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Modes de vie

Dans le document RAPPORT SUR LA SANTÉ EN EUROPE 2002 (Page 83-87)

Nutrition

La charge de morbidité attribuable à une alimentation inappropriée est plus importante qu’on ne le pense d’ordinaire. Selon une analyse préliminaire de l’Institut suédois de santé publique, 4,5% des années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) sont perdues à cause d’une mauvaise alimentation dans les pays de l’Union européenne et par ailleurs, l’obésité et l’inactivité physique sont respectivement responsables de 3,7% et 1,4% de ces années perdues. Le pourcentage total des DALY dues à une alimentation

inappropriée et à l’inactivité physique est donc de 9,7%, contre 9% dues au tabagisme.

Les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète représentent environ 30% du total des DALY perdues chaque année dans la Région européenne de l’OMS. Il est

maintenant admis à l’échelle internationale que les acides gras saturés peuvent expliquer l’augmentation des taux de cholestérol dans la population, qui joue un rôle déterminant dans l’épidémie de coronaropathies, identifiée comme principale cause de mortalité dans la Région européenne de l’OMS.

Le lait maternel constitue la meilleure alimentation des nourrissons car, outre des substances immunologiques, il contient tous les nutriments dont l’enfant a besoin pendant environ les six premiers mois de sa vie, avant le passage à des aliments complémentaires appropriés. Un allaitement maternel exclusif insuffisant et un sevrage inapproprié peuvent aboutir à des problèmes de croissance. L’allaitement maternel exclusif permet de réduire le risque de carence en fer, qui peut entraîner chez les nourrissons des problèmes de concentration et de performance cognitive, ainsi que des comportements anormaux. La pratique de l’allaitement au sein varie considérablement entre les pays européens. Au Royaume-Uni, par exemple, le pourcentage de bébés nourris au sein à trois mois n’est que de 25%, contre plus de 90% en Ouzbékistan. Le taux d’allaitement maternel exclusif varie également d’un pays à l’autre : en Suède, environ 35% des bébés sont toujours nourris exclusivement au sein à l’âge de six mois, contre seulement 1% en Azerbaïdjan. Dans de nombreux pays d’Europe, on administre aux nourrissons différents aliments liquides et solides dès les premières semaines. Des habitudes alimentaires inappropriées engendrent une augmentation de la prévalence des retards de croissance51et de l’émaciation52, notamment dans certains PECO et NEI.

51 Un enfant accusant un retard de croissance a un rapport taille/âge se situant à plus de deux écarts-types en-dessous de la norme de référence (National Center for Health Statistics des États-Unis).

52 Un enfant atteint d’émaciation a un rapport poids/taille se situant à plus de deux écarts-types en-dessous de la norme de référence (National Center for Health Statistics des États-Unis).

La surcharge pondérale et l’obésité, qui sont de plus en plus fréquentes chez les enfants et les adultes, sont principalement dues à l’inactivité physique et à l’excès d’apport calorique. L’obésité s’accompagne de co-morbidités graves telles que le diabète sucré non insulino-dépendant et les maladies cardiovasculaires. Le risque de diabète est multiplié par 100 par l’obésité, et 80% de la prévalence du diabète peuvent être attribués à l’obésité et au surpoids. L’obésité est associée à de graves complications, requiert un traitement difficile et coûteux, et réduit l’espérance de vie de 8 à 10 années.

La prévention de l’obésité s’impose donc comme la meilleure stratégie. Le diabète non insulino-dépendant, qui est la principale conséquence médicale de l’obésité, est également en passe de devenir l’une des maladies les plus répandues en Europe, avec un taux de prévalence d’environ 4% dans la plupart des pays.

Selon certaines estimations, les troubles liés à une carence en iode53pourraient concerner environ 130 millions de personnes dans la Région européenne54. Ces troubles recouvrent tous les effets néfastes de la carence en iode qui pourraient être évités par des mesures garantissant que la population concernée consomme suffisamment d’iode. Ils comprennent l’hypothyroïdie, le goitre et la déficience mentale. Bien que l’existence de ce type de maladie soit considérée comme peu probable dans plusieurs pays européens, des enquêtes récentes sur la prévalence des goitres en Europe montrent que de nombreuses personnes souffrent encore d’une légère carence en iode. Cette pathologie, qui constitue la première cause de déficience mentale évitable, peut facilement être éradiquée par l’iodation généralisée du sel. La carence en fer est un autre exemple important de carence en nutriments dans la Région

européenne. Une prévalence élevée d’anémie ferriprive chez les nourrissons et les enfants a été signalée dans les républiques issues de l’ex-Yougoslavie, les républiques d’Asie centrale et certaines régions d’Europe occidentale.

La consommation de fruits et de légumes permet de réduire les risques de maladies chroniques. Pour autant, la majorité des pays de la Région n’atteignent pas le chiffre de 400 g par personne et par jour fixé par les recommandations de l’OMS (tableau 4).

Cela s’explique en partie par le fait que de nombreux pays réalisent actuellement d’importantes réformes socioéconomiques et politiques. De nombreux NEI et PECO n’utilisent pas intégralement leur potentiel industriel et commercial, en partie à cause de la rupture des liens traditionnels qui les unissaient commercialement et

financièrement à l’ex-Union soviétique. Cette situation continue d’avoir un effet néfaste sur la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel des populations concernées. Comme cela a été dit plus haut, le rapport entre les graisses saturées et un taux excessif de cholestérol, qui à son tour entraîne une augmentation du risque de maladie chronique,

53 Assessment of iodine deficiency disorders and monitoring their elimination. A guide for programme managers, 2nd ed.

Genève, Organisation mondiale de la santé, 2001 (document WHO/NHD/01.1).

54 Base de données mondiale de l’OMS sur les troubles dus à une carence en iode (estimation de 1998 utilisant les données sur la population de 1997).

est clairement établi. L’apport lipidique est trop élevé dans la majorité des pays européens. L’OMS recommande une ration lipidique journalière fournissant moins de 30% du total des calories (tableau 4).

En septembre 2000, le Comité régional de l’OMS pour l’Europe a approuvé le premier Plan d’action sur la politique alimentaire et nutritionnelle pour 2000–2005. Comme elle s’y était engagée, l’OMS a fourni plusieurs analyses comparatives sur les politiques nutritionnelles des différents États membres européens. La plus récente était une analyse de la situation élaborée à partir de rapports rédigés par les États membres en vue de la première consultation sur le plan d’action organisée à Malte en novembre 1999. Les données présentées dans le tableau 5 sont tirées de cette analyse et constituent la référence par rapport à laquelle les pays pourront comparer les progrès qu’ils ont accomplis, lors de la conférence ministérielle sur la politique nutritionnelle prévue pour l’année 2005.

Soucieuse d’encourager et de favoriser l’élaboration et la mise en œuvre de politiques alimentaires et nutritionnelles détaillées, le Bureau régional s’est engagé à a) rassembler les connaissances et les données scientifiques existantes ; b) encourager la recherche dans les domaines dans lesquels le lien entre la nutrition et la santé n’a pas encore été démontré ; c) mettre au point des méthodes innovantes pour la communication des connaissances et des données scientifiques sur la santé nutritionnelle ; d) collaborer avec les pays pour mettre en pratique ces connaissances, en travaillant avec les homologues nationaux et en leur fournissant les informations, l’expérience et les services d’experts nécessaires ; e) concevoir des indicateurs d’un bon rapport coût-efficacité permettant de contrôler les politiques nutritionnelles et de rendre compte de leurs résultats ; f) mettre régulièrement à jour la liste des données, documents et matériels de formation sur la politique nutritionnelle ; et g) encourager le contrôle et le partage des informations sur la nutrition à l’aide des moyens modernes de communication et gérer un outil permettant la mise à jour rapide de ces informations.

Groupe de pays

Italie et Portugal 243 196 30

Hongrie, République tchèque 239 180 35

et Slovaquie

Croatie, ex-République yougoslave 241 155 37 de Macédoine et Slovénie

Autriche, Belgique et France 177 167 38

Pays Baltes 198 176 41

Pays nordiques 104 168 36

Azerbaïdjan, République 157 97 24

de Moldova et Ukraine

Kazakhstan, Kirghizistan 159 40 28

et Ouzbékistan

Indicateurs et critères Nombre de pays

1994/1995 1998/1999 Adoption des textes de la politique nutritionnelle 24 28 par une instance politique

Structure administrative chargée de l’application 21 18 de la politique nutritionnelle

Comité nutritionnel ou autre organe consultatif chargé 25 27 de la communication des conseils scientifiques aux

responsables de l’élaboration des politiques

Collaboration intersectorielle régulière organisée 25 26 par le gouvernement

Consultation régulière entre le Ministère de la santé et – 27 le Ministère de l’agriculture sur les questions liées à la nutrition

Valeurs de référence recommandées pour les aliments au plan 29 36 national (normes physiologiques)

Évaluation des régimes alimentaires sur un échantillon 24 24 représentatif de la population pour les dix dernières années

Recommandations en matière de régime alimentaire, 23 33 avec ou sans guides diététiques

55 Situation and comparative analysis of food and nutrition policies in WHO European Member States.Copenhague, Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, 2002 (document EUR/02/5035226).

56 Situation and comparative analysis of food and nutrition policies in WHO European Member States.Copenhague, Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, 2002 (document EUR/02/5035226).

Tableau 4. Consommation moyenne de fruits, de légumes et de graisses par groupe sous-régional de pays (données nationales communiquées à l’OMS)55

Tableau 5. Tendances des politiques nutritionnelles dans les pays européens en 1994/1995 et 1998/1999 (données nationales

Dans le document RAPPORT SUR LA SANTÉ EN EUROPE 2002 (Page 83-87)