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Narcisse : un contre-exemple à ne pas suivre

Narcisse comme figure amoureuse

2) Narcisse : un contre-exemple à ne pas suivre

La figure de Narcisse sert d’avertissement aux héros pour qu’ils changent de conduite et ne suivent pas une fole amor. Notons d’emblée que la plupart des œuvres dans lesquelles figure ce genre d’avertissement datent du XIVe et surtout du XVe siècles. Faut-il y voir un effet de l’évolution des mentalités entre le XIe et le XIIe siècles, et les derniers siècles du Moyen Âge ? Nous devrons nous poser la question. La seule œuvre qui leur est bien antérieure a été composée à la fin du XIIe siècle, il s’agit du Roman de Florimont62 d’Aymon de Varennes.

Cette chanson de geste franco-provençale retrace les aventures du jeune chevalier Florimont dans un Orient fantasmé. Dans cette œuvre héritée du Roman

d’Alexandre, on retrouve les royaumes de Macédoine et de Grèce ainsi que

l’influence de l’Antiquité. Florimont grandit sur les bords de l’Adriatique, promis à un destin exceptionnel dont sa mère a eu la prémonition dans un songe. Son premier acte de bravoure est de débarrasser le pays d’un dragon qui terrorisait tout le monde. En remerciement, il reçoit les faveurs d’une fée, la dame de l’île Célée. Le jeune homme est censé garder leur relation secrète pour conserver sa dame. Le secret dévoilé par son maître, Floquars, Florimont perd sa bien-aimée. Il se retrouve alors seul, complètement perdu. Après s’être évanoui sous le coup de la douloureuse nouvelle, il veut se noyer en mer63. On le ramène chez lui, il reste alors deux jours sans boire ni manger64. Florquars vient raisonner son élève qui lui décrit sa peine :

Jel sai assez, se poiset moi : La duchesce fist le desroi Dont ju ai perdu(e) m’amie. Je croi que j’en perdrai la vie, A cuer en ai mout grant dolor, Nen ai pas force contre amor ; Car amor(s) fet de flebe fort Et de fort flebe per son sort.

62 AIMON VON VARENNES. Florimont, éd. cit.

63 Ibid., v. 3905-3906 : « D’amors avoit travail et paigne. / Noier se veloit en la mer ».

64 Ibid., v. 3915-3917 : « Dous jors i fut, qu’il ne se mut, / Qu’il ne mainga ains ne ne but, / Bien

Sor moi fet son tort et sa taille. Je ne puis soffrir sa bataille ; Fere covient son plaisir Ou soit de vivre ou de morir65.

Le jeune chevalier se décrit en proie à la souffrance amoureuse, il ne peut résister. De fort, il est devenu faible et laisse désormais amors diriger sa vie même si cela doit le conduire à la mort. Florquars réagit vivement face à ce propos extrême :

S(e)u est folie,

Se vos por ce perdez la vie. Feme devroit tel cuer avoir ; Mai hons est de grinor pooir. Volez vos sembler Narcisus De folie ou Piramus ?

Cist dui furent mort per amor66.

Le maître admoneste vigoureusement Florimont. Il le somme de réagir en homme et non en femme et de résister aux assauts de la souffrance amoureuse. Il étaye son discours de figures antiques qui lui servent de contre-exemples à ne surtout pas imiter si l’on veut vivre. Narcisse et Pyrame sont donc cités l’un après l’autre. Entre les deux noms apparaît en début de vers le mot « folie », cette mise en valeur exprime bien l’idée qu’il ne faut pas suivre cette voie mais garder son bon sens. Malgré la différence qui existe entre les deux mythes, Narcisse et Pyrame sont rapprochés à cause de la fin identique qu’ils ont connue67 : tous deux sont morts d’amour. Ce qui importe n’est pas l’objet de leur amour mais le résultat funeste : la folie qui les a conduits à la mort. Florquars continue sa leçon de façon un peu rude en invitant Florimont à changer d’objet d’amour :

Laissiés ester ceste dolor. Sire, car amez atre part, Ains que aiés de mort regart. Amor puet on chaingier briement68.

L’exemple à suivre pour Florimont serait celui d’Énée qui après avoir abandonné Didon épouse Lavinia et continue de vivre. Il faut mettre « en

65 Florimont, éd. cit., v. 3943-3953.

66 Ibid., v. 3955-3961.

67 D’autres similitudes rapprochent les deux fables : la thématique de la fusion amoureuse par exemple, voire celle de la symbolique du miroir (si l’on considère que Pyrame et Thisbé sont le miroir métaphorique l’un de l’autre).

nonchaloir » ce qu’on ne peut avoir69. L’avenir donnera finalement raison à Floquars puisque Florimont épousera Romadanaple, la fille du roi Philippe de Macédoine.

Il est intéressant de constater qu’Aymon de Varennes va à contre-courant de l’utilisation traditionnelle de la figure de Narcisse à son époque. En effet dans les œuvres du XIIe siècle le jeune homme est cité plutôt comme exemple de l’amant parfait. C’est surtout à la fin du Moyen Âge que l’idée d’un Narcisse contre-exemple gagne du terrain.

L’œuvre de Jean Froissart fourmille de références antiques que le poète manipule à son gré. Si Narcisse incarne la figure du parfait amant dans son roman

Melyador70, on trouve l’autre tradition dans La Prison amoureuse71. Cette œuvre prend la forme d’un échange épistolaire entre le poète et l’un de ses amis surnommé « Rose ». Le poète se présente comme le vassal d’Amour :

Je voel servir de franc voloir Celi qui tant me poet valoir, A cui j’ai fait de liet corage Seüreté, foi et hommage :

Amours, mon signeur et mon mestre, Qui me fet tels que je suis estre, Une heure en pais et l’autre en doubte. C’est bien drois que je le redoute72.

Même si Amour ne lui laisse aucun répit, le poète-amant reste fidèle à son serment, il ne veut « estre recreans73 », il n’a qu’une seule crainte :

Car je seroie trop honteus S’on me comptoit avoec les deus Qui onques d’amer ne dagnierent Ne nulles dames n’adagnierent : Narcissus et Bellophorus74.

Il refuse catégoriquement d’être comparé à Narcisse ou Bellophorus, deux mauvais amants. Ici la volonté de ne pas les imiter est un peu différente de celle mise en avant par Floquars. Il ne s’agit pas de se conduire comme des fous et de mourir d’amour si on imite Narcisse mais de mal agir en n’aimant pas. Le poète reproche à Narcisse d’avoir dédaigné une jeune fille qui l’aimait :

69 Florimont, éd. cit., v.3975-3976 : « Sire, metez en nonchaloir / Seu que vos ne poëz avoir ».

70 Cf. p. 10 sq. de ce chapitre

71 JEAN FROISSART. La Prison amoureuse, éd. cit.

72 Ibid., v. 23-30.

73 Ibid., v. 151.

Et Narcisus que je vous nomme, Qui moult petit eut adagnié Equo, n’i a gaires gagnié, Car il enamoura son ombre. Pour ce est il comptés ou nombre Des musars et des coers fallis, Car la fontainne est ses drois lis : La s’endormi, la se repose75.

Le poète ne veut pas faire partie des « musars » ou des « coers faillis », insulte suprême pour celui qui a juré de rester fidèle à Amour, son seul maître. Derrière ces deux désignations surgit la métaphore du chevalier d’amour. Le poète se lance dans la bataille d’Amour avec les armes qui lui sont propres : les mots, l’imagination, les traits d’esprit pour tenter de séduire la femme aimée. De même que le chevalier livrait des combats pour acquérir la gloire et être digne d’petre aimé.

D’ailleurs, Narcisse n’a rien gagné à se comporter ainsi car il a de toute manière trouvé la mort après s’être épris de son ombre. Narcisse incarne ici celui qui a refusé d’aimer et il en a été bien puni. Bellophorus, invention froissardienne76, a fait de même en dédaignant les filles de Phébus et Circé. Neptune les vengea toutes en le faisant dévorer par une baleine77. Jean Froissart mêle aux véritables références mythologiques des inventions de son cru et manie les références mythologiques à son gré et en les modifiant selon le contexte.

Si les poètes du XVe siècles ont beaucoup utilisé l’Ovide moralisé comme un répertoire de légendes mythologiques78, il y avait également un ouvrage du début du XVe siècle qui pouvait leur venait en aide. Il leur indiquait les figures à convoquer et les interprétations à en donner. Il s’agit des Règles de la Seconde rhétorique79 qui a la particularité d’être le seul à évoquer des figures mythologiques pour les poèmes. Dans les autres Arts on ne s’occupe que de rimes, de formes poétiques ou de figures de style. Cet ouvrage est d’une grande utilité pour les poètes puisqu’il est conçu :

Pour avoir cognoissance d’aucuns poetes et de pluseurs pers de melodie et d’aucunes (sic) sont mises leurs figure[s] ainsi qu’il s’enssuit, affin de ne mettre et atribuer leurs fait[s] a aultres, et pour faire diz, lays ou ballades ou romans80.

75 JEAN FROISSART. La Prison amoureuse, éd. cit., v. 176-183.

76 Anthime Fourrier se demande qui est ce héros. Ibid., introduction p. 17.

77 Ibid., v. 172-175.

78 De même que leurs homologues du XIVe siècle.

79 Recueil d’arts de seconde rhétorique, éd. cit.

L’auteur rappelle alors le mythe de Narcisse non sans lui faire subir de grandes transformations. En effet, Narcisse est « un roy orguilleux en amours » et Écho « une dame ». L’auteur transpose le récit antique à l’époque médiévale. Cependant les dieux antiques n’ont pas disparu puisque c’est le « dieu d’amours » qui reçoit l’âme de la pauvre Écho et qui accèdera à sa prière de vengeance. Le défaut principal de Narcisse est l’orgueil comme le souligne parfaitement la répétition de ce terme redoublé par la présence de la vanité81. Mais il ne s’agit pas d’un ouvrage moral ou théologique et l’auteur ne condamne pas Narcisse pour cet orgueil. Il en fait avant tout un type littéraire qu’il fait entrer dans sa classification. La suite l’illustre très bien. Après avoir évoqué les tristes amours de Démophon et Phyllis82, l’auteur conclut en ces termes :

Par Demophons est entendu fainte amour, comme par Narcisus est entendu amour desdaigneuse. Par Philis est entendu amour desesperée, comme par Equo est entendu l’amour soudainement separée.

L’auteur fait correspondre à chaque personnage un type particulier : Narcisse àcelui du mauvais amant qui méprise la femme ; les auteurs pourront réemployer ce type en fonction de leur besoin. Les deux bourreaux font partie des faux amants qui sont condamnés pour avoir feint l’amour ou pour l’avoir dédaigné ; les deux victimes, quant à elles, représentent l’amour désespéré et la séparation amoureuse. On voit bien qu’au XVe siècle Narcisse apparaît surtout sous les traits d’un orgueilleux qui a dédaigné l’amour. Sa figure n’est plus prise comme exemple du parfait amant qui a aimé jusqu’à la mort. Ce changement de point de vue va peut-être de pair avec la mise en avant du personnage d’Écho qui prend de plus en plus d’importance dans le récit et qui ira parfois jusqu’à devenir le personnage principal. En effet, le sort de la jeune fille dédaignée par Narcisse est mis au centre du récit. Sa triste fin accuse le jeune homme. Finalement le destin de Narcisse n’est plus exalté en tant que conséquence d’une passion qui l’a mené jusqu’à la mort mais est considéré comme un châtiment mérité pour son forfait.

Ce changement de sensibilité est parfaitement illustré dans une grande œuvre du XIIIe siècle remaniée au XVe siècle, Perceforest83. Dache, une jeune fille experte en enchantements, est à la tête du Chastel d’Estain. Les douze chevaliers à son service sont abattus par un chevalier qui se fait appeler le chevalier amoureux.

81 Recueil d’arts de seconde rhétorique, éd. cit., p. 42 : « Narcisus fut un roy orguilleux en amours »,

« ycellui roy orgueil(leux) », « comment orgueilleux et plain de vanité » ; p. 43 : « son grant orgueil », « grant orgueil du fol roy Narsisus », « et pour (ce) est dit Narcisus le roy orgueilleux » ; p. 66 : « par Narcisus est entendu amour desdaigneuse. ».

82 Démophon a abandonné Phyllis qui se pend de désespoir.

Assaillie par le doute, elle se demande si ce n’est pas son ancien ami Péléon, qu’elle a perdu depuis longtemps et qui est devenu fou. Dache adresse une prière à Vénus en souhaitant que ce mystérieux chevalier soit bel et bien Péleon. Elle invoque par trois fois la déesse d’amour : « Ha ! conforteresse de tous amans84 », « Ha ! deesse d’amours85 » et « Ha ! deesse de hault nom, conforterresse des amoureux86 ». La prière est rythmée par la reprise du même schéma exclamatif, l’interjection « Ha ! » suivie d’une apostrophe. La troisième supplique condense les deux premières avec la répétition du nom déesse et de l’adjectif « confortesse ». Dache exprime ici la fonction principale de Vénus. Identifiée comme la déesse d’amour qui réconforte les amants malheureux, Vénus prend également leur défense en les vengeant. Dache rappelle trois mythes dans lesquelles Vénus a joué un rôle primordial. Elle commence par celui de Narcisse et Écho avant d’évoquer ceux d’Orphée et de Pygmalion. La prière de Dache constitue une véritable pause dans l’économie du roman. Le récit des aventures s’arrête un instant, le temps que surgissent sous les yeux du lecteur les héros antiques en proie à la souffrance amoureuse. Dache exprime sa propre douleur par l’intermédiaire de ces personnages. Elle invoque Vénus car c’est la déesse « a laquelle tous amans par amours ont recours et aide87 ». Elle implore donc son aide en tant qu’amante éplorée qui attend le retour de son ami perdu.

La relation des trois mythes suit un modèle sensiblement identique. Dache ne se perd pas en détails inutiles. Elle va à l’essentiel, à savoir la souffrance amoureuse qu’ont subie les héros. Il est intéressant de constater que c’est Écho qui est au centre du premier récit et non Narcisse. Dache s’identifie à la jeune fille éplorée. Fidèle à la mode du Moyen Âge, l’auteur met dans la bouche de Dache une version médiévalisée de l’histoire dans laquelle Narcisse est devenu un chevalier et Écho une pucelle88. Narcisse « qui estoit en si tresgrant orgueil monté par la tresgrant beauté qu’il sçavoit en luy89 » éconduit Écho. Cette dernière demande alors vengeance à Vénus qui la lui accorde :

affin qu’il ne morust tant qu’il eust senti quelle destresse pucelle refusee sent en ses premieres amours, ha ! piteuse conforterresse des amans, quelle

84 Perceforest, éd. cit. Deuxième partie t. I, chap. XL, § 751.

85 Ibid., § 752.

86 Ibid., § 753.

87 Ibid., § 751.

88 Ibid. « sy que bien apparut par Ecco, la pucelle qui tant enamoura le bel Narcisus qu’elle par

deffaulte d’estre requise, ala requerre le chevalier de son amour ».

vengance tu en prins quant il enamoura depuis tant sa beaulté, soy mirant en la fontaine, qu’il l’en convint morir sans mercy avoir !90

On voit très bien ici le déplacement du centre d’intérêt du mythe de Narcisse. Écho devient peu à peu le personnage principal. C’est donc désormais en fonction de sa souffrance que l’action de Narcisse est décriée. Sa mort apparaît tout à fait justifiée puisque c’est là le châtiment qu’il reçoit pour avoir dédaigné l’amour. À travers ce récit, Dache énonce la manière dont devrait se comporter tout bon amant, à savoir aimer la dame qui lui avoue ses sentiments et tout faire pour la garder. C’est pour cette raison que suit ensuite l’exemple d’Orphée qui s’est conduit en parfait amant jusqu’à ce qu’il ne suive pas correctement les conseils de Vénus et perde Eurydice à tout jamais91. Dache termine enfin par l’exemple du parfait amant avec Pygmalion que Vénus a récompensé en donnant vie à sa statue92. Il y a donc une gradation dans le recours aux trois exempla mythologiques : Dache évoque d’abord le contre-exemple à éviter, Narcisse, et clôt sa prière par l’exemplum à suivre, Pygmalion93, en passant par Orphée qui incarne un entre-deux puisque sa quête s’est finalement conclue par un échec.

Le rappel du mythe et surtout la vision négative du comportement de Narcisse préparent la deuxième référence, qui est faite par un chevalier dans la suite du récit. Benuic, vainqueur des joutes de l’Épervier, part en quête de la jeune fille au doigt de laquelle il pourra passer la bague qu’il a obtenue. Le jeune chevalier désespère de jamais la trouver. Il retourne à une fontaine « sy trouva son cheval sans autre chose94 ». La remarque finale de l’auteur peut se comprendre comme un clin d’œil aux lecteurs qui ont à l’esprit la référence à Narcisse à travers le motif discret de la fontaine. Il vaut beaucoup mieux pour Benuic de n’y trouver que son cheval et rien d’autre plutôt que d’y perdre la vie en se mirant dans ses eaux ! Il repart en quête de l’élue et invoque Amours en ces termes :

Haa ! Amours qui sur tous as puissance, toy regratie quant de moy il te souvient. A toy me rens, faire le me couvient. Sy te prie, fay moi grace en mes maulx alegant ! Et au moins, puis que le jour m’est contraire, fay moy de nuit sçavoir se deceu suis, car compaignon ne vouldroie estre a Narcisus qui mist son tamps en soy meismes amer par la decevance de son regard95.

90 Perceforest, éd. cit. Deuxième partie t. I, chap. XL, § 751.

91 Ibid., § 752.

92 Ibid., § 753.

93 Notons que dans le Roman de la Rose, les deux figures se répondent pareillement, au début et à la fin du roman.

94 Perceforest, éd. cit. Quatrième partie t. II, chap. LV, § 589.

Le héros mythologique est explicitement nommé par le chevalier qui ne veut surtout pas partager son funeste destin. Le jeune homme est érigé en contre-exemple à ne pas imiter pour qui souhaite conserver la vie. Le terme « decevance » associé au regard poursuit l’opposition initiale du jour et de la nuit. L’association du jour et du regard à la tromperie exprime la méfiance qu’avaient certains penseurs médiévaux à l’égard du sens de la vue et des illusions produites par le monde qui nous entoure. Au contraire, la nuit apparaît comme le moment où la vérité peut être révélée96. L’auteur insiste ici sur le regard qui est la source de l’erreur commise par Narcisse. La réponse d’Amour ne tarde pas et arrive avec la nuit. Benuic voit apparaître devant lui une salle où se trouve assise la plus belle jeune fille du monde à ses yeux. Malgré l’aspect illusoire de cette apparition, Benuic accède ici à la vérité contrairement à Narcisse, trahi par ses yeux et une source fallacieuse. La différence entre les deux amoureux réside dans le fait que Benuic se fait le serviteur d’Amour alors que Narcisse le dédaignait.

Narcisse est évoqué tour à tour par Dache et Benuic dans un contexte similaire au moment où ils invoquent respectivement Vénus et le dieu Amour. Un lien fort est établi entre le mythe de Narcisse et la situation des amants éplorés qui y font référence. Si Dache place la figure féminine au centre de son récit c’est surtout parce qu’elle s’identifie à Écho en repensant à la perte de son ami. Benuic quant à lui n’évoque qu’un moment de la mésaventure de Narcisse : sa mort due à la tromperie que lui a causée son regard dans les eaux de la fontaine. Le chevalier implore Amour de ne pas le laisser mourir comme lui. Narcisse est donc bien érigé en exemple à ne pas suivre.

La fonction de contre-exemple de ce héros mythologique est bien attestée