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Deuxième partie

6. Synthèse : résultats regroupés et comparés

7.1. Apports de la recherche

La recherche menée dans le cadre de ce mémoire présente de nombreux apports, que nous allons développer ici, dans un premier temps sur le plan scientifique (réponses aux questions de recherche) et dans un deuxième temps sur le plan personnel.

7.1.1. Réponses aux questions de recherche

Dans cette partie, nous allons tenter de répondre aux questions de recherche énoncées dans le chapitre 3. Nous commencerons par les deux sous-questions, pour répondre ensuite à la question de recherche à proprement parler.

7.1.1.1. Première sous-question

Comment les enseignants et les MS définissent-ils les élèves dits « invisibles » ?

Une définition des élèves dits « invisibles » n’a pas été arrêtée, ni énoncée explicitement.

Cependant, ce terme semble paraître clair pour tous les sujets et il ressort principalement dans les questionnaires et lors des entretiens (cf. annexes n°5 et n°7) que les élèves dits

« invisibles » sont des élèves renfermés, qui participent peu et qui, parfois, sont perçus comme peu motivés.

Malgré des points de vue parfois assez divergents, les MS n’ont jamais semblé réellement surpris du choix des élèves « invisibles » fait par les enseignants titulaires de classe et à aucun moment ne s’est profilé de débats sur le terme et le choix des élèves. Nous pensons

qu’« invisible » a facilement été assimilé à « introverti » et qu’ainsi enseignants et MS avaient en possession une définition plutôt claire des élèves visés.

7.1.1.2. Deuxième sous-question

Quel est le point de vue de l’enseignant sur ces élèves ? Quel est le point de vue du maître spécialiste de musique ?

Pour répondre à ces questions, il semble judicieux de présenter le tableau 10, qui constitue le récapitulatif des résultats de la recherche menée. A gauche, nous avons les élèves et quelques caractéristiques et en haut, une colonne « enseignant » et une colonne « MS ». Dans chacune de ces colonnes est rapporté le total des points de la première et de la deuxième partie du questionnaire (sur 144 pour la première partie et sur 32 pour la deuxième, donc un total sur 176). Ensuite, la colonne « différence » nous informe sur le nombre de points de différence entre l’enseignante et la MS. La case grisée correspond à la vision la plus positive (soit le MS, soit l’enseignant), par rapport à l’élève, au regard des deux premières parties du questionnaire ainsi que des entretiens, de manière plus générale. Cette case grisée correspond donc au lieu, au contexte, dans lequel cet élève est le moins « invisible », du moins pour les personnes qui ont participé à la recherche. En outre, le gris est accentué lorsque la différence dépasse 35 points, c’est-à-dire environ 20%. Le gris est en outre accentué lorsque la différence dépasse 35 points, c’est-à-dire environ 20%.

En revanche, aucune case n’est grisée si la vision de l’élève est à peu près similaire, à savoir quand la différence est inférieure à 18 points sur l’addition du total des points, ce qui correspond environ à 10% de différence. Nous avons alors estimé que la différence était trop minime pour être prise en compte dans la recherche et pour être mise en évidence dans ce tableau récapitulatif. Malgré cela, au vu des résultats et comme il a été dit plus haut, il peut être intéressant de constater qu’à part pour l’élève Mar. (élève n°1) pour laquelle l’enseignante a une vision plus positive que la MS, tous les autres résultats, bien que parfois de différence très petite, démontrent un regard plus positif de la part de la MS par rapport à celui de l’enseignante.

La colonne la plus à droite propose un bref récapitulatif des points les plus importants apportés sur l’élève.

Tableau 10 : Récapitulatif des points de vue de l’enseignante et de la MS musique la volonté de bien faire de Mar. La MS également, mais elle a plus de peine à juger.

Elève Sou.

Fille, 3P 89 90 1

L’enseignante et la MS soulèvent le peu d’intérêt que Sou. semble porter à ce qui est proposé.

Elève So.

Fille, 1P 83 128 45

So. pratique la rythmique en dehors de l’école. Elle est très à l’aise et plus musique qu’en classe. Envie de réussir.

Ma. s’investit peu, en musique comme ne classe.

Grande motivation et bien-être en leçon de musique, remarqués aussi par l’enseignante. Davantage de participation.

Elève Pe.

Garçon, 1P 97 108 11

Pe. est plus motivé et semble plus heureux en musique. Cependant il est toujours assez fermé.

Elève Da.

Fille, 1P 71 115 44

Très épanouie à la chorale en particulier.

Un peu plus ouverte en musique qu’en classe, beaucoup plus lors de la chorale – apprécie d’être dans un grand groupe.

Pour synthétiser, nous avons donc constaté globalement une diversité de points de vue, tous complémentaires mais pas forcément similaires. Pour quatre élèves en particulier, le regard du MS est plus positif, ce qui nous amène à penser que ces élèves sont plus ouverts et plus épanouis en leçon de musique qu’en classe.

Pour trois élèves, les points de vue des deux professionnelles sont considérés comme trop proches pour être distingués et pour tirer les conclusions d’une vision plus ou moins positive pour l’un ou pour l’autre.

Enfin, pour une élève, le regard de l’enseignante se révèle plus positif que celui de la MS.

Nous ne pouvons donc conclure à une généralité de ce côté-là et il conviendrait de poursuivre la recherche sur un échantillon plus grand pour être en mesure de constater un réel

changement d’attitude en musique de ce type d’élèves « invisibles » en classe. Nous pouvons cependant dire, de par cet échantillon-là, que la tendance va vers un regard plus positif de la part des MS musique.

7.1.1.3. Question de recherche

En quoi les points de vue de l’enseignant et du MS musique à propos d’élèves dits

« invisibles » (introvertis, timides, démotivés…) sont-ils ou non complémentaires ? Comment cela s’explique-t-il ?

Et suite à cette question :

Dans quelle mesure cette complémentarité ou non des points de vue apparaît-elle comme bénéfique pour les élèves ?

Nous pouvons remarquer que, globalement, les MS musique ont une assez bonne vision, un regard plutôt positif face à ces élèves dits « invisibles » en classe à qui, la plupart du temps, les leçons de musique semblent profiter. Dans 50% des cas, les MS ont un regard vraiment plus positif sur l’élève que l’enseignant. Nous ne pouvons pas dire que les regards ne sont pas complémentaires, au contraire, nous pensons que des différences de points de vue constituent justement la complémentarité entre enseignant et MS. En effet, enseignantes et MS ont souvent parlé de complémentarité en termes de comparaison entre la musique et la classe, et cela ressort explicitement dans les entretiens (cf. annexe n°7). Enseignants et MS n’ont pas forcément la même vision des élèves, mais les points de vue demeurent complémentaires. En revanche, il faut que cette complémentarité et cette différence de points de vue soient exploitées. Si elles sont partagées et discutées, complémentarité et différences apportent une richesse, que ce soit pour les enseignants titulaires et les MS comme pour les élèves.

Cette réflexion nous conduit à revenir sur la notion de collaboration, déjà étudiée dans cette recherche. En effet, nous avons pu constater dans les quatre duos de sujets, une réelle collaboration et une bonne entente entre les professionnels de l’éducation ainsi qu’une motivation propre à participer à cette recherche. En revanche, cette collaboration et une réelle envie de travailler en équipe n’ont été exprimées explicitement que dans un duo (Julia et Laurence), dans le questionnaire et lors de l’entretien.

Sans collaboration, constater une complémentarité ou non des points de vue de l’enseignant et du MS s’avère certainement être un travail vain, puisque, ensuite, la discussion et les recherches de solutions pour ces élèves dits « invisibles » en classe n’est pas poursuivie. En particulier pour les quatre élèves pour lesquels la MS musique a un point de vue nettement plus positif, il serait important qu’enseignante et MS puissent en parler, ce qui a d’ailleurs été fait ici lors de l’entretien, mais peut-être faudrait-il d’une part continuer ce travail d’équipe et d’autre part que ces discussions et réunions soient généralisées pour que les résultats obtenus profitent réellement aux élèves.

7.1.2. Apports personnels

Personnellement et en tant que future enseignante, cette recherche m’a apporté beaucoup et pas seulement, justement, sur le plan scientifique des résultats. Comme dans toute recherche, les liens entre la théorie et la pratique se sont manifestés et ces deux aspects de la recherche ont été complémentaires. La théorie m’a apporté beaucoup sur le sujet choisi et la recherche pratique a complété ces apports et a permis une réelle implication dans la réflexion. Ce mémoire m’a je pense appris, en plus des études en général, à porter un regard de questions, de chercheur, sur la pratique enseignante. Il est certainement important de garder ce point de vue réflexif lorsqu’on est titulaire d’une classe, afin de toujours garder un œil interrogateur sur sa pratique. Par exemple, se demander si l’on a déjà parlé avec un collègue d’un problème rencontré avec un élève (ici le fait qu’il soit « invisible » en classe) peut éviter de se focaliser dessus et permettre de chercher des solutions ensemble, surtout si, comme dans cette recherche, le point de vue de l’autre n’est pas forcément le même que le nôtre.

De plus, cette recherche m’a permis de rencontrer des professionnels ouverts, intéressés par le sujet et cela m’a vivement encouragée et appris sur le métier. La profession de MS musique m’intéressait également dès le départ, et ce mémoire ainsi que mon stage de consolidation différenciée avec une MS musique m’ont ouvert aux professions qui gravitent autour du métier d’enseignant. Ceci me permettra sûrement de posséder une ouverture d’esprit face aux aspects de collaboration et d’entraide dans l’équipe, au sens large, d’un établissement scolaire.

Les rencontres et le travail avec des professionnels tels que les MS ont en effet été très rares au cours de notre cursus universitaire et je suis heureuse d’avoir pu personnellement combler ce petit manque en rédigeant mon mémoire à ce sujet.