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Mettre à profit les diasporas pour renforcer les capacités productives et réduire la pauvreté

COUPLE ÉNERGIE-TRANSFORMATION

DEMANDE D’ÉNERGIE

C. Mettre à profit les diasporas pour renforcer les capacités productives et réduire la pauvreté

1. Envois de fonds des migrants

1.1 Raison d’être des politiques visant à accroître l’impact sur le développement des envois de fonds des migrants

Les envois de fonds des migrants vers les PMA ont considérablement augmenté ces dernières décennies et cette tendance devrait se confirmer. En 2016, les envois de fonds des migrants vers les pays en développement avaient atteint selon les estimations 432 milliards de dollars (contre un total estimé à 143 milliards de dollars au titre de l’aide publique au développement (APD)) (United Nations 2017a). Les envois de fonds sont une source relativement stable d’entrée de devises et, dans certains pays, ils dépassent les recettes tirées de l’exportation des marchandises.

Les fonds envoyés par les migrants vers leur pays d’origine jouent un rôle important pour réduire la pauvreté des ménages et des collectivités, où ils sont surtout utilisés pour la consommation courante. Ils peuvent aussi contribuer à renforcer les capacités productives lorsqu’ils sont utilisés pour réaliser de petits investissements susceptibles d’améliorer la productivité ou pour financer des dépenses liées aux soins de santé et à l’éducation ou des investissements (RPMA 2012 : chap. 5).

D’un point de vue macroéconomique, l’importance des envois de fonds réside dans leur contribution au financement des importations ou du service de la dette extérieure, et à l’amélioration de la solvabilité du pays bénéficiaire. Cependant, les migrants les plus pauvres et leurs familles sont souvent obligés de compter sur les circuits informels pour transférer les fonds de sorte que dans la plupart des PMA, une partie importante des fonds ne passe pas par le secteur financier formel, ce qui réduit d’autant l’avantage macroéconomique.

Le problème pour les gouvernements des PMA cherchant à accroître l’impact des envois de fonds sur le développement consiste à favoriser l’utilisation des circuits de transfert formels, le montant global des fonds entrants et la part des fonds envoyés qui est mise au service du financement d’investissements dans des capacités productives.

Ces derniers doivent viser les fonds provenant des revenus courants des migrants, ainsi que l’épargne de la diaspora détenue à l’étranger, de sorte que ces ressources puissent être exploitées en tant qu’actifs financiers dans leurs pays d’origine (UNCTAD 2009 : chap. V).

1.2 Encourager le recours aux circuits formels pour diminuer le coût des envois de fonds

Dans de nombreux PMA, les circuits de transmission formels peuvent être rendus plus attrayants par des réformes réglementaires qui permettent à un plus grand nombre d’institutions financières nationales de participer aux transferts de fonds et les incitent à le faire. On peut par exemple citer les coopératives d’épargne et de prêt, les associations de crédit mutuel et les bureaux de poste. Leur participation aux services de transfert de fonds peut avoir plusieurs effets positifs (RPMA  2012  : chap.  5  ; EDAR  2016  : chap. 4). Tout d’abord, une plus grande concurrence entre les établissements financiers réglementés pour la fourniture des services d’envoi de fonds a tendance à en réduire le coût pour les utilisateurs finals, ce qui encourage les transferts. Deuxièmement, cela peut favoriser l’envoi de fonds vers les destinataires les plus pauvres et les zones rurales éloignées. Troisièmement, les destinataires des fonds peuvent aussi obtenir plus facilement accès à d’autres services financiers. Quatrièmement, l’intermédiation des envois de fonds par le système bancaire traditionnel peut se trouver facilité. Enfin, les virements opérés par les circuits financiers classiques sont officiellement enregistrés, ce qui en renforce l’impact sur la balance des paiements et la solvabilité externe du pays bénéficiaire. De plus, le recours à des services de transfert de fonds formels peut contribuer à prévenir la fraude et le blanchiment d’argent (UNCTAD 2009 : chap. V).

La concurrence pourrait aussi être intensifiée en permettant aux institutions financières publiques de fournir des services de transfert de fonds et d’entrer en concurrence avec les opérateurs privés ou de coopérer avec eux. Les fournisseurs de services de transfert de fonds publics pourraient offrir ces services à un coût inférieur, surtout s’ils sont affiliés à des institutions existantes comme une banque de développement ou la banque centrale et s’ils utilisent les bureaux de poste au lieu d’ouvrir leurs propres filiales (RPMA 2012 : chap. 5).

Une autre série de mesures envisageables pour réduire le coût des transferts de fonds consiste à utiliser les nouvelles technologies pour les virements financiers. Internet et la téléphonie mobile ont créé des possibilités de banques virtuelles et d’accès amélioré

La réalisation des objectifs de développement durable dans les pays les moins avancés — Recueil de politiques envisageables

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1.3 Mobiliser l’épargne de la diaspora

La création d’instruments financiers spéciaux pour les membres de la diaspora pourrait être utile pour attirer les fonds qui ne sont pas destinés à la consommation courante. Cela pourrait aussi faciliter les virements, c’est-à-dire le transfert des actifs financiers existants détenus par des membres de la diaspora vers leurs pays d’origine (RPMA 2012 : chap. 5). L’adaptation des réglementations bancaires pour permettre aux migrants d’avoir un compte bancaire en devises dans leur pays d’origine, sans charges prohibitives et avec des exonérations possibles des taxes sur la richesse et les revenus, pourrait être utile à cet égard. Cela assurerait pour les détenteurs de ces comptes une protection contre le risque de dévaluation de la monnaie et pour l’économie dans son ensemble, un accès relativement stable aux devises par le biais des banques nationales et de l’intermédiation financière (EDAR 2016 : chap. 4). Une autre possibilité pour mettre les envois de fonds au service du financement de capacités productives serait la création de comptes réservés à l’éducation et au logement pour les migrants et leur famille dans le pays d’origine, avec un taux de rendement supérieur aux comptes d’épargne ordinaires.

Le gouvernement peut aussi mobiliser les envois de fonds et l’épargne de la diaspora pour favoriser le financement du développement de façon plus directe. Il pourrait émettre des obligations s’adressant aux ressortissants vivant à l’étranger (UNCTAD 2009 : chap. V ; RPMA 2012 : chap. 5). Il a été estimé que ces obligations destinées à la diaspora pourraient mobiliser un dixième environ de l’épargne annuelle des membres qui la composent − plus de 50  milliards de dollars − pour financer des projets de développement (Banque mondiale 2015). Plusieurs pays ont obtenu de bons résultats en émettant ce type d’obligations qui ont suscité l’intérêt des membres de la diaspora pour soutenir le développement économique dans leurs pays d’origine40. De cette façon, les gouvernements qui n’auraient autrement pas accès ou auraient accès à un coût extrêmement élevé aux marchés financiers internationaux pourraient contracter des prêts en devises à un coût moindre. Ces obligations peuvent fournir aux membres de la diaspora un taux de rendement plus élevé que celui qu’offrent les comptes d’épargne internationaux traditionnels à l’étranger, où se trouve détenue la plus grande partie de l’épargne de la diaspora (RPMA 2012 : chap. 5 ; EDAR 2016 : chap. 4). Pour atteindre un nombre suffisant de migrants et maintenir à un faible niveau le coût de l’émission de ces obligations, les PMA pourraient envisager la possibilité d’émettre collectivement des obligations pour la diaspora, avec le soutien de banques de développement régionales d’un groupe de pays (RPMA 2012 : chap. 5).

Comme les flux des envois de fonds se révèlent être relativement stables sur le temps, ils peuvent aussi être considérés comme des sommes à percevoir pour garantir les prêts

syndiqués à long terme, ou, dans une moindre mesure, les titres d’État41. Ces garanties permettent d’abaisser les taux d’intérêt et d’allonger l’échéance de la dette et peuvent améliorer l’accès au financement du développement à long terme (RPMA  2012  : chap. 5 ; EDAR 2016 : chap. 4).

Ces politiques visant à tirer parti de l’épargne de la diaspora pour faciliter l’investissement doivent s’inscrire dans le cadre de régimes réglementaires prudents et soigneusement élaborés qui devraient être adaptés au degré de développement financier du pays (RPMA 2012 : chap. 5). De plus, les envois de fonds et les obligations émises pour la diaspora créent des entrées de devises importantes qui doivent être prises en considération dans la gestion macroéconomique, en particulier pour la gestion du taux de change (EDAR 2016 : chap. 4 ; Ratha 2013).

2. Attirer les connaissances de la diaspora et mobiliser l’entreprenariat

Le potentiel d’IED qu’offrent les entreprises détenues par des ressortissants des PMA vivant à l’étranger, même s’il est d’une ampleur limitée, peut avoir d’importantes retombées politiques pour le développement. Ce type de stratégie d’investissement pourrait combiner les avantages de l’investissement intérieur et de l’IED (RPMA 2012 : chap. 5 ; RPMA 2014 : chap. 6). Les PMA pourraient aussi tirer parti du potentiel des diasporas comme sources de compétences en matière de gestion et de connaissances techniques et commerciales pour leurs pays d’origine. Les entrepreneurs expatriés des PMA peuvent contribuer à développer des capacités productives, en encourageant des activités économiques fondées sur les connaissances et en soutenant le développement des industries légères grâce à leurs contacts internationaux ou aux capacités d’innovation qu’ils ont acquises à l’étranger.

Selon des indications provenant de divers pays, les réseaux de connaissance de la diaspora peuvent jouer un rôle très important pour renforcer la base de connaissances nationale (RPMA  2012  : chap.  5). Ces réseaux consistent en un groupe d’expatriés hautement qualifiés qui souhaitent faire avancer la transformation structurelle dans leurs pays d’origine. Comme les connaissances ne sont pas sans coûts et ne sont pas facilement

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