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CHAPITRE I : Origines des politiques de réconciliation

5. Hypothèses

5.2 Méthodologie

Pour la réalisation de ce mémoire et pour assurer la rigueur scientifique de la recherche que nous avons effectuée, nous avons procédé comme suit :

- Les Politiques de réconciliation

Des politiques ont été ciblées dans la recherche pour nous permettre d’étudier l’application de la réconciliation. Trois grands projets ont été sélectionnés par pays et sont les suivantes :

- Pour l’Australie : la CAR de 1991 et RA de 2000, le rapport Bringing Them

Home et ses recommandations de 1997 et enfin le projet Closing the Gap on Indigenous Disadvantage de 2008 et son évolution jusqu’en 2018.

- Pour le Canada : l’Accord Kelowna de 2005, l’IRSS et ses composantes de 2006 et enfin les politiques du gouvernement Trudeau de 2015 à 2018.

Chaque politique a été choisie en fonction de sa pertinence dans le cadre de notre recherche et de la possibilité de comparaison finale. De plus, chacune d’entre elles a été lancée sous un gouvernement différent, ce qui assure la richesse de l’analyse. Pour l’étude des politiques, nous nous sommes intéressés au contexte dans lequel elles ont été instaurées, aux débats qui les ont entourées, aux budgets qui ont été débloqués pour leur application et à leur durée. Pour ce faire, nous avons fait nos recherches par le biais des sites gouvernementaux des deux pays ou en consultant les publications officielles disponibles dans les bibliothèques (Montréal). Pour l’Australie, pour appuyer notre propos, nous avons consulté des lois et projets de loi (comme pour le Northern Territory National Emergency Act 2007). Pour ce qui est de

Reconciliation Australia nous avons consulté les rapports de 1991 et 2016. Pour l’analyse de Closing the Gap nous nous sommes basés sur les publications gouvernementales de 2009,

2015 et 2018. Ces trois dates ont été choisies, car chaque rapport était publié par un gouvernement différent (Rudd pour le premier, Abbot pour le deuxième et Turnbull pour le dernier). Nous avons comparé les objectifs, discours, budgets et progressions ou régressions du projet par le biais des trois rapports choisis. Pour ce qui est du compte-rendu Bringing

Them Home, nous avons consulté l’ouvrage complet en ligne pour nous inspirer de l’impact

Pour le Canada, la même formule a été suivie. Nous avons consulté le compte-rendu des tables rondes qui ont mené à l’accord Kelowna afin d’établir un rapport sur ce qu’il était prévu d’instaurer. Ensuite, nous nous sommes penchés sur la CRRPI par le biais, également, des publications officielles. Afin d’approfondir quelque peu le sujet, nous avons également consulté les rapports des différentes branches qui le composaient ; le PEC, le PEI et la CVR. Enfin, en ce qui concerne les politiques du gouvernement Trudeau, nous avons étudié les documents ou publications gouvernementales concernant la DNUDPA et consulté les sites internet suivants ; l’AADNC, le Budget réconciliation de 2018, la RCAANC et le SAC. Toutes ces sources nous ont permis de recueillir les données nécessaires à la réalisation de notre étude sur les politiques de réconciliations. Cela permet de comprendre l’implication des politiques sur l’état actuel de la réconciliation et les influences que les partis ont eues sur le processus. Les discours étudiés en parallèle nous ont fait approfondir l’étude des opinions des différents partis sur la réconciliation. Le tout nous a permis d’évaluer l’impact des orientations politiques sur le processus et sera développé dans le quatrième chapitre.

- Discours politiques

En ce qui concerne l’analyse de discours, nous avons ciblé les débats parlementaires comme source de discours politiques. À cet effet, nous nous sommes basés sur les archives de la Chambre des représentants d’Australie et la Chambre des communes du Canada10. Dans un premier temps, au cours de la phase exploratoire, nous avions tenté de recenser les débats traitant de près ou de loin la réconciliation depuis les années 90 dans les deux pays. La profusion de débats touchant aux affaires autochtones depuis ces années nous a forcés à cibler un sujet précis pour répondre à notre question de recherche. Nous avons décidé de nous concentrer sur une thématique qui contient de nombreux objets d’analyse sur une période plus

10 Le travail se concentre exclusivement sur les discours prononcés par les députés des chambres représentatives

des deux pays. Ce choix est justifié par le fait qu’elles constituent des organes de représentation et à ce titre, les députés se doivent de défendre les intérêts et opinions de leur électorat. La réconciliation au sens large suppose une pacification des rapports entre communautés autochtones et le reste de la population des pays. Le Sénat, quant à lui, représente l’état et non la société civile. À travers l’analyse des différentes orientations politiques et opinions des députés sur les questions abordées, nous espérons donc pouvoir donner une idée des grandes opinions présentes au sein des sociétés australienne et canadienne. Nous pouvons de ce fait commenter et évaluer le travail à accomplir pour atteindre l’objectif de réconciliation dans les deux pays, selon les opinions présentes dans les sociétés.

restreinte, celle des excuses. Sachant que les excuses officielles des premiers ministres australien et canadien ont été prononcées la même année, nous avons exploré les débats à la Chambre sur cette thématique, avant et après la présentation des excuses officielle. La thématique choisie pour l’analyse de discours, nous avons procédé à notre collecte de données. Pour le cas de l’Australie, nos recherches préalables nous avaient montré l’accessibilité des débats parlementaires en ligne sur le site du gouvernement11. En connaissance de la date précise des excuses officielles, nous avons démarré les études en février 2008, après l’élection du gouvernement Rudd. Nous avons alors découvert que de nombreux députés s’étaient exprimés à la Chambre durant les séances plénières qui ont suivi le discours du premier ministre, pour présenter leurs propres excuses. En traversant la table des matières jour après jour, nous avons recensé toutes les déclarations intitulées : « Apologies to Australia’s Indigenous Peoples ». 68 députés, de tous les partis, ont prononcé un discours d’excuse à la Chambre entre le 13 et le 20 février 2008. Ces déclarations ont constitué notre base de données pour l’étude des discours sur la réconciliation en Australie.

Pour ce qui est du Canada, sur le même sujet des excuses, nous avons découvert qu’entre 2006 et 2008, l’année de présentation des excuses, le thème a été abordé à de nombreuses reprises à la Chambre. Le site officiel du parlement du Canada12 nous a permis d’accéder à tous les débats de la Chambre des communes. Nous avons commencé les recherches à la 39e législature, c’est-à-dire aux débuts du gouvernement Harper étant donné qu’il sera à l’initiative des excuses deux ans plus tard. Peu de mentions relatives aux excuses avaient été faites à la Chambre préalablement. Nous avons alors recensé tous les discours traitant des excuses par le biais du moteur de recherche du site avec les mots-clés suivants : « excuses officielles » et « pensionnats pour autochtones ». Nous avons regroupé et recensé 55 débats et déclarations entre le 7 novembre 2006 et le 12 juin 2008 ayant traité du sujet des excuses. De plus, au cours de nos recherches préalables, nous avions observé qu’un débat d’urgence sur le financement de la Fondation Autochtone de Guérison (FADG) avait eu lieu le 30 mars 2010.

11 Tous les débats et informations sur la Chambre des représentants d’Australie se trouvent sur le lien suivant :

https://www.aph.gov.au/Parliamentary_Business/Hansard/Hansreps_2011

12 Tous les débats de la Chambre des communes du Canada ont été trouvé par le biais du site officiel suivant :

Ce débat traitant des questions de réparation, nous trouvions plus que pertinent d’en faire la lecture et l’analyse pour observer le positionnement des partis sur la guérison, deux ans après les excuses officielles. Au cours de ce débat, 21 députés se sont prononcés. L’analyse des deux sujets, c’est-à-dire des excuses et du financement de la FADG, nous a permis d’avoir suffisamment de matière à analyser pour le cas du Canada, à comparer avec l’Australie. Suite à ces explications sur la première collecte de données, voyons désormais comment nous avons procédé pour l’analyse de celles-ci. Pour chaque pays, nous avons créé un tableau récapitulatif des discours comprenant la date, le sujet abordé, le nom du député ainsi que le parti dont il est membre et un résumé des arguments qu’il ou elle avance13. Nous avons, dans un premier temps, regardé combien de députés de droite et de gauche se sont exprimés sur les différentes questions. Ces observations nous ont aidés à distinguer la représentation, ou non, des différentes familles politiques dans certains débats. Nous avons ensuite procédé à une lecture par branche politique des tableaux. De ce fait, nous pouvions par exemple évaluer la manière dont la droite australienne s’est prononcée sur la question de compensations financières et les thèmes qu’elle a souhaité aborder, ou éviter, dans ce cadre. Cette partie du travail, tout à fait passionnante, a permis d’observer des liens, concordances et dissonances entre les discours. Des approches communes claires par parti politique sont rapidement ressorties de nos lectures, ce qui validait partiellement nos hypothèses et permettait la suite de l’analyse. L’abondance de sujets abordés dans le cadre des excuses officielles nous a fait plonger dans les différentes compréhensions et imaginaires de la réconciliation en Australie et au Canada. Le choix du vocabulaire, la similitude des opinions et des thèmes abordés, ou évités, nous ont permis de clarifier et quantifier les positions soutenues par les partis et leur approche de la réconciliation. Enfin, nous avons classé et sélectionné les grands thèmes abordés au cours des débats pour en faire une lecture générale en comparant les approches du centre-gauche et de la droite. Ces observations nous ont permis de dresser le portrait des opinions de chaque groupe politique en Australie et au Canada. À l’issue de cette démarche, nous avons pu faire une lecture générale des positions des grandes orientations politiques en Australie et au Canada sur le concept de réconciliation.

CHAPITRE II : Politiques de réconciliation en Australie