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1 HISTORIQUE

1.1.2 VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA SANTE

Dans les années 1980, E. COTTON [15], ajoute au concept de santé d’I. Illich la

notion de potentiel d’énergie de l’homme.

Pour I. ILLICH [7], être en bonne santé revient à être en mesure de s’adapter et de

se protéger des changements hasardeux de l’environnement. Pour E. COTTON,

c’est grâce à son potentiel d’énergie que l’homme arrive à maintenir son équilibre et

à le rétablir lors d’une altération quelconque. Sans ce potentiel d’énergie, nul homme

ne peut envisager de guérison ; mais la question se pose de savoir d’où sort cette

énergie. Certains estiment qu’elle est issue du patrimoine génétique reçu par chaque

être vivant dès sa conception. Si cela est juste nous sommes devant un problème

social universel puisqu’une mère carencée risque de mettre au monde un enfant en

mauvaise santé qui s’épanouira difficilement. Cependant, nous savons aujourd’hui

que l’hérédité ne détermine pas définitivement la destinée des hommes.

J. A. BURY [16], pense que la santé réside dans l’harmonie de toutes les possibilités

de la personne, biologiques, psychologiques et sociales. Or, tous les besoins

fondamentaux de l’homme doivent être satisfaits pour que celui - ci atteigne cette

harmonie. Ces besoins fondamentaux sont qualitativement les mêmes pour tous les

être humains. Pour E. BERTHET [17], ils sont d’ordre affectif, nutritionnel, sanitaire,

éducatif et social. Très liés les uns aux autres, leur potentiel d’énergie devrait

permettre l’épanouissement et le développement de l’individu. Ainsi, l’homme peut se

défendre plus efficacement contre les microbes et les virus.

L’absence ou le déficit de satisfaction de ces besoins fondamentaux peut avoir

comme conséquence une déconsidération de soi - même empêchant de veiller sur

son complet bien - être. Ainsi, les populations les plus précaires socialement,

seraient de ce point de vue les plus susceptibles d’abriter des individus malades.

“C’est l’application d’une bonne hygiène corporelle et mentale (mais encore), dans

un environnement social - économique adapté aux besoins et aux aspirations de

chacun qui apporte le plus sûrement la paix du corps et de l’âme ».

A la toute fin du XX e siècle on constate que les demandes en matière de santé des

hommes évoluent rapidement. Depuis environ une trentaine d’années, la notion de

« qualité de vie » apparaît en complément de l’objectif de « préservation de la

santé ».

Suite à une réflexion sur la qualité de vie chez des personnes malades, une nouvelle

conception de la santé émerge. D’après P. PATRICK [12], « (…) la santé,

indépendamment de la maladie, est alors non plus un état mais un dynamisme vital

(une ressource) auto régulé par lequel le vivant fait face à ce qui le déséquilibre en

se réorganisant ». La santé est perçue de nouveau comme un équilibre, mais à la

différence de ce que l’on croyait à l’Antiquité, ce n’est plus un équilibre des humeurs

du corps, mais un équilibre du potentiel d’énergie propre à l’homme.

C’est cette énergie qui régule son rythme de vie et lui confère la qualité de vie qu’il

peut désirer. Ainsi, pour H - G. GADAMER [18] “La santé c’est l’équilibre du souffle,

du métabolisme et du sommeil (…) qui, dans leur déroulement, génèrent vitalité,

vigueur et énergie ”.

Les sociétés du siècle nouveau sont touchées par des maladies infectieuses dont

une grande partie peuvent être contrôlées. En revanche, elles sont confrontées à un

éventail de maladies de longue durée (maladies de la peau, cardio - vasculaires,

déficience respiratoire), ainsi qu’à des maladies méconnues et rares d’origines

différentes, d’origine génétique, auto - immune ou infectieuse : le Syndrome

d’Immunodéficience Acquise (SIDA), le Momo syndrome (macrosomie obésité

macrocéphalie anomalies oculaires), la maladie de Verneuil (maladie chronique des

zones glandulaires apocrites de la peau) et autres. Certaines de ces maladies

continuent toujours à faire des dommages dans des types de sociétés très distinctes.

En santé, il est impératif de soutenir l’éducation pour un public atteint de maladies

aiguës mais d’envisager une autre qui puisse s’adapter rapidement aux besoins en

santé d’un public concerné par de maladies de longue durée et dont le nombre des

nouveaux cas ne cesse de se multiplier.

Ces maladies sont malheureusement caractéristiques de notre époque et paraissent

évoluer parallèlement aux découvertes scientifiques dont elles sont l’objet.

Les particularités des sociétés contemporaines affectées par les maladies de longue

durée ont vraisemblablement poussé la création de ce que l’OMS a défini en 1998

comme l’éducation thérapeutique du patient.

L’éducation thérapeutique du patient, caractérisée par son modèle médical bio -

psychosocial, prend en compte désormais la personne dans son histoire tant

culturelle que clinique tout en continuant à considérer l’individu comme un sujet

capable de veiller lui même à son bien être, puisque déjà au XX e siècle, l’OMS [19]

estime que “(…) La santé est un état de complet bien - être physique, mental et

social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ”.

L’éducation thérapeutique ne se limite pas à la simple information sur la maladie

mais exige la formation thérapeutique du patient. D’après G. Avanzini, cité par A.

LACROIX et J – Ph. ASSAL [20] « On parlera de formation lorsque s’exerce un

ensemble cohérent d’actions en vue de conférer à des sujets une compétence

précise et prédéterminée ». Ainsi, cette éducation thérapeutique devra permettre au

patient d’appliquer sur lui – même les soins dont il a besoin quotidiennement et

souvent plusieurs fois dans la journée.