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1. Comment et quoi collecter ?

1.2. L’entretien semi-directif

1.2.2. Explication du guide d’entretien

Bien qu’un guide d’entretien ait été pensé par profil d’acteur interrogé, les thématiques abordées été toutes les mêmes, seules quelques questions et formulations ont pu changer au regard de la personne concernée, de son métier et des activités liées. Avant même d’aborder précisément le sujet de la recherche, les premières questions ont été définies afin de créer un temps permettant la construction d’un climat de confiance. La personne était alors invitée à se présenter, à préciser son métier et la structure dans laquelle elle exerçait. S’ensuivait alors une présentation plus approfondie de ses missions, à la fois auprès des enfants et des parents s’il y avait lieu.

Puis le cœur du sujet était abordé. Le début de cette partie consacrée à l’alimentation consistait à essayer de faire émerger les représentations des personnes interrogées sur l’alimentation et le rôle qu’elle pouvait jouer pour le public auprès duquel elles intervenaient. Puis des questions plus techniques et opérationnelles étaient posées sur et autour du temps du repas, sa composition et son élaboration ainsi que les activités associées à l’alimentation. Ceci permettait de rechercher, entre autres, des éléments venant justifier la présence, ou non, de pratiques ou d’éléments intégrant l’éducation au goût et comment. Tout du long, la question de l’âge des enfants et des possibles différences

établies dans l’organisation et l’accompagnement de ces derniers étaient présentes en filigrane.

C’est ensuite que la notion d’éducation au goût faisait son apparition. Par celle-ci je cherchais à déterminer la vision de la personne sur ce concept, comment elle l’a définissait et quelles étaient ses représentations dessus, si elle la connaissait ou non, et si elle pouvait intégrer cette pédagogie au sein de sa structure et comment. Mon objet de recherche porte certes sur l’alimentation de la petite enfance, mais également et surtout sur l’éducation au goût et il me paraissait important de connaître l’opinion des professionnels du champ de la petite enfance sur cette pédagogie envers un public enfantin, alors bien même que je risquais de rencontrer des personnes pour qui l’éducation au goût était inconnue. C’est pourquoi, aux questions « Connaissez-vous l’éducation au goût ? En avez-vous déjà entendu parler ? Comment la définissez-vous ? », un protocole particulier a été mis en place en fonction des réponses apportées. (Figure 11)

Figure 11 : Arbre décisionnel du protocole à suivre en fonction de la réponse à

la question « Avez-vous déjà entendu parler de l’éducation au goût ? »

Source : personnelle

Lorsque la personne me précisait très clairement ne pas connaître l’éducation au goût ou n’en avoir jamais entendu parler, je lui fournissais, par écrit ou à l’oral selon le mode de passation, la définition proposée par l’ANEGJ extraite de leur livre blanc. (Annexe G) Cela lui permettait ainsi de pouvoir mettre des mots et des images sur cette pédagogie, et de pouvoir poursuivre, avec un certain discours commun, le reste des questions. Le choix de proposer cette définition de l’ANEGJ m’assurait également d’être constante dans l’explication donnée aux personnes, me permettant d’apporter toujours la même, avec le même contenu et précision, les mêmes mots et les mêmes tournures de phrases. Si des

choses restaient floues ou incomprises par les personnes, je leur apportais bien évidemment quelques éléments d’information afin que tout soit le plus clair possible. Vient ensuite le cas où les personnes me disaient connaître l’éducation au goût ou en avoir déjà entendu parler. Dans ce cas, je leur demandais s’il était possible qu’elles m’en donnent une définition. La commande initiale de ma recherche portait également sur le fait de connaître ce que savaient les professionnels de la petite enfance sur cette éducation, comment ils la définissaient exactement et ce qu’ils mettaient derrière. Cela me permettait de faire un état des lieux de la connaissance de l’éducation au goût sur ce terrain. Ainsi, me paraissait-il délicat de leur apporter la définition de l’éducation au goût après qu’ils me l’aient explicitée, et ce d’autant plus si une certaine sûreté dans leurs propos transparaissait. Ainsi, je ne voulais pas leur donner le sentiment que ce qu’ils disaient étaient « faux » ou erroné. Mon but n’étant pas de les mettre en porte-à-faux ou de leur montrer qu’ils avaient tort. Et ce encore plus que je partais inévitablement du fait qu’il n’y avait pas de réponse juste ou fausse, malgré la présence d’une définition imposant un certain cadre mais étant plus là pour donner des repères. Fine est la frontière entre réflexivité et laisser l’intuition aux personnes que ce qu’elles pensent ne serait pas « juste ». C’est pourquoi le choix a été fait, de leur laisser le libre champ de pouvoir énoncer formellement ce qu’elles avaient en tête, ce qui me permettait d’enchaîner avec mes questions. Je tiens également à préciser que, dans tous les cas, la définition que les personnes me proposaient correspondait toujours en partie, dans une précision plus ou moins poussée, à celle qu’en fait l’ANEGJ. Cette donnée a également été décisive dans la décision de poursuivre mon questionnement sur cette pédagogie, mais étant donné le fait que les personnes avaient quoi qu’il arrive de bonnes bases sur celle-ci, cela restait cohérent. En effet, je ne partais pas du principe qu’il y avait une réponse fausse ou une plus juste. Tout ce que les personnes avaient à me dire venait, quoi qu’il arrive, enrichir mon sujet de recherche et me donner des pistes et indices sur celui-ci. Cela me permettait de me donner une idée précise de ce que peuvent avoir en tête les personnes lorsqu’on leur parle d’éducation au goût, de l’image qu’elles en ont et comment elles peuvent l’investir par rapport à leur métier et profil.

Enfin, si les personnes me disaient en avoir entendu parler mais ne pas être capable de m’en dire davantage ou de me proposer une définition, là encore, dans la mesure où recueillir leur point de vue, avis et connaissance sur cette pédagogie m’intéressait, je leur apportais donc la définition proposée par l’ANEGJ et issue du livre blanc.

Enfin, un dernier point était abordé sur le possible partenariat entre acteur de la restauration collective et les professionnels des EAJE intervenant auprès des enfants. En

effet, la commande du sujet d’étude et raisonnant dans l’un de mes points de recherche portent sur le fait qu’une collaboration entre les deux, plus ou moins proche, peut avoir un impact sur la mise en place et l’instauration de pratiques d’éducation au goût au sein de la structure. Il me paraissait donc important de pouvoir déterminer si ces acteurs pouvaient travailler ou non ensemble. Notamment sur l’éducation au goût ou a fortiori lors du temps du repas et quelles en étaient les causes, conséquences, stratégies, impacts pouvant en découler.