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Gérer le commerce et l’IED en tant qu’éléments de la politique industrielle 1 Promotion des exportations

Soutenir la modernisation et l’innovation

C. Instruments de la politique industrielle

4. Gérer le commerce et l’IED en tant qu’éléments de la politique industrielle 1 Promotion des exportations

Étant donné que les exportations permettent des économies d’échelle dans le secteur manufacturier, les politiques industrielles devraient inclure des mesures visant l’intégration stratégique dans le commerce international (RPMA 2016a : chap. 5). Cela suppose la promotion et la facilitation des activités manufacturières pour l’exportation, et l’éventuelle introduction de mesures temporaires de protection des importations (→ chap. VI.A).

Les PMA devraient utiliser toutes les flexibilités prévues par les règles commerciales multilatérales pour promouvoir activement les exportations (RPMA  2014  : chap.  6  ; RPMA 2016 : chap. 3). Des subventions à l’exportation compatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le subventionnement du financement du commerce peuvent encourager la production manufacturière destinée à l’exportation. Une autre stratégie pourrait consister à renforcer les organismes de promotion du commerce qui fournissent des informations sur les débouchés commerciaux internationaux et un soutien connexe à la commercialisation. Ces organismes devraient aussi exécuter des programmes visant à améliorer la capacité des producteurs nationaux à se prévaloir de l’accès préférentiel aux marchés pour les PMA et à satisfaire aux normes internationales de qualité (EDIC Éthiopie) (→ chap. VI.A). Les politiques visant à attirer l’IED contribuent également à intégrer les activités manufacturières dans le commerce international (voir les sous-sections 4.4-4.6 ci-après). Ces politiques peuvent prévoir la création de zones franches industrielles (RPMA 2013 : chap. 5 ; RPMA 2014). Les avantages des zones franches industrielles pour le développement industriel à long terme et la transformation structurelle, comme ceux de l’IED en général, dépendent fortement de l’existence de solides liens d’amont avec des entreprises nationales. Mais ces liens ne sont pas très fréquents (→ chap. VI.A).

Dans le contexte des stratégies combinant développement agricole et rural et industrialisation, il est souvent intéressant d’empêcher l’exportation directe de matières

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107 au matériel qui ne peuvent être produits localement. Ces importations devraient être en franchise de droits. En revanche, lorsque la politique industrielle a pour objectif de réduire la dépendance à l’égard des importations en remplaçant ces dernières par une production nationale, l’introduction de droits à l’importation élevés peut se révéler nécessaire (RPMA 2013 : chap. 4, EDIC Éthiopie). Dans le souci d’une bonne intégration des secteurs manufacturiers nationaux, la politique industrielle devrait avant tout viser une substitution progressive des intrants, qui devient possible au fil du temps à mesure que le processus de transformation structurelle avance (→ chap. VI.A).

La protection des importations sur une période de temps raisonnablement limitée devrait permettre de protéger les secteurs manufacturiers naissants contre une concurrence internationale insoutenable. Étant donné la lenteur des progrès du développement industriel dans les PMA, cela est essentiel pour permettre aux entreprises de ces secteurs de mettre en place des capacités productives par des investissements en capital, l’apprentissage et l’expérimentation ainsi que l’acquisition progressive des technologies modernes et des compétences correspondantes (RPMA 2010 : chap. 5) (← chap. I.C ; → chap. VI.A). À mesure que les secteurs qui bénéficiaient au départ d’une protection parviennent à maturité, les mesures devraient être progressivement éliminées pour se reporter, là encore à titre temporaire, vers de nouvelles industries émergentes.

4.3 Gestion du taux de change à l’appui d’une intégration du commerce

Le commerce des produits manufacturés, et donc le succès de toute stratégie industrielle, est très sensible aux variations des taux de change et aux défauts d’alignement. La gestion du taux de change fait partie de la politique industrielle car la stabilité de ce taux est essentielle à la compétitivité internationale et à la rentabilité des entreprises manufacturières nationales. Cela influe à son tour sur la motivation des entreprises et leur capacité à investir dans des capacités productives additionnelles. Une bonne gestion du taux de change dans le contexte de la politique industrielle implique un ajustement systématique du taux de change nominal pour refléter les variations de l’écart entre les coûts salariaux unitaires locaux dans les secteurs manufacturiers et ceux des pays concurrents à l’international (RPMA 2014 : chap. 5 ; EDIC Éthiopie). Lorsque le coût unitaire du travail augmente plus vite que dans les pays des fabricants concurrents, le taux de change nominal devrait être déprécié de la différence pour maintenir un taux de change réel stable (→ chap. VI.A).

4.4 IED, exportations et demande intérieure

L’IED peut contribuer à la création des capacités manufacturières grâce aux capitaux étrangers entrants. Il peut aussi favoriser le développement des exportations dans la mesure où les investisseurs étrangers sont en général bien connectés aux marchés internationaux. Du point de vue de la transformation structurelle, la politique industrielle devrait se concentrer sur la contribution possible de l’IED au renforcement des capacités technologiques des entreprises nationales. Elle devrait aussi mettre l’accent sur le potentiel de l’IED s’agissant de transférer des compétences organisationnelles aux entrepreneurs locaux et un savoir-faire technique aux ouvriers.

Les gouvernements devraient être conscients des risques qu’il y a à trop compter sur l’IED pour financer l’industrialisation car la concurrence accrue entre les pays pour attirer l’IED dans les secteurs à forte intensité de travail les amène souvent à offrir des incitations fiscales et autres concessions de plus en plus généreuses aux sociétés transnationales (STN), ce qui se traduit par une «  course à l’abîme  » insoutenable (RPMA 2013 : chap. 5). De même, l’élaboration de politiques en matière d’IED fondées sur l’avantage lié à des coûts salariaux bas peut donner lieu à une concurrence salariale avec les autres pays en développement insoutenable aux plans social et économique.

Les mesures cherchant à attirer l’IED dans des activités à forte intensité de main-d’œuvre en tant qu’éléments de la politique industrielle peuvent donc s’accompagner d’initiatives favorisant l’accroissement de la productivité du travail pour permettre une augmentation continue des salaires avec des coûts salariaux unitaires stables, voire en baisse, de manière à ce que la demande intérieure puisse augmenter en parallèle grâce à l’accroissement des revenus tirés des salaires.

4.5 Encourager les liens entre l’IED et les entreprises locales

Les politiques visant à attirer l’IED devraient aussi viser la création de liens de production avec les entreprises nationales et encourager les transferts de technologies et de connaissances. Ces liens dépendent de la volonté des entreprises étrangères de coopérer avec des fournisseurs locaux ainsi que de la capacité de l’entreprise locale à

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109 chances de favoriser la création de liens avec des entreprises nationales (EDAR 2014 : chap.  4). C’est le cas de l’IED dans les sous-secteurs où des capacités locales d’approvisionnement existent déjà ou se développent grâce à d’autres politiques de soutien sectoriel et horizontal. Lorsque l’IED a lieu dans le cadre de coentreprises avec des partenaires nationaux qui connaissent bien les conditions locales et les possibilités d’approvisionnement, il peut aussi mener à une plus grande interaction avec d’autres entreprises locales (EDAR  2014  : chap.  4). De plus, les investissements réalisés par des entrepreneurs issus de la diaspora, même si l’échelle est relativement modeste, sont également plus susceptibles de donner lieu à une interaction avec les entreprises locales (RPMA 2014 : chap. 6) (→ chap. IV.C).

Comme dans le cas de la politique industrielle en général, c’est la dynamique du secteur des entreprises nationales et, par conséquent, la cohérence des diverses mesures d’appui au renforcement des capacités productives examinées dans la présente publication, qui permet la création de liens entre les entreprises locales et étrangères. Les politiques doivent s’efforcer de développer et d’améliorer les compétences de la main-d’œuvre et d’accroître le nombre, la taille et la capacité d’absorption des entreprises locales dans les secteurs où des liens peuvent être créés avec les entreprises à capitaux étrangers (EDAR 2014).

4.6 Intégration dans les CVM − Possibilités et enjeux au niveau des politiques

La politique industrielle dans les PMA doit également prendre en compte la façon dont le développement des activités manufacturières nationales peut être accéléré grâce à une participation aux réseaux de production internationaux ou chaînes de valeur mondiales (CVM). L’expansion des CVM est au cœur du système commercial mondial.

Ces chaînes de valeur mondiales sont établies soit à l’intérieur de grandes STN soit dans le cadre de contrats de transformation entre les STN et des groupes de petites entreprises dans différents pays.

D’un côté, l’importance croissante des CVM fait qu’il est plus difficile pour les entreprises locales des PMA de commercialiser directement leurs produits auprès de détaillants sur les grands marchés étrangers. Les PME des PMA qui souhaitent s’engager dans le commerce d’exportation sont désormais pour ainsi dire obligées de passer par les CVM et d’utiliser les circuits de distribution des grosses entreprises sur les marchés de destination. De l’autre côté, les CVM ont ouvert de nouvelles possibilités d’industrialisation dans les PMA (EDIC Éthiopie). Elles offrent aux fabricants des PMA la possibilité de produire, directement ou indirectement par le biais de contrats de sous-traitance, pour les grandes entreprises des CVM, en assumant les tâches les plus exigeantes en main-d’œuvre, les moins qualifiées et celles qui demandent la moins forte intensité technologique dans la chaîne de valeur.

Même si la participation aux CVM n’entraîne souvent que des augmentations modestes de la valeur ajoutée, elle peut générer des possibilités d’emplois considérables pour la main-d’œuvre peu qualifiée. Elle offre également aux entreprises et aux travailleurs des PMA la possibilité d’acquérir les compétences techniques et organisationnelles de base qui peuvent être utiles pour d’autres activités manufacturières locales. Cependant, la qualité des emplois et des conditions de travail peut être exécrable. Des conséquences néfastes pour l’environnement et la sécurité physique ont aussi parfois été observées (RPMA 2013 : chap. 5). Face à ces risques, les pouvoirs publics doivent veiller à ce que des normes strictes en matière de travail et d’environnement soient respectées et ils doivent mettre en place des institutions capables de s’en assurer (UNCTAD 2013a : chap. IV).

Intégrer une CVM est généralement une option réaliste pour les entreprises qui disposent de compétences de production minimums mais auxquelles font défaut un accès aux marchés et un savoir-faire commercial (RPMA  2013  : chap.  5). Le risque existe cependant que les entreprises restent cantonnées dans les échelons inférieurs des CVM qui produisent le moins de valeur ajoutée et qui offrent le moins de perspectives de modernisation. Les STN étant à même de choisir leurs fournisseurs dans n’importe quel pays, elles sont en position de force pour dicter les conditions de leur relation avec les fournisseurs locaux des PMA (RPMA 2007 : chap. 1 ; RPMA 2013 : chap. 5 ; EDAR 2013 : chap. 4)31.

Il est donc pertinent dans le contexte de la participation aux CVM de s’interroger sur les possibilités de progression au sein des CVM et sur le potentiel de renforcement des capacités d’exportation de produits manufacturés ayant une teneur en valeur ajoutée locale plus élevée (UNCTAD 2013a). Cela dépend dans une large mesure des politiques horizontales ou industrielles qui soutiennent l’acquisition de compétences supplémentaires, c’est-à-dire des compétences techniques et de gestion et la capacité d’innover en appliquant diverses autres mesures de politique horizontale et industrielle.

Les interventions des pouvoirs publics destinées à aider les PME à s’intégrer dans des CVM à des stages de production plus perfectionnés ou à progresser dans ces

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111 De plus, les entreprises des PMA participant à des CVM devraient pouvoir réduire la teneur en importation de leur production en comptant de plus en plus sur des matières premières ou d’autres produits d’origine locale. Pour ce faire, il faut des mesures d’accompagnement visant à améliorer le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement nationales, à commencer par le secteur primaire et un soutien des politiques industrielles aux secteurs auxiliaires (EDIC Éthiopie).

Politiques industrielles pour réaliser les ODD

SOUTIEN efficaces entre l’État et les entreprises sur les exigences de la modernisation Renforcer les chaînes d’approvisionnement locales

Soutenir les groupements

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