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L’accès à un soutien personnalisé et des projets adaptés aux besoins

4- Présentation Des Résultats

4.4. Facteurs qui favorisent le travail d’accompagnement

4.4.5. L’accès à un soutien personnalisé et des projets adaptés aux besoins

Selon les agents, la réussite des démarches est également favorisée dans les cas où les jeunes qui en ont besoin ont accès à de la médication et à des rencontres avec des spécialistes. À ce sujet, un agent raconte qu’un bon suivi médical peut faire toute la différence. Certains jeunes peuvent avoir éprouvé des difficultés toute leur vie en raison de problèmes médicaux non traités comme par exemple, un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ces

problèmes peuvent avoir nui à la réussite du jeune, entrainé des échecs et par le fait même, un manque de motivation et de confiance en son potentiel.

« Une fois qu’on réussit à placer ce jeune-là, puis à placer de bons intervenants autour, des bons éléments positifs, bien je pense que c’est avec eux qu’on réussit à faire le plus grand pas. […] Il y en a que ça n’allait pas bien du tout quand ils étaient à l’école plus jeunes, puis là ils arrivent et ils pètent des scores puis ça va super bien. Mais avant je me suis assuré qu’ils aient eu un soutien médical » (PN26/B/5).

Ainsi, quand les problèmes médicaux sont traités, les chances de réussite en sont grandement favorisées. Il faut cependant que l’agent détecte le problème, l’aborde avec le jeune et fasse la référence adéquate.

« Puis on a énormément de problèmes de santé mentale. Toutes les drogues, etc., ça n’aide pas non plus. Mais quand l’agent est capable de bien cibler ça, de s’en rendre compte rapidement et d’être à l’aise avec son client, ça peut être gagnant parce qu’il va le prendre rapidement et qu’il va être capable de le référer au bon endroit pour qu’il se fasse soigner » (PN38/D/6).

Les agents insistent beaucoup sur le fait que l’évaluation de départ est très importante afin de diriger le jeune vers le meilleur chemin possible. Il importe de s’assurer que la démarche entreprise ait toutes les chances de mener à une réussite. Dans cette optique, il importe également de s’assurer que ce vers quoi le jeune est dirigé soit à la hauteur de ses capacités. Le but devient donc de favoriser la réussite, ou d’éviter de faire vivre l’échec au jeune. Ainsi, l’agent aide le jeune à aller chercher des qualifications en respectant ses forces, ses faiblesses et ses limites. Il faut donc s’assurer que le projet dans lequel le jeune s’embarque convienne à ses capacités, mais aussi à ses goûts et intérêts. À ce sujet, un agent stipule que fréquemment, un client qui souhaite aller en formation demandera dès le début ce qui est financé. Malgré le fait que ce ne sont effectivement pas tous les secteurs qui sont financés, il importe de s’assurer que les goûts du jeune seront malgré tout rencontrés. Ainsi, certains agents vont proposer de courtes démarches préalables afin de confirmer ou d’infirmer un choix. La possibilité de participer aux stages « découvrir » en est un exemple et consiste à intégrer le jeune dans le milieu de travail qui l’intéresse. Par exemple, un jeune voulant entreprendre des études en soins infirmiers peut aller passer quelques jours dans un milieu hospitalier pour voir exactement la réalité du terrain et ainsi confirmer ou infirmer son désir de pousser les démarches dans ce domaine. Les agents collaborent donc avec leurs collègues qui s’occupent des contacts avec les entreprises afin de voir

les possibilités de mettre de telles démarches en place. Un agent considère que cette possibilité permet de faire des choix appropriés menant à la réussite et considère que cela peut empêcher de perdre du temps et de l’argent pour le jeune.

« Ça fait en sorte que je n’ai pas commencé à leur payer une formation et que trois mois après il me dit : je n’aime pas ça pantoute, et qu’il lâche et qu’il ait perdu ce temps-là en formation. Moi j’ai payé cette formation-là, puis là il n’a peut-être plus assez de temps pour faire quelque chose qu’il aimerait » (PN28/B/12).

Ainsi, lorsqu’un jeune est dirigé vers un projet, les personnes interrogées considèrent qu’il est important de s’assurer que cela corresponde à ses intérêts, mais aussi à ses capacités. Il est possible qu’un jeune ne soit pas en mesure de compléter une formation de plusieurs mois pour différentes raisons. Dans ce cas, la formation semi-spécialisée peut s’avérer une avenue intéressante. Encore une fois, on réitère l’importance de tenter de diriger le jeune à l’endroit où il est le plus susceptible de vivre une réussite.

« Si je décide de le référer à l’école et qu’il a de gros problèmes et puis qu’il a de la misère à apprendre, peut-être que je vais l’envoyer en orientation pour aller faire un métier semi-spécialisé » (PN30.2/C/4).

La nature des formations

Dans le cas des clients inscrits à la mesure de formation, les agents mentionnent que les personnes qui s’inscrivent dans une formation professionnelle (DEP), ont tendance à terminer leur formation plus souvent que les autres. Parmi ceux rencontrés, certains posent comme hypothèse que la formation professionnelle consiste à étudier quelque chose de concret, ne comporte pas uniquement des cours théoriques et porte souvent sur un sujet que le jeune a choisi en fonction de ses intérêts. Ainsi, le choix de certains types de formation peut être considéré comme un facteur qui favorise la réussite des démarches.

« C’est plus stimulant le DEP que les cours de français, anglais, math. Ils sont plus découragés quand ils sont au secondaire aux adultes que dans leur DEP où souvent ils tripent. Là ils sont dans leur domaine » (SN17/F/1).

Les agents rencontrés considèrent important que la mesure choisie réponde aux intérêts et aux capacités du jeune, mais il est également utile pour l’agent de bien connaître le milieu dans lequel le jeune prévoit de s’engager. Par exemple, lorsque le jeune souhaite s’inscrire dans une mesure de formation, il devient utile pour les agents de connaître les établissements de formation et leurs façons particulières de fonctionner et d’offrir des services aux jeunes. Par exemple, dans certains milieux de formation, l’intervenant psychosocial dédié aux jeunes en provenance des CLE est présent et disponible au besoin, tandis qu’à d’autres endroits, les services sont plus encadrés et le jeune est dans l’obligation de rencontrer l’intervenant pour structurer son projet professionnel. Un agent qui a abordé ce sujet considère que cette dernière façon de faire fonctionne mieux que dans le cas où l’aide de l’intervenant n’est offerte que sur une base volontaire. Pour l’instant, il a été mentionné que dans les cas où un client est très peu scolarisé, les agents tentent, dans la mesure du possible, de les diriger vers des établissements scolaires où le suivi est fait de façon plus serrée afin que l’accompagnement soit optimisé et intensifié.

« Dans certaines écoles, il y a de l’accompagnement du milieu communautaire qui est en partenariat. Donc je vais souvent faire ça, parce que ça les aide vraiment. Les groupes sont plus petits, les profs sont plus proches d’eux. Ils ont de l’accompagnement psychosocial parce qu’il y a des intervenants psychosociaux dans l’école qui vont s’occuper d’eux autres puis qui ne vont pas les lâcher » (SN13/E/1). Plus d’un agent considère qu’il s’agit d’une façon efficace de fonctionner et qu’il est fort probable que cela entraine un moins haut taux d’abandon. Par exemple, dans un des organismes partenaires, la formation ne se donne pas à temps plein et est offerte dans des groupes restreints. Cet accompagnement accru et varié semble favoriser la rétention de la clientèle et cela peut s’avérer davantage adapté à la réalité et aux capacités de certains.

« C’est trois jours et demi par semaine, donc c’est moins épeurant. Puis c’est aussi un plus petit milieu. C’est un petit groupe, donc ils sont vraiment bien encadrés. Ils sont plusieurs intervenants. C’est sûr que pour eux c’est sécurisant. Ce sont souvent des personnes qui ont une 6e année, un secondaire 1, des personnes qui ont de la difficulté à se concentrer, qui ont des diagnostics. Donc en étant dans un petit groupe comme ça, c’est aidant » (SN11/F/1).

Les agents ont aussi mentionné que l’offre de services variée de la part d’Emploi-Québec fait en sorte que les besoins de chaque jeune peuvent être répondus, ce qui facilite l’orientation que doit faire l’agent vers l’une ou l’autre des avenues possibles. Par exemple, certains jeunes ne veulent pas retourner sur les bancs d’école, mais n’ont pas toutes les qualifications requises pour trouver

un emploi. C’est pourquoi d’autres alternatives sont prévues à cet effet. Il y a, par exemple, des subventions salariales auxquelles les employeurs peuvent avoir droit pour quelques mois lorsqu’ils engagent un jeune sans expérience. Des entreprises d’insertion sont également disponibles pour accueillir les jeunes sans expérience afin de leur apprendre un métier et de leur fournir divers apprentissages. Par le fait même, ces jeunes peuvent toucher un salaire et avoir l’occasion d’inscrire une expérience de travail qualifiante à leur CV. Selon les agents interrogés, ce genre de service s’avère fort utile. La variété des services offerts et la collaboration avec les divers organismes sont donc considérées comme des éléments favorables à la réussite des projets. Étant donné la particularité de la clientèle, les agents sont d’avis qu’il est fréquent que le jeune ne soit pas prêt à s’investir dans un programme de formation régulier. Ainsi, l’accès à des programmes préparatoires pour travailler leurs lacunes leur apparaît extrêmement important. Cela empêche le jeune de se retrouver en situation d’échec en s’engageant dans une démarche pour laquelle il n’est pas prêt ou convenablement outillé. Non seulement ce type d’étape préparatoire lui permet de s’outiller, mais aussi de commencer à vivre de petites réussites, ce qui risque de l’encourager et de le motiver pour la suite des choses. Ainsi, la possibilité pour l’agent de demander au jeune d’aller faire ses preuves dans un programme préparatoire est souvent salutaire pour la réussite des démarches.

« Ça peut être Jeunes en action au carrefour jeunesse-emploi. Ça peut être de passer par là avant, pendant six mois, pendant un an […] ça nous permet de voir si la personne est prête. Puis Jeunes en action ce n’est pas cinq jours par semaine, donc ça permet à la personne de s’habituer tranquillement à un rythme de travail ou à un rythme d’école » (SN3/F/5).