• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE

2.5 Théorie de la motivation autodéterminée

2.5.1 Motivation intrinsèque et motivation extrinsèque

À l’instar de plusieurs psychologues (Charms, 1968; Maslow, 1955; Rogers, 1966, cité dans Vallerand & Pelletier, 1993), Deci & Ryan (1985, 2012), les pères fondateurs de cette théorie, postulent que les êtres humains sont naturellement prédisposés à agir, à maîtriser leur environnement et à intégrer de nouvelles expériences dans une dynamique de réalisation de soi. Cette tendance considérée comme innée est toutefois soumise à l’influence de l’environnement social. Partant de ces postulats, la théorie de l’autodétermination développée par Deci & Ryan (1985, 2012) énonce que le comportement d’un individu est motivé par la satisfaction de trois besoins qui sont les sentiments d’autonomie, de compétence et d’appartenance sociale. Ces auteurs soutiennent que ces besoins occupent une place centrale dans l’internalisation et dans l’intégration de la motivation intrinsèque. Ainsi, le comportement autodéterminé de l’individu, suscité par la satisfaction de ces trois

(Roussel, 2000). À l’opposé, les environnements sociaux qui entravent la satisfaction de ces besoins entraînent une baisse de la motivation et ont des effets nuisibles sur le bien-être général et sur le rendement.

Ce postulat théorique est à l’origine de la distinction entre la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. Ces deux types de motivation se situent sur un continuum d'autodétermination partant de l’absence de motivation à la motivation intrinsèque. Ces différentes formes de motivation permettent d’expliquer un large éventail de comportements humains dans divers secteurs de l’activité humaine (Deci & Ryan, 2001; Gillet, Rosnet & Vallerand, 2008).

2.5.1.2 Motivation intrinsèque

Selon Deci & Ryan (2000), il y a une motivation intrinsèque quand un individu effectue une activité ou une tâche pour le plaisir, l’intérêt et la satisfaction. « Intrinsic motivation was correlated with interest, enjoyment, felt competence, and positive coping » (p. 63). Dans ce type de motivation, l’engagement est essentiellement spontané. En s’appuyant sur les travaux de Deci & Ryan (1985), Vallerand & Pelletier (1993) ont démontré l’existence de trois formes de motivation intrinsèque interreliées : à la connaissance, à l’accomplissement et à la stimulation.

La motivation intrinsèque à la connaissance est décrite comme étant les activités permettant d’acquérir de nouvelles connaissances et informations ou d’explorer quelque chose de nouveau. Dans le cas de l’apprentissage professionnel continu des enseignants, il peut s’agir d’apprendre de nouvelles connaissances théoriques liées à leurs pratiques; de nouvelles approches et méthodes pédagogiques d’enseignement et d’apprentissage comme la grammaire actuelle, etc. La motivation intrinsèque à l’accomplissement renvoie aux activités qui suscitent chez l’individu le plaisir de se dépasser, d’accomplir quelque chose ou de relever des défis. Ce type de motivation est essentiellement centré sur l’activité elle-même et moins sur le résultat de l’action. Par exemple, l’enseignant aime participer aux activités de formation continue, car il sent qu’elles lui permettent de se sentir mieux, de préserver une

perception de soi positive et d’améliorer ses pratiques. La motivation intrinsèque à la stimulation correspond à l’engagement dans une activité pour les sensations agréables, les émotions intenses qu’elle peut procurer (excitation ou beauté esthétique). Les enseignants qui participent aux activités de formation à partir d’exemples de pratiques sur vidéo peuvent se sentir très stimulés par les activités de réalisation et de visionnement d’exemples de leur propre pratique ou de celle de leurs collègues, ou alors apprécier l’utilisation des technologies de la communication et de l’information comme la participation aux forums de discussion. La figure 2 illustre les différents types de motivation selon le degré d’autodétermination.

FIGURE 2 : LA MOTIVATION INTRINSÈQUE ET EXTRINSÈQUE ORDONNÉE SELON LE DEGRÉ D’AUTODÉTERMINATION (DECI & RYAN, 2000)

Les travaux de recherche de plusieurs chercheurs (Deci & Ryan, 1985, 2012; Sarrazin & Touilloud, 2006; Vallerand & Blanchard, 1993) ont montré que les individus sont davantage sensibles aux facteurs de motivation intrinsèque autodéterminée qu’à la motivation extrinsèque non autodéterminée. Selon Deci & Ryan (1985, 2000), c’est l’autodétermination qui mène à la motivation intrinsèque et influence positivement les régulations cognitives (meilleure compréhension, concentration, attention, flexibilité cognitive), affectives (estime de soi, émotions positives, plaisir, intérêt), et comportementales (performance, persévérance, etc.). 2.5.1.1 Motivation extrinsèque

Contrairement à la motivation intrinsèque, un individu extrinsèquement motivé ne réalise pas l’activité pour lui-même, mais plutôt pour obtenir quelque chose

d’agréable ou pour éviter quelque chose de désagréable (Deci & Ryan 1985). Vansteenkiste, Lens & Deci (2006) définissent la motivation extrinsèque comme un engagement dans une activité dans le but d'obtenir quelque chose en échange qui est dissociable de l'activité en question » (p. 20).

Les travaux de recherche de Deci & Ryan (1985,2012) ont montré que plusieurs formes de motivation extrinsèque (dont la majorité est essentiellement instrumentale) sont un moyen de réaliser un but non inhérent à l’activité. Deci & Ryan (1985, 2000) ont proposé quatre types de motivation extrinsèque en fonction de leur niveau d’autodétermination allant du plus bas au plus élevé. 1) La motivation extrinsèque par régulation externe impliquant l’enseignant ne s’identifie pas aux activités de formation. Au contraire, elle est autodirigée par des contraintes qui lui sont externes. 2) La motivation extrinsèque introjectée implique que l’enseignant accepte de participer à la formation pour faire plaisir à ses collègues ou à sa direction administrative ou encore par sentiment de culpabilité. 3) La motivation extrinsèque identifiée implique que l’enseignant décide de participer à la formation continue, car il estime qu’elle lui permet de développer ses compétences. La motivation demeure extrinsèque, car l’enseignant est motivé par les conséquences de la formation et non pas par l’apprentissage lui-même. 4) La motivation extrinsèque intégrée implique que l’enseignant choisissant volontairement de suivre un programme de formation professionnelle les fins de semaine au lieu de pratiquer son sport préféré (qui demeure pour lui une activité procurant autant de satisfaction, d’accomplissement et de stimulation), est conscient des effets positifs de cette formation sur le développement de ses pratiques.

La distinction entre les différents types de motivation extrinsèque est importante dans la mesure où certains motifs extrinsèques (régulations identifiée et intégrée) sont plus adaptatifs que d’autres (régulation externe et introjectée). Ce continuum de motivation s’avère aussi important, car il permet non seulement

En somme, la théorie de l’autodétermination de Deci &Ryan (1985, 2012), postule que plus le contrôle du comportement s’effectue par des motifs externe, plus la motivation est extrinsèque, alors que plus le contrôle est interne plus la motivation est intrinsèque et la performance. Ainsi, dans un contexte de formation professionnelle, les orientations motivationnelles intrinsèques proviennent de l’activité même de cette formation alors que les orientations extrinsèques trouvent leur source en dehors des activités de formation (par exemple, participer à une formation pour une promotion professionnelle). À ce propos, Karsenti, Savoie & Larose (2001) soutiennent que « les nouvelles technologies ne peuvent plus être tenues, comme elles l’ont été jusqu’ici, pour des perfectionnements extrinsèques et instrumentaux, des cours détachés de la pratique professionnelle quotidienne. Au contraire, nous soutenons qu’elles sont susceptibles d’amener un changement profond sur la formation en milieu de pratique ainsi que sur le profil de pratique futur des enseignants en formation » (p. 4).

2.5.2 Trois niveaux de motivation autodéterminée : situationnel, contextuel et