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4- Présentation Des Résultats

4.1. Le processus d’accompagnement

4.1.3. L’engagement dans une démarche

Lorsqu’un jeune mentionne qu’il est disposé à rencontrer un agent, on tente de lui offrir une rencontre rapidement, c'est-à-dire dans la semaine qui suit. Lors de la première rencontre avec un agent d’aide à l’emploi, on présente au client ce qui s’offre à lui, mais aussi les obligations et conditions qu’il devra remplir en échange. D’un côté, le client recevra plus d’argent et ne sera plus inscrit comme prestataire de l’assistance sociale, mais en échange, il devra être en action et respecter les conditions de maintien dans le programme. Le client est donc mis au courant qu’un

suivi serré sera effectué et qu’il doit être prêt à s’investir dans sa démarche. En effet, les jeunes qui élaborent un projet avec leur agent et qui s’y investissent deviennent clients d’ Alternative jeunesse et ne sont plus considérés comme prestataires de l’assistance sociale. L’agent doit être clair avec le client sur ce point, s’assurer qu’il comprenne bien les attentes envers lui et qu’il ait la volonté de s’investir et de respecter les conditions.

« Quand je les rencontre, je leur dis : tu es sur l’aide sociale présentement. Je t’offre la possibilité de débarquer de l’aide sociale, mais tu dois être en action. Oui tu aurais plus d’argent, mais qu’est-ce que tu es prêt à faire? » (PN31.3/A/1).

L’évaluation de la situation et l’identification d’un projet

Les entrevues avec les agents nous apprennent que c’est également lors de ce premier contact qu’une évaluation précise de la situation du client est effectuée. On vérifie alors ses objectifs, sa motivation ainsi que ses habitudes de vie, passant de sa consommation au soutien qu’il peut recevoir de son entourage. Il est important à ce moment, que la personne soit suffisamment en confiance pour être en mesure de tout révéler au professionnel qui l’accompagne. Les agents précisent qu’il est important de faire comprendre au client que plus les informations qu’il fournît sont précises et véridiques, plus la référence qui en résultera risque de lui convenir.

« Tu es mieux de me dire toute la vérité, parce que je vais te référer au meilleur endroit possible en fonction de où tu en es rendu. Si on se trompe, on va être obligé de recommencer. Puis il y a tellement de programmes que je veux prendre la peine de choisir le bon » (PN25/A/2).

Toujours dans un but de diriger le client vers une avenue qui lui soit la plus appropriée possible et ainsi augmenter ses chances de réussir son projet, les agents questionnent beaucoup leur client. Ainsi, pour découvrir les désirs du jeune, certains agents tentent d’explorer, avec le client, ses intérêts et aspirations profondes, sans égard au côté réaliste ou irréaliste de ses ambitions. C’est avec cette information qu’ils peuvent savoir ce qui passionne et stimule réellement le client et tenter de trouver une avenue qui soit en lien ou qui réponde à une partie de ses intérêts, pour ainsi augmenter les chances qu’il demeure motivé jusqu’à la fin de son parcours.

« Une des premières questions que je pose en entrevue, même si le lien n’est pas fait, c’est : c’est quoi ton rêve? Je ne veux même pas savoir si c’est réaliste ou irréaliste.

C’est sûr que des fois tu es obligé de recadrer un petit peu, mais on va partir de c’est quoi ton rêve » (PN31.4/B/5).

Un agent mentionne qu’au cours de cette rencontre, il importe de se concentrer sur la situation actuelle du jeune, sans entrer dans des éléments du passé. Pour lui, il faut prendre en compte ce que le jeune désire à ce moment. Au-delà de la situation actuelle du client, l’agent d’aide à l’emploi interroge également ses aspirations et tente d’évaluer son potentiel de réussite. Pour l’agent, il faut donc regarder comment atteindre le but en prenant en compte à la fois les désirs du jeune et la faisabilité du projet. Parfois, un client présente un objectif qui est difficilement atteignable. L’agent tente alors de vérifier si cette personne est réellement prête à s’embarquer dans un projet en l’interrogeant davantage ou encore en lui demandant de participer à un programme préparatoire dans un premier temps. Pour les agents rencontrés, une telle étape peut éviter au client de se retrouver en situation d’échec en embarquant trop vite dans un projet trop ambitieux.

« Souvent ils nous disent : Oui moi je suis prêt à retourner à l’école. Mais quand je me rends compte que ça fait au moins un an qu’ils sont chez eux et qu’il ne se passe pas grand-chose, je ne suis pas sûr qu’ils soient prêts à retourner à l’école demain matin » (PN24/A/3).

Les agents rencontrés nous ont fait part de certains éléments à vérifier lorsque l’évaluation de la situation du client semble le diriger vers la formation. Dans un premier temps, l’agent doit s’assurer que le client ne possède pas déjà une formation, car dans un tel cas, Emploi-Québec ne peut octroyer une allocation pour une autre formation. Il est à noter que des exceptions sont possibles dans certaines situations, comme par exemple, dans les cas où la dite formation s’avère désuète. La personne est alors dirigée vers une autre formation, ou si cela est possible, vers une actualisation de sa formation d’origine afin de pouvoir réintégrer le marché de l’emploi dans ce domaine.

Une fois que ces éléments sont explorés, l’agent s’assure que la formation envisagée peut être financée par Emploi-Québec. Ainsi seront refusés les secteurs jugés précaires. Certains cas sont parfois particuliers et demandent une analyse plus pointilleuse. C’est à ce moment que l’agent consulte son chef d’équipe pour appuyer sa décision.

« Quand c’est acceptable, c’est là qu’il faut aller fouiller puis c’est là qu’il y a des petites zones grises […] si on se rend compte qu’il y aurait une possibilité que ce soit

positif. Dans le fond c’est quand on ne le sait pu trop qu’on va voir la chef d’équipe. Donc pour des cas comme ça on peut aller vérifier auprès de la chef d’équipe pour être sûr de notre décision » (PN33/A/1).

Les agents interviewés mentionnent cependant bénéficier d’une grande marge de manœuvre quant aux décisions qu’ils prennent face à l’acceptation ou non d’un client dans une mesure. Ils ne consultent donc pas le chef d’équipe à tous coups.

Afin d’appuyer leur décision, les agents ont accès à des outils de recherche leur permettant de savoir si un type de formation en particulier est acceptable et quelles sont les perspectives professionnelles. Ceci sert d’appui à leur décision, car les agents peuvent tout de même faire preuve de nuance dans certains cas.

« On est assez autonomes par rapport à nos dossiers. C’est juste pour les cas problématiques …c’est assez rare que je vais voir la chef d’équipe […]. La plupart du temps, on se consulte plutôt entre collègues » (SN8/H/1).

Les agents qui accompagnent les jeunes adultes bénéficiaires des services d’emploi doivent également vérifier le temps disponible en regard du projet visé. Tel que mentionné précédemment, si un jeune souhaite s’inscrire à un cours en particulier, l’agent d’aide à l’emploi communique avec l’établissement d’enseignement afin de connaître le temps estimé pour compléter la formation ainsi que les préalables requis. Il vérifie que le temps total requis pour compléter le programme choisi, incluant la complétion des préalables, ne dépasse pas 36 mois. Au-delà de ce délai, le CLE ne finance plus la formation entreprise. Ceci est clairement exposé au client et, selon les interviewés, a un impact sur le choix de la formation dans plusieurs cas. Cependant, si le niveau d’un jeune se situe entre une 6e année et un 3e secondaire, le temps requis pour compléter ses préalables n’est pas comptabilisé dans les 36 mois de délais accordés pour être en formation. Au-delà du 3e secondaire, le temps requis pour décrocher l’équivalent d’un 5e secondaire sera comptabilisable dans la période de financement de la formation.

Lorsque le client est officiellement accepté dans un programme de formation et qu’il a débuté, le CLE le contacte afin qu’il vienne signer un contrat. Certains agents préfèrent cependant ne pas attendre la confirmation de l’établissement d’enseignement et faire signer ce contrat dès que le jeune prend la décision de s’engager dans un projet donné.

« Le client est au courant que lorsqu’il va commencer l’école nous allons le rappeler pour signer son contrat avec les versements auxquels il aura droit. Mais ça c’est expliqué avant pour qu’on puisse dire au client : tu vas avoir droit à tant, selon si tu as déjà eu du chômage ou si tu en as jamais eu. As-tu des frais de transport, des choses comme ça? Parce qu’au moment où ils commencent l’école, on fait signer les papiers. Mais ça, je sais que ça dépend du CLE. Il y en a qui font signer les papiers avant, moi je les fais signer une fois que l’école a confirmé la participation » (SN4/F/4).

4.1.4. Suivi/maintien du lien d’accompagnement