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2.1. Quelques précisions

Avant de se lancer plus précisément dans le cœur de cette recherche, quelques précisions s’imposent, notamment concernant la délimitation du terrain sur lequel elle a été menée.

Dans la question de départ il s’agit d’interroger la collaboration entre acteurs, au sens large, le projet Bébé Épicé souhaitant toucher l’ensemble de ces derniers, qu’ils interviennent de près ou de loin dans les temps alimentaires de la petite enfance. Toutefois, et comme la revue de littérature réalisée a pu le laisser transparaître, cette étude portera plus précisément sur les acteurs de la restauration collective et des professionnels intervenant dans le champ de la petite enfance. Concernant ces derniers, seuls les professionnels intervenants dans des EAJE, Relais d’Assistants Maternels (RAM), Maisons d’Assistants Maternels (MAM) ou encore PMI ont été sollicités. Les assistant(e)s maternel(le)s travaillant de manière indépendante, sans lien direct avec les précédentes structures, n’étaient donc pas inclus(es) dans la boucle de la recherche. Enfin, bien que s’éloignant spécifiquement des professionnels de la petite enfance ou de la restauration collective, des éducateurs du goût ont pu rentrer dans la démarche. La problématique tournant véritablement autour de l’éducation au goût et la coopérative Cresna étant membre de l’ANEGJ, il paraissait donc important et intéressant de pouvoir les inclure.

De plus, cette étude se réalisant sur une durée de six mois, il n’était pas envisageable de l’appréhender sur le territoire national. Il a donc fallu définir une zone plus restreinte sur laquelle ma recherche allait se baser. La coopérative Cresna, implantée sur l’ancienne région Auvergne, possède quelques partenariats sur l’ancienne région Rhône-Alpes et y intervient régulièrement pour diverses actions et accompagnement de projet. Depuis le 1er

janvier 2016, la région Auvergne et celle Rhône-Alpes ne font désormais plus qu’un.36 Ainsi, il paraissait relativement logique et cohérent de prendre ce territoire comme terrain pour la recherche suivante.

2.2. Socle de la recherche : la problématique

La première partie de ce mémoire a consisté à poser les bases de la littérature se rapportant au sujet étudié, afin, justement, de déterminer quelles connaissances ont été mises à jour, quelles autres restent encore dans l’ombre.

Ainsi, au fil des lignes précédentes, nous avons pu toucher du doigt la complexité qu’il pouvait ressortir, à la fois de l’articulation entre ministère au sein de la politique alimentaire du territoire, mais aussi sur la mise en place et le fonctionnement des structures d’accueil de la petite enfance. Lorsque l’on mêle les deux, le tout n’est guère plus claire. Et encore moins concernant la pratique de l’éducation au goût dans ces structures et sur cette tranche d’âge. Des prestataires de services ont fait de la petite enfance une de leur compétence, voire leur spécialité, et pour beaucoup, l’importance de la découverte des saveurs, des goûts et de la sensorialité à travers le repas ressort. Tout comme dans certains guides pouvant être proposés sur le territoire. Mais au niveau politique et mise en place de projets, l’éducation au goût, reste, sur bien des aspects, proposée prioritairement pour l’école primaire et le collège. La petite enfance, bien que présente dans les écrits, est relativement mise de côté et peut sollicitée. Toutefois, nous avons pu voir comment le côté sensoriel et développement des sens étaient présents durant les deux-trois premières années de vie et où parallèlement les changements et découvertes alimentaires sont les plus importants. Cet éveil des sens et de la psychomotricité, du développement des compétences et capacités globales de l’enfant, autant au niveau du langage, de la socialisation, de l’affectif, du cognitif, que de la motricité font partis du quotidien des professionnels de structures de la petite enfance. D’autant plus qu’assurer le temps du repas fait également partie de leurs missions journalières. Commence alors à se dessiner une certaine articulation entre éducation au goût, sa pratique, sa pédagogie et accompagnement des enfants par les professionnels de la petite enfance. Oui, mais laquelle ? Comment peut-elle se formaliser ? À quel niveau l’éducation au goût intervient-elle et comment ? Mais est-elle ne serait-ce que pratiquée, à un moment ou à un autre, dans les EAJE ? Peut-elle s’inscrire dans les pratiques profesionnelles de la petite enfance et si oui, comment ?

De multiples autres questions peuvent alors se poser : Comment sont organisés les temps de repas ? Quelles sont les modes d’accompagnement sur ces temps ? Des différences

36 MINISTERE DE L’INTERIEUR. Les noms des nouvelles régions sont actés. [en ligne] Disponible sur https://lc.cx/mLTJ (Consulté

sont-elles perceptibles suivant l’âge des enfants et selon les structures, les professionnels encadrants ? Comment les enfants sont-il accompagnés dans leur évolution alimentaire au sein des structures en l’absence de leurs parents ? Et d’ailleurs, comment le lien avec les pratiques alimentaires sont-elles faites au sein des structures dont l’une des missions est d’assurer le quotidien des parents pendant qu’ils sont au travail ? Mais il a fallu faire un choix. Choix qui s’est porté, comme les précédents paragraphes ont pu l’indiquer, sur l’éducation au goût, au regard de la commande initiale proposée par la structure d’accueil. Au fil des recherches, des questionnements et des entretiens, ces questions ont inévitablement été abordées. Apportant des pistes de réflexion et de réponses à la problématique suivante, qui est apparue progressivement de ces interrogations et de la réalisation de quelques entretiens exploratoires :

Existe-t-il une standardisation des pratiques alimentaires dans les structures dédiées à la petite enfance pouvant être appropriées, structurées et diffusées à

travers le dispositif pédagogique de l’éducation au goût ?

Afin de répondre à cette problématique, des hypothèses doivent l’accompagner. Le point suivant en est l’objet.

2.3. Briques de la recherche : les hypothèses

Les hypothèses formulées ci-dessous résultent d’un mélange entre lectures bibliographiques et terrain exploratoire. Les hypothèses sont des propositions argumentées par des indices et des données relevées à la fois de notre état de l’art et des premiers entretiens exploratoires menés. Elles ne sont donc encore que suppositions et leur véracité, ou non, restent à démontrer.

La réflexion suivante se structure en trois hypothèses principales. La première s’intéresse au fait qu’activités et pratiques professionnelles du champ de la petite enfance par rapport à l’alimentation peuvent se corréler, de manière plus ou moins forte, plus ou moins consciente, à des pratiques d’éducation au goût. La seconde hypothèse souhaite interroger les facteurs possibles facililant ou limitant la mise en place de temps dédiés à l’alimentation et à l’éducation au goût au sein des structures. Enfin, la dernière suppose que les pratiques et pensées parentales mais aussi des professionnels viennent moduler la pratique d’activités liées à l’alimentation et à l’éducation au goût au regard de certaines caractéristiques des enfants. Ces hypothèses s’accompagnent de sous-hypothèses afin de leur apporter davantage de précisions.

Hypothèse 1 : Certaines activités et pratiques professionnelles du monde de la petite enfance liées à l’alimentation peuvent s’inscrire dans une démarche, plus ou moins importante, d’éducation au goût.

• Sous-hypothèse 1.1 : Le temps du repas constitue l’un des moments les plus propices à une découverte alimentaire et sensorielle.

• Sous-hypothèse 1.2 : Les temps liés à l’alimentation sont propices à la verbalisation des tout-petits.

Hypothèse 2 : La pratique plus ou moins poussée de temps liés à l’alimentation et à l’éducation au goût dépend de certains facteurs liés aux structures.

• Sous-hypothèse 2.1 : La présence d’un cuisiner sur les EAJE permet un investissement et une collaboration entre acteurs facilités sur ces temps.

• Sous-hypothèse 2.2 : La présence d’une restauration concédée sur les EAJE limite en partie ces temps.

• Sous-hypothèse 2.3 : Les moyens humains, matériels et géographiques constituent des variables impactant la mise en place de temps dédiés à l’alimentation et à l’éducation au goût.

Hypothèse 3 : La mise en place d’une pratique d’éducation au goût au sein des structures peut se heurter aux perceptions de l’enfance par les professionnels de la petite enfance et aux pratiques parentales.

• Sous-hypothèse 3.1 : Le développement sensori-moteur et physique de l’enfant constitue une variable à partir de laquelle ces professionnels considèrent qu’il est plus ou moins pertinent de mettre en place des temps d’éducation au goût.

• Sous-hypothèse 3.2 : Les pratiques parentales ne permettent pas toujours de pouvoir faire de l’éducation au goût auprès de tous les enfants.

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2 2 3 3 1 2 1 21

e socle est posé, les briques viennent compléter les fondations en cours, mais pour que le tout tienne et prenne forme, il faut un liant, un ciment. La méthodologie va venir jouer ce rôle. Une fois la problématique et les hypothèses définies, il faut pouvoir venir les infirmer ou les confirmer. Et pour aboutir à des résultats de recherche, seule la mise en place d’une méthodologie va le permettre. Elle constituera la feuille de route à suivre tout au long de celle-ci pour aboutir à des résultats qui puissent être qualifiés de valides. Cette méthodologie constitue donc à la fois le ciment de cette recherche mais également le cadre à suivre, instaurant rigueur et discipline, afin que les résultats ne soient pas dus au hasard mais puissent venir s’appuyer sur des bases semblables permettant leur comparaison et leur analyse.