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Impression d’ensemble :

L’entretien s’est bien déroulé. L’enseignante semblait peut-être participer davantage que la MS.

Entretien plus précisément :

Tout d’abord, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter à propos du questionnaire ? Katia : Non…

Caroline : Non, si ce n’est qu’il fallait être attentif à sa lecture…

Alors… on va regarder un peu ce qui est ressorti… en général, Katia vous avez une meilleure… enfin non, disons un regard plus positif que Caroline, alors justement on va essayer de voir pourquoi, si vous arrivez à répondre…

Ce qui est flagrant là c’est surtout pour Dan. Le maximum qu’on pouvait donner, c’était 144 points, donc vous Caroline c’est 65 et vous Katia c’est 104. Alors je ne sais pas s’il y a quelque chose que vous voudriez dire.

Katia : Ben moi, peut-être par rapport à Dan., il y a eu une évolution en musique. Et c’est vrai que j’ai fait une évaluation positive à cause de cette évolution ! Je trouve qu’il est beaucoup plus concentré que l’année passée et que les années précédentes, plus… donc c’est peut-être pour ça que…j’ai noté de cette manière-là !

Mmh. Motivé aussi ?

Katia : Il est en tout cas présent et… oui ! Il a envie de faire, il a envie de réussir donc…

même s’il y a encore des problèmes au niveau de la motricité, il est quand même plus présent que…ouais il est moins dissipé, moins distrait que l’an dernier. C’est pour ça que…(regarde Caroline).

Caroline : Non moi je crois que tu as raison, c’est une activité où Dan. est tout à fait heureux d’être, par rapport aux autres disciplines. Pourquoi moi je suis plus sévère ? Parce que j’ai jugé les choses sur l’ensemble ! En musique, c’est vraiment l’espace où il se sent bien moi à mon avis. Il se trouve bien. Il a suivi une thérapie, enfin quelque chose qui s’appelle une thérapie autour de la musique et il va reprendre ça cette année et ça lui fait un bien fou, c’est évident.

D’accord. Ca l’épanouit un peu ?

Caroline : C’est évident que c’est pour lui peut-être le chemin qu’on aura trouvé qui va lui permettre de travailler sa concentration dans d’autres domaines. Il a commencé au printemps dernier, ça s’est arrêté l’automne dernier, puis là la maman, que je vois régulièrement, m’a dit qu’il allait reprendre, avec quelqu’un qui fait de la musique et de la peinture avec lui. Et c’est…pour moi c’est…Dan., dans ton cours, il a du plaisir à aller et on sent que c’est pas le même enfant que face à une activité de maths où il doit développer un raisonnement tout seul… donc je pense que c’est pas de l’incohérence, c’est simplement qu’on met en évidence l’intérêt pour un enfant de ce genre de cours, quoi !

Oui, oui, c’était le but, hein ! moi je suis contente ! et…il fait cette thérapie de musique à cause de son introversion ou…?

Caroline : Oui. Et c’est entre autres parce que c’est un enfant qui a de très très gros soucis d’apprentissage et des gros soucis de perception de lui. Dans ses relations aux autres aussi, moi je dis que ce qu’il a réussi ce matin avec P. (un autre élève, en cours de musique), il a réussi à le regarder, à le suivre…c’était super !

Katia : Bon tu l’as beaucoup aidé…

Caroline : Au départ, c’était dur, mais…

Katia : Non non mais il était très…très…

Il s’agissait de quoi ?

Katia : Ils devaient jouer un rythme pendant qu’un autre bougeait ce rythme, enfin ils devaient être totalement ensemble et…ouais ouais.

Donc ça, ça arrive moins souvent en classe qu’en musique…

Caroline : Oui. En classe c’est difficile pour lui, d’arriver à partager un travail avec d’autres, la collaboration, et tout…et puis la peur du regard, il a peur de se montrer tout seul, il a peur de plein plein de choses ! C’est une boule d’angoisse à lui tout seul ! Donc dès qu’il s’agit de faire quelque chose de… Aujourd’hui ils devaient inventer une question à partir d’un problème, il était incapable ! C’est J. (un autre élève) qui est allé l’aider mais il n’arrivait pas à poser trois mots qui devaient devenir une question, quoi !

En musique, c’est aussi un peu de la rythmique, hein, c’est ça ? Katia : Oui oui. Tout à fait.

D’accord. Alors là, on pourrait aussi penser qu’il pourrait être mal à l’aise, parce qu’il faut…se dépasser, et tout !

Katia : Voilà oui, c’est ce que je dis, que par rapport à l’an dernier, je le sentais beaucoup plus coincé, il avait de la peine…Oui, il fuyait en parlant un peu avec les autres…là il est plus…

oui, il prend les exercices pour lui et puis voilà !

Oui. Donc est-ce que vous pensez que ça pourrait peut-être après aider, être transposé pour la classe ?

Caroline : (rires) J’espère ! C’est un peu le pari qu’on tient ! C’est vraiment le pari qu’on tient là autour ! Que le fait de se centrer sur lui et vraiment d’avoir une assise et un apport, ça lui permette ensuite de dépasser ses peurs et de s’encourager face à ses apprentissages !

D’accord. Et puis par exemple aussi pour la motivation où c’était assez flagrant, vous Caroline vous le voyez assez peu motivé, alors que vous Katia, vous lui donnez presque le maximum des points dans cette catégorie…

Katia : Oui, oui, tout à fait. Je sens qu’il a envie de réussir et envie de bien faire.

Et en classe…il ne se donne pas beaucoup de peine, ou…?

Caroline : Il est très passif, il attend. Il ne montre pas qu’il a envie de faire, il ne montre pas forcément qu’il a besoin d’aide, il est plutôt à vouloir vérifier que les autres fassent bien les choses, au niveau des règles je veux dire, ou il s’inquiète de quelqu’un d’autre qui n’aurait pas ses affaires ou… Il faut que tout soit bien organisé autour de lui. Il n’arrive pas à avoir des…

s’il y a un enfant qui n’a pas son livre dans son groupe, alors ça le perturbe alors il faut qu’il explique que c’est pas en ordre. Alors c’est pas un enfant qui montre de la motivation en classe, non. Il est plutôt en attente d’un adulte qui va venir vers lui vérifier et voir où il en est, quoi ! Donc il peut passer des demi-journées totalement inaperçu ! S’il ne s’agite pas.

Ah oui ?! et il y a seulement en musique que ce n’est pas le cas ? Caroline : Oui.

ou aussi en gym, ou…

Caroline : En gym ça va aussi. Parce qu’on est plus dans l’action, on est dans le « faire » physique, donc là il se sent relativement bien et tout le monde bouge donc c’est logique ! Le rapport à la réflexion, au raisonnement et à l’écrit c’est…un gros souci pour lui.

D’accord. Et puis il y a encore une autre chose toujours par rapport à Dan., c’est le bien-être. Donc Katia, vous, vous le sentez bien dans sa peau.

Katia : Oui, oui, tout à fait.

Donc il est beaucoup plus…

Caroline : Beaucoup plus renfermé en classe, absolument. Beaucoup plus en souci. Il est capable de dire « oui j’ai compris » à la table, et quand il retourne à sa place, il sait plus, il sait plus.

Et donc il fait faux ?

Caroline : Ou il s’arrête ! Il attend, il efface, il écrit, il efface, il écrit…C’est la première fois, ça nous a frappées avec sa maman, vendredi quand on a discuté avec lui, c’est la première fois qu’on a eu un « d’accord » qui était un « d’accord » et non pas son côté Calimero « ouiiiii…

d’aaaacooord…». Mais vraiment un regard, et une affirmation claire que c’était bon. C’était la première fois, la maman elle-même l’a relevé.

Mmh…il est peut-être en progès ?

Caroline : Il est en progrès. Mais il revient de très très loin ! Et pour ce qui est de la participation en classe…

Caroline : Il participe peu. Il peut tout à coup avoir une journée où il lève la main régulièrement puis d’autres moments où il participe peu.

Alors qu’en musique, il participe quand même assez bien ?

Katia : Ben… je ne peux pas dire qu’il soit tout le temps sur la brèche, ou… non, je ne peux pas dire ça, mais je trouve que c’est normal ! Qu’il a une participation tout à fait normale ! Caroline : Il est pas tout le temps en train de vouloir dire, ou lever la main… mais il est à

présent ! C’est ce que j’observe pendant les leçons. Il écoute bien ce que disent les autres, il est là. Alors qu’en classe il a des gros déficits d’attention.

Donc ces résultats ne vous étonnent pas trop en fait, en tout cas vous Caroline, cela ne vous étonne pas, vous qui les observez en rythmique, vous auriez aussi pensé pareil.

Caroline : Oui. Moi j’aurais pu aussi dire ce que dit Katia.

Et vous Katia, vous imaginiez qu’il était différent en classe ?

Katia : Par rapport à l’année passée, oui. J’aurais bien pensé qu’il était différent. Mais peut-être pas à ce point-là, pas autant, non. Par rapport à ce que je vois maintenant. L’année passée oui, parce que bon j’avais dû aussi remplir une petite évaluation en fait pour lui, et là je me suis dit… il m’avait donné des élèves qui avaient un peu de peine quoi ! donc je m’étais dit

« tiens…ce que je vois à la rythmique ça se retrouve…». Mais cette année non.

Dans les questions plus ouvertes, pour rester encore sur Dan., c’est marrant parce que quand vous avez pu préciser les disciplines scolaires où l’élève était plus à l’aise, alors que vous auriez eu l’occasion de parler d’autres disciplines vous Caroline, vous avez simplement parlé de la musique, qui lui plaisait beaucoup et puis que c’est là qu’il était plus à l’aise.

Caroline : Oui, tout à fait. Je ne peux pas dire qu’il soit à l’aise dans les arts visuels, il est pas à l’aise, heu… j’aurais pu rajouter gymnastique, mais c’est vrai que quand il s’agit de s’exprimer à l’écrit ou à l’oral, c’est difficile, quand il s’agit de raisonner pour les maths, c’est difficile… peut-être en sciences aussi, il y a de l’intérêt…mais il décroche très vite ! c’ est-à-dire que dès qu’on est sur quelque chose de scolaire…

Katia : Il a un blocage.

Caroline : Il est…sur des tous petits moments d’attention ! Avec lui il faudrait changer toutes les cinq, dix minutes quoi !

Et vous pensez qu’il est plus sûr de lui en musique parce qu’il fait justement une thérapie et il faudrait qu’en classe il puisse prendre de l’assurance pour réussir, ou… il connaît la discipline alors il est plus à l’aise, ou c’est autre chose ?

Katia : Peut-être ! Oui, je pense que ça doit aider ! C’est clair que s’il en fait en dehors de l’école… Ca donne quand même un certain aplomb. Enfin quoiqu’il y en a qui font de la musique en dehors et ça ne les aide pas, c’est un peu difficile à dire, mais lui je pense que ça doit l’aider.

(petit dialogue entre les enseignante à propos de qui les a tenues au courant de cette thérapie)

Caroline : En fait dès qu’il y a un changement c’est difficile. Là on vient de changer les groupes et il a pas tenu une semaine, où c’était difficile, parce qu’il est plus avec le même groupe. Donc là, maintenant, il a récupéré un petit peu, bien plus rapidement que les autres fois, donc ça aussi c’est un progrès ! De pouvoir se faire avec les nouveaux copains du groupe. Il a eu besoin de deux, trois jours au maximum pour s’y faire, alors que ça avait duré plus d’un mois à la rentrée ! Bon, il faut dire qu’il était redoublant, fallait se faire des nouveaux copains…

Bon, est-ce que vous voulez ajouter encore quelque chose sur Dan. ?

Caroline et Katia : Non, c’est bon.

Pour Za. c’était beaucoup moins flagrant, vous aviez à peu près la même vision, si on regarde le total. C’est quasiment la même chose. Est-ce que ça vous étonne, ou vous vous y attendiez ? Katia : (rires) Moi je m’y attendais en tout cas.

Caroline : Il est partout pareil. Aux arts visuels c’est pareil, gymnastique c’est pareil… Il est partout pareil. Il est tout en lenteur. C’est impressionnant. Je crois que je n’ai jamais eu un enfant avec une telle lenteur. C’est même pas de la nonchalance.

Katia : Moi j’ai jamais eu un enfant comme ça. Enfin de ce que je me souvienne.

Caroline : Non, non. A mon avis on s’en souvient de ces élèves-là.

Dans quoi vous voyez ça ? Il est ailleurs ? Il ne fait pas les choses correctement ?

Katia : Ben je sais pas, vous lui dites de s’asseoir à un endroit, il va pas du tout s’asseoir là, il va ailleurs, vous lui dites de prendre un instrument dans la main, il le regardera mais il ne le prendra pas, il fait jamais…il obéit jamais aux consignes ! Et c’est pas parce qu’il veut pas le faire, c’est que…on a l’impression que ça traverse pas son corps en fait !

Caroline : Il a toujours au moins trois minutes de réaction nécessaires pour faire ce qu’on lui demande de faire.

Et aussi très renfermé ?

Caroline : Oui alors là ça va mieux. Pour moi je dirais que c’est un signe de progrès même si c’est dérangeant pour la classe, mais il est très bavard. Plus qu’avant.

Katia : Mais il est heureux ! Il ne se rend absolument pas compte de ce qui lui arrive !

Caroline : Alors lui il fait de la psychomotricité depuis des années. Tout est en ordre, si ce n’est qu’il a une lenteur, qui va certainement évoluer quand il sera plus grand. Moi il me fait penser à un paresseux d’Amazonie. (rires) Il avance son petit bout de chemin, mais à sa vitesse ! Mais je trouve qu’il fait des efforts, c’est un peu mieux. Il a la volonté de faire ! Katia : Oui.

Caroline : C’est pas du tout un enfant qui t’embête ou qui… Je crois qu’il aime aller à l’école !

Alors justement, vous dites qu’il est heureux, dans le bien-être, pour vous Katia il était bien.

Katia : Ah oui tout à fait.

Pour vous Caroline un peu moins mais…

Caroline : Oui parce qu’il a peur du regard des autres. Et ça il a su le dire. Je l’ai vu avant les vacances de février, il a été capable de dire qu’il avait peur qu’on se moque de lui. Mais il a des questions, il est intervenu dans l’entretien qu’on a eu avec la maman, des questions qui étaient presque à la limite pertinentes, de mettre le doigt sur des choses qui nous dérangent nous. Donc je pense qu’il doit être très observateur, mais il ne sait pas trop quoi faire de ces

mais c’est terrible, on lui pose une question et puis la question est en suspension et puis on peut attendre trois minutes !

Katia : Ben pour moi c’est pas du tout un gamin corporel en fait, mais intellectuellement il maîtrise…

Caroline : Il maîtrise plein de choses, mais il est tellement handicapé par sa lenteur qu’arrive un moment où même si tu sais quelque chose mais que tu mets trois minutes pour le réaliser, t’as oublié ce que tu devais faire ! Donc c’est un peu ça le problème. Mais il est intelligent ! Il a des compétences tout à fait adéquates, si c’est n’est qu’il n’avance pas quoi !

Alors là c’est dérangeant pour la rythmique aussi…

Katia : Oh ben oui. Enfin moi au départ j’avais peur. Il me faisait carrément peur. (anecdotes sur l’année dernière avec une autre enseignante). Tout est mou, et puis quand même il s’énervait, parce qu’il comprenait pas pourquoi il faisait pas juste !

Pour la perception que vous avez de cet enfant, vous Caroline, vous avez une assez bonne perception…

Caroline : Oui, il cache pas mal de choses. Mais maintenant… il est intéressant, tout à coup quand il lève la main on sait qu’il sait des choses, c’est méchamment réfléchi et pensé, à sa vitesse mais…on sent qu’il est plein de plein de choses, mais…comme tu dis Katia il a son corps d’un côté et l’intellect de l’autre, et il sait pas trop utiliser les outils, le langage…

Mais alors là c’est peut-être même encore un autre problème que le fait d’être invisible en classe…Il est trop lent et du coup il ose peut-être pas…

Caroline : Oui, je pense qu’il y a plein de choses, probablement une crainte des autres, parce qu’il est perçu comme un enfant qui réagit très peu ou très lentement, peu actif, peu stimulé.

Et il y a probablement en lui des choses très intéressantes, simplement elles ne s’expriment pas. En donc il est dans cette retenue perpétuelle, et en même temps il est capable de taquiner, de rigoler de quelque chose qui est dit parce qu’il l’a compris tout de suite, là ça n’a pas pris trois minutes, et quand je l’observe à la récréation il court quand même beaucoup ! Il n’est pas dans un petit coin, il court avec les autres, donc… C’est un personnage qui m’interroge, mais en même temps il y a d’autre fois où je me dis…mais qu’est-ce qu’il faut faire…

Donc là il n’y a pas trop de différence avec la musique…Il faudrait peut-être voir avec autre chose…

Katia : Chez moi il vient mais il est assis…il est absent dans le sens que s’il n’était pas là…

invisible dans ce sens-là, on l’oublie !

(petit dialogue sur d’autres élèves et sur les élèves qu’on oublie…) Merci, c’était très intéressant !