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2. Vers une sémantique de la construction avec aunque

2.2.2. Contraste direct et contraste indirect

Le contraste, en tant que manifestation linguistique permettant de relier deux propositions, peut s’établir de façon directe ou indirecte. La plupart des auteurs s’accorde à considérer qu’une relation contrastive est directe lorsque le contraste s’établit entre les contenus exprimés par les propositions qui intègrent la construction. L. Flamenco García illustre ce type de

113 À la différence de sino qui peut apparaître lorsque l’opposition n’est pas graduelle. En effet, sino est apte à établir une opposition privative, autrement dit, il peut relier des éléments antonymes : No está caliente sino frío / *No está caliente, pero/ aunque frío.

114 Op. cit., p. 184.

115 M. J. Cuenca, Les oracions adversatives, València, Institut Universitari de Filologia Valenciana / Barcelona, Publicacions de l’Abadia de Monserrat, 1991.

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contraste au moyen de l’exemple suivant : « Aunque Pepe no tiene mucha cultura ganó el concurso »116. En revanche, il est admis qu’une relation contrastive est indirecte quand le contraste ne s’établit pas entre les contenus propositionnels mais résulte des inférences qui découlent de ces contenus. Un exemple de contraste indirect serait : « Aunque María es una actriz excelente tiene la nariz torcida »117. L. Flamenco García en explique la différence comme suit :

Hay un contraste directo entre los dos miembros de una construcción concesiva o adversativa cuando puede deducirse únicamente a partir de los hechos denotados por los contenidos proposicionales de la construcción; por el contrario, diremos que hay un contraste indirecto cuando dichos acontecimientos son contemplados como premisas que conducen a conclusiones contrarias, las cuales, a su vez, deben venir establecidas implícitamente en el contenido comunicativo118.

Or, si l’on conçoit le contraste comme une manifestation linguistique, il est difficilement recevable qu’il puisse s’établir directement entre les faits rapportés par les contenus propositionnels intégrant la construction. Bien au contraire, il sera postulé dans ces pages que le contraste direct est celui qui s’établit directement entre deux actes énonciatifs, et non entre les phénomènes rapportés par ces actes. Voici un exemple tiré de notre corpus :

(P 137) Si me lo hubieras pedido hace un mes no habría dudado en quedarme, aunque

hubieras seguido con tu mujer, yo no te habría presionado. (p. 476)

Dans cet exemple le contraste est direct parce qu’il s’établit entre deux actes énonciatifs explicités : /seguir con tu mujer/ et /no presionarte/. Ils sont effectivement en contraste, car, si l’inspecteur avait démandé à Susana Grey de rester avec lui et si elle avait pris la décision de ne pas déménager pour rester à ses côtés, cette preuve d’amour aurait pu justifier une certaine pression au cas où il aurait continué de voir sa femme.

Quant au contraste indirect, il ne s’établit pas entre les actes énonciatifs explicités dans la construction, mais entre les inférences que l’on peut tirer de ces actes. De ce fait, à la

116 Op. cit., p. 3813. 117 Op. cit., p. 3813. 118 Op. cit., p. 3814.

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différence du contraste direct, le contraste indirect requiert la prise en considération du contexte communicatif. Voici un exemple qui illustre ce cas de figure :

(P 116) Pero en éste seguía habiendo algo que no estaba en los demás, lo sabía ahora

igual que lo había sabido la otra vez, aunque ya no se acordaba de la tarjeta con un número escrito a mano que le había dejado el policía […] (p. 403)

Le contraste, dans ces lignes, ne s’établit pas entre les actes énonciatifs /saber/ et /no acordarse/, mais entre la conclusion qui découle de savoir quelque chose, c’est-à-dire entre l’obligation morale de la prostituée d’appeler l’inspecteur, parce qu’elle est convaincue d’avoir reconnu l’assassin de Fatima, et la déclaration selon laquelle elle n’a plus le numéro de téléphone dont elle a besoin.

Certains auteurs ont vu dans ces deux types de contraste la manifestation d’un sémantisme particulier. Tel est le cas de Emma Álvarez Prendes119, qui considère que le caractère direct ou indirect de l’opposition constitue un critère permettant de différencier deux types d’énoncés concessifs :

[…] allí donde se encuentran los enunciados concesivos más prototípicos, podemos igualmente constatar que aún subsisten en su interior dos grupos de enunciados bien diferenciados. En este caso, no nos hallamos ante dos subclases o subtipos netamente diferentes, puesto que ambos grupos transmitirá idéntico contenido informativo […] y mostrarán, además, un comportamiento similar respecto de la mayor parte de los parámetros anteriormente citados; no obstante, existirá algún rasgo –fundamentalmente, el número de elementos que intervengan en la oposición y, en consecuencia, el carácter directo o indirecto de la misma– que nos permitirá separar unos de otros y que será el reflejo, en el plano semántico, de una distinta relación entre los contenidos transmitidos por cada de uno de los segmentos del enunciado en uno y otro grupo120.

Selon cet auteur, le premier groupe d’énoncés présente une opposition directe à trois termes :

[…] el primero de ellos se caracterizará por manifestar una oposición implícita directa; es decir, establecida entre uno de los miembros del enunciado y alguna de las implicaturas derivables del otro miembro. Será ésta, por tanto, una oposición ternaria y se tratará, además, de una

119 E. Álvarez Prendes, « Hacia una tipología de los enunciados concesivos », in Milka Villayandre Llamazares (éd.), Actas del

XXXV Simposio Internacional de la Sociedad Española de Lingüística, León, Universidad de León, Dpto. de Filología Hispánica y

Clásica, 2006, p. 88-110.

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oposición en lengua –permanente o estable, si se quiere– que, de algún modo, se hallará relacionada con el semantismo de los miembros del enunciado en ella involucrados. Esta oposición se conservaría e interpretaría con mayor facilidad, incluso en ausencia de conector concesivo alguno, y no dependerá tanto de la situación de comunicación o del contexto lingüístico colindantes, como en el caso del segundo grupo de enunciados121.

Le deuxième groupe, quant à lui, manifeste une opposition indirecte à quatre termes :

[…] el segundo grupo de enunciados concesivos manifestará una oposición implícita indirecta, puesto que la oposición se establecerá entre dos implicaturas derivables, cada una de ellas, de uno de los dos miembros del enunciado. Luego será también ésta una oposición cuaternaria. Por último, sería ésta una oposición totalmente dependiente del contexto y estrechamente vinculada a la situación de comunicación; una oposición propia del discurso y ausente, en definitiva, en la lengua122.

La distinction de E. Álvarez Prendes se fonde donc sur le nombre de inférences déductibles, de telle façon que, s’il y a une seule conclusion, l’opposition est directe ; s’il y en a deux, l’opposition est indirecte. Mais l’auteur va plus loin, car, selon elle, lorsqu’il y a une seule inférence l’opposition serait permanente ou stable et il s’agirait d’une opposition en langue, alors que quand il y en a deux l’opposition serait non permanente, circonstancielle et fondamentalement discursive. Ce parallélisme est néanmoins difficilement recevable, car il est des contrastes directs qui sont purement discursifs, comme dans l’exemple qui suit :

(P 7) (P 8) Ahora alguien llamaba por teléfono, justo a esa hora, a las siete menos

cuarto, llamaba y permanecía en silencio, invisible y oscuro en alguna parte de la ciudad, al lado de un teléfono, impune y sádico, aunque no fuera el asesino, aunque llamara tan sólo por la curiosidad morbosa, por oír la voz ronca y desesperada del padre. (p. 43)

Dans cet exemple le contraste s’établit de façon directe entre /llamar por teléfono/ et /ser el asesino/ et l’opposition entre ces deux actes énonciatifs n’est nullement une opposition permanente ou stable mais purement discursive, autrement dit, on perçoit ces deux déclarations comme contradictoires parce que l’on connaît les détails de la disparition de Fatima,

121 Ibid., p. 107-108. 122 Ibid., p. 108.

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et l’on suppose que si quelqu’un appelle à l’heure même où la petite fille a disparu, il est censé être son assassin.

Inversement, des contrastes indirects peuvent manifester des oppositions permanentes ou stables :

(P 10) Un subinspector viejo, que se dedicaba sobre todo a tareas administrativas, le dijo

que el internado llevaba cerrado mucho tiempo, pero que el padre Orduña seguía vivo, y lo dijo en un tono entre de sarcasmo y de fastidio que al inspector le desagradó, aunque procuró disimular, porque era todavía un recién llegado y prefería mantenerse en una actitud de reserva neutra, estudiar a una cierta distancia los comportamientos y las reacciones de los desconocidos que desde ahora serían sus subordinados, que también lo estudiarían a él con la desconfianza y el fondo de agravio hacia quien ha venido de lejos para usurpar lo que correspondía a los méritos de otros. (p. 64-65)

Le contraste dont il est question ici est de type indirect, car il ne s’établit pas directement entre /desagradar/ et /disimular/ mais entre la conclusion tirée de /desagradar/, à savoir, entre la manifestation physique attendue de l’ennui et l’effort de le dissimuler, opposition qui pourrait être considérée comme permanente dans la mesure où l’on ne dissimule que ce qui peut être perceptible.

En somme, s’il est vrai que le nombre d’éléments intervenant dans une opposition varie selon les énoncés, il semble difficile d’admettre que cette variation conditionne le sémantisme de la relation qui y est mise en place. Bien au contraire, il y a tout lieu de penser, comme le fait remarquer J. A. Moya Corral que « la existencia o no de una segunda implicatura […] es, simplemente una variante contextual que no afecta al sistema »123. Il sera alors soutenu dans le présent travail que la distinction entre ces deux types de contraste est une différenciation purement pragmatique et que, de ce fait, le type de contraste ne conditionne nullement le sémantisme d’une construction avec aunque.