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Les pratiques d'accompagnement vers l'emploi auprès des jeunes adultes de 18-24 ans dans les centres locaux d'emploi

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Academic year: 2021

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Les pratiques d’accompagnement vers l’emploi

auprès des jeunes adultes de 18-24 ans dans les

centres locaux d’emploi

Mémoire

Julie Tremblay Roy

Maîtrise en service social

Maître en service social (M.Serv.Soc.)

Québec, Canada

© Julie Tremblay Roy, 2014

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Résumé

Les services d’aide à l’emploi ont évolué au fil du temps et diffèrent d’un endroit à l’autre. Le Québec présente un modèle dit mixte, où les clients sont dirigés soit directement en emploi, soit vers une formation académique. Malgré l’éventail des services d’aide à l’emploi, les résultats ne semblent pas toujours concluants. Les services sont-ils adaptés aux besoins des clients? Comment sont-ils octroyés et qu’en pensent les intervenants qui les offrent? C’est ce que je cherche à explorer, en recueillant les propos des intervenants œuvrant au sein de centres locaux d’emploi (CLE).

La présente étude vise à comprendre les dynamiques associées à la fonction d'accompagnement vers l’emploi mise en œuvre par ces professionnels dans le cadre de leur travail auprès des jeunes de 18-24 ans en difficulté d’insertion. Elle cherche à identifier les facteurs caractérisant les pratiques mises en œuvre auprès des jeunes adultes utilisateurs des services publics de l'emploi.

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Table des matières

Résumé ... iii

Table des matières ... v

Liste des illustrations ... vii

Introduction ... 1

1- Problématique ... 3

1.1. L’accompagnement vers l’emploi dans les programmes et mesures d’assistance publique ... 3

1.1.1. Classification des programmes et mesures ... 3

1.1.2. La politique québécoise d’insertion en emploi ... 5

1.1.3. Les jeunes : une cible importante de la politique d’insertion en emploi ... 7

1.1.4. La politique en action : l’accompagnement vers l’emploi ... 10

1.1.5. Le processus de l’accompagnement ... 12

1.2. Limites des études actuelles ... 20

1.3. Pertinence ... 21

2- Cadre Conceptuel ... 23

3- Méthodologie ... 29

4- Présentation Des Résultats ... 33

4.1. Le processus d’accompagnement ... 35

4.1.1. Accueil et prise de contact ... 35

4.1.2. Informations sur les programmes et mesures d’accès à l’emploi ... 36

4.1.3. L’engagement dans une démarche ... 39

4.1.4. Suivi/maintien du lien d’accompagnement ... 43

4.2. Nature et fonction du travail d’accompagnateur ... 48

4.2.1. Collaboration et référence ... 48

4.2.2. Objectifs professionnels (mandat) ... 49

4.3. Facteurs qui limitent le travail d’accompagnement ... 53

4.3.1. Le recrutement ... 53

4.3.2. La charge de travail ... 53

4.3.3. La vision de la clientèle envers le CLE et les agents ... 54

4.3.4. Le discours des agents sur les caractéristiques de la clientèle ... 55

4.4. Facteurs qui favorisent le travail d’accompagnement ... 60

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4.4.2. Recruter le jeune le plus tôt possible ... 63

4.4.3. Le support du milieu ... 63

4.4.4. L’instauration d’une relation positive ... 64

4.4.5. L’accès à un soutien personnalisé et des projets adaptés aux besoins particuliers ... 65

4.4.6. La latitude laissée aux agents ... 69

4.4.7. La motivation du client ... 71

4.4.8. Les échanges avec les partenaires ... 72

4.5. Opinion des agents ... 74

4.5.1. L’efficacité des services ... 74

4.5.2. Propositions d’amélioration et de changements ... 75

5- Discussion ... 78

Conclusion ... 87

Références ... 91

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Liste des illustrations

Tableau 1: Catégorisation initiale ayant servi à l'analyse des résultats ... 27 Tableau 2: Catégorisation finale ayant servi à l'analyse des résultats ... 34 Figure 1: Résumé des facteurs d’influence sur le processus d’accompagnement ... 77

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Introduction

La présente étude vise à mieux comprendre les dynamiques associées à la fonction d'accompagnement vers l’emploi mise en œuvre par les professionnels des centres locaux d'emploi (CLE) dans le cadre de leur travail auprès des jeunes de 18-24 ans en difficulté d’insertion. Elle vise donc à identifier les facteurs qui favorisent, limitent et caractérisent ces pratiques professionnelles auprès des jeunes adultes utilisateurs des services publics de l'emploi. En matière d’emploi, les pouvoirs publics sont interpellés par tout ce qui touche les difficultés liées à l’insertion au travail. Les politiques publiques traduisent une recherche de changement social et d’égalité des chances (Gaudet, 2007). Une des grandes priorités du gouvernement du Québec concerne l’insertion des jeunes, ce qui le conduit à rendre accessible une gamme de services pour ceux qui connaissent des difficultés d’insertion sociale, dont l’insertion durable en emploi. Différentes politiques d’aide sont développées afin de soutenir les jeunes adultes dans leur parcours individuel d’insertion et certaines portent plus précisément sur l’insertion dans le monde du travail et donc, diverses stratégies d’intervention sont mises en œuvre. Un accompagnement plus soutenu des jeunes éloignés du marché du travail fait partie de ces stratégies, lesquelles s’articulent dans le cadre de programmes dits d’accompagnement individualisé vers l’emploi. Ces programmes sont mis en œuvre par les professionnels du réseau des services publics de l’emploi que constituent les centres locaux d’emploi. À ces professionnels des services publics, s’ajoutent ceux des organismes communautaires du domaine de l’employabilité. Chaque CLE offre des ressources et des services qui visent à venir en aide aux personnes présentant des besoins d’accompagnement en matière d’emploi. Certaines catégories de personnes, en raison de leur éloignement du marché du travail, présentent des besoins plus grands. Parmi ces personnes, on trouve les jeunes adultes faiblement scolarisés. Les CLE ont pour mandat de favoriser l’insertion de ces jeunes adultes par l’offre de services spécifiques d’accompagnement en emploi.

Mais quelle forme concrète prend cet accompagnement dans la réalité? Cette étude descriptive a comme but d’examiner de quelle façon s’actualise cet accompagnement offert aux jeunes adultes en difficulté dans le réseau des services publics de l’emploi. Plus précisément, l’objectif consiste à décrire les pratiques d’accompagnement effectuées par les professionnels œuvrant auprès des

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jeunes de 18 à 24 ans dans les centres locaux d’emploi. Ainsi, la question examinée sera la suivante : « Comment s’actualise le processus d’accompagnement réalisé par les professionnels auprès des jeunes de 18 à 24 ans, dits éloignés du marché du travail et quelles en sont les différentes composantes? ».

Ce document présentera d’abord ce que révèle la documentation portant sur les types de régimes publics d’assistance. Une distinction entre trois grands types de programmes d’insertion en emploi sera effectuée selon que ceux-ci soient axés principalement sur l’attachement rapide en emploi (Work-First), sur le développement de l’employabilité de l’individu (Preparation-First) ou sur une combinaison de stratégies (Mixed Model) (Boismenu et Noël, 1995). Par la suite, l’intervention des pouvoirs publics relativement à l’accompagnement des jeunes adultes éloignés du marché du travail sera présentée ainsi que l’état des connaissances sur l’accompagnement dans le domaine de l’insertion en emploi auprès de ces jeunes.

Le cadre conceptuel sera présenté en deuxième partie du mémoire, suivi de la méthodologie de l’étude. Enfin, la présentation des résultats et la discussion composeront la quatrième et la dernière partie du mémoire.

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1- Problématique

1.1. L’accompagnement vers l’emploi dans les programmes et

mesures d’assistance publique

1.1.1. Classification des programmes et mesures

S’inspirant de la classification des modèles d’État-Providence élaborée par Esping-Andersen (1990), Boismenu et Noël (1995) distinguent trois types de régimes d’assistance qui se déploient dans un contexte de tension entre deux des trois logiques suivantes : 1-réduction des dépenses publiques, 2-contrôle des personnes bénéficiaires et/ou 3-arrimage entre les caractéristiques socioprofessionnelles des individus et les tendances du marché de l’emploi. Plus spécifiquement, ces trois types de régimes font référence aux programmes centrés sur l’attachement rapide en emploi, nommés Work-First ou Labour Force Attachment (LFA), à ceux centrés sur la formation et l’éducation, désignés Human Capital Development, ainsi qu’aux programmes combinant les caractéristiques des deux types précédents, appelés Mixed Model ou « Contextual Labour Market Model » (Peck, 2001; Herd, 2006). Globalement, les programmes d’insertion en emploi se distinguent en fonction du niveau et des conditions d’admissibilité à l’aide financière, des ressources investies par les pouvoirs publics en matière de services d’aide et d’insertion en emploi ainsi que des modalités de mise en œuvre de ces mesures. Pour Greenberg, Deitch et Hamilton (2009), les caractéristiques et les modalités d’application varient substantiellement selon que les régimes ont pour objectif principal 1) la réduction des dépenses de l’État, 2) l’accroissement des revenus des individus ou 3) qu’ils poursuivent les deux objectifs simultanément.

Ainsi, la première catégorie de régimes, Work-First ou LFA, se distingue par l’accent mis sur le placement rapide en emploi des prestataires. Les programmes de type LFA se distinguent par le fait qu’ils ne s’appuient pas sur une évaluation en profondeur de la situation du demandeur d’emploi, de ses besoins, de ses obstacles et de ses opportunités relativement à l’insertion en emploi. Les programmes sont le plus souvent associés à des mesures d’employabilité très brèves (aide à la préparation d’un curriculum vitae (CV), clubs de recherche d’emploi, etc.). Les mesures de formation, lorsqu’elles existent, sont généralement de courte durée et directement

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liées à la conjoncture du marché du travail. La situation de précarité en emploi menant à une alternance de périodes répétées à l’assistance et de périodes d’emplois faiblement rémunérés est considérée comme faisant partie du processus d’insertion en emploi. Cette approche vise d’abord l’emploi le plus rapidement possible et non pas nécessairement l’autosuffisance ou la sortie de la pauvreté. Cette approche requiert évidemment, à court terme, un investissement moins important de l’État (Scott et Rowe, 2000; Dufour, Boismenu et Noël, 2003; United States General Accounting Office, 1999). Greenberg et al. (2009) associent les programmes de types « Mandatory Job-Search first » et « Mandatory work experience » à cette première catégorie de régimes centrés principalement sur la réduction des dépenses de l’État.

Le second type de régime d’assistance associé au Human Capital Development ou Preparation-First, correspond notamment aux programmes de type « Mandatory Education First » centrés sur la préparation à l’emploi plutôt que sur l’insertion directe en emploi et dont l’objectif principal vise l’accroissement des revenus des prestataires. Les programmes d’aide à l’emploi de cette catégorie font généralement référence à des mesures et services visant à améliorer le niveau d’employabilité des individus prestataires. Contrairement à la catégorie précédente, l’accent est mis sur l’évaluation en profondeur de la situation de chaque client et sur l’identification des barrières individuelles à l’emploi. Les mesures proposées dans ce type de régime sont personnalisées et visent à éliminer les barrières faisant obstacle à l’insertion ou à favoriser l’obtention d’un diplôme.

Enfin, le troisième type de régimes d’assistance correspondant au Mixed Model est caractéristique des programmes qui combinent stratégies d’insertion rapide en emploi ET offre de mesures de développement de l’employabilité en fonction de la situation de l’individu prestataire et des besoins du marché de l’emploi. Ces programmes combinent généralement les outils et les services utilisés dans les deux catégories précédentes. Ainsi, l’accès aux services de formation pour les individus prestataires est assujetti aux compétences recherchées dans le marché de l’emploi local. Ici, la correspondance entre le profil d’employabilité de l’individu et les caractéristiques du marché du travail est centrale. Les programmes de types « Mandatory Mixed-Initial-Activity » et « Time-Limit Mix» de Greenberg et al. (2009) sont associés à cette catégorie et sont caractérisés par le fait qu’ils poursuivent, de façon simultanée, les deux objectifs de réduction des dépenses de l’État et d’accroissement des revenus des prestataires.

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Au Québec, l’adoption de la Loi sur le soutien du revenu et favorisant l’emploi et la solidarité sociale, devenue en 2005 la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, a entrainé la mise en œuvre d’un nouveau modèle de livraison de services intégrant au sein d’une même structure administrative des services de solidarité sociale et des services publics de l’emploi. L’intervention gouvernementale se déploie dorénavant dans le cadre d’une « approche d’intervention utilisée par le personnel d’Emploi-Québec (…) (visant) à structurer, avec la clientèle concernée les mesures d’aide et le type d’accompagnement dont celle-ci peut avoir besoin pour optimiser ses chances d’intégrer le marché du travail.» (MESS, 2007; 145).

Globalement, les mesures actives d’emploi du régime public québécois d’assistance font référence à la préparation à l’emploi (mesures de projets de préparation en emploi et mesures des programmes d’aide et d’accompagnement social), à l’insertion en emploi (mesures de services d’aide à l’emploi et mesures de subventions salariales aux employeurs) et enfin à l’augmentation du niveau d’employabilité des demandeurs d’emploi avec la mesure de formation (MFOR). Or, le fait que la majorité des mesures actives d’emploi soient associées à différents dispositifs de préparation, d’éducation et de formation, combinées au caractère volontaire de la participation de la clientèle, nous invite à situer le régime québécois d’assistance sociale davantage au sein du Human Capital Development (HCD). En effet, le modèle québécois semble partager plusieurs caractéristiques avec les types de régimes de cette catégorie, comme en témoigne la mesure de formation, une des principales mesures actives d’emploi, avec 443 990 000 $ investis en 2009-2010 auprès de 79 114 personnes pour un total des 90 081 participations. Dans le modèle du Human Capital Development, l’accompagnement représente une fonction importante des professionnels des services d’emploi. Cet accent sur l’accompagnement traverse aussi la politique publique québécoise d’insertion en emploi.

1.1.2. La politique québécoise d’insertion en emploi

Le discours de la politique québécoise d’insertion en emploi laisse voir que les autorités publiques considèrent avoir la responsabilité de mener des actions qui contribuent à la prospérité économique ainsi qu’au développement social du Québec. Une société solidaire doit assumer certaines responsabilités envers les citoyens qui sont dans le besoin (MESS, 2001). C’est dans cette optique que la pauvreté et les difficultés reliées à l’emploi constituent des problématiques

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qui interpellent les pouvoirs publics, lesquels se penchent sur ces sujets en instaurant diverses mesures.

Le Québec compte actuellement plusieurs personnes qui sont en état de travailler, mais qui n’occupent pas d’emploi. Le Pacte pour l’emploi, document d’orientation de la politique publique de l’emploi paru en 2008, mentionnait que la population en âge de travailler déclinerait dès 2012 et que les départs à la retraite causeraient des postes vacants à combler (MESS, 2008). Les efforts gouvernementaux énoncés dans le Pacte pour l’emploi visaient à aider les populations vulnérables à gagner en autonomie, tout en répondant aux impératifs du développement économique de la province. Plus récemment, en février 2013, la stratégie de mobilisation Tous pour l’emploi : une impulsion nouvelle avec les partenaires, a été lancée. On y mentionne la rareté de la main-d’œuvre qui est grandissante en raison d’une diminution de la population en âge de travailler. Dans les années à venir, on prévoit beaucoup d’emplois à pourvoir (1,4 million au cours des 10 prochaines années). Il importe donc pour les pouvoirs publics de voir à ce que la main-d’œuvre potentielle soit en mesure d’intégrer le marché de l’emploi. La stratégie de mobilisation mentionne donc un souci d’accompagner les prestataires d’assistance sociale afin que ceux-ci développent leurs capacités à participer activement au monde du travail (MESS, 2013).

Par conséquent, considérant que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale constitue une priorité pour le gouvernement, l’aide à l’insertion en emploi vise différentes catégories d’individus (chômeurs, prestataires d’assistance sociale, etc.) en mesure d’occuper un emploi, mais faisant face à des obstacles les maintenant éloignés du marché du travail. Dans une perspective de responsabilité envers les personnes en situation de vulnérabilité, la mise en emploi de ces populations éloignées du marché du travail constitue une priorité gouvernementale.

De plus, l’énoncé politique du plan de lutte à la pauvreté (MESS, 2004) vise à prévenir la pauvreté et l'exclusion sociale en développant le potentiel des personnes en créant des conditions favorables à l’insertion des individus en emploi, notamment en incluant un volet réussite et insertion des jeunes (MESS, 2002). Ce plan d’action s’harmonise avec une autre politique gouvernementale; le Pacte pour l’emploi, énoncé d’ensemble de la politique publique d’emploi. Plus précisément, le « Pacte pour l’emploi » souhaite un accompagnement accru des gens plus éloignés du marché de l’emploi, dont les jeunes en difficultés (MESS, 2008). Parallèlement, la

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politique jeunesse (Stratégie d’action jeunesse 2009-2014) qui conjugue l’ensemble de l’action gouvernementale envers les jeunes, contient un volet qui vise aussi l’insertion en emploi des jeunes en difficulté et leur pleine participation à la société (Gouvernement du Québec, 2009a). Concrètement, la Stratégie d’action jeunesse propose des programmes et mesures afin d’accompagner les jeunes dans leur intégration au marché du travail et dans leur maintien en emploi. Les extraits suivants illustrent la préoccupation envers la clientèle jeunesse dans l’action gouvernementale.

« L’éducation est source de liberté. La liberté de choisir et d’orienter son parcours de vie en fonction de ses rêves et de ses aspirations. Cependant, de l’école au marché du travail, tous les jeunes ne prennent pas le même chemin et ne partent pas du même point. Le désir de réussir le passage à l’autonomie est commun à l’ensemble des jeunes Québécois. Chaque jeune doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement adapté à sa réalité et orienté vers sa réussite tout au long de ce parcours. » (Secrétariat à la jeunesse, 2009, p.8).

« Pour relever les défis du marché du travail de demain, il faudra miser sur l’apport de tous les jeunes. Dans un contexte démographique où bientôt les retraités seront surreprésentés par rapport à la relève, il faut s’assurer que celle-ci soit hautement qualifiée afin que le Québec conserve son niveau de vie. La compétitivité des nouvelles économies émergentes hausse aussi les exigences. Afin que notre savoir-faire continue de rayonner sur tous les continents, il importe de former une relève dynamique et compétente, capable de relever les défis du nouvel espace économique mondial. » (Secrétariat à la jeunesse, 2009, p.8).

1.1.3. Les jeunes : une cible importante de la politique d’insertion en emploi

Les jeunes nés dans les années 80 et 90 se retrouvent aujourd’hui prêts à intégrer le marché du travail. Cependant, ils font face à des difficultés telles que la saturation du marché, ou encore la présence de nouvelles exigences qui demandent souvent des études prolongées (Gaudet, 2007). Plusieurs jeunes ne participent donc pas de façon active à la société et présentent des difficultés à se faire une place dans le monde du travail (précarité du travail, interruptions fréquentes de travail, réalité du marché, etc.) (Guédon, dans Le Bossé, 2000). Au-delà de la complexité que représente l’accès au marché du travail en lui-même, certains jeunes ont particulièrement plus de difficultés d’insertion. C’est le cas des jeunes décrocheurs, des jeunes immigrants, des jeunes des communautés culturelles ainsi que des jeunes handicapés, qui s’avèrent être encore plus éloignés du marché de l’emploi. Les jeunes âgés de 18 à 35 ans faiblement scolarisés sont particulièrement

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à risque de se retrouver dans des emplois précaires et de connaître des épisodes de chômage prolongé (Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, 2008). En 2011-2012, le taux de chômage des personnes ayant un certificat ou un diplôme post-secondaire se situait à 5,9 %, alors qu’il grimpait à 15,1 % chez celles n’ayant pas terminé leurs études secondaires. De plus, non seulement le taux de chômage est plus élevé chez les personnes sans diplôme, mais la croissance de ce taux se fait aussi plus rapidement. En effet, pour les personnes ayant un diplôme universitaire, le taux de chômage a subi une hausse de 1,5 % entre 2007-2008 et 2009-2010, tandis que pour la même période, il a augmenté de 4,1 % chez celles ne possédant pas leur diplôme d’études secondaires. Au Québec, chez les 15 à 19 ans ainsi que chez les 20 à 24 ans on dénote un faible taux d’activité. Entre l’année 2007-2008 et l’année 2011-2012, celui-ci a diminué pour les deux groupes d’âge. Il a chuté de 4,8 % pour les 15 à 19 ans et de 1,9 % chez les 20-24 ans (Commission de l’assurance-emploi du Canada, 2013).

Leclerc, Filteau et Bourassa (2002) décrivent le profil type de la clientèle visée par les mesures d’accompagnement en emploi. Ainsi, il est possible de distinguer deux profils principaux, soit les personnes peu qualifiées, qui ont peu d’expérience ou qui ne se sentent pas prêtes à travailler et les personnes qui, en plus des difficultés d’intégration en emploi, présentent des difficultés particulières telles que des problématiques de santé mentale, d’alcoolisme ou de toxicomanie. Il s’agit donc d’une population très hétérogène avec de multiples caractéristiques, qui présente des défis particuliers en regard de l’insertion en emploi.

Si la structure du marché du travail génère de l’exclusion, les caractéristiques des bénéficiaires, et plus encore, l’environnement dans lequel ils vivent, peuvent constituer des obstacles à l’occupation et au maintien d’un emploi (Frankel, 2005). Certaines clientèles sont plus fortement fragilisées et sont donc considérées comme plus éloignées du marché du travail. Ces clientèles présentent des « barrières » à l’employabilité (Bell, 2005). Un accompagnement plus soutenu est donc mis en place pour elles à travers l’action des agents d’aide à l’emploi, lesquels ont pour fonction d’évaluer les besoins des clients et de leur octroyer des activités appropriées (Brodkin, 1997). Dans le champ des services d’aide à l’emploi, l’accompagnement passe plus particulièrement par 1) l’identification des compétences du jeune, 2) l’évaluation de sa motivation et de son niveau d’autonomie et 3) l’identification de contraintes à son parcours d’insertion socioprofessionnelle. Ces pratiques professionnelles prennent la forme d’un

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accompagnement en emploi (développement de l’autonomie par la réalisation de tâches de travail au sein d’un chantier de travail, d’une entreprise d’insertion, d’un stage en entreprise, etc.) et d’un accompagnement vers l’emploi (développement de l’autonomie par la réalisation d’activités et la mise en œuvre d’un projet personnel d’insertion socioprofessionnelle) (Defalvard, Brun et Thibault, 2008).

Au Québec, ces fonctions sont effectuées à la fois par des professionnels des organismes communautaires et par le personnel du réseau des centres locaux d’emploi (CLE). Il existe 150 centres locaux d’emploi au Québec, répartis dans 17 régions. Les CLE offrent des ressources et services d’accompagnement vers l’emploi ainsi que des services d’information sur le marché du travail.

À ce sujet, Leclerc et al. (2002) rapportent que certains agents qui travaillent dans le domaine de l’aide à l’emploi, se sentent démunis devant la lourdeur de la clientèle. Par ailleurs, les agences d’aide à l’emploi rapportent plusieurs difficultés vécues, dont le manque d’éducation, le manque d’expérience de travail, des difficultés d’ordre psychologique, social et comportemental, une faible estime de soi, un manque de confiance, une attitude peu favorable, un manque d’aspiration, la dépendance ou l’abus de substance, la dépression et un manque d’habileté dans la capacité à résoudre des problèmes complexes ou des problèmes de la vie quotidienne (Bell, 2005). Les agents d’aide à l’emploi reconnaissent donc la présence de multiples problématiques chez leur clientèle et doivent composer et intervenir avec cette réalité. MacDonald et Marston (2005, p.385) rapportent les propos d’un agent à ce sujet: « A lot of the people who come to me have alcohol and drug addictions and mental illness. They seem to be quite free to tell me all about it. ». Les agents doivent donc utiliser différentes techniques qu’ils jugent appropriées dans leurs interventions avec les clients.

La présente étude s’inscrit dans ce processus par le fait qu’elle s’attarde à explorer et à décrire les pratiques d’accompagnement mises en œuvre par des acteurs partenaires de la politique québécoise de la jeunesse, en l’occurrence les intervenants œuvrant dans les CLE.

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1.1.4. La politique en action : l’accompagnement vers l’emploi

Les compétences des professionnels de l’insertion sont difficiles à cerner et plusieurs questions se posent sur le sujet en raison de la multiplicité des rôles qu’ils doivent accomplir (Roulleau-Berger, 1998). Les perceptions quant aux fonctions occupées par les accompagnateurs peuvent donc varier. Les auteurs MacDonald et Marston (2005), décrivent quant à eux les gestionnaires de cas dans les programmes d’insertion en emploi, comme les personnes qui articulent les droits et responsabilités entre l’État d’une part et les personnes sans emploi d’autre part.

Ces différents rôles que doivent occuper les agents d’aide à l’emploi semblent revenir dans les préoccupations des professionnels chargés d’accompagnement. Ceux-ci essaient autant que possible de répondre à la réalité et aux besoins individuels du client, mais l’endroit où ce dernier sera dirigé ne repose pas uniquement sur ces considérations. En effet, les agents d’aide à l’emploi sont nombreux à mentionner que le modèle du « work-first » prime tout de même, ce qui signifie qu’une priorité est mise sur le placement en emploi rapide des clients (Brodkin, 1997). En effet, les accompagnateurs doivent être des aidants qui sont au service de la clientèle, mais ils doivent aussi répondre aux exigences du système et de l’organisme au sein duquel ils œuvrent. Ainsi, ils mentionnent notamment que ces différents rôles peuvent parfois entrer en conflit et que certaines pratiques ou exigences bureaucratiques peuvent venir limiter ou entraver le temps et l’efficacité des services offerts aux clients (Leclerc et al., 2002). Le client qui s’engage dans un processus d’insertion se présente avec des attentes, des réserves et des motivations particulières, ce qui oblige les agents à faire preuve d’astuces et d’originalité pour le servir le mieux possible, tout en répondant aux objectifs de l’organisme dans lequel il travaille. Dans le monde de l’aide à l’emploi règne une certaine culture bureaucratisée et les travailleurs qui œuvrent dans ces milieux rapportent se sentir « coincés entre leur fidélité première à la clientèle et les directives de l’organisation » (Leclerc et al. 2002, p.28). Les exigences des organisations dans lesquelles les agents travaillent peuvent donc être parfois difficiles à atteindre et à concilier avec une intervention qui s’avère la plus appropriée pour le client.

Le rôle concret des agents d’aide consiste tout d’abord à apparier les besoins des bénéficiaires des services d’aide à l’emploi et les ressources disponibles. En effet, au début du processus d’accompagnement, les clients sont orientés selon leurs demandes et leurs besoins, mais également en fonction de ce qui peut leur être offert dans le cadre du programme d’aide à

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l’emploi (Brodkin, 1997). Au début des rencontres, il y a donc une exploration de l’histoire du client, de son passé en ce qui concerne le travail, des barrières à son employabilité, ainsi que de ses préférences et habiletés particulières, pour finalement en arriver à déterminer un plan. Ainsi, le client peut être par la suite dirigé vers de l’entraînement à certaines habiletés, à des techniques de recherche d’emploi, etc. Certains agents soulignent que leur rôle n’est pas de trouver un emploi aux clients, mais plutôt de les supporter dans leur recherche d’emploi et les aider à développer les habiletés nécessaires. Les tâches plus concrètes à accomplir pour les agents consistent donc à aider les clients à se prendre en main professionnellement, à devenir autonomes sur ce plan et à développer les habiletés personnelles nécessaires (MacDonald et Marston, 2005). L’accompagnement en emploi des personnes bénéficiaires de l’aide sociale, va au-delà du simple fait de dire « tu dois te trouver un emploi ». L’accompagnateur a une plus grande marge de manœuvre, il utilise une variété de moyens pour la remise en emploi de la personne (Bell, 2005). L’agent d’aide à l’emploi effectue donc des interventions qui visent les habiletés des clients, mais a également comme rôle d’articuler la demande et l’offre disponible au niveau des emplois (Guele, Sibeud, Rabeyrin et Devries, 2003). Pour plusieurs endroits, le fait d’avoir des « contacts » et de les utiliser revêt une importance particulière. En France, certains « chargés de relation entreprise » assument des tâches spécifiques relativement aux contacts et aux relations avec les entreprises (Criff-Formation et conseil, 2005).

Plusieurs professionnels de l’insertion ont également le souci de faire prendre conscience de la réalité du marché du travail à leurs clients. L’accompagnateur doit donc réguler son discours selon les aléas du marché de l’emploi. Si l’offre d’insertion est mince et que le marché de l’emploi est fermé, le professionnel dit vouloir préparer la personne en démarche d’insertion à faire face à cette réalité et à se préparer à certaines difficultés (Brégeon, 2008). Des écrits abordent également l’importance d’une bonne connaissance des milieux d’emploi, non seulement afin de bien guider la personne, mais aussi pour l’amener à connaître ces emplois et éventuellement, s’y intéresser (Criff-Formation et Conseil, 2005). Une bonne connaissance des milieux d’emploi de la part des agents permet donc à la personne accompagnée de se préparer adéquatement et de savoir à quoi s’attendre, pour ensuite diminuer le stress et être plus polyvalente. Ainsi, le partenariat avec les entreprises peut être déterminant et particulièrement aidant dans un processus d’aide en insertion. Une bonne connaissance du marché de l’emploi et des contacts dans celui-ci sont donc des outils d’aide potentiellement utiles.

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Par ailleurs, les écrits démontrent que les habiletés personnelles des agents qui offrent les services d’accompagnement sont importantes, puisqu’elles ont une influence sur ce qui s’opère dans la relation (Lipsky, 1980). Ces agents font preuve d’un jugement et d’une interprétation qui font en sorte que ce qui se passe dans la rencontre n’est pas nécessairement écrit ou déterminé d’avance. Ils « décident » en quelque sorte, du déroulement ou de la façon concrète dont seront appliquées et exécutées les politiques. Lipsky (1980) confère à ces agents, une influence certaine sur les politiques. La nature de leur travail est importante puisqu’elle détermine la façon dont s’actualise la fonction d’accompagnement. Ils doivent user de leur jugement et prendre des décisions, ce qui fait que la nature du travail d’accompagnement effectué varie et prend la forme, pour chaque client, d’un processus d’accompagnement.

1.1.5. Le processus de l’accompagnement

Même si elles visent toutes le même but qu’est l’insertion en emploi, les pratiques spécifiques des agents d’aide à l’emploi sont très variables. Elles sont modelées en fonction de divers facteurs tels que leurs compétences professionnelles, la définition de leur fonction, les ressources de l’agence, les possibilités d’emploi qui sont offerts sur le marché du travail, les motivations et mécanismes d’intervention auxquelles l’agence adhère, etc. (Brodkin, 1997).

En ce qui concerne le déroulement des rencontres, Lagnel (2001) souligne que l’accompagnement peut prendre plusieurs formes. Par exemple, l’accompagnement en insertion professionnelle inclut souvent un volet d’accompagnement individuel, où la personne accompagnée développe son autonomie et les capacités nécessaires à la réussite de son insertion. Il peut s’agir par exemple de familiariser la personne avec les règles du monde du travail ou encore de développer certaines compétences (Criff-Formation et Conseil, 2005). Il arrive aussi fréquemment que des tâches plus techniques soient effectuées, telles que l’apprentissage de techniques d’entrevue, la construction du curriculum vitae, ou encore la recherche d’emploi via internet (Bell, 2005).

La clientèle cible des démarches d’accompagnement en emploi consiste majoritairement en une clientèle éloignée du marché du travail. Ainsi, les agents peuvent se sentir comme des « aidants » pour ce type de clientèle. Leclerc et al. (2002) rapportent à cet effet que pour certains clients, la

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réinsertion peut parfois ressembler davantage à une réinsertion sociale qu’à une réinsertion professionnelle. Ainsi, il n’est pas rare que l’accompagnement social dépasse son objet qu’est l’emploi, pour aborder des termes plus généraux tels que les difficultés particulières de la personne, des questions de santé, de logement, etc. (Guele et al., 2003). Les jeunes qui sont accompagnés doivent apprendre à développer diverses compétences de nature expérientielle, sociale, cognitive et communicative. Il sera donc parfois question d’offrir des renseignements et des connaissances générales, de pratiquer certaines tâches ou des habiletés techniques et parfois même sociales. Brégéon (2008) a mené une étude sur les interventions sociales ayant lieu dans les mesures d’insertion et mentionne à ce sujet que certaines pratiques d’insertion vont jusqu’à inclure des activités de groupe, aussi simple qu’une sortie au cinéma ou au musée. Par ailleurs, l’opinion de professionnels diffère sur ce point. En effet, un intervenant rapporte que l’inclusion d’activités socioculturelles à la démarche ne répond en aucun cas aux réels besoins des personnes en processus d’insertion.

Les sujets abordés avec la personne en démarche d’insertion peuvent inclure des aspects variés tels que l’exploration du parcours antérieur de la personne, de ses loisirs et parfois même de ses échecs (Brégeon, 2008). Certains professionnels demandent à ce que la personne accompagnée parle de ses rêves et de ses buts. En fait, l’accompagnateur et la personne accompagnée peuvent finir par parler de tout. Leclerc et al. (2002), mentionnent l’importance pour les agents d’identifier le problème du client. L’essentiel du travail pour l’agent consiste alors à faire admettre au client qu’il y a un problème, s’entendre sur la nature de celui-ci pour ensuite envisager les solutions possibles. En effet, le processus d’accompagnement en insertion en emploi nécessite une réflexion sur les conditions qu’il est nécessaire de mobiliser pour arriver à atteindre les buts et objectifs (Criff-Formation et Conseil, 2005). À ce sujet, une publication du gouvernement du Québec (2009 b) précise quatre formes que l’aide peut prendre, ce qui illustre bien la dimension holistique du travail effectué auprès de la clientèle. Tout d’abord, il y a un renforcement de l’intérêt du client, pour ensuite procéder à l’identification des besoins de celui-ci. C’est suite à la mise en lumière de ses besoins que la personne accompagnée peut travailler à développer ou à maintenir certaines habiletés, attitudes et comportements, tout en travaillant à la recherche de solutions afin de contrer les obstacles qui nuisent à son cheminement socioprofessionnel. Finalement, le processus de l’accompagnement prend la forme d’une relation

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professionnalisée, dirigée vers un but; l’insertion en emploi, et peut se décomposer en quelques dimensions particulières.

Accueil et prise de contact

L’espace physique d’accueil pour les services d’accompagnement varie d’un endroit à l’autre et compose une part importante du processus. Dans certains milieux, cet espace revêt un caractère plus confidentiel, tandis que pour d'autres, il s’agit d’un guichet d’accueil posté directement dans la salle d’attente (Brégeon, 2008). Le premier acte d’accueil consiste à orienter la personne en lui présentant les formes d’aide qu’elle peut recevoir (Le Guellec, 2001). À ce titre, Brégeon (2008) fait état de certains questionnements de la part des professionnels de l’insertion. Faut-il tenter des formes d’animation collective? Serait-il favorable de localiser les bureaux d’accompagnement dans des endroits facilitant davantage la prise de contact avec les jeunes? Faut-il recevoir le jeune sur rendez-vous ou dès qu’il se présente? Pour certains, cette dernière question est primordiale, car refuser de voir un jeune dès qu’il se présente serait risquer de le perdre (Brégéon, 2008). L’auteur ajoute que certains intervenants considèrent important de se déplacer eux-mêmes dans la salle d’attente pour accueillir le jeune en personne.

Les intervenants tendent à consacrer une période de temps plus importante pour le premier contact. Cette première rencontre, aussi nommée l’entretien d’accueil, peut être constituée de la prise de contact avec le jeune, de l’exploration des raisons de sa présence et des procédures à suivre ainsi que des conditions générales dans lesquelles l’aide sera octroyée (Brégéon, 2008). Après avoir pris connaissance et décodé la nature de la demande de la personne, l’intervenant doit évaluer les capacités de cette dernière à s’engager dans la démarche d’insertion (Dartiguenave et Garnier, 2008). Brégéon (2008) souligne que c’est habituellement dans cette première rencontre que la notion de projet est abordée.

Certains aspects sont d’ordre plus technique, comme la disposition de l’espace physique par exemple. Brégeon (2008) parle à cet effet que la disposition du bureau peut avoir une certaine influence dans la démarche. Par exemple, l’installation du bureau entre le jeune et l’intervenant peut instituer un cadre particulier. D’autres balises peuvent aussi être établies pour aider le

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processus. Comme on sait, l’accompagnement en insertion demande une grande implication personnelle (Le Guellec, 2001) et c’est pourquoi il est parfois mentionné dans les écrits que les professionnels de l’insertion peuvent facilement faire face à l’épuisement. Ainsi, dans les ouvrages sur l’accompagnement en insertion en emploi, la notion du nombre de suivis idéal est abordée et Brégeon (2008) affirme à ce propos que les professionnels ne devraient pas dépasser une certaine limite de suivis, afin de ne pas tomber dans l’épuisement.

Le contrat d’accompagnement

L’accompagnement vers l’emploi est une relation contractualisée et cette relation repose sur un engagement réciproque (Guele et al., 2003). L’accompagnement est alors relié à deux mots clés, soit insertion et contrat. Ainsi, l’accompagnement permet l’accès à des droits et est effectué selon des procédures spécifiques. L’accompagnement s’inscrit donc dans une relation contractuelle puisqu’il y a une définition claire des rôles de chacun, des objectifs des rencontres ainsi que de la durée. Dans le même ordre d’idées, il est possible que soient instaurées des règles de fonctionnement formelles à l’intérieur de la relation entre l’accompagnant et l’accompagné. Dartiguenave et Garnier (2008) parlent donc de « contrat » lorsqu’ils abordent le sujet de l’instauration de ces règlements. Un contrat permet non seulement de baliser les règles de l’échange, mais aussi de réaliser le chemin parcouru. L’intervenant en insertion professionnelle peut entre autres imposer des règles quant à l’écoute, à la présence aux rencontres et au respect des engagements et des décisions. La présence d’un contrat permet aussi d’instaurer un climat d’égalité entre les deux personnes qui entretiennent la relation, en délimitant des positions où, théoriquement, aucun des deux n’est en état de supériorité face à l’autre (Dartiguenave et Garnier, 2008). L’instauration d’un contrat initial permet également de baliser le processus en y incluant des objectifs, des échéances ainsi que des exigences minimales. Certains événements susceptibles de subvenir au cours du processus peuvent aussi être balisés par la présence du contrat, car les droits et contraintes sont négociés en fonction de celui-ci (Dugué, Mathey-Pierre, Rist et Waysand, 2001). Des auteurs se questionnent cependant à savoir si la mise en place d’un contrat s’avère une tentative de diminuer la responsabilité de l’intervenant dans le processus, en raison de la connotation de « prise en charge » que peut avoir la démarche d’accompagnement (Dartiguenave et Garnier, 2008).

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Élaboration du projet et prise en charge

La notion de projet est fréquemment abordée dans le processus d’accompagnement en insertion professionnelle. La définition de ce qu’est un projet dans le processus d’insertion peut présenter différentes variantes, mais de façon générale, on peut dire qu’il renvoie à la méthodologie de l’action. Le projet permet donc d’évaluer et de comprendre la situation qui fait problème. Établir le projet, c’est demander à la personne ce qu’elle veut, c’est s’informer sur ses motivations (Dartiguenave et Garnier, 2008). Il est cependant important que ce projet soit réaliste, c'est-à-dire que la personne ait les moyens de le mettre en œuvre. L’accompagnement est donc ici associé au fait d’aider la personne à franchir les étapes, ou encore à lui faire prendre conscience de ses capacités personnelles (Dartiguenave et Garnier, 2008). À ce sujet, il n’est pas rare que les écrits qui traitent de l’accompagnement soulignent l’importance de faire en sorte que le client demeure motivé, car cela peut être très déterminant dans sa réussite. Les jeunes qui bénéficient de l’accompagnement en insertion professionnelle doivent demeurer confiants qu’ils peuvent atteindre leurs objectifs, doivent être motivés et faire preuve de persévérance pour réussir (Bell, 2005; MacDonald et Marston, 2005).

Cependant, la notion de prise en charge dans l’accompagnement en insertion représente un enjeu non négligeable. Ainsi, les auteurs précisent que le fait d’accompagner une personne ne consiste pas à la détourner de ses responsabilités en les assumant à sa place, il s’agit plutôt de partager ces responsabilités avec elle. Non seulement il est important de ne pas « faire pour l’autre », mais Lagnel (2001) ajoute qu’il ne faut pas « vouloir pour l’autre ». Certains auteurs parlent à ce sujet de non-directivité afin de rendre compte de l’importance de l’autonomie à laisser à la personne accompagnée (Speroni, 2001). Le Guellec (2001) abonde également en ce sens en affirmant que l’accompagnement est entre autres une relation d’aide où il est important de se soucier de ne pas faire les choses à la place de l’autre. Tout au contraire, le professionnel doit intervenir le moins possible pour la personne et tenter de la rendre autonome en lui offrant plutôt des outils. Comme le mentionne Bell (2005), les agents d’aide à l’emploi donnent un coup de pouce aux clients afin qu’ils deviennent autosuffisants. Le jeune qui est accompagné doit devenir l’acteur de son insertion et la démarche doit lui permettre d’accéder à des droits. En effet, Guele et al. (2003) soulignent que l’accompagnement social vise à ce que la personne aidée atteigne une situation de

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vie qui lui permettra l’acquisition de droits. Les auteurs mentionnent également que les démarches d’aide en insertion professionnelle visent à faire cheminer les personnes dans le développement et l’utilisation de leurs ressources propres. Ainsi, l’accompagnement social est envisagé comme un levier vers l’atteinte de l’autonomie. C’est donc par une prise de pouvoir personnelle de la part du client que l’accompagnateur aide ce dernier à atteindre les objectifs fixés.

La relation

Au-delà des aspects plus techniques qui construisent les rencontres, l’accompagnement inclut aussi un côté plus abstrait, mais non moins important qu’est la qualité de la relation. Les propos de Suisse (2001) illustrent bien la richesse et l’importance de la relation d’accompagnement quand il mentionne que pour le jeune, ce qui est vécu avec l’accompagnant peut devenir déterminant dans son processus de « reconstruction ». Selon Brégeon (2008) également, une relation privilégiée est primordiale dans les interventions des professionnels de l’insertion. Certaines attitudes sont courantes et peuvent aider à l’établissement d’une relation efficace, il est ainsi du ressort de l’intervenant de travailler à l’accrochage relationnel. La relation, une fois créée, peut prendre plusieurs directions. Il est possible que cette relation d’accompagnement en emploi devienne davantage une relation d’aide pour des problèmes non directement liés aux objectifs d’insertion. Brégéon (2008) mentionne qu’au cours du processus, des problèmes et difficultés autres que reliés directement à l’emploi sont abordés, tels que les problèmes sociaux des jeunes, qui sont les principaux obstacles à l’insertion. La nécessité ou le caractère inévitable d’une portion dédiée à la relation d’aide dans le processus est donc mis en lumière. Ainsi, certains agents prennent soin de s’associer avec d’autres professionnels tels que des psychologues ou des professionnels de la santé (MacDonald et Marston, 2005). Pour plusieurs, il est essentiel de ne pas se limiter aux caractéristiques « professionnelles » de la personne, mais d’envisager celle-ci dans sa globalité. À cet effet, Lagnel (2001) mentionne l’importance de considérer la personne comme un système en soi qui interagit constamment avec son environnement.

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Le caractère involontaire de l’accompagnement

Dans leurs études sur l’accompagnement des jeunes avec peu de qualifications, Dugué et al. (2001), soulignent que la personne qui reçoit les services d’accompagnement peut, en fait, suivre ce processus en réponse à une obligation administrative. Par conséquent, le caractère volontaire ou non de la demande peut déterminer le degré de facilité avec lequel la relation et la motivation pourront s’établir. Par ailleurs, selon Speroni (2001), il existe toujours un certain caractère involontaire au processus d’accompagnement, car un chômeur subit toujours une pression informelle à s’engager dans un processus de remise en emploi. La personne qui bénéficie d’un accompagnement ne présente donc pas toujours un état d’esprit favorable envers la démarche proposée. Chez les jeunes engagés dans des démarches d’insertion, les recherches montrent que certains n’aiment tout simplement pas les dispositifs d’insertion. Ils sont rébarbatifs et ressentent ces dispositifs comme une situation de discipline (Roulleau-Berger, 1998). Effectivement, les agents qui effectuent l’accompagnement en emploi peuvent être envisagés comme des instruments de l’État. Il n’est donc pas étonnant que certains clients se méfient et considèrent les agents d’aide à l’emploi comme des agents de contrôle plutôt que des agents d’aide. Dans cette optique, certains clients affirment se sentir davantage surveillés qu’aidés (MacDonald et Marston, 2005). De plus, certains demandeurs ont subi plusieurs refus ou ont vécu des expériences négatives par rapport à leurs démarches d’emploi et adoptent par conséquent une attitude de confrontation envers les institutions (Brégéon, 2008). La façon d’accueillir le demandeur peut également être signifiante. Leclerc et al. (2002), rapportent que les agents doivent transcender les diverses contraintes possibles dans la relation afin d’instaurer un climat de confiance.

Construire une relation avec la personne qui demande de l’aide n’est pas une chose facile et exige du travail (MacDonald et Marston, 2005). Ceci est d’autant plus vrai lorsque la personne ne participe pas au processus d’accompagnement de son plein gré, mais qu’elle y est, en quelque sorte, plus ou moins contrainte. Ainsi, les attitudes et comportements des agents envers les clients sont d’une grande importance. Les agents doivent faire preuve de dévouement et de disponibilité, et ce, autant avec les clients dits « plus difficiles » qu’avec ceux qui présentent une attitude favorable à recevoir l’aide. L’établissement d’une bonne relation est donc primordial et celle-ci se construit entre autres par des attitudes qui favorisent l’accrochage relationnel ainsi que par des

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interactions variées, qui, comme mentionné précédemment, peuvent même parfois ressembler davantage à une relation d’aide qu’à une démarche d’insertion.

Limites de la fonction d’accompagnement

Dans le domaine de l’accompagnement en emploi, certains aspects du travail sont considérés comme des obstacles à l’atteinte des objectifs des programmes d’accompagnement. À titre d’exemple, la charge de travail, le manque de coordination entre les organismes, le manque de soutien aux clients ainsi que les difficultés reliées aux conditions d’emploi comptent parmi ces obstacles (Bell, 2005). Les écrits sur l’accompagnement soulignent aussi le fait que les accompagnateurs se retrouvent souvent dans des rôles contradictoires, situation qui peut nuire à l’atteinte des objectifs. Lorsque leurs fonctions les amènent à exercer de la surveillance et de la reddition de compte en plus d’aider les personnes éloignées du marché du travail, les agents d’aide à l’emploi se retrouvent dans des rôles qui peuvent se contredire. L’objectif ultime est l’insertion en emploi, mais les accompagnateurs doivent aussi répondre aux besoins personnels des clients. Il peut donc arriver que certaines contradictions se posent entre les différents objectifs (Brodkin, 1997). La conformité aux normes institutionnelles, la surveillance et la bureaucratisation du milieu de l’aide en insertion en emploi peuvent donc réduire l’autonomie de ceux qui mettent en application ces mesures.

Par ailleurs, la question du manque de temps dans le processus d’accompagnement est mentionnée, ce qui peut entraver le processus d’une insertion durable (Criff-Formation et Conseil 2005). En effet, selon Brodkin (1997), certains accompagnateurs évoquent la primauté de la quantité dans leur travail d’accompagnement. Ils rapportent ressentir une pression quant au nombre de personnes qu’ils réussissent à placer et ajoutent que cette pression mène parfois à placer des clients dans des endroits qui ne sont pas toujours appropriés. Frankel (2005) précise à ce sujet qu’il faut effectivement avoir des résultats rapidement et atteindre l’objectif fixé, mais parfois cet objectif l’emporte sur la qualité des emplois. Lorsque les programmes sont centrés d’abord et avant tout sur la mise en emploi de la personne accompagnée, il est fréquent de voir ces personnes revenir tôt ou tard à l’aide social en raison de leurs conditions d’emploi insatisfaisantes. Pour plusieurs agents d’aide à l’emploi, trouver un emploi ne suffit pas. Il faut

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tenir compte de la qualité de l’emploi s’il est souhaité que cette insertion dure dans le temps (Bell, 2005).

1.2. Limites des études actuelles

Des auteurs considèrent que les travaux portant sur l’insertion en emploi des jeunes présentent une vision trop unidimensionnelle de cette réalité. Trottier (2000) par exemple, souligne que les études qui sont effectuées s’enferment souvent dans une vision « économiste » en abordant surtout les difficultés d’insertion reliées à la structure économique du marché du travail.

Dans le domaine de la recherche au sujet des politiques d’aide à l’insertion, la question se pose à savoir jusqu’où faut-il aller? (Dugué et al. 2001). Il devient intéressant d’explorer l’ensemble du processus en portant un regard sur la réalité des personnes qui se trouvent au cœur du processus. Comme il est rapporté par Vincens (1997), la plupart des travaux s’intéressent à l’insertion du point de vue des individus qui sont dans un processus d’insertion. Afin de varier et de parfaire les connaissances sur le sujet, la production de connaissances sur les actions concrètes des intervenants qui œuvrent dans le domaine de l’insertion est de mise étant donné le manque d’intérêt porté à cet aspect précis des processus d’insertion en emploi (Perret, 2008).

À propos de l’étude des processus mis en place pour aider les jeunes en difficulté d’insertion, des travaux suggèrent qu’il serait intéressant de porter attention aux types d’actions qui sont posées dans ces dispositifs. Une attention à la diversité des tâches effectuées dans le processus d’accompagnement a également sa place. Par exemple, il serait intéressant de porter un regard sur la mise en œuvre de démarches visant le développement personnel et social en plus des démarches directement reliées à la recherche d’emploi (Roques, 2008). Dans le même ordre d’idées, Panet-Raymond, Bellot et Goyette (2003) considèrent eux aussi l’importance d’explorer des sujets allant au-delà des difficultés relatives à l’emploi en affirmant que les difficultés sociales des jeunes doivent aussi être abordées et faire partie du plan d’action qui sera élaboré pour le jeune. De plus, il existe peu d’études du point de vue de ceux chargés de la mise en œuvre des pratiques d’accompagnement (Lipsky, 1980). Cette ouverture à des facteurs allant au-delà du strict domaine professionnel doit donc faire partie des préoccupations des travaux qui s’intéressent aux diverses mesures d’insertion. Le parcours qui mène à l’insertion en emploi reste

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méconnu et mérite que des études s’y intéressent sur des aspects jusqu’à maintenant peu documentés.

1.3. Pertinence

Cette recherche est liée à deux thèmes importants : l’exclusion et l’insertion. L’exclusion constitue un phénomène au centre des actions et préoccupations gouvernementales, de par les multiples conséquences néfastes qui y sont associées. L’exclusion économique étant un phénomène qui restreint la possibilité d’atteinte d’un niveau de vie décent, lutter contre ce phénomène permet d’atteindre des valeurs fondamentales pour le Québec, telles que l’équité, la dignité et le respect des droits (MESS, 2002). Avec sa Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement du Québec s’est fixé l’objectif de mener le Québec parmi les nations industrialisées comptant le moins de pauvreté. La lutte contre l’exclusion est envisagée comme un élément d’une démarche plus globale visant le développement social du Québec en entier.

Il est important de s’intéresser non seulement aux actions globales mises en œuvre pour fournir une aide à la jeunesse, mais également aux démarches plus précises qui caractérisent ces actions. Une insertion durable pour les jeunes demeure difficile et plusieurs des participants à des projets d’accompagnement finissent par retourner à la sécurité du revenu (Panet-Raymond et al., 2003). Certaines personnes bénéficiant de l’aide sociale rapportent d’ailleurs que les programmes d’aide à l’emploi ne sont pas toujours efficaces et même parfois nuisibles, ou sont une simple perte de temps qui aboutit à un échec (Provencher et Bourassa, 2005). Ainsi, il devient intéressant d’explorer le milieu et d’aller plus loin en sondant les personnes qui œuvrent au sein de ces programmes d’aide à l’emploi afin de mieux comprendre de quelle façon l’aide actuelle est octroyée. Donner la parole aux travailleurs de terrain pour nous faire connaître la réalité telle qu’elle est s’avère donc une avenue intéressante.

La relation qui se crée entre le professionnel de l’insertion et son client se développe dans un contexte particulier. Elle varie selon l’institution, les règles et les caractéristiques personnelles des clients et des professionnels. Cette complexité rend intéressante et pertinente une tentative d’investigation afin de découvrir comment se passe cette relation particulière. Les agents doivent

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aussi composer avec différents clients et adapter leurs stratégies d’intervention pour un maximum d’efficacité. Une meilleure connaissance du processus d’accompagnement permettrait d’identifier les facteurs médiateurs et modérateurs qui peuvent avoir une influence sur les résultats de l’accompagnement. Il est ainsi intéressant de démystifier la multiplicité des pratiques (Criff-Formation et conseil, 2005). Il subsiste une méconnaissance de ce qui se fait sur le terrain (Leclerc et al., 2002) et les agents de première ligne constituent des acteurs privilégiés de ce qui se passe dans la relation d’accompagnement. Il est donc approprié et souhaitable de leur permettre de prendre la parole et de faire connaître la nature de leurs démarches.

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2- Cadre Conceptuel

La présente étude cherche à explorer le concept d’accompagnement de façon concrète, en examinant de quelle façon il s’actualise auprès des jeunes adultes en difficulté dans le réseau des services publics de l’emploi. Comment s’actualise le processus d’accompagnement réalisé par les professionnels auprès des jeunes de 18 à 24 ans dits éloignés du marché du travail et quelles en sont les différentes composantes?

Selon le dictionnaire Larousse 2004, le terme accompagner se décrit comme suit : Aller avec, conduire, escorter, assister, aider. Il renvoie aussi à la mise en place de mesures et de programmes visant à atténuer les effets négatifs de quelque chose. Dans les écrits plus spécifiques sur l’accompagnement dans le domaine de l’insertion en emploi, les définitions du concept d’accompagnement sont multiples et ne désignent pas toujours précisément la même chose. Les pratiques d’accompagnement sont plurielles, il est donc fréquemment mentionné que le concept s’avère complexe à définir, puisque l’accompagnement ne relève ni d’une procédure, ni d’une modalité écrite (Suisse, 2001). Pour certains, les politiques d’insertion sont elles-mêmes responsables du caractère vague de la notion d’accompagnement (Dugué et al., 2001).

Chose certaine, l’acte d’accompagner inclut un engagement personnel important et s’avère d’une grande complexité (Le Guellec, 2001). Dartiguenave et Garnier (2008, p.85) soulignent que le concept d’accompagnement désigne aujourd’hui « à peu près tout et n’importe quoi », parce qu’il est utilisé globalement pour désigner toute pratique d’intervention sociale. Pour eux, l’accompagnement se définit par « les moyens que l’on mobilise pour parvenir aux fins que l’on s’est fixées » (Dartiguenave et Garnier, 2008 p.79). L’accompagnement représente donc une aide offerte à ceux qui présentent des manques les empêchant de franchir une ou des étapes données. Pour le présent travail, ces manques font références aux compétences nécessaires à une insertion en emploi. Ainsi, l’accompagnement peut être envisagé comme un phénomène se présentant sous forme d’aide au développement de compétences et de qualifications (Le Guellec, 2001).

Le concept d’accompagnement se définit donc à l’aide de différents termes. Accompagner, c’est catalyser, faciliter, questionner (Lagnel, 2001). C’est aussi partager une responsabilité (Dartiguenave et Garnier, 2008) ou encore, soutenir les projets du client, ou favoriser la relation qu’il entretient avec son environnement (Suisse, 2001). Devant l’ambigüité que rapportent les

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écrits quant à la définition de la notion d’accompagnement, il s’avère pertinent de s’intéresser à une définition plus concise et de se demander plus précisément ce qu’est l’accompagnement dans le monde de l’insertion en emploi.

En ce qui concerne l’insertion, le dictionnaire Larousse (2004) renvoie à l’action d’insérer et définit ce mot comme suit : faire entrer, assimiler, trouver place dans un milieu, s’intégrer, s’introduire. Quant au dictionnaire le Petit Robert (2009), celui-ci parle de l’insertion comme étant l’intégration d’un individu ou d’un groupe dans un milieu social différent.

D’un point de vue historique, le concept d’insertion n’est pas très ancien. Damon (1998), affirme que le terme insertion a remplacé les concepts d’intégration ou de réadaptation qui ont pris naissance à l’époque des Trente Glorieuses. Les objectifs d’insertion étaient au départ associés aux allocations d’assistance sociale dites de dernier recours. Avec le temps, la notion d’insertion a évolué et répond aujourd’hui à des objectifs plus larges, par l’instauration d’actions et de programmes visant la lutte contre l’exclusion.

Comme le mentionne Damon (1998), l’insertion peut prendre plusieurs formes. Elle peut être professionnelle, économique, sociale et culturelle. La présente étude s’intéresse plus particulièrement à l’insertion professionnelle. Plusieurs choses sont en jeu dans ce phénomène, car l’insertion en emploi touche à plusieurs dimensions de la société en ayant des répercussions sur le monde social, politique, éducatif et économique (Gaude, 1997). L’insertion est donc liée dynamiquement à une multitude d’éléments de la société. Le concept peut également être envisagé en termes de moyen d’accès à l’emploi (Gaudet, 2007). Dans cette optique, l’insertion professionnelle consiste à lier l’individu au marché du travail et inclut une prise d’autonomie et une indépendance, non seulement sur le plan financier, mais aussi d’un point de vue identitaire. La Stratégie nationale de lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale parle de l’insertion en instituant principalement un lien avec l’aspect financier. En effet, l’insertion s’avère le moyen privilégié pour l’atteinte d’une autonomie financière et d’un mode de vie décent (MESS, 2002). Gaudet (2007) définit aussi l’insertion en ce sens, en parlant d’entrée vers l’autonomie et d’indépendance financière. Le besoin d’insertion est alors considéré comme un besoin d’intégrer des normes sociales. Ainsi, la notion d’insertion inclut une activité salariée sur le marché du travail, une autonomie financière décente ainsi qu’une certaine autonomie sociale. Cette façon d’établir ce qui définit l’insertion cadre bien avec les propos de Dartiguenave et Garnier (2008),

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qui soulignent que dans le langage du travail social, la notion d’insertion s’est imposée comme un moyen communément associé à la lutte contre l’exclusion.

La notion d’accompagnement social apparaît à partir du milieu des années 1990 dans le domaine de l’insertion à l’emploi au moment de la mise en œuvre des politiques globales de lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté (Morel, 2002; Noël, 2003; Groulx, 2003; Provencher, 2004, 2008; Provencher et Bourassa, 2005; Ulysse et Lesemann, 2004). Auparavant associé à l’action de « se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui », l’accompagnement prenait traditionnellement la forme du « suivi social » effectué par les travailleurs sociaux et les éducateurs auprès des clientèles desservies. À partir du milieu des années 1980, l’accompagnement apparaît progressivement dans différents domaines de la vie sociale (accompagnement pédagogique, spirituel, thérapeutique, de fin de vie, accompagnement/management dans les entreprises, etc.) (Maela, 2002; Guele et al., 2003). Globalement, l’accompagnement fait référence aux trois processus liés que sont (1) l’accueil et l’écoute, (2) l’aide au discernement et à la délibération et (3) le suivi dans le temps de la personne accompagnée. Il s’agit d’une fonction centrée sur le passage à l’action plutôt que sur l’atteinte d’un résultat visé, ce qui le différencie, par exemple, du « coaching » professionnel (Le Bouëdec, 2002). Davantage associé à un ensemble de tâches et d’objectifs à atteindre qu’à une définition théorique commune, l’accompagnement en emploi se déploie dans le cadre d’une dynamique relationnelle contractualisée entre un professionnel et une personne en difficulté d’intégration au marché du travail (Le Bossé, 2000; Guele et al., 2003; Béchrouri et Dô-Coulot, 2008).

Les « parcours individuels d’insertion » prennent forme à l’intérieur de dispositifs multiples et évolutifs (stages, formations, projets spéciaux d’insertion en emploi). Ces programmes, activités et mesures servent de support aux chargés d’accompagnement, lesquels ont pour fonction d’offrir aux personnes fragilisées par le marché du travail des moyens pour surmonter une période d’inactivité ou trouver un premier emploi (Criff-Formation et conseil, 2005). Dès lors, si l’accompagnement représente une fonction institutionnelle mise en œuvre dans le cadre d’organisations formelles, elle repose de manière fondamentale sur la relation nouée avec la personne en difficulté. Globalement, les résultats des études menées sur les pratiques d’accompagnement en emploi montrent qu’il s’agit d’une professionnalité à forte composante

Figure

Tableau 1: Catégorisation initiale ayant servi à l'analyse des résultats  1. Processus d’accompagnement
Tableau 2: Catégorisation finale ayant servi à l'analyse des résultats  1. Processus d’accompagnement
Figure 3: Résumé des facteurs d’influence sur le processus d’accompagnement  Situation du  marché de  l’emploi  Charge de  travail  Difficultés de recrutement  Durée de  l’assistance sociale  Compétences et  habiletés  personnelles FACTEURS MODÉRATEURS

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