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Une durée de la retraite en augmentation au fil des générations

Chapitre 1. L’équité entre les générations au regard de la retraite

2.2 Une durée de la retraite en augmentation au fil des générations

La durée moyenne de retraite par génération se déduit par différence entre l’espérance de vie à 60 ans141 de chaque génération, issue des projections démographiques de l’INSEE 2013-2070, et son âge moyen de départ à la retraite, calculé dans le cadre des projections du COR. L’âge du décès pour chaque génération est calculé selon la formule : 60 + l’espérance de vie à 60 ans de la génération.

Quel que soit le scénario démographique, la durée de retraite augmenterait entre les générations 1940 et 2000. Dans le scénario de mortalité haute, retenu par le COR pour ces nouvelles projections, elle augmenterait d’un an à partir des âges moyens de départ à la retraite (Figure 4.6a) et d’environ une demi année pour le cas type (Figure 4.6b) entre les générations 1940 et 1950. La durée de retraite moyenne par génération diminuerait ensuite d’1,2 ans entre les générations 1950 et 1955, du fait du relèvement de deux ans des âges légaux. Celle du cas type continuerait, elle, d’augmenter jusqu’à la génération 1960 grâce au bénéfice d’un départ anticipé à 60 ans pour carrière longue avant de diminuer entre les générations 1960 et 1970. Les durées de retraite croîtraient à nouveau parmi les générations les plus jeunes, sous l’effet des gains d’espérance de vie dès lors que la durée d’assurance requise pour l’obtention du taux plein serait stabilisée à 43 ans conformément à la législation actuelle.

141 Et non l’espérance de vie à la naissance car le calcul est effectué pour les assurés qui vivent jusqu’à l’âge de

Figure 4.6 – Durée de retraite en nombre d’années

Figure 4.6a - Moyennes par génération Figure 4.6b - Cas type de non-cadre du privé (départ à la retraite au taux plein au régime

général sans décote ni surcote)

Note : l’espérance de vie est calculée par génération, comme : 60 + espérance de vie à 60 ans (selon l’hypothèse que l’assuré atteint l’âge de la retraite, et ne décède donc pas avant 60 ans). Les scénarios de mortalité des projections démographiques de l’INSEE sont extrapolés sous l’hypothèse d’une poursuite de la baisse de la mortalité au-delà de 2070. Pour le cas type, l’âge de départ à la retraite correspond à un départ au taux plein au régime général sans décote ni surcote, éventuellement dans le cadre du dispositif de retraite anticipée pour carrière longue (générations 1952 à 1967).

Champ : retraités de droit direct, résidant en France.

Sources : DREES, modèle CALIPER (cas type) et modèle ANCETRE (moyenne par génération) ; INSEE, projections de population 2013-2070 ; projections COR – juin 2021.

L’évolution de l’âge de départ à la retraite en moyenne par génération et de celui du cas type de non-cadre du secteur privé (cas type n°2 du COR)

Depuis la génération 1940, trois périodes peuvent être distinguées dans l’évolution des âges moyens de départ à la retraitei. Entre les générations 1940 – plus particulièrement celle née en 1945 – et 1950, l’âge moyen de départ à la retraite a diminué d’environ 4 mois (6 mois pour les femmes et 2 mois pour les hommes), dans le cadre de la mise en place des retraites anticipées pour carrière longue en 2004. Il augmenterait à nouveau, et rapidement, à partir de la génération 1951, sous l’effet notamment du relèvement de deux ans des âges légaux (réforme des retraites de 2010). Le départ à la retraite passerait de 60 ans et 6 mois en moyenne parmi les personnes nées en 1950 à 62 ans en moyenne parmi celles nées en 1955. Cette hausse se poursuivrait au-delà de la génération 1955 et jusqu’aux générations nées au milieu des années 1970, à un rythme toutefois ralenti, sous les effets conjugués de la hausse programmée de la durée requise pour le taux plein (de 41 ans et demi pour la génération 1955 à 43 ans à partir de celle née en 1973) et de l’allongement progressif de la durée des études jusqu’aux générations nées dans les années 1970. Cette durée des études devrait se stabiliser ensuite, au vu de la durée de carrière validée avant 30 ans qui resterait à environ 8 ans après la génération 1974ii. La durée requise pour l’obtention du taux plein se stabilise également après la génération 1973. Ces deux facteurs ne joueraient donc plus pour les générations plus jeunes et l’âge moyen de départ à la retraite se stabiliserait légèrement en-dessous de 64 ans à partir des générations nées dans la fin des années 1970.

Le cas type de non-cadre du privé est supposé partir à la retraite dès l’atteinte du taux plein au régime général. Du fait de son entrée dans l’emploi relativement précoce (un peu après 17 ans pour les générations les plus anciennes) et de sa carrière sans interruption, il partirait à la retraite un peu plus tôt que la moyenne de sa génération. L’âge de début de carrière du cas type est défini en fonction des durées validées pour la retraite avant 30 ans, observées au fil des générations dans les données statistiques de la DREESiii. L’âge de début de carrière du cas type passe ainsi de 17 ans et 2 mois, pour les générations nées en 1946 et avant, à 20 ans et 8 mois, pour les générations nées à partir de 1978iv. L’âge de départ à la retraite de ce cas type serait de 60 ans jusqu’à la génération née en 1960 (grâce au dispositif de retraite anticipée pour carrière longue élargi par le décret n° 2012-847 du 2 juillet 2012), puis augmenterait régulièrement sous l’effet de la hausse de son âge de début de carrière et de celle de la durée d’assurance requise pour le taux plein. De la génération née en 1978 à celle née en 1993, il est supposé partir à la retraite à 63 ans et demi, pour un début de carrière à 20 ans et 8 mois et une durée d’assurance requise pour l’obtention du taux plein de 43 ans.

Pour les générations postérieures à 1993, l’âge de liquidation serait anticipé d’un trimestre – soit 63 ans et 1 trimestre – compte tenu de la règle de validation d’un trimestre à 150 heures SMIC (instaurée par la réforme de 2014) qui lui permet de valider un trimestre de plus la première année de sa carrière.

iVoir les données annexes téléchargeables sur le site Internet du COR.

iiVoir Études et résultats n° 980 (octobre 2016) de la DREES.

iiiVoir le document n° 2 de la séance du COR du 9 juillet 2014.

iv Pour des catégories représentatives des cas types. En raison de leur âge de début d’activité plus précoce, les durées validées avant 30 ans pour les cas types sont plus élevées que celles pour l’ensemble des assurés, publiées par ailleurs par la DREES.

La comparaison des durées de retraite entre générations éloignées a cependant une portée limitée car les espérances de vie peuvent différer de plusieurs années entre ces générations. Il est donc légitime de s’intéresser aussi à la durée de retraite en proportion de l’espérance de vie qui est un indicateur de durée de retraite relative (Figure 4.7).

Si la durée relative de retraite augmente entre les générations 1940 et 1950 en lien avec les départs anticipés carrière longue, elle diminuerait par la suite légèrement jusqu’aux générations nées dans les années 70 dans l’hypothèse d’une mortalité haute (Figure 4.7a). Elle se stabiliserait ensuite autour de 28 %, l’allongement de l’espérance de vie s’accompagnant à la fois d’une entrée sur le marché du travail et d’un recul de l’âge de la retraite. Au-delà, les paramètres d’âge et de durée d’assurance inchangés conduiraient à une augmentation de la durée de retraite relative sous l’effet des gains d’espérance de vie.

Le constat serait similaire pour le cas type, à ceci près que la hausse observée à partir de la génération 1940 se poursuivrait jusqu’à un maximum atteint pour la génération 1960 car ce cas type pourrait bénéficier du dispositif de départ anticipé pour carrière longue (Figure 4.7b).

Au-delà, les évolutions seraient globalement proches à celles observées par génération : légère baisse jusqu’à la génération 1973, puis augmentation sous l’effet des gains d’espérance de vie.

Ces évolutions sont très dépendantes des hypothèses de mortalité en projection. Si l’incertitude en la matière est relativement limitée pour les assurés les plus anciens, elle s’accroît au fur et à mesure des générations142. L’hypothèse centrale de mortalité, qui était retenue dans le rapport de novembre 2020, conduirait à stabiliser la durée relative de retraite légèrement au-dessus de 29 %, l’allongement de l’espérance de vie s’accompagnant à la fois d’une entrée plus tardive sur le marché du travail et d’un recul de l’âge de la retraite. Au-delà de la génération 1973, les paramètres d’âge et de durée d’assurance inchangés conduiraient à une augmentation de la durée de retraite relative sous l’effet des gains d’espérance de vie. En revanche, l’hypothèse de mortalité basse conduirait à augmenter la durée relative de retraite après la génération 1960, cette durée étant pour la génération 2000 supérieure d’environ 4 points à celle de la génération née en 1955.

142 Pour la génération née en 2000, l’espérance de vie à 60 ans projetée varierait dans une fourchette de 6 ans (entre 30,6 ans et 36,9 ans), entre les deux variantes de mortalité haute et basse de l'INSEE.

Figure 4.7 – Durée de retraite en proportion de la durée de vie totale

Figure 4.7a - Moyennes par génération Figure 4.7b - Cas type de non-cadre du privé (pension au taux plein au régime général sans

décote ni surcote)

Note : voir Figure 4.6.

Champ : retraités de droit direct, résidant en France.

Sources : DREES, modèle CALIPER (cas type) et modèle ANCETRE (moyenne par génération) ; INSEE, projections de population 2013-2070 ; projections COR – juin 2021.

2.3 La décomposition de la durée de vie : des durées relatives de retraite proches pour

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