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4- Présentation Des Résultats

4.2. Nature et fonction du travail d’accompagnateur

Les agents d’aide à l’emploi peuvent se référer à leur chef de service pour obtenir du soutien, par exemple dans la prise de décision concernant l’admission d’un client à une mesure d’aide à l’emploi. Dans le cas de l’admission à la mesure de formation, lorsqu’elle est liée à un domaine où les perspectives d’emploi sont plus ou moins favorables, la consultation du chef d’équipe peut s’imposer. Les collègues travaillant avec la même clientèle sont aussi de bonnes sources auxquelles les agents disent se référer pour des discussions et consultations à propos de cas plus équivoques. Au-delà de cette collaboration informelle entre collègues ou avec le chef d’équipe, nous avons constaté que dans certains centres locaux d’emploi, l’approbation d’un supérieur pour admettre tout client à la mesure de formation peut être requise à certaines périodes, comme par exemple à la suite d’une réorganisation interne.

« Eux vont interpréter, vont avoir des réunions avec la direction régionale et ils vont ramener ça à nous. Puis ils vont nous dire : par rapport à ce point-là de la mesure de formation, on fait ça, on s’enligne comme ça, pour égaliser les pratiques autant que possible » (SN6/G/1).

De façon générale, les personnes interrogées ont mentionné qu’il est important pour elles de se mettre à jour régulièrement sur les services offerts aux jeunes clients (par des organismes communautaires par exemple) ou encore sur l’état du marché du travail. Il importe également pour eux de rencontrer leur chef d’équipe afin de s’assurer que les pratiques des uns et des autres soient cohérentes. Cependant, les personnes interrogées maintiennent que le rôle du chef d’équipe demeure un rôle de support et de conseil et non un rôle décisionnel. Par ailleurs, il a été constaté au cours de la cueillette de données, que les CLE n’ont pas tous des réunions régulières pour se mettre à jour et adopter une ligne directrice commune en ce qui concerne les services d’aide à l’emploi. Un agent interrogé stipule qu’au-delà des réunions qui ont lieu régulièrement avec l’équipe pour des renseignements généraux, il lui semblerait utile d’avoir des réunions pour traiter d’un cas ou d’une mesure en particulier.

« Souvent, il va y avoir toute sorte de monde qui vont venir nous donner de la formation ou de l’information des partenaires communautaires. C’est correct parce qu’il faut les connaître, mais parfois, je trouve que ce qui manque c’est juste une

réunion entre nous pour discuter de tel cas ou de telle mesure ou de telle note. C’est très administratif comme travail et parfois on est mêlés. Ça change beaucoup aussi, donc parfois tout le monde interprète les choses différemment. Parfois c’est juste le fun de s’en parler » (SN18/E/1).

4.2.2. Objectifs professionnels (mandat)

Les fonctions d’un agent peuvent varier d’un CLE à un autre. Dans certains établissements, des agents sont spécifiquement attitrés aux dossiers jeunes (18-24 ans) et ne sont pas en lien avec la clientèle régulière. À d’autres endroits, chaque agent a la charge d’un secteur faisant partie des services aux individus, ainsi que la charge d’un projet jeunesse (par exemple, un projet de préparation à l’emploi). Le fonctionnement peut également différer quant aux tâches des agents. Par exemple, dans certains CLE, chaque agent d’aide à l’emploi effectue une journée ou deux dans la salle multi, qui est la salle d’accueil où les gens se présentent pour une aide ponctuelle. L’agent sert donc d’aide et de référence pour ces personnes et doit aussi répondre à d’éventuelles urgences. C’est à cet endroit que le client validera avec la personne à l’accueil s’il est éligible pour être dirigé vers la formation et donc, pour rencontrer un agent d’aide à l’emploi qui établira un projet précis avec lui. Les fonctions variées font cependant partie d’un même mandat; celui de favoriser l’insertion en emploi de la clientèle éloignée du marché du travail.

Des visions différentes

Lorsqu’on demande aux agents d’aide à l’emploi quels sont leurs buts ainsi que leur principal mandat dans le cadre de leur travail, un large éventail de réponses est offert. Ainsi, de leurs discours ressortent trois principales missions rattachées à leur mandat, soit l’évaluation, le suivi et la référence.

Évaluer et référer : Dans un premier temps, l’agent doit faire une évaluation juste et

complète afin de diriger le client vers des services adéquats. Cela signifie que l’avenue dans laquelle le jeune adulte décide de s’engager correspond à ses désirs et aspirations personnelles. Qui plus est, il importe de mentionner que ce vers quoi le jeune est dirigé, doit faire partie des secteurs considérés « en demande » actuellement sur le marché du travail. Certains agents considèrent qu’à cette étape où s’effectuent l’évaluation de la situation et la

référence du client, un des mandats des agents est de motiver et de mobiliser le jeune afin de lui démontrer les avantages qu’il peut retirer en s’investissant dans la démarche.

Assurer un suivi : Tout au long de la durée de la formation du jeune, l’agent d’aide à

l’emploi assure un suivi. Celui-ci consiste à demeurer en contact avec les intervenants responsables dans les organismes et les milieux de formation fréquentés par les jeunes clients afin de contrôler le taux d’absences et le bon fonctionnement de la démarche. L’agent s’assure aussi que le jeune reçoive le remboursement des frais admissibles dans le cadre de sa formation, tout en respectant le budget maximal alloué par Emploi-Québec. En bref, l’agent d’aide à l’emploi s’assure que le jeune reçoive ce qui lui revient (allocation supplémentaire et remboursements de certains frais) et veille à ce que le jeune respecte ses engagements en retour (présence et implication dans sa démarche). Le suivi peut également comprendre la gestion des demandes de prolongation qui peuvent être exceptionnellement accordées dans certains cas particuliers.

Diriger vers les organismes externes appropriés : Au besoin, l’agent oriente le client vers

des organismes d’aide à la recherche d’emploi une fois sa formation complétée. Idéalement, l’issue aux termes de la formation est le placement en emploi du jeune. Cependant, si tel n’est pas le cas, l’agent peut alors le référer vers des organismes qui l’aideront dans sa démarche de recherche d’emploi.

Le but ultime étant que le jeune pour qui des services ont été déployés se retrouve durablement inséré en emploi. Certains agents résument même leur but comme étant essentiellement de cocher la case « oui » dans le formulaire final, à la question demandant si le client est en emploi au terme des services. Plusieurs stipulent donc qu’ils ne considèrent pas faire de l’accompagnement proprement dit. Ils ont davantage l’impression que l’accompagnement est effectué par d’autres, soit les intervenants dédiés aux jeunes adultes référés par les CLE, qui se trouvent dans les milieux scolaires et dans des organismes communautaires comme les CJE. Il est cependant intéressant de noter que les agents des CLE qui sont spécifiquement en charge de jeunes inscrits au programme Alternative jeunesse considèrent offrir un niveau d’accompagnement plus élevé que pour la clientèle régulière. Le suivi est souvent plus intense et peut dépasser le mandat habituel d’un agent assigné aux clients réguliers. Ainsi, le type de travail effectué avec ces jeunes de moins de 25 ans peut davantage se rapprocher de ce que les agents semblent considérer

comme étant de l’accompagnement. Cela dit, la majorité des agents d’aide à l’emploi, bien qu’impliqués dans le parcours du jeune de multiples façons, ont surtout l’impression de devoir s’assurer que la mission d’Emploi-Québec soit respectée, donc que les démarches entrainent des résultats positifs.

À ce sujet, certains agents ont mentionné qu’il peut être facile de perdre de vue la mission de l’établissement au sein duquel ils travaillent. Un agent stipule qu’il est important de garder en tête que le but ultime est la mise en emploi et non la formation scolaire à tout prix. Ainsi, il est d’avis que la réintégration ne doit pas passer à tous coups par une formation et que si le marché de l’emploi est favorable, il faut d’abord tenter de diriger les clients en priorité vers le travail. Cet avis n’est cependant pas partagé par tous, car certains ont tendance à croire qu’il est plus payant à long terme, de s’assurer que les gens aient un minimum de compétences afin de réintégrer non seulement un emploi, mais un emploi avec des conditions de travail et des conditions salariales décentes.

« Est-ce que tu as le goût de faire ça toute ta vie? Est-ce que tu as le goût d’être au salaire minimum toute ta vie? Est-ce que tu as le goût de rusher toute ta vie? Parce que ce sont souvent des emplois qui ne sont pas faciles à arriver. As-tu le goût d’avoir une famille dans la vie toi ? Si tu as le goût d’avoir une famille, ça se peut que le salaire minimum ne te convienne pas! As-tu le goût de faire d’autres choses? Qu’est- ce que tu as le goût? » (PN30.2/B/4).

« C’est ça notre job. C’est de voir à ce que je donne toujours le chemin le plus avantageux pour le jeune, pour qu’il ne se décourage pas, pour qu’il vive des réussites. À la fin, quand ce jeune-là sortira avec son DEP dans les mains, ce sera quoi la fierté qu’il viendra d’acquérir! » (PN28/B/9).

Un agent d’aide à l’emploi qui œuvre exclusivement auprès de la clientèle jeunesse considère qu’il est essentiel de diriger les jeunes adultes vers une formation si ces derniers n’ont pas le bagage nécessaire pour une insertion professionnelle durable. La formation est ici vue comme une formation académique menant à un diplôme, ou encore, une expérience de travail qualifiante. Cet agent considère que l’emploi est le but ultime, mais qu’il s’agit de ce qui vient en dernier dans le parcours, celui-ci débutant avec la formation. Ainsi, le chemin d’un jeune peut commencer par l’inscription à une mesure de préparation à l’emploi (Jeunes en action, la Maison Dauphine, etc.). S’en suivra la formation académique dans le domaine choisi et finalement, le client sera, au besoin, dirigé vers un organisme d’aide à la recherche d’emploi pour l’aider à

décrocher un travail. Ce même agent soutient toutefois qu’il demeure important de garder en tête que le but n’est pas d’avoir un diplôme à tout prix. Il est nécessaire de bien évaluer la situation et de diriger le jeune vers un projet adapté à ses habiletés, en tenant compte de ses forces et de ses faiblesses. Le but est donc de trouver le projet qui sied le mieux au jeune client accompagné.

4.3. Facteurs qui limitent le travail d’accompagnement