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Déterminants socioéconomiques

Dans le document RAPPORT SUR LA SANTÉ EN EUROPE 2002 (Page 73-76)

Modes de vie Environnement

physique

Il est désormais habituel de passer en revue une longue liste de déterminants de la santé, tels que les facteurs génétiques et personnels, les modes de vie et

l’environnement, ainsi que la disponibilité et l’efficacité des services de santé. Les grandes différences de situations sanitaires observées d’un pays à l’autre et entre groupes d’un même pays ont permis de comprendre que tous ces déterminants étaient liés à des facteurs sociaux et économiques qui jouent un rôle fondamental pour le développement politique et social.

Déterminants socioéconomiques

Les grandes différences de situations sanitaires dans les pays de la Région européenne ont mis en évidence les facteurs (hormis les services de santé, la génétique et les modes de vie des individus) qui déterminent la santé au niveau de la population. Il apparaît de plus en plus clairement que ces différences sont essentiellement liées à des déterminants sociaux, économiques, environnementaux et institutionnels. En revanche, l’importance du rôle joué par chacun de ces facteurs d’un point de vue quantitatif est plus difficile à évaluer de façon précise.

L’accès universel à des services de santé efficaces et de qualité acceptable est un impératif primordial de toute société évoluée. Néanmoins, si l’incapacité à atteindre ce but avec des services de santé axés sur l’individu engendre à l’évidence des souffrances et une morbidité inutiles, rien ne permet d’affirmer que cette incapacité détermine réellement les graves déséquilibres observés dans la Région européenne en ce qui concerne la santé publique. En outre, si les facteurs génétiques et ceux liés au mode de vie ont une influence manifeste sur la prédisposition des individus aux maladies, leur impact sur les différences de santé des populations est beaucoup moins évident. Le mode de vie et les facteurs de risque, pris isolément, n’expliquent que partiellement les variations dans l’incidence des maladies. De plus, les causes de ces variations entre les individus peuvent être différentes de celles que l’on observe entre les populations. Une analyse quantitative de la charge de morbidité pouvant être attribuée à différents facteurs de risque36montre que le facteur le plus important à l’échelle mondiale est la malnutrition, qui est à l’origine de près de 12% des décès. Si l’on inclut tous les autres facteurs de risque courants, on aboutit à environ 40% de la charge mondiale de morbidité. Par conséquent, près de la moitié des décès dans le monde n’est pas directement liée à ces principaux facteurs de risque connus (fig. 31).

Outre ces facteurs de risque, il serait très utile d’examiner les situations à risque pouvant être directement liées aux déterminants sociaux, économiques et

environnementaux de la santé. L’une des situations à risque les plus importantes pour la

36 MURRAY, C.J.L. & LOPEZ, A.D., ED.The global burden of disease. A comprehensive assessment of mortality and disability from diseases, injuries, and risk factors in 1990 and projected to 2020. Boston, MA, Harvard School of Public Health, 1996.

santé de la population en Europe est la pauvreté. On sait de plus en plus que certaines pathologies sont à mettre en rapport avec l’organisation de la société et l’investissement de cette dernière dans le développement humain. Aujourd’hui, des données provenant de différentes sources indiquent qu’il est non seulement nécessaire d’augmenter la richesse économique globalement, mais aussi d’accorder une attention particulière à la répartition de cette richesse. La santé est meilleure dans les sociétés plus égalitaires jouissant d’une plus grande cohésion et d’une pauvreté relative moins importante37. Dans les sociétés développées, du moins, elle est plus liée aux revenus relatifs qu’aux revenus absolus38,39.

En conséquence, les politiques sanitaires doivent s’efforcer de réduire la charge globale d’inégalité. Si elles visent à diminuer les inégalités en matière de santé et à créer de meilleures conditions pour la santé de la population, elles ne peuvent pas être isolées des autres politiques de développement. Il est donc crucial, pour tous les États membres, d’inscrire la politique sanitaire dans son rapport avec d’autres politiques, telles que celles relatives à l’emploi, au maintien des revenus, à la protection sociale, au logement et à l’éducation. Pour réduire l’inégalité socioéconomique, il est nécessaire de

37 WILKINSON, R.G.Unhealthy societies: the afflictions of inequalities. Londres, Routledge, 1996.

38 KAWACHI, I. ET AL.,ED.Income inequality and health. Vol. 1. The society and population health. New York, New Press, 1999.

39 WILKINSON, R.G. Health inequalities: relative or absolute material standards? British medical journal,314:

591–595 (1997).

Fig. 31 : Pourcentage du total des décès (à l’échelle mondiale) attribuable à certains facteurs de risque

Malnutrition 11,7%

Approvisionnement en eau, assainissement et conditions d'hygiène personnelles et domestiques insuffisantes

5,3%

Sexualité à risque 2,2%

Tabagisme 6,0%

Consommation d’alcool 1,5%

Maladies et accidents professionnels 2,2%

Hypertension 5,8%

Inactivité physique 3,9%

Facteurs de

risque indéfinis Pollution atmosphérique

60,3% 1,1%

réduire à la fois la proportion de la population au bas de l’échelle et la hauteur de cette échelle. Selon les données disponibles, l’égalité des revenus (et l’environnement social plus favorable qui en découle) a des effets bénéfiques parce qu’elle accroît le bien-être psychosocial de la population40,41. Comme elle améliore le fonctionnement social, la réduction de l’inégalité des revenus augmente l’efficacité de nombreuses initiatives en matière de santé publique et de politique sociale. Si l’on ne combat pas les inégalités sociales, il est probable que le progrès s’en trouvera ralenti et que la qualité de vie sera moindre.

Dans le document RAPPORT SUR LA SANTÉ EN EUROPE 2002 (Page 73-76)