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Le niveau de vie relatif des seniors en comparaison internationale

Chapitre 2 – Le niveau de vie des retraités

2.3 Le niveau de vie relatif des seniors en comparaison internationale

Les personnes de plus de 65 ans avaient en 2016, en moyenne dans l’OCDE, un niveau de vie correspondant à 87,4 % de celui de l'ensemble de la population. C’est en France, où il atteint 103,2 %, que le niveau de vie relatif des plus de 65 ans apparaît le plus élevé parmi les onze pays habituellement étudiés par le COR. Le ratio est également très proche de 100 % en Italie.

À l’inverse, il était le plus faible en Belgique, représentant alors seulement 79,7 % du niveau de vie de l’ensemble de la population.

Dans tous les pays, le niveau de vie moyen des plus de 75 ans est inférieur à celui des 66-75 ans. Le décrochage est cependant faible au Japon (-4 points) et en Allemagne (-7 points), alors qu’il est important en Suède (-29 points) et aux États-Unis (-21 points). Le décrochage important dans ces deux pays s’explique par des taux d’activité élevés parmi les 66-70 ans.

Figure 3.12 – Niveau de vie des seniors rapporté au niveau de vie de l’ensemble de la population en 2016 dans différents pays de l’OCDE

Lecture : en 2016, les ménages de plus de 65 ans en France avaient un niveau de vie correspondant à 103,2 % de celui de l'ensemble de la population.

Note : les pays sont classés par ordre croissant de niveau de vie des plus de 65 ans.

Source : base de données de l’OCDE, 2020.

Approche du niveau de vie sur le cycle de vie : analyse sur cas types 3.1 L’évolution du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Le niveau de vie moyen des retraités, en tant que groupe, a augmenté de près de 20 % en termes constants entre 1996 et 2019. Cette situation du groupe ne reflète pas le vécu individuel des retraités. La situation du groupe est en effet affectée par un effet noria lié au renouvellement de la population des retraités : les nouvelles générations, dont les pensions sont en moyenne plus élevées, remplacent progressivement les générations les plus anciennes aux pensions plus faibles.

Au niveau individuel, en revanche, les retraités ont subi au cours des 25 dernières années une érosion de leur pouvoir d’achat différente selon la génération, d’autant plus importante que leur pension est élevée. Deux cas types peuvent être analysés à l’appui de ce constat :

- un non-cadre du secteur privé, supposé exonéré de CSG, de CRDS et de CASA et dont la pension CNAV représente 70 % de la pension totale, le reste étant attribué par l’ARRCO ; - un cadre du secteur privé, réputé soumis à la CSG à taux normal, et dont la pension est

composée à 36 % de la pension CNAV, à 15 % de la pension ARRCO et à 49 % de la pension AGIRC.

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plus de 65 ans de 66 à 75 ans plus de 75 ans

Ces deux cas types sont spécifiés pour quatre générations de retraités (1932, 1937, 1942 et 1947) dont le pouvoir d’achat est calculé à partir de leur départ à la retraite supposé à l’âge de 60 ans121, jusqu’à l’âge atteint en 2020. Les pensions sont donc suivies respectivement pendant 29, 24, 19 et 14 années.

Entre l’année de son départ à la retraite et 2020, le pouvoir d’achat du non-cadre du secteur privé a diminué d’environ 3,5 % pour les différentes générations représentées (entre -2,8 % pour la génération 1937 et -3,6 % pour la génération 1942).

La baisse observée du pouvoir d’achat entre 2014 et 2020 provient plus particulièrement de la non-revalorisation de la valeur du point ARRCO. La baisse observée sur l’année 2018 renvoie à l’absence de revalorisation de la pension CNAV au cours de cette même année, et à une revalorisation inférieure à l’inflation pour la partie ARRCO. Avant 2014, le pouvoir d’achat d’un non-cadre non-assujetti à la CSG a été quasiment maintenu.

Sur les mêmes périodes, le constat est plus défavorable pour le cas type de cadre du secteur privé. Il est notamment affecté par la hausse de la CSG entre 1993 et 1997, ainsi qu’en 2018, hausse qui n’a pas concerné le cas type de non-cadre. En 2020, la revalorisation différenciée au régime général conduit à revaloriser sa pension de base de 0,3 % ce qui, compte tenu de la revalorisation en moyenne annuelle de sa pension complémentaire (+ 0,8 %) et de l’inflation (+ 0,5 %), n’améliore son pouvoir d’achat que de + 0,1 point. Pour le cas type de non-cadre, en revanche, le gain de pouvoir d’achat s’élève à + 0,5 point car sa pension de base, qui représente une part plus importante de ses ressources, est quant à elle revalorisée de 1 % ; sa pension globale n’excédant pas 2 000 €122.

Les évolutions sont différentes selon qu’est observé le pouvoir d’achat de la pension nette de la génération 1932 ou des autres générations. Pour la première génération, au bout de 28 ans de retraite, le pouvoir d’achat de la pension nette a diminué de 14 %, dont une perte de 6,6 % sur les cinq années après la première pension, en raison des hausses de la CSG de la période 1993-1997. Les pertes sont plus limitées pour les trois autres générations simulées qui ont pris leur retraite ensuite.

Outre l’effet de la hausse des prélèvements, l’indexation retenue pour la valeur du point, telle que décidée par les partenaires sociaux gérant l’AGIRC, n’a pas permis de maintenir le pouvoir d’achat de la pension nette du cadre, particulièrement entre 1994 et 2004. Les mécanismes de revalorisation (décalages de la date de revalorisation des pensions de base et mécanismes de sous-indexation par rapport à l’inflation) expliqueraient un peu moins de la

sous-Pour pouvoir tirer des enseignements plus larges en termes d’équité entre générations, ces différences d’évolution du pouvoir d’achat à partir du départ à la retraite suivant les générations doivent être mises en regard des différences de taux de remplacement au moment de la liquidation – une évolution plus défavorable du pouvoir d’achat pour une génération donnée de retraité pouvant par exemple trouver une contrepartie dans un taux de liquidation plus élevé. C’est notamment le cas pour les cas types de salariés du privé étudiés dans ce rapport pour lesquels le taux de remplacement net au moment de la liquidation123 est plus élevé pour les générations anciennes que pour les générations plus jeunes.

Figure 3.13 – Évolutions du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Figure 3.13a – Non-cadre du secteur privé Pouvoir d’achat de la pension nette

Figure 3.13b – Cadre du secteur privé Pouvoir d’achat de la pension nette

Source : calculs SG-COR à partir des barèmes des régimes CNAV, AGIRC-ARRCO et INSEE pour l’inflation y compris tabac.

123 Voir le chapitre 1 de cette partie.

Méthodologie

Pour simplifier la présentation et afin d’illustrer deux situations polaires, il est ici fait le choix de soumettre le cadre à la CSG à taux normal et d’en exonérer le non-cadre. Ce dernier bénéficie par ailleurs de la mesure qui, sur l’année 2015, attribuait 40 € aux retraités dont la pension totale ne dépassait pas 1 200 €. Les hausses de prélèvements (qui concernent ici le seul cas type du cadre) se sont principalement concentrées entre 1993 et 1997, avec à la fois une hausse de la CSG et une hausse des cotisations maladie. La suppression des cotisations maladie sur les pensions du régime général en 1998 a été compensée par la hausse de la CSG. Pour les années ultérieures, les prélèvements ont augmenté en 2005 (hausse de la CSG), en 2013 (mise en place de la Casa) et en 2018 (hausse de la CSG). En 2020, la revalorisation différenciée au régime général conduit à revaloriser la pension du non-cadre de 1 %, et celle du cadre de 0,3 %.

Tableau II - Taux de prélèvement sur les pensions entre 1992 et 2020

Source : barèmes sociaux.

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