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LES ACTEURS DE L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

1 HISTORIQUE

1.2 L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT. DEFINITIONS

1.2.2 LES ACTEURS DE L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

L’éducateur - soignant en éducation thérapeutique est très souvent l’infirmière. La

nature du travail de l’infirmière, que l’on compare à l’attention d’un parent dévoué

pour son enfant, la place en première ligne pour devenir l’éducateur idéal en santé.

En effet, des études de terrain réalisées en 2004 sur le rôle essentiel de l’infirmière

dans l’aide à l’observance chez des patients sidatiques, l’une dans un centre

hospitalier de Cotonou (République du Bénin) et l’autre à l’hôpital Bichât (Paris),

montrent que le personnel infirmier :

a) Joue un rôle clé dans la prise en charge de la maladie.

b) Est le plus proche des patients et le plus présent dans les services concernés

(le langage utilisé par l’infirmière étant le plus proche et le plus

compréhensible par le patient).

La fonction de l’infirmière inclut l’éducation à la santé. Ce fait est mentionné dans le

décret relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmière du

15/03/1993.

«Art. 3 – Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmière accomplit les actes ou

dispense les soins infirmiers (…), visant notamment à assurer le confort du patient et

comprenant, en tant que de besoin, son éducation et celle de son entourage (…) ».

Ce même décret relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession

d’infirmière relève, qu’elle doit :

• Identifier les besoins des patients.

• Poser un diagnostic infirmier.

• Formuler des objectifs de soins.

• Mettre en œuvre les actions appropriées (des actions de soins et éducatives) et

les évaluer.

Il précise : « (…) l’infirmière favorise le maintien et l’insertion ou la réinsertion des

personnes dans leur cadre de vie familial et social. Il est important de souligner que

les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs sont de nature technique,

relationnelle et éducative. La réalisation de ces soins tient compte de l’évolution des

sciences et des techniques » [41].

Cependant l’éducation thérapeutique du patient s’effectue dans le cadre d’une

équipe composée habituellement du médecin et des autres professionnels de santé

dont l’infirmière. Cette éducation requiert ainsi un travail multi - professionnel, où le

patient est pris en compte dans sa globalité et dans son individualité selon le modèle

médical bio - psychosocial de l’éducation thérapeutique du patient. Il faut de plus

tenir compte du fait que l’éducation du patient se poursuit dans son entourage, lequel

a une influence sur elle et même sur le degré d’acceptation du patient. Accepter

d’être éduqué dépend ainsi également de facteurs psychologiques. En effet, souvent

l’éducation thérapeutique conduit le patient à devoir renoncer, par exemple, aux

bénéfices secondaires que sa maladie peut lui procurer. Ces bénéfices secondaires

sont, par exemple, vouloir profiter de son état de santé pour obtenir des concessions,

des privilèges au sein de la famille et de la société en général.

Les acteurs de l’éducation thérapeutique du patient ne se limitent pas aux

professionnels des soins. Avec le patient, premier concerné de ces acteurs, il y a,

selon F. HERVE [42], les parents et les enseignants qui prennent en charge, en

amont, l’éducation pour la santé au niveau de la prévention et de sa promotion, les

professionnels de santé, les travailleurs sociaux, les associations de patients et de

parents, tous sont soutenus par des professionnels spécialisés qui appartiennent aux

champs professionnels suivants :

a) Médical (connaître la maladie, ses causes et ses développements).

b) Epidémiologique (situer la maladie parmi les autres maladies, connaissance des

risques liés aux comportements).

c) Psychologique (les rapports de l’individu avec sa santé).

d) Social (l’interaction des individus, malades et soignants, avec leurs

environnements).

e) Educatif (l’accompagnement dans l’expérience du monde).

f) Politique (évolution de politiques publiques) et autres.

Le même auteur estime que ces professionnels ou toutes autres personnes

intervenant dans cette éducation, doivent chercher à acquérir des compétences en

matière d’animation , d’évaluation, de support méthodologique de dynamisation de

projets et d’éthique. Aussi, il pense que certains intervenants de l’éducation

thérapeutique du patient sont impliqués dans la formation des éducateurs de patients

et dans les programmes de recherche pédagogique, sans pour autant indiquer qui ils

sont.

On constate qu’il n’existe pas de profil type pour être acteur de l’éducation

thérapeutique du patient. «La difficulté à pouvoir en devenir un reste dans le fait

d’être capable de pouvoir développer des compétences et des connaissances

psychosociales et méthodologiques générales, plus notamment en Sciences de

l’Education et en pathologies de longue durée, qui permettent d’adapter ces savoirs-

faire quelque soit la formation professionnelle d’origine » [43].

Le travail de l’éducateur - soignant en éducation thérapeutique demande surtout une

ouverture aux changements de méthodes et de contenu du travail. Il implique un

travail d’équipe réunissant tous les acteurs engagés dans cette éducation, ce qui

n’est pas pratiqué dans la plupart des formations professionnelles. «Pour que cette

éducation soit appropriée et que l’effort soit soutenu dans le temps, il faut que cette

éducation soit confiée à des acteurs - soignants formés dans cette perspective des

choses » [44].

Ainsi, A. DECCACHE [25] souligne que « comme on forme les soignants, ils

éduquent les patients », que leur formation nécessite alors, le développement d’outils

de formation et d’évaluation adaptés et pertinents avec la logique d’éducation du

patient.

Du fait de cette éducation, l’OMS, en 1998, définit les compétences attendues des

éducateurs - soignants :

«Les (éducateurs -) soignants doivent être capables, individuellement et en équipe,

de/d’ :

1. Adapter leur comportement professionnel aux patients et à leur maladie (aiguë/

chronique).

2. Adapter leur comportement professionnel aux patients, individuellement, à

leurs familles et à leurs proches.

3. Adapter en permanence leurs rôles et actions à ceux des équipes de soins et

d’éducation avec lesquelles ils travaillent.

4. Communiquer de manière empathique avec les patients.

5. Identifier les besoins objectifs et subjectifs des patients.

6. Prendre en considération l’état émotionnel des patients, leur vécu et leurs

représentations de la maladie et de son traitement.

7. Aider les patients à apprendre.

8. Apprendre aux patients à gérer leur traitement et à utiliser les ressources

sanitaires, sociales et économiques disponibles.

9. Aider les patients à gérer leur mode de vie.

10. Choisir les outils adéquats d’éducation du patient.

11. Utiliser ces outils et les intégrer dans la prise en charge des patients et dans

leurs processus d’apprentissage.

12. Tenir compte dans l’éducation thérapeutique du patient des dimensions

pédagogiques, psychologiques et sociales de la prise en charge à long terme.

13. Evaluer l’éducation du patient et ses effets thérapeutiques (cliniques,

biologiques, psychologiques, pédagogiques, sociaux, économiques) et

apporter les ajustements indiqués.

14. Evaluer et améliorer de façon périodique la performance pédagogique des

soignants.

15. Eduquer et conseiller les patients quant à la gestion des crises et aux facteurs

qui interfèrent avec la gestion normale de leur maladie » [19].

Les éducateurs - soignants doivent ainsi être formés aux diverses méthodes de

communication, y compris, si besoin est, à celles relatives à l’enfance.

1.2.3 LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’EDUCATION