Une piste explorée est celle des fenêtres d’intervention disponibles, notamment en passages précoces (impact des conditions pédoclimatiques). En plus des apports de l’expérimentation, de nombreux enseignements restent à tirer du suivi et de l’analyse des pratiques de désherbage des agriculteurs, que ce soit en poursuivant la valorisation des données recueillies dans le cadre de ce projet ou en menant de nouvelles enquêtes. Le projet a par ailleurs clairement identifié des pistes d’amélioration en matière de partage et de diffusion des connaissances sur les techniques de DM, faisant intervenir les sciences sociologiques. Les échanges - et l’organisation de ces échanges - entre praticiens du DM apparaissent en effet comme un élément-clé pour favoriser la diffusion de ces pratiques.

Publications relatives au projet

Fontaine L., Lieven J., Zaganiacz V., Vacher C., Cairon A., Quillet M., 2010. Optimiser et promouvoir le désherbage mécanique : état de la situation chez des agriculteurs biologiques et conventionnels. AFPP, Actes de la vingt-et-unième Conférence du Columa, Journées Internationales sur la lutte contre les mauvaises herbes, Dijon, 8-9 décembre 2010, 10 p.

Restitutions du projet Casdar 8135 Désherbage mécanique, consultables sur http://www.itab.asso.fr/programmes/desherbage.php : ITAB, 2012a. “Désherber mécaniquement les grandes cultures”. 82 p.

ITAB, 2012b. “Connaître les adventices pour les maîtriser en grandes cultures sans herbicide”. 89 p. Lemarié P., 2012. Promouvoir le désherbage mécanique autour de captages d’eau potable. 18 p.

Thareau B., 2010. Comment promouvoir l’utilisation du désherbage mécanique ? Analyse sociologique des points de vue d’agriculteurs face au changement des pratiques de désherbage. 11 p.

Autre référence citée

Session "Innovations en production végétale" Poster 6

Résultats

Étude des effets de différents modes innovants de gestion du sol en AB sur la fertilité et ses modes

Outline

Documents relatifs