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5.1 Analyse qualitative

5.1.2 Occurrences atypiques de l’intonation d’implication

Les formes atypiques sont beaucoup moins représentées que les formes typiques : 13 items au total, soit 11%. Elles s’avèrent surtout beaucoup plus hétérogènes puisqu’on en dénombre cinq catégories différentes parmi lesquelles une seule compte plus de 2 représentants. Voici l’inventaire illustré de ces formes.

5.1.2.1 pi (intonation d’implication) à forme de ct (contour continuatif)

Deux contours identifiés comme des intonations d’implication présentent en fait la forme typique du contour montant continuatif : aucune inclinaison descendante de la courbe de fréquence fondamentale n’est décelable mais seulement une courbe

Figure 17. Contour identifié comme intonation d’implication à forme de contour continuatif (Ja9-pi1) et contour continuatif prototypique (Ja9-ct3)

Le contour Ja9_pi1 a été identifié par les deux experts comme un contour d’implication, comme l’indique son nom (« pi » et non « Api » ou « Cpi ») pourtant, sa forme apparaît tout à fait comparable à celle du contour Ja9_ct3 qui appartient au même tour de parole et représente un prototype de contour continuatif. Les fichiers son relatifs à ces contours s’appellent respectivement « PIaformedeCT » et

« prototypeCT ».

5.1.2.2 pi (intonation d’implication) à forme de t (contour de finalité)

Un seul contour identifié comme pi présente quant à lui une forme prototypique de contour de finalité : c’est-à-dire une chute intonative depuis un maximum de F0 situé sur une syllabe antérieure à la syllabe pénultième. A l’exemple de la figure 17, la figure 18 confronte l’image d’un prototype de finalité avec celle du contour identifié comme intonation d’implication.

Figure 18. Contour identifié comme intonation d’implication à forme de contour de finalité (AL3_Api1) et contour de finalité prototypique (AL3_t5)

Les versions sonores des contours représentés dans la figure 18 se nomment

« PIaformedeT » et « prototypeT ».

5.1.2.3 pi (intonation d’implication) à plateau

L’un des exemplaires d’intonation d’implication non prototypique constitue la partie finale d’un long plateau intonatif qui s’étend sur cinq syllabes consécutives et que montre la figure 19 :

5.1.2.4 pi (intonation d’implication) à modulation inverse

Cette catégorie qui comporte elle aussi un unique exemplaire se distingue par une courbe dont le mouvement est inverse à celui qui caractérise l’intonation d’implication typique : ici, toujours sur l’empan de la dernière syllabe, la courbe de fréquence fondamentale descend d’abord pour remonter ensuite dans la dernière partie du contour. La figure 20 illustre cette particularité :

Figure 20. Exemplaire de l’intonation d’implication présentant une courbe de fréquence fondamentale à inflexion inverse (descendante puis montantesur l’empan de la dernière

syllabe)

Le fichier son correspondant à cet exemplaire porte le nom de « modulation ».

5.1.2.5 pi (intonation d’implication) à pic sur la pénultième

La dernière catégorie est celle qui comporte le plus grand nombre d’occurrences : 8 items soit plus de la moitié des formes atypiques. Cet effectif correspond également à la moitié des contours présentant cette forme particulière dont huit autres exemplaires n’ont pas été identifiés comme intonation d’implication mais généralement comme contour de finalité t. Cette forme s’avère la plus intéressante parmi les atypiques en ce qu’elle présente la même inflexion montante puis descendante que l’intonation d’implication, mais décalée vers la gauche puisque le maximum de F0 est aligné avec la syllabe pénultième. La figure 21 donne un exemple de ce contour :

Figure 21. Exemple d’intonation d’implication dont le maximum de fréquence fondamentale est aligné sur la syllabe pénultième

La classification comme intonation d’implication de huit de ces formes montantes-descendantes à pic sur la pénultième correspond à une indétermination que l’on rencontre effectivement dans la littérature concernant l’intonation d’implication. En effet, Purson et Di Cristo (1998) décrivent un tel contour dont le fonctionnement comme demande de confirmation est identique à celui que peut assumer l’intonation d’implication. Par ailleurs, l’article de Marandin et collègues (2004) que nous discuterons dans le chapitre 7 de ce travail donne des exemples d’implication avec pic sur la pénultième.

B. Post (1999, 2000) se risque à proposer que la distinction entre les deux contours est une distinction phonologique et non un simple contraste entre allotones. Nous verrons au chapitre 6 que notre analyse discursive donne quelques arguments en faveur de cette conception.

5.1.2.6 Remarques sur les contours atypiques

On pourrait se contenter d’invoquer le faible effectif des contours « atypiques » (par

Pour le contour AL3_Api1 qui a la forme d’un contour de finalité, l’explication réside selon nous dans l’emphase qui en accompagne la production. Comme nous l’avons vu (section 2.2) l’intonation d’implication est très souvent analysée comme un contour emphatique à portée expressive ; en outre, elle occupe le plus souvent une position finale de groupe de sens qui en fait une marque de fin de « phrase » au même titre que le contour de finalité dont c’est la vocation principale. Un contour de finalité emphatique comme AL3_Api1 peut à cet égard être identifié comme pi.

Qu’est-ce qui explique l’identification dans le cas d’AL3_pi5 ? Dans le cas de ce long plateau mélodique, la courbe de F0, qui est restée à peu près au même niveau haut jusqu’à la dernière syllabe, s’infléchit rapidement vers une pente descendante assez abrupte sur celle-ci. On retrouve la chute mélodique à partir d’un point haut et sur la dernière syllabe qui caractérise l’intonation d’implication.

Le contour qui présente une modulation inverse à l’intonation d’implication lui ressemble par le fait de grouper deux pentes inverses sur une seule syllabe : or c’est l’intonation d’implication qui représente le recours le plus fréquent à cette composition, d’où, peut-être, la confusion.

Enfin, comme nous l’avons vu, la forme montante-descendante au pic de fréquence aligné avec la pénultième n’est pas différentiée de manière claire dans la littérature. De plus, nos experts ont identifié la moitié seulement de ses occurrences dans notre corpus comme intonation d’implication. Nous avons peut-être affaire dans ce cas à une catégorisation différentielle en cours d’établissement. Nous reviendrons sur cette question dans le chapitre 7 de ce travail.

5.1.3 Répartitions des contours consensuels et ambigus entre ces