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Mod´elisation compl`ete de la courbe d’hyst´er´esis

Chapitre 6 Magn´etom´etrie

6.4 D´ependance de l’aimantation en fonction de l’intensit´e du champ magn´etique

6.5.1 Mod´elisation compl`ete de la courbe d’hyst´er´esis

En utilisant la densit´e d’´energie magn´etique U = UZ + Uan [voir les ´eq. (3.1), (3.5)

et (3.10)] et en supposant que le m´ecanisme de renversement de l’aimantation est une ro- tation coh´erente des spins `a l’int´erieur du nanoagr´egat, la courbe d’hyst´er´esis compl`ete de l’´echantillon GMP650 peut ˆetre calcul´ee en utilisant l’´eq. (3.55) o`u m (ϕci, θci, ψci) est calcul´e

num´eriquement pour chaque orientation Oi (voir la sect. 3.3).

La courbe d’hyst´er´esis de l’´echantillon GMP650 mesur´ee `a T = 180 K avec le champ magn´etique appliqu´e dans la direction [001] du GaP (perpendiculaire au plan de l’´echantillon) est pr´esent´ee `a la fig. 6.15 (symboles). Nous allons mod´eliser cette courbe d’hyst´er´esis en utili- sant l’´eq. (3.55). Cette configuration a ´et´e choisie pour des raisons pratiques. En effet, `a cause de la sym´etrie des orientations cristallographiques des nanoagr´egats de MnP par rapport au GaP, nous pouvons s´eparer tous les nanoagr´egats en quatre groupes o`u les nanoagr´egats d’un groupe poss`edent la mˆeme courbe d’hyst´er´esis (ceci suppose que tous les nanoagr´egats poss`edent le mˆeme volume et que nous n´egligeons les fluctuations thermiques). Les quatre groupes sont d´efinis avec les orientations cristallographiques des nanoagr´egats, soit 1) O1, O4, O7 et O10 [fig. 6.16(a)], 2) O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11 et O12 [fig. 6.16(b)], 3) O13 et O14 [fig. 6.16(c)] et 4) O15, O16, O17 et O18 [fig. 6.16(d)] (voir les tab. 5.2, 5.3 et 5.4 pour la correspondance entre les orientations Oi et les directions cristallographiques du GaP).

Nous remarquons que les nanoagr´egats orient´es selon O1, O4, O7, O10, O13 et O14 (axe-

c des nanoagr´egats de MnP orient´es dans les directions [110] et [1¯10] du GaP) poss`edent

un champ coercitif nul `a cause de leur orientation cristallographique par rapport `a la direc- tion du champ magn´etique appliqu´e H0. De plus, nous allons n´egliger la contribution des

-25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 Expérience Modèle

(sans fluctuations thermiques) Modèle

(avec fluctuations thermiques)

A i m a n t a t i o n M ( e m u / cm 3 ) ( 1 e m u / cm 3 = 1 kA / m )

Champ magnétique appliqué H 0

(kOe) (1 kOe = 79.6 A/m)

Figure 6.15 Hyst´er´esis compl`ete de l’´echantillon GMP650 mesur´ee `a 180 K avec un champ magn´etique perpendiculaire au plan de l’´echantillon (direction [001] du GaP) (symboles). Une premi`ere mod´elisation a ´et´e r´ealis´ee `a l’aide de l’´eq. (3.55) ,en utilisant Ms = 385

emu/cm3, H

1 = 3.6 × 106, H2 = 1.1 × 106 A/m et Vn/Ve = 0.057, sans inclure les fluctua-

tions thermiques (ligne pointill´ee). La deuxi`eme mod´elisation a ´et´e r´ealis´ee en incluant les fluctuations thermiques (ligne pleine).

nanoagr´egats orient´es selon O15, O16, O17 et O18, ceux-ci repr´esentent entre 0 et 4 % du total des nanoagr´egats (voir le chap. 5), ce qui est plus faible que l’incertitude sur les va- leurs exp´erimentales de l’aimantation. Le champ coercitif mesur´e sur la courbe d’hyst´er´esis de l’´echantillon GMP650 (symboles sur la fig. 6.15) est donc originaire des nanoagr´egats orient´es O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11 et O12 [fig. 6.16(b)].

La courbe d’hyst´er´esis de l’´echantillon GMP650 a tout d’abord ´et´e calcul´ee `a l’aide de l’´eq. (3.55) en n´egligeant les fluctuations thermiques. Les param`etres du MnP massif `a T = 180 K ont ´et´e utilis´ees, soit Ms = 385 emu/cm3, H1 = 3.6 × 106 et H2 = 1.1 × 106 A/m. Les

param`etres g´eom´etriques d´etermin´es plus tˆot ont ´et´e utilis´es, soit Vn/Ve= 0.057, tandis que la

fraction volumique occup´ee par les nanoagr´egats selon chaque orientation cristallographique est obtenue `a partir de la fig. 5.24. La ligne pointill´ee sur la fig. 6.15 est alors obtenue. Le mod`ele reproduit bien les donn´ees exp´erimentales pour la branche sup´erieure de la courbe d’hyst´er´esis (champ magn´etique infini qui diminue jusqu’`a z´ero). Par contre, lorsque que le champ magn´etique devient n´egatif, le mod`ele ne reproduit pas de fa¸con satisfaisante la partie irr´eversible de la courbe d’hyst´er´esis. En effet, le mod`ele donne un champ coercitif Hc0 =

-25-20-15-10 -5 0 5 10 15 20 25 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -25-20-15-10 -5 0 5 10 15 20 25 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -25-20-15-10 -5 0 5 10 15 20 25 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -25-20-15-10 -5 0 5 10 15 20 25 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 A i m a n t a t i o n n o r m a l i s é e m ( s . d . )

Champ magnéti que appl i qué (kOe) (1 kOe = 79.6 kA/m) (a) (b) A i m a n t a t i o n n o r m a l i s é e m ( s . d . )

Champ magnéti que appl i qué (kOe) (1 kOe = 79.6 kA/m) (d) (c) A i m a n t a t i o n n o r m a l i s é e m ( s . d . )

Champ magnéti que appl i qué (kOe) (1 kOe = 79.6 kA/m) A i m a n t a t i o n n o r m a l i s é e m ( s . d . )

Champ magnéti que appl i qué (kOe) (1 kOe = 79.6 kA/m)

Figure 6.16 Courbes d’hyst´er´esis `a T = 180 K d’un nanoagr´egat monodomaine de MnP ayant un volume infini pour chaque orientation cristallographique Oi. Le champ magn´etique H0 est appliqu´e dans la direction [001] du GaP (θH = 0˚, ϕH = 0˚). Les param`etres du MnP

massif `a T = 180 K ont ´et´e utilis´ees, soit Ms= 385 emu/cm3, H1 = 3.6×106 et H2 = 1.1×106

A/m. (a) O1, O4, O7 et O10, (b) O2,O3,O5, O6, O8, O9, O11 et O12, (c) O13 et O14 et (d) O15, O16, O17 et O18.

obtenu, soit approximativement 33 % de la valeur calcul´ee.

Une raison qui peut expliquer cette diff´erence est que le fait que le mod`ele n’inclut pas les fluctuations thermiques. En effet, nous avons vu au chap. 3 que les fluctuations thermiques peuvent permettre `a l’aimantation d’un nanoagr´egat de passer d’un minimum local `a un autre de la surface d’´energie magn´etique lorsque le volume du nanoagr´egat est suffisamment petit. Les fluctuations thermiques peuvent donc diminuer la valeur du champ coercitif d’un nanoagr´egat. Comme nous l’avons vu au chap. 3, pour d´eterminer le champ coercitif d’un nanoagr´egat en pr´esence de fluctuations thermiques, il faut calculer la hauteur de la barri`ere ∆U entre les deux minimums locaux de la surface d’´energie en fonction du champ magn´etique appliqu´e H0. Le champ coercitif correspond au champ magn´etique H0 lorsque ∆U (H0) = Ut,

o`u Ut = 30kBT /V est la densit´e d’´energie thermique (voir la fig. 6.17). La d´ependance de

∆U en fonction de H0, pour des nanoagr´egats orient´es selon O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11

ou O12, est pr´esent´ee `a la fig. 6.17 (ligne pleine), o`u les param`etres suivants ont ´et´e utilis´es pour les calculs : ϕH = θH = 0˚, H1 = 3.6 × 106 A/m, H2 = 1.1 × 106 A/m et Ms = 385

kA/m. 0 100 200 300 400 500 600 0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 H c De n sité d ' é n e r g ie d e la b a r r iè r e U ( M J/m 3 )

Champ magnétique appliqué H 0 (kA/m) (1 kA/m = 12.6 Oe) U t = 30k B T /V H c0

Figure6.17 Densit´e d’´energie de la barri`ere ∆U (ligne pleine) en fonction du champ appliqu´e H0 pour des nanoagr´egats orient´es selon O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11 ou O12 o`u les

param`etres suivants ont ´et´e utilis´es pour les calculs : ϕH = θH = 0˚, H1 = 3.6 × 106 A/m,

H2 = 1.1 × 106 A/m et Ms = 385 kA/m. La densit´e de l’´energie thermique Ut = 30kBT /V

est calcul´ee pour V = 525 nm3 et T = 180 K (ligne pointill´ee).

Comme nous avons une distribution de taille de nanoagr´egats, nous pouvons supposer qu’il y aura une distribution de champ coercitif hc des nanoagr´egats. Heureusement, la

fig. 6.16, la partie irr´eversible de la courbe d’hyst´er´esis de l’´echantillon GMP650 est seulement due aux nanoagr´egats orient´es selon O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11 et O12. Pour les autres orientations, le champ coercitif hc d’un nanoagr´egat est nul. De plus, tous les nanoagr´egats

correspondant aux orientations O2, O3, O5, O6, O8, O9, O11 et O12 poss`edent la mˆeme courbe d’hyst´er´esis (et le mˆeme champ coercitif) dans la configuration de mesure choisie en supposant que les agr´egats poss`edent un volume infini. Nous n’avons donc qu’`a d´eterminer une seule distribution de valeurs de hc pour mod´eliser la courbe d’hyst´er´esis exp´erimentale.

En utilisant la distribution gaussienne de valeurs de hc pr´esent´ee `a la fig. 6.18, nous avons

pu mod´eliser avec succ`es la courbe d’hyst´er´esis exp´erimentale (ligne pleine sur la fig. 6.15).

-1 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 F r é q u e n ce ( % )

Champ coercitif des nanoagrégats h c

(kOe) (1 kOe = 79.6 kA/m)

Figure 6.18 Distribution du champ coercitif des nanoagr´egats utilis´ee pour mod´eliser la courbe d’hyst´er´esis de la fig. 6.15.

`

A partir de la distribution du champ coercitif hc des nanoagr´egats, nous pouvons donc, en

supposant que le renversement de l’aimantation des nanoagr´egats est coh´erent, d´eterminer la distribution de volume correspondante en utilisant la d´ependance de ∆U en fonction de H0 (fig. 6.17). En supposant que les nanoagr´egats sont de forme sph´erique, nous trouvons

alors une distribution de taille (diam`etre) correspondante de type gaussien ayant un diam`etre moyen de 10 nm et un ´ecart-type de 1 nm, ce qui ne correspond pas du tout avec la dis- tribution de taille obtenue par TEM o`u un diam`etre moyen de 24 nm et un ´ecart-type de 6 nm ont ´et´e obtenus pour l’´echantillon GMP650. Ceci pourrait laisser croire que le volume

magn´etique est beaucoup plus faible (facteur 10) que celui obtenu par TEM. Toutefois, ce

(≈ 0.073) et VSM (≈ 0.057) est similaire. Il est donc plus juste d’affirmer que la barri`ere d’´energie pour activer le m´ecanisme de renversement de l’aimantation est beaucoup plus faible que la barri`ere d’´energie dans le cas o`u le m´ecanisme de renversement de l’aimantation est coh´erent, ce qui sugg`ere donc que le processus complet d’aimantation d’un nanoagr´egat est une combinaison de processus coh´erents et incoh´erents. Plus sp´ecifiquement, la situation suivante est la plus probable. Si l’intensit´e du champ magn´etique est balay´ee de H0 = ∞ `a

H0 = −∞, alors les processus d’aimantation d’un agr´egat de MnP seraient coh´erents pour

∞ < H0 < −hc et −hc < H0 < −∞, o`u hc est le champ coercitif du nanoagr´egat de MnP, et

seraient incoh´erents lorsque H0 = hc. Cette conclusion n’est pas surprenante compte tenu du

fait que les r´esultats rapport´es dans la litt´erature montrent que la valeur exp´erimentale du champ coercitif est presque toujours comprise entre 10 et 40 % de la valeur th´eorique calcul´ee par le mod`ele de renversement coh´erent. [34] Dans le cas de mat´eriaux poss´edant une grande anisotropie magn´etocristalline, la pr´esence de d´efauts, comme par exemple, des impuret´es ou des dislocations, peut provoquer le renversement hˆatif (incoh´erent) de l’aimantation compa- rativement `a un renversement coh´erent. [38] L’ajout de ce type de d´efauts dans un mod`ele micromagn´etique est toutefois extrˆemement difficile `a r´ealiser et ne sera pas consid´er´e dans cette th`ese. Nous pouvons toutefois conclure que, pour un balayage du champ magn´etique appliqu´e `a partir de H0 = ∞ jusqu’`a H0 = −∞, l’aimantation d’un nanoagr´egat de MnP

peut ˆetre consid´er´ee comme un macrospin pour toutes les valeurs de H0, sauf `a H0 = hc.