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II. La sélection modale dans la proposition en aunque

1. Le mode comme rection

La démarche qui consiste à comprendre le mode comme rection soutient qu’il est le résultat du régime exercé par un mot qui peut se manifester ou non dans le discours. Autrement dit, le mode dépend de la rection imposée par un verbe principal, explicite ou implicite. Comme le fait remarquer A. Veiga394 dans un article de la Sintaxis histórica de la lengua española, cette approche soulève un certain nombre de questions :

El recurso a la verificación de hechos de rección es útil, aunque no está exento de problemas, como los derivados de la posible variación geolingüística, la cual puede condicionar distintas posibilidades de rección modal en distintos dialectos, o la tendencia a la adopción como norma de una construcción simplemente general, pero que ante necesiades comunicativas concretas puede dar paso a otra que a priori pudiera parecer contraria a la norma395.

Malgré les difficultés évoquées, l’auteur propose une classification des formes du système verbal espagnol qui tient compte des éléments linguistiques auxquels elles peuvent être subordonnées :

Las formas verbales subjuntivas del español común actual son las únicas que pueden aparecer subordinadas a verbos con determinados significados léxicos, o bien introducidas por el nexo de valor final para que, o bien acompañadas de la partícula modal desiderativa ojalá […]

Contrariamente, las formas de construcción agramatical de las series de los paréntesis anteriores son las que normalmente hallaremos subordinadas a ciertos verbos elocutivos o de conocimiento en forma afirmativa o bien en combinación con la locución modal a lo mejor396.

Selon A. Veiga, le critère de la rection peut assurément constituer une méthode pratique valable pour déterminer le caractère indicatif ou subjonctif des différentes formes verbales de la conjugaison espagnole, mais à condition que les contextes où seront réalisées les vérifications soient choisis avec précaution, exigence qui révèle les faiblesses de cette approche.

394 A. Veiga, « Las formas verbales subjuntivas. Su reorganización modo-temporal », in C. Company Company (dir.), Sintaxis

histórica de la lengua española. Primera parte, La frase verbal, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Fondo de Cultura

Económica, 2006, vol. 1, p. 95-242.

395 Ibid., p. 97-98. 396 Ibid., p. 99-100.

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1.1. Andrés Bello

Dans le domaine de la linguistique hispanique A. Bello fut le premier à postuler une théorie qui explique le mode comme rection. Dans les quatre premières éditions de sa Gramática de la lengua castellana destinada al uso de los americanos397, il donne une vague définition sémantique du mode et le définit comme « la forma que toma el verbo para indicar operaciones del entendimiento o emociones del ánimo »398. L’auteur regroupe les morphèmes verbaux d’après leur signification en les classant en quatre modes : l’indicatif, le subjonctif commun, le subjonctif hypothétique et le subjonctif optatif. Pour en expliquer la valeur, il a recours aux critères sémantiques traditionnels : l’indicatif est constitué par les groupes de désinences qui expriment « positiva o negativamente algún hecho », alors que les formes du subjonctif commun s’emploient dans les phrases qui dénotent « incertidumbre o duda » et révèlent « el objeto de nuestros deseos » ou encore « una emoción cualquiera del ánimo » ; le subjonctif optatif exprime un désir dans une phrase indépendante ; l’hypothétique, une condition ou hypothèse399.

Dans la préface de l’édition critique de cette grammaire, Ramón Trujillo Carreño400 fait remarquer que, dans la cinquième édition, le grammairien vénézuélien adopte un nouveau critère401 pour expliquer la catégorie « mode » : le critère syntaxique de la rection. Juan J. López Rivera402, dans El modo: la categoría gramatical y la cuestión modal, explique la motivation possible de cette nouvelle perspective :

Fue, sin duda, una nueva inquietud la que impulsó a Bello a proponer la noción de inflexión, tras moverse inicialmente en los límites modales prefigurados por la semántica de la

397 A. Bello, Gramática de la lengua castellana destinada al uso de los americanos, Santiago de Chile, Imprenta del progreso, 1847.

398 Ibid., p. 342. 399 Ibid., p. 338-339.

400 A. Bello, Gramática de la lengua catellana destinada al uso de los americanos. Con las notas de Rufino José Cuervo. Étude et édition critique de R. Trujillo Carreño, Madrid, Arco, 1988 [1847].

401 À propos de ce changement de perspective, B. J. Catronovo affirme que « Es sabido que, a comienzos de su carrera, Bello recibió la influencia de los gramáticos franceses universalistas (grammairiens philosophes), mientras que una etapa posterior se apoyó más en las teorías antirracionalistas y sincrónicas del empirismo británico: cambio de actitud que se refleja en su redefinición del modo verbal en la quinta edición de la gramática. Según veremos, nuestro autor se va alejando de su hipótesis enraizada en las operaciones del entendimiento y adelanta hacia otra basada en una relación paradigmática cuya carga semántica es mínima ». B. J. Castronovo, « La categoría verbal del modo en la tradición gramatical española », in I. Bosque (éd.), Indicativo y subjuntivo, Madrid, Taurus Universitaria, 1990, p. 68.

402 J. J. López Rivera, El modo: la categoría gramatical y la cuestión modal, Santiago de Compostela, Universidade de Santiago de Compostela, Servicio de Publicacións e Intercambio Científico, 2002.

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conjugación verbal. En su ánimo probablemente estuviese presente el empeño de dar con un criterio de discriminación que, por cauce indirecto, asegurase el reconocimiento de las adscripciones modales de las formas verbales. Este medio de identificación resultaría del eco que la división modal produce en el influjo o las recciones a las que puedan estar sometidas las unidades verbales403.

Cette volonté de discrimination amène A. Bello à définir la catégorie « mode » comme suit :

Llámanse MODOS las inflexiones del verbo en cuanto provienen de la influencia o régimen de una palabra o frase a que esté o pueda estar subordinado […]. Por punto general, las inflexiones verbales que regidas por una palabra o frase dada en circunstancias iguales o que sólo varían en cuanto a las ideas de persona, número, tiempo, pertenecen a un Modo idéntico404.

Pour cet auteur, les formes verbales qui admettent d’être subordonnées aux verbes saber et afirmar appartiennent au mode indicatif ; les formes qui acceptent d’être subordonnées à dudar et desear, au mode subjonctif commun. D’après F. Lázaro Mora405, cette définition de l’indicatif et du subjonctif constitue le premier exemple du principe structuraliste de la distribution linguistique dans une grammaire de l’espagnol. Quant aux autres subjonctifs, l’optatif et l’hypothétique, A. Bello soutient qu’ils sont des cas particuliers du subjonctif commun. L’optatif est constitué par le subjonctif des propositions indépendantes et l’hypothétique par le futur de subjonctif et les formes subjonctives qui peuvent apparaître dans un contexte conditionnel. Comme le signale B. J. Castronovo, la différence entre le subjonctif commun et le subjonctif optatif n’est pas très claire, car d’après la définition de A. Bello, « ambos deberían de pertenecer al mismo modo, siendo la única diferencia entre deseo que vengan y que vengan la obvia elipsis verbal »406. Il y a donc tout lieu de penser que la différenciation de ces trois subjonctifs est purement discursive.

Le grammairien vénézuélien explique le mode d’une manière indirecte, puisque c’est la syntaxe qui justifie la distribution morphologique des formes verbales. Comme l’affirme J. J. López Rivera, « Todos los modos, vendrían, en consecuencia, a acabar configurados por grupos

403 Ibid., p. 21. 404 Op. cit., 1984, p. 158.

405 F. A. Lázaro Mora, La presencia de Andrés Bello en la filología española, Salamanca, Universidad de Salamanca, 1981, p. 83.

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de formas verbales que comparten compatibilidades, bien sea con otras susceptibles de ser rectoras, bien con ciertos ámbitos sintácticos específicos »407. Cependant, A. Bello ne renonce pas à une justification sémantique complémentaire d’après laquelle l’indicatif énonce des jugements affirmatifs ou négatifs ; le subjonctif commun, l’incertitude, le doute, l’émotion ; l’optatif, quant à lui, exprime le désir, et l’hypothétique, la condition ou l’hypothèse. A. Bello propose donc une explication qui combine des critères syntaxiques et sémantiques, sans établir de correspondance entre eux.

Cette approche qui conçoit le mode comme rection jouit d’une certaine acceptation dans la littérature grammaticale générativiste408, mais tout particulièrement en référence au mode subjonctif, ainsi nommé parce qu’il est conçu comme le mode de la subordination409. D’après cette théorie linguistique, le subjonctif mais aussi l’indicatif impliqueraient une subordination explicite ou implicite à un verbe abstrait, ce qui ferait du mode une marque de subordination, postulat qui suscite de sérieuses réserves.

Il semble en effet difficile d’expliquer le mode à partir de la seule syntaxe, car, s’il est vrai qu’il peut être choisi en fonction d’une rection, il faut d’abord tenir compte du fait qu’il constitue, avec le temps, une marque morphologique. Manuel Alvar et Bernard Pottier410 en font le constat dans leur Morfología histórica del español :

En la estructura verbal, entre el lexema y la desinencia, puede aparecer otro elemento que es índice de modo y de tiempo; a este elemento modo-temporal suele llamársele sufijo. El sufijo es un morfema variable con el tiempo, con el modo, con cada conjugación e incluso puede no ser necesario (presente de indicativo, imperativo). Desde un punto de vista estrictamente formal, la diferencia entre desinencias y sufijos está en el carácter universal de aquéllas (válidas para todos los temas y para todas las conjugaciones) y la diversidad de éstos411.

407 Op. cit., p. 23.

408 En ce qui concerne l’espagnol, l’étude de María Luisa Rivero constitue une analyse appronfondie de la relation qui existe entre la conception générativiste d’un verbe abstrait et la théorie modale de A. Bello. M. L. Rivero, « La concepción de los modos en la gramática de Andrés Bello y los verbos abstractos en la gramática generativa », in M. L. Rivero, Estudios de gramática generativa del

español, Madrid, Cátedra, 1977, p. 69-88.

409 Dans un manuel récent de linguistique romane, Martin-Dietrich Glessgen continue à affirmer que « Le subjonctif a, dans la Romania, une fonctionnalité de base bien déterminée : il est utilisé avant tout comme marque de subordination (cfr. supra 2.3.3. nº 5.3.) ». M.-D. Glessgen, Linguistique romane. Domaines et méthodes en linguistique française et romane, Paris, Armand Colin, 2007, p. 214-215.

410 M. Alvar et B. Pottier, Morfología histórica del español, Madrid, Gredos, 1993 [1983].

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En ce qui concerne le mode d’une proposition en aunque, dans un chapitre intitulé « Observaciones sobre el uso de algunos adverbios, preposiciones y conjunciones », A. Bello affirme :

[Aunque] rige indicativo o subjuntivo, bien que no indistintamente. « Tengo de salir aunque llueva », es una expresión propia, no sólo en boca del que piensa en una lluvia futura, que puede verificarse o no, sino del que ve llover y está en el acto de salir. « Aunque estaba lloviendo a cántaros, insistieron en ir al baile »; es indispensable el indicativo. « Bien pudiste venir, aunque lloviese »; aquí, por el contrario, aun cuando se tratase de una lluvia pasada y cierta, sonaría mejor el subjuntivo. Es más fácil sentir que explicar el valor peculiar de las formas modales según los diferentes casos412.

Il est certes plus aisé de « sentir » que d’expliquer la valeur particulière d’une forme modale. A. Bello « sent » cette valeur, car il n’attribue pas la présence du subjonctif à une « pluie » irréelle ou fictive, comme beaucoup d’autres grammairiens le feront après lui. Cependant, il ne propose pas d’explication des significations différentes de ces deux modes. Comme le fait remarquer A. Veiga413 dans Condicionales, concesivas y modo verbal en español :

Llama la atención que Bello apenas echase una rápida ojeada a la cuestión sin entrar siquiera en materia […]

El profesor venezolano se limita a exponer el hecho de que tras una conjunción como aunque sean posibles formas de indicativo y subjuntivo […]

Es decir, Bello elude todo planteamiento de las diferencias de significación que se observan con un modo u otro.

Con la afirmación que cierra el párrafo cuyas primeras líneas acabamos de citar, « Es más fácil sentir que explicar el valor peculiar de las formas modales según los diferentes casos », el autor renuncia abiertamente a entrar en cuestión414.

Cette opinion de A. Veiga est partagée par M. Mosteiro Louzao. Dans leur étude sur le mode verbal, les deux auteurs soutiennent :

Conociendo la agudeza y clarividencia de los análisis de Andrés Bello, no deja de llamar la atención que un determinado aspecto gramatical de las prótasis concesivas se convirtiese para él en escollo que lo disuadió de abordar un estudio en profundidad de los hechos modales en este contexto sintáctico. El gramático venezolano se encontró con la a primera vista sorprendente

412 Op. cit., 1984, p. 350.

413 A. Veiga Rodríguez, Condicionales, concesivas y modo verbal en español, Santiago de Compostela, Universidade de Santiago de Compostela, 1992.

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posibilidad de uso del SUBJ 0 en prótasis condicionales para hacer referencia no solo a un proceso juzgado como hipotético, sino también a procesos conocidos como reales, que en principio parece debieran reclamar el IND 0 como única vía expresiva desde el punto de vista modal. Mencionando, de hecho, esta segunda posibilidad, Bello se limitó a exponer la doble posibilidad modal indicativo / subjuntivo tras aunque sin llegar a plantear una base nocional para las posibles diferencias de significación ligadas al uso de los modos y sin ofrecer ejemplo alguno en que la prótasis concesiva emplee formas modalmente irreales o de incertidumbre415.

A. Bello associe la difficulté d’expliquer les valeurs particulières des formes modales au fait que ces valeurs dépendent de contextes différents. La réflexion du grammairien vénézuélien pousse à rechercher une valeur commune en langue qui puisse expliquer tous ces usages discursifs. Le principe énoncé par G. Luquet, selon lequel « Definir un signo lingüístico no es hacer constar que es compatible con otros signos, sino postular el tipo de representación que hay que asociarle en la lengua para explicar tal compatibilidad »416 s’impose ainsi comme un impératif liguistique qui oriente la présente recherche.