• Aucun résultat trouvé

III. Méthodologie

III.5. Opérationnalisation des hypothèses

III.5.1.1 Imago maternelle et objet primaire

A. Point commun :

a. Rappel des hypothèses théoriques :

L’imago maternelle des auteurs d’agressions sexuelles en général serait dangereuse, phallique, toute-puissante ainsi que séductrice, excitante.

Elle ferait aussi l’objet d’une « double fantasmatisation » (« non manquante », « fétichisée » versus « castrée », « vacuitaire »).

L’« objet primaire […serait] manquant », « à peine présent et virtuellement menaçant ».

b. Opérationnalisation :

Ces aspects de l’imago maternelle peuvent apparaître dans les tests projectifs aux planches maternelles mais aussi éventuellement dans le discours du sujet -même si nous savons que les images conscientes ne correspondent pas forcément aux imagos inconscientes (Laplanche et Pontalis, 1981)- à travers les aspects qui concernent la mère ou un substitut maternel (paragraphes 1 et 2 du guide d’entretien).

Il s’agira en particulier de se centrer :

-pour l’imago maternelle, sur les planches 1, 7, 9 du Rorschach ainsi que sur le choix du sujet concernant la planche pouvant représenter sa mère et les planches 2, 5 et 6BM, 13B, 19 du TAT

-pour l’objet primaire :

-au Rorschach, il s’agit des mêmes planches que celles qui concernent l’imago

maternelle (planches 1 -relation à l’image maternelle, relations précoces au premier objet-, 7, 9 -références maternelles précoces-) mais la planche 9 ainsi que les planches 8 et 10 rendent, de plus, compte des contacts initiaux avec l’environnement relationnel.

-au TAT : là aussi la planche 19 est commune avec l’imago maternelle.

Les planches 11, 12BG et 19 réactivent une problématique pré génitale : selon Shentoub (1990), la planche 11 permet d’appréhender la relation à la mère archaïque et l’éventuelle élaboration des angoisses prégénitales ainsi que l’émergence de fantasmes archaïques ; la planche 12 BG met en jeu la différenciation des mondes interne / externe, l’expression des expériences prégénitales, avec une possibilité d’émergence d’objets partiels persécuteurs en cas de troubles majeurs de l’identité ; la planche 19 sollicite les capacités de différencier un contenant et un environnement, permettant la projection du bon et du mauvais objet, et peut susciter l’émergence de fantasmes phobogènes et des relations mettant l’accent sur l’intrusion, la persécution, la destruction, la mort lorsque les limites entre dedans et dehors ne sont pas fiables.

La planche 16 rend compte de la façon dont le sujet structure ses objets privilégiés et des relations qu’il entretient avec eux (selon Shentoub, 1990).

Les différentes caractéristiques de l’imago maternelle et de l’objet primaire peuvent s’opérationnaliser de la façon suivante :

-la dangerosité, l’aspect menaçant :

*imago maternelle : contenus renvoyant à un danger aux planches maternelles du Rorschach (1, 7, 9) et du TAT (2, 5 et 6BM, 13B et 19)

*objet primaire : cet aspect de l’objet primaire apparaîtra spécifiquement aux planches 11, 12BG, 16 et 19 du TAT et aux planches 1, 7, 8, 9 et 10 du Rorschach à travers des projections de dangerosité, de fantasmes archaïques non élaborés, d’intrusion, de persécution.

-les aspects phallique et tout-puissant :

attributs phalliques associés aux réponses maternelles du Rorschach et du TAT, réponses maternelles données aux planches phalliques (4 et 6 en particulier) du Rorschach, choix de la même planche pour représenter le père et la mère à ce test, mère représentant l’autorité figurée au TAT

-les caractéristiques séductrice et excitante :

contenus sexuels, objets partiels érotisés et érotisation associés aux représentations maternelles au Rorschach et au TAT

-le côté non manquant, fétichisé :

L’aspect non manquant, fétichisé de l’imago maternelle va, en grande partie, de paire avec les caractéristiques phallique et toute-puissante mais il peut aussi apparaître à travers des

contenus de type fétichiste, l’interprétation des détails blancs associés aux représentations maternelles, en particulier au Rorschach, l’idéalisation dans les deux tests et dans le discours.

-l’aspect castré, vacuitaire de l’imago maternelle / l’objet primaire manquant, virtuellement présent :

*imago maternelle et objet primaire : insistance sur le blanc, l’aspect lacunaire, le manque, représentations délitées, peu contenantes, inconsistantes, où les déterminants formels ont peu de place pour les réponses renvoyant à l’imago maternelle au Rorschach (planches 1, 7, 9) ou à la planche 19 du TAT.

Ainsi, selon Charbert (In : Ciavaldini, 2001), l’imago maternelle « est évoquée le plus souvent comme inconsistante, avec des contours flous […], comme un reste de présence, parfois aux limites du tangible […] ».

*imago maternelle : l’image consciente que le sujet donne de sa mère dans son discours (les

différents aspects cités ci-dessus peuvent apparaître dans la description qu’il fait de sa mère, des souvenirs qui lui sont associés, de la relation avec celle-ci), représentation défaillante de l’imago maternelle en particulier à la planche 13B du TAT, déqualification dans ces deux tests

*objet primaire :

-à la planche 16 du TAT à travers des réponses renvoyant au vide, au néant.

-incapacité à apaiser les angoisses qui renvoie à un objet primaire peu contenant : angoisses archaïques inélaborables aux planches 11, 12BG, 19 du TAT

Nous pouvons aussi déduire qu’il n’y a pas eu d’intériorisation du bon objet si seul un mauvais objet est projeté et qu’il existe une difficulté à séparer le bon et le mauvais objet à la planche 19 du TAT.

-l’aspect manquant de l’objet primaire peut être inféré à partir de la non élaboration de la position dépressive (qui sera développée plus loin) ou d’une fixation à l’oralité.

B. Différence :

a. Rappel de l’hypothèse théorique :

L’imago maternelle des pervers sera plus excitante, davantage érotisée que celle des individus ayant des traits pervers.

b. Opérationnalisation :

-Cela se traduira alors par un nombre d’éléments renvoyant à l’érotisation de l’imago maternelle plus nombreux chez les pervers que chez les individus ayant des traits pervers ainsi qu’une érotisation plus crue, dite directement.

-Cette érotisation se trouvera aussi sans censure dans le discours des sujets pervers concernant leur mère, ce qui sera moins fréquemment le cas chez les individus ayant des traits pervers.