La musique à l’ école par les MS

Ceci était bien entendu le thème de la troisième partie du questionnaire, dont il n’a pas encore été fait état jusque là. Selon les réponses apportées, cette partie du questionnaire a été reprise lors des entretiens (en particulier pour le duo Laurence/Julia), alors que nous n’avons pas jugé nécessaire de le faire dans d’autres cas, les réponses écrites nous semblant suffisantes et peu enclines à être développées. Nous verrons dans un premier temps ce qu’apportent, pour les enseignants et les MS, la musique à l’école donnée par le MS, et poursuivrons ensuite avec les bénéfices que peuvent en tirer certains élèves.

5.5.1. Apports des leçons de musique par le MS

Concernant la première question sur ce qu’apportent aux élèves les leçons de musique données par le MS, personne ne répond qu’elles n’apportent rien ou peu de choses. Les réponses sont parfois basées sur les connaissances « pures » que l’on peut acquérir en musique : le tempo, la structure de la musique, la connaissance de styles différents…mais la plupart des réponses apportées font référence à des apports plus transversaux, comme le plaisir, qui ressort plusieurs fois, ou la découverte des émotions. Le tableau 9 ci-dessous regroupe les termes (sujets) qui ont été retrouvés dans les réponses, avec leur fréquence dans

la colonne de droite, sachant qu’il y a huit questionnaires, quatre provenant d’enseignants titulaires et quatre de MS. Nous rappelons la question :

« Selon vous, qu’apportent aux élèves les leçons de musique données par le maître spécialiste ? »

Les réponses en gras sont celles faisant références à des aspects plus transversaux que didactiques, qui nous intéressent davantage ici.

Tableau 9 : Apports des leçons de musique du MS pour les élèves REPONSES RECENSEES

(de la plus fréquente à la moins fréquente–attention à prendre en compte les égalités)

Des émotions (plaisir, ressentis…) 1 4 5 fois

La conscience du corps/développement moteur 2 2 4 fois

S’extérioriser, s’épanouir, prendre confiance 2 2 4 fois

Connaissances musicales (structure, écoute…) 2 2 4 fois

Un apprentissage « non-scolaire » 1 2 3 fois

Bouger, danser 0 3 3 fois

L’ouverture aux autres cultures, autres styles 0 3 3 fois

Un autre langage/codes 1 2 3 fois

La collectivité 0 2 2 fois

De la concentration 0 1 1 fois

La créativité 0 1 1 fois

Culture générale 1 0 1 fois

La MS supplée à mes lacunes en musique 1 0 1 fois

Une exigence par rapport à des résultats 0 1 1 fois

Nous voyons donc que le panel des réponses est assez varié, ces réponses nous permettant de voir ce qui est important, pour les MS et pour les enseignants, dans les leçons de musique apportées par le MS. Nous voyons que les émotions arrivent en tête. Ensuite, il n’est pas étonnant de constater la part importante laissée au développement moteur, la plupart des MS musique interrogées ici étant des MS, apparemment, font beaucoup bouger et vivre la musique par les élèves, ce qui peut s’avérer être un point très positif pour les élèves dits

« invisibles » en classe. Cela leur permet de se mouvoir et les oblige à participer, à engager

même leur corps dans l’apprentissage, ce qui peut se révéler comme un exercice tout à fait difficile, mais profitable.

L’extériorisation arrive également assez haut dans le classement des fréquences, ce qui montre qu’enseignants et MS perçoivent la musique comme un moyen de s’ouvrir aux autres.

Cela rappelle particulièrement So., Dan. et Da., qui sont perçus par leurs MS et enseignants comme étant plus ouverts en leçon de musique.

5.5.2. A qui profite l’enseignement de la musique/rythmique ?

En réponse à cette dernière partie du questionnaire, pour quatre sujets (trois MS et une enseignante), la musique profite à tous, et les professionnelles ne font aucune distinction d’un type d’élèves à qui cet enseignement profiterait davantage. Les quatre autres sujets (trois enseignantes et une MS) ont fait une distinction. Pour trois d’entre elles, la musique est bénéfique aux élèves « peu scolaires » et/ou qui ont des difficultés d’apprentissage, car ils y trouvent en général un domaine dans lequel ils se sentent bien, ce qui, comme le dit Nadège,

« est bon pour l’ego ». Cette enseignante précise encore qu’à son avis, les élèves qui auront plus d’affinités avec cette discipline en profiteront plus. Nous pensons qu’elle fait ici allusion, par exemple, aux élève qui pratiquent la musique en dehors de l’école, ou à ceux qui manifestent en général un réel plaisir et un intérêt pour ce domaine.

Une des enseignantes ne parle pas d’élèves en difficultés d’apprentissage mais d’élèves

« plutôt introvertis », « qui ont de la peine à s’exprimer », à qui la musique profiterait davantage. Elle fait encore référence à des élèves « en manque d’attention » ou « agités » qui auraient de la peine à se contenir, mais ne justifie pas son opinion. Cependant, nous pouvons penser qu’elle base cette réponse sur des exemples concrets comme son élève Dan. par exemple, qui parvient à s’ouvrir et à s’épanouir davantage en musique qu’en classe. Elle considère alors que cet élève profite de l’enseignement qui lui est proposé et espère certainement que cela pourra lui permettre de s’ouvrir, ce qu’elle suppose par ailleurs lors de l’entretien.

Enfin, Julia (enseignante), évoque, dans sa réponse, le thème de la collaboration entre MS et enseignants. Elle pense en effet qu’une heure de musique par semaine n’est pas suffisante et qu’« une collaboration plus étroite entre l’enseignante titulaire et l’enseignante de musique/rythmique serait intéressante pour pouvoir prolonger l’enseignement tout au long de

la semaine ». Nous avons repris ce commentaire lors de l’entretien et Julia a exprimé son envie de pouvoir approfondir, avec ses propres connaissances, le travail de Laurence, afin que les élèves puissent profiter un maximum non seulement des leçons de musique/rythmique de la MS, mais également de ses leçons. Sachant que Julia retourne deux fois en salle de jeux avec ses 1P entre deux leçons avec la MS, nous avons pu constater que cette enseignante témoignait d’un grand intérêt pour cette discipline et d’une réelle envie de bien faire.

Cependant, après une brève discussion à ce sujet, Laurence a proposé à Julia non pas d’approfondir et de rendre plus difficile ce qui avait été vu avec elle, mais plutôt de reprendre, voir de prolonger les activités, tout simplement. La MS a également fait preuve de professionnalisme en proposant à Julia de ne pas hésiter à lui poser des questions ou à lui demander des idées d’activités à faire ou à refaire dans la semaine.

Nous pouvons donc conclure que c’est peut-être dans des situations de collaboration que l’enseignement de la musique par le MS profite le plus aux élèves. En effet, s’il est repris et poursuivi par l’enseignante titulaire de classe, cet enseignement ne peut que se révéler meilleur, tout comme le seront les apprentissages et les progrès des élèves en général, et des élèves un peu introvertis en particulier.