• Aucun résultat trouvé

Emphase contrastive

Variante assertive Variante continuative

M H L H L H B

Variante Assertive

marquée

Figure 4. Représentation phonologique de surface de l’emphase contrastive et des variantes assertive et continuative dans le modèle aixois (d’après Di Cristo & Hirst, 1996)

La figure 4 fait apparaître en caractère gras la séquence par laquelle se distinguent les quatre types d’unité intonatives représentées et que le modèle nomme contour intonatif. L’emphase contrastive substitue la séquence LSTB aux séquences DT, DB et LHB de la variante continuative, de la variante assertive et de la variante assertive marquée. Cette dernière se distingue de l’intonation d’implication par une amplitude moins grande du dernier pic de F0 (H au lieu de T). Cette façon de distinguer l’assertif marqué de l’emphase contrastive essentiellement sur la hauteur du pic de F0 pourrait donc suggérer que l’emphase contrastive provient d’une amplification emphatique du marquage de l’assertion. Nous proposerons une solution alternative en termes d’alignement à partir de la différentiation du contour continuatif (voir section 7).

Le modèle aixois présente donc l’avantage de réduire les différences entre patrons intonatifs à la variabilité de réalisation d’un ou plusieurs point(s)-cible(s) en surface. En outre, la modélisation de la courbe de F0 peut être automatiquement obtenue par l’application de l’algorithme MOMEL ; il en va de même pour le codage de surface des unités intonatives avec l’alphabet INSINT. Le découpage en unités intonatives et unités tonales doit être réalisé à la main. En revanche, le modèle ne prend pas en compte les

2.2.3.2 Le morphème HB- dans le modèle de P. Mertens (1990, 2002, 2004)

Le modèle proposé par P. Mertens présente le double intérêt d’être très attentif aux aspects auditifs de l’intonation et de s’inscrire dans le cadre de recherches sur le traitement automatique des langues. L’intonation y est conçue comme une suite de tons ou morphèmes intonatifs, chaque ton étant attaché à une syllabe. Elle comporte quatre niveaux de hauteurs : les niveaux suraigu (H+) et infra-bas (B-) qui correspondent aux limites du registre usuel du locuteur et les niveaux haut (H) ou bas (B) qui sont définis relativement au ton précédent et entre lesquels l’intervalle est au moins d’une tierce majeure. Les intervalles mélodiques inférieurs à une tierce sont appelés rehaussement ou abaissement du niveau primaire auquel il s’ajoute et que l’on note alors respectivement : « /B » ou « \H » par exemple.

Les tons sont regroupés dans une unité appelée groupe intonatif défini par la présence d’un et un seul accent final (AF). Ce dernier peut être précédé d’une ou plusieurs syllabes inaccentuées (NA) et d’une syllabe porteuse d’un accent initial facultatif (AI) elle-même éventuellement précédée par une séquence de NA. L’accent final peut aussi être suivi par un appendice, c’est-à-dire une séquence de syllabes inaccentuées. Le groupe intonatif présente dès lors la structure prototypique suivante, où les éléments facultatifs apparaissent entre crochets : [[NA]AI][NA]AF[NA] (voir Mertens, 2002).

L’attribution des tons concerne aussi bien les syllabes inaccentuées (auquel cas, ils sont notés avec des lettres minuscules, par exemple b pour un ton bas) que les tons accentués (notation majuscule : B). Seul l’accent final peut recevoir des tons dynamiques qui se caractérisent par un glissando mélodique montant (BH) ou descendant (HB). Pour le distinguer de l’accent initial, on notera les tons statiques propres à l’accent final par un double symbole (HH ou BB).

Le tableau 3 ci-dessous résume la structure interne du groupe intonatif et les possibilités tonales associées à chaque syllabe :

H H

Tableau 3. Structure du groupe intonatif et tons associés dans le modèle de P. Mertens (d’après Mertens, 1990)

Dans ce modèle, l’intonation d’implication équivaut à deux tons différents représentés en caractères gras dans le tableau 3 : le ton HB et le ton HB-, selon que le ton bas n’atteint pas ou atteint la limite basse du registre du locuteur (comme nous le verrons plus loin, B. Post pose aussi une telle distinction, mais pas pour l’intonation d’implication). Le tableau 3 montre aussi que ces morphèmes, d’une part sont spécifiques de l’accent final et ne peuvent pas être associés à un accent initial, d’autre part peuvent être suivis par un appendice constitué de syllabes inaccentuées (on retrouve ici un trait décrit par Rossi et par Hirst & Di Cristo dans leurs modèles respectifs). Le morphème HB est un marqueur de focalisation, comme dans l’exemple (1) (emprunté à Lacheret –Dujour et Beaugendre, 1999) :

(1) Ce qui est horrible [HB] c’est de se dire [HH] j’n’en sortirai [BB] jamais [B-B-]

En revanche, le morphème HB- assume une fonction dite contrastive : (2) J’ai rencontré [HH] le secrétaire [HB-] du ministre (…)

Celle-ci sous-entend que le référent du lexème marqué par le ton contraste avec un autre référent, généralement sous-entendu (ici par exemple le ministre lui-même versus son secrétaire ; voir l’exemple donné pour le modèle de Hirst et Di Cristo qui attribue la même fonction à l’emphase contrastive).

Enfin, P. Mertens propose une transcription semi-automatique de la prosodie utilisant le modèle que nous venons de décrire par le moyen d’un programme appelé prosogramme (Mertens, 2004). Ce programme utilise notamment une procédure qui permet de localiser automatiquement les glissandi, notamment les glissandi descendants caractéristiques des tons dynamiques HB et HB-, à partir d’un seuil d’audibilité calculé spécifiquement pour la parole spontanée.

2.2.3.3 Le contour montant-descendant dans le modèle de B. Post (1999, 2000, 2002)

Il existe deux modèles de l’intonation du français qui soient directement inspirés par le modèle métrique autosegmental proposé pour l’anglais par J. Pierrehumbert (Pierrehumbert, 1980) qui constitue aujourd’hui l’un des paradigmes les plus influents pour les recherches en prosodie : le modèle proposé par S.-A. Jun et C. Fougeron (Jun

& Fougeron 2000, 2002) d’une part ; le modèle élaboré par B. Post dans sa thèse d’autre part (Post 2000, 2002). Du premier, nous ne dirons rien de plus ici dans la mesure où