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III. Méthodologie

III.1 Hypothèses théoriques

III.1.6. Mentalisation

III.1.6.1. Généralités

a. Points communs

Un consensus semble émerger dans la littérature concernant une faillite de la mentalisation chez les auteurs d’agressions sexuelles (Chagnon, 2000 ; Ciavaldini, 2001, 2002, Gourlaouen-Couton, 2002 ; Coutanceau, Martorell, 1993), Ciavaldini (2001, 2002) et Gourlaouen-Couton (2002) insistant plus particulièrement sur les grosses difficultés d’élaboration de l’excitation.

Nous avons choisi de ne pas travailler sur cette hypothèse puisque, d’une part, elle a été longuement analysée par ces différents auteurs, en particulier par Gourlaouen-Couton (2002) en ce qui concernent les pulsions sexuelles. D’autre part, cet aspect est commun aux deux groupes que nous souhaitons étudier et elle ne nous permettrait pas, a priori, de mettre à l’épreuve notre continuum.

b. Différences

En nous appuyant en particulier sur Roman (2007) et Rebourg-Roesler (2002, 2005),

nous posons que nous retrouverons davantage de projections crues en lien avec la sexualité, mais aussi avec l’agressivité, dans les tests projectifs des pervers que dans ceux des sujets ayant des traits pervers.

III.1.6.2. Symbolisation du sexuel

III.1.6.2.1. Symbolisation du sexuel féminin

a. point commun

La symbolisation des pulsions sexuelles pose particulièrement problème chez les auteurs d’agressions sexuelles : pour Charbert (In : Ciavaldini, 2001), « c’est la confrontation

à l’imago féminine-maternelle qui désorganise […] la majorité de la population étudiée ici » et, en particulier, « il n’y a aucune représentation du creux féminin » chez ces sujets.

b. Différence

Nous pouvons poser l’hypothèse que la symbolisation des pulsions féminines sera plus défaillante chez les sujets structurés sur le mode de la perversion que chez les individus ayant des traits pervers.

III.1.6.2.2. Symbolisation du sexuel masculin

a. Point commun

Si « la symbolique phallique est reconnue » chez les auteurs d’agressions sexuelles, la symbolisation n’en est pas, pour autant, réussie » (Chabert In : Ciavaldini, 2001 ; Gourlaouen- Couton, 2002).

Il semblerait ainsi qu’une alternance se fasse entre « l’attachement au phallique et la propension à l’exhiber » (Gourlaouen-Couton, 2002) et « l’effort même que font de nombreux sujets pour réduire une position phallique active et menaçante. » (Chabert et al. In : Ciavaldini, 2001).

b. Différence

Nous pouvons poser l’hypothèse que, chez les sujets structurés sur le mode de la perversion, la symbolisation des pulsions masculines sera plus défaillante que chez les individus ayant des traits pervers (si nous nous basons sur les caractéristiques de la fonction phallique -Gourlaouen-Couton, 2002- dans les deux groupes).

III.1.6.2.3. Bisexualité psychique

La symbolisation des pulsions féminines et masculines étant grevée dans les deux groupes, il en découle une absence de métabolisation de la bisexualité psychique.

Gourlaouen-Couton (2002) précise cependant qu’elle s’exprime précisément dans « l’alternance entre des représentations phalliques et/ou fétichistes, et la passivité » (ce qui rejoint les caractéristiques de la puissance phallique chez les auteurs d’agressions sexuelles). Nous ne poserons donc pas d’hypothèse concernant la bisexualité psychique dans cette recherche.

III.1.7. Le choix d’objet et la relation d’objet

III.1.7.1 Le « choix » de la victime

Nous pouvons penser que l’étude du « choix » de la victime permet d’appréhender, plus ou moins directement, certaines spécificités des auteurs d’agressions sexuels sur les mineurs (par rapport aux auteurs d’agressions sexuelles en général).

III.1.7.1.1 L’âge et le sexe

Pour Gourlaouen-Couton (2002), l’âge et le sexe ne peuvent être des critères de choix pour les auteurs d’agressions sexuelles, ces différences n’étant pas signifiantes : c’est davantage un « anéantissement de toutes les différences qui est en jeu ».

Pour Ciavaldini (2001), le choix de l’âge est un « révélateur d’homoérotisme », la différence des sexes n’étant pas intégrée.

Cependant, si nous supposons que le déni de la différence des sexes est plus massif chez les individus structurés sur le mode de la perversion que chez les sujets ayant des traits pervers, nous pouvons avancer l’hypothèse que cela pourrait se traduire, dans les passages à l’acte, par davantage d’agressions homosexuelles perpétrées dans le premier groupe alors qu’un choix hétérosexuel serait prévalent dans le deuxième groupe.

Par ailleurs, nous pourrions penser que les individus ayant des traits pervers auront plus tendance à agresser des victimes « pubères » que de très jeunes enfants si nous supposons une plus grande proximité avec le stade génital chez ces sujets.

III.1.7.1.2 Le choix d’objet pédophile

Nous émettons l’hypothèse qu’un choix d’objet pédophile prévalent, une fixation à la pédophilie assortie de fantasmes, seront retrouvés plus fréquemment chez les sujets structurés sur le mode de la perversion que chez les individus ayant des traits pervers. III.1.7.2. La relation d’objet

a. Point commun :

Nous avons choisi de ne pas procéder à une mise à l’épreuve des caractéristiques de la relation d’objet (« objet ustensile » dans ses deux déclinaisons, « objet indifférent » / « objet dépendant ») communes aux états-limites et aux organisations perverses soulignées par Neau (2001) pour nous centrer davantage sur des éléments de différenciation relatifs à la relation mise en place avec la ou les victimes et l’aspect transféro-contre-transférentiel.

III.1.7.2.1. Analyse de la relation mise en place avec la victime à travers le discours du sujet

b. Différences :

-Dans la relation qu’a l’individu structuré sur le mode de la perversion avec l’enfant, il existe une « captation spéculaire » (Balier cité par Martorell et Coutanceau, 1998b) qui traduit une « recherche d’une relation spéculaire idéalisée avec la mère » (Bouchet- Kervella, 1996 a et b).

De fait, pour Balier, « le pédophile s’intéresse à l’enfant en fonction de ses caractères féminins » et Gourlaouen-Couton (2002, p.137-138) parle de « choix d’objet narcissique » chez le pervers : « l’individu s’identifie à sa mère à défaut de la prendre comme objet ».

Il y aurait là une confusion entre « érotisme et tendresse » selon Chagnon (2005).

Nous devrions ainsi identifier, selon Balier, la « puissance de la séduction qui aliène l’autre

dans le narcissisme de l’agresseur » en particulier, lorsqu’il s’agit de « pédophiles

latéralisés » agissant « sans violences corporelles et sans contraintes (ou dite telle) ». Cela renvoie en partie au concept d’emprise dans sa dimension érotisée décrit par Dorey (1981) qui se traduit par une tendance à la réduction de l’altérité et un déni du désir de l’autre.

-Chez les sujets ayant des traits pervers, nous supposons que l’altérité sera moins mise à mal et posons l’hypothèse que le déni du désir de l’autre et la tendance à la réduction de l’altérité seront moins fréquents dans ce groupe d’individus.

III.1.7.2.2. Relation transféro-contre-transférentielle

L’emprise étant caractéristique de la perversion (Chabert et Husain, In : Tychey (de), 2007), nous posons l’hypothèse qu’elle sera beaucoup plus forte, en particulier la dimension de déni du désir de l’autre (qui caractérise les pervers selon Chabert, ibidem) et davantage marquée par l’érotisation (Dorey, 1981) dans la relation transféro-contre- transférentielle avec les sujets structurés sur le mode de la perversion qu’avec les individus ayant des traits pervers.