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II. La sélection modale dans la proposition en aunque

3. Le mode comme attitude modale

3.2. Les oppositions pragmatiques

3.2.1. Indicatif « mode de l’information » vs subjonctif « mode de la présupposition »

3.2.1.1. José Vallejo

Si Wilhelm Meyer-Lübke524 justifiait l’emploi de l’indicatif pour l’expression du réel et celui du subjonctif pour exprimer l’hypothétique, il reconnaissait néanmoins que cette explication impliquait quelques « dérogations » :

Dans les propositions concessives, on peut […] employer les deux formes verbales, selon que la concession renferme quelque chose de réel ou seulement quelque chose d’hypothétique. Mais, pour simple que soit cette règle fondamentale, on rencontre pourtant, si l’on entre dans les détails, des dérogations de toute espèce525.

Cette citation de W. Meyer- Lübke est à l’origine de la première classification des propositions concessives présentée par José Vallejo526. Cet auteur classe ces propositions d’après le caractère réel ou hypothétique du fait référé par ladite proposition, un caractère qui est mis en relation avec l’alternance indicatif / subjonctif. Or J. Vallejo saisit immédiatement la possibilité d’apparition de propositions au subjonctif faisant référence à des faits non hypothétiques :

Así en español, conforme a esta fundamental [se référant à la citation de Meyer-Lübke], se tiene: « Saldré, aunque llueve » (real) y « saldré mañana, aunque llueva » (hipotético). Pero además se emplea el subjuntivo en frases concesivas que no encajan en el segundo caso de la regla: Luego si vos / obráis afrentosos hechos, / aunque seáis hijo mío, / dejáis de ser caballero527.

Il considère que la différence de sens des concessives construites à l’indicatif et celles qui, construites au subjonctif, réfèrent à des faits réels, réside dans le fait que les premières présentent le fait référé dans sa réalité, alors que les deuxièmes le mettent en relation avec d’autres informations et le présentent comme une réalité présupposée :

[…] si se dice, verbigracia, lo deshereda, aunque es su hijo se afirman, oponiéndolas al mismo tiempo, dos realidades, por el contrario, en lo deshereda, aunque sea su hijo, ya no se trata de oponer a una realidad otra nueva realidad, sino que dando por conocida esta segunda realidad la deshecha como ineficaz: se sale al encuentro de una objeción ineficaz que puede presentar un tercero o presentarse en el espíritu del mismo sujeto que habla; es, en suma, el subjuntivo sirviendo a una operación de

524 W. Meyer-Lübke, Grammaire des langues romanes, Paris, Welter, 1890-1906.

525 Ibid., Vol. III, p. 673.

526 J. Vallejo, « Notas sobre la expresión concesiva », Revista de Filología Española, nº 9, 1922, p. 40-51.

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análisis, un empleo modal que distingue el hecho puro del hecho en relación con otros datos, y aquí: la objeción propia y ajena que hay que desechar en seguida528.

Dans une étude postérieure, « Sobre un aspecto estilístico de D. Juan Manuel »529, J. Vallejo utilise pour la première fois la dénomination de « subjuntivo polémico »530 pour faire référence à cet usage apparamment particulier du subjonctif. Dans cette étude, l’auteur approfondit l’explication de ce subjonctif dit « polémique » et énumère les principaux contextes où il apparaît :

a) Con las partículas concesivas de aplicación universal el sujeto locuente, mediante el indicativo, da a conocer un hecho que juzga de cierta fuerza, para haber evitado o evitar otro determinado hecho.

Con el subjuntivo no da a conocer tal hecho, sino que, alegado por otro, el sujeto lo recoge para refutarlo. La primera es una exposición gramatical lógica; la segunda es afectiva, de carácter polémico. Distintas circunstancias y distinto carácter se expresan por una diferenciación modal.

[…]

b) El sujeto puede también refutarse un hecho por él expuesto, que recoge a renglón seguido, para declarar su ineficacia contra otro […]

c) Asimismo se vale el sujeto locuente del subjuntivo para invalidar un hecho que, sin ser alegado explícitamente por otro, las circunstancias del ambiente lo hacen o permiten darlo por supuesto531.

En guise de conclusion, l’auteur récapitule : « Este subjuntivo requiere, pues, hechos reales y previamente presentados (explícita o implícitamente) de una parte, y una actitud polémica, por otra »532. Les critères utilisés pour définir ce subjonctif polémique sont donc des critères essentiellement extralinguistiques et pragmatiques.

L’auteur fait ainsi la différence entre deux types de concessives, les concessives réelles et les concessives hypothétiques, les premières se divisant en logiques et en polémiques. On peut objecter à cela, d’une part, que le point de départ de cette classification est fondamentalement extralinguistique, comme le soulignent A. Veiga et M. Mosteiro Louzao :

528 Ibid., p. 50.

529 J. Vallejo, « Sobre un aspecto estilístico de D. Juan Manuel », in Homenaje ofrecido a Menéndez Pidal : Miscelanea de estudios lingüísticos,

literarios e históricos, Madrid, Hernando, 1925, vol. 2, p. 63-85.

530 Cette dénomination, comme le souligne A. Veiga, est empruntée à Armin Dittmar (1897) et a été adoptée aussi par Rafael Seco et Emilio Montero Cartelle. Elle n’a pas été la seule cependant, car ce subjonctif a été aussi appelé « subjuntivo presuposicional » par José Luis Rivarola ou « subjuntivo dialéctico » par Lázaro Mora.

531 Op. cit., p. 66. 532 Op. cit., p. 67.

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« Claramente se observa que la primera distinción establecida en este esquema no responde a hechos gramaticales de diferenciación funcionalmente modal, sino a la observación extralingüística del efectivo cumplimiento o incumplimiento de lo expresado en las prótasis concesivas »533. D’autre part, la subdivision des concessives réelles en concessives logiques et polémiques est basée sur des critères pragmatiques, approche linguistique qui ne permet pas de tout expliquer, comme le fait remarquer A. Veiga :

Creemos interesantes las reflexiones de Vallejo en cuanto al carácter de exposición de un hecho dado o presupuesto como conocido de este uso del subjuntivo 0, frente a la carga de información que conlleva el indicativo, que “da a conocer un hecho” (1925: 66). Pero, por supuesto, funcionalmente lo que cuenta no es la caracterización lógico-semántica del significado de cada modo empleado en estos casos, sino las respectivas realizaciones modales en cuanto resultados concretos de la actuación de una oposición534.

La différence entre une information nouvelle et une information présupposée est en effet essentiellement pragmatique et ne rend pas compte de l’opposition modale qui s’établit dans le système de la langue entre le mode indicatif et le mode subjonctif.

En ce qui concerne la « actitud polémica » dont parle J. Vallejo, il y a tout lieu de penser qu’elle découle du caractère inefficace du propos introduit par aunque. Le fait d’insister sur cette attitude polémique du locuteur ou sur le caractère polémique du subjonctif ne semble donc pas substantiel, car, ainsi qu’il a été préalablément signalé, toute construction avec aunque implique l’inefficacité du propos introduit par ce relateur. Selon A. Veiga et M. Mosteiro Louzao :

No es, por tanto, el hecho de que lo alegado en la prótasis « se deshecha por ineficaz » característica semántico gramatical de ciertas construcciones concesivas de prótasis en subjuntivo desde el momento en que dicha característica es intrínseca a la noción de concesividad y, en consecuencia, aparecerá allí donde se registre una oración concesiva con total independencia del valor modal, expresado por las formas verbales que la integren535.

533 Op. cit., p. 115-116. 534 Op. cit., 1992, p. 304-305. 535 Op. cit., p. 115.

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