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Problématique, hypothèses et méthodologie de l’étude

4. Méthodologie de l’étude

4.1. Enquête par étude de cas

L’étude de cas comme méthode de recherche connaît une histoire un peu tourmentée, marquée par des périodes où elle a été beaucoup et aussi moins utilisée. Elle aurait des origines européennes, surtout françaises, d’après Tellis (1997). Aux Etats-Unis, elle a été la marque de fabrique du département de sociologie de l’Université de Chicago, entre 1900 et 1935, d’après le même auteur. C’est d’abord les médecins qui ont utilisé l’étude de cas « pour partager leurs critères de diagnostics et leurs façons de traiter les malades ». Par la suite, d’autres disciplines dont les sciences humaines et sociales ont eu recours à cette méthode, pas seulement comme outil pédagogique mais aussi comme méthode de recherche, notamment à la suite de Max Weber pour qui « les valeurs, les objectifs poursuivis par une personne, son interprétation des événements, sa façon de comprendre sa société renseignent sur la réalité sociale » (Kugler, 1996).

L’étude de cas relève des méthodes qualitatives. «Elle s’intéresse aux données descriptives comme le comportement des personnes ou des organisations », précise Kugler (1996, para. 3). Son utilisation rapprocherait le chercheur de l’ethnologue le poussant « à développer, en communication, ce qui a été développé par les sociologues : de la théorie ancrée dans la réalité (grounded theory) » (op. cit., para. 6). Plus modestement, le chercheur engagé dans les méthodes qualitatives s’oblige à « faire surgir le sens qui n’est jamais un donné immédiat et qui est toujours implicite et à la fois structurant et structuré, participant de manière diffuse à un ensemble de phénomènes ». (Mucchielli, op. cit., p. 206). Un moyen d’y arriver est d’utiliser l’étude de cas.

Il est impossible de parler de l’étude de cas sans se référer à Robert K. Yin (2012, 2009, 1984), auteur d’un classique sur le sujet. L’étude de cas est « une enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain en profondeur dans son contexte de vie réelle, spécialement quand les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas clairement évidentes » (1984, p.11 cité dans Collerette, 1997, p. 81). Pour cet auteur, cette méthode de recherche qu’est l’étude de cas est particulièrement adaptée pour s’interroger sur les phénomènes sur lesquels le chercheur n’a pas de prise ou de contrôle ou presque – c’est tout le contraire, dans le cas d’une expérience en laboratoire – et pour répondre à des questions de recherche essentiellement tournées vers le « comment » et le « pourquoi » des objets sous étude. Ce qui est précisément notre situation puisque les cas que nous allons étudier se sont déjà déroulés dans le passé, leur temporalité interne est close ; et nous voulons comprendre précisément « comment » ces pratiques de lobbying, c’est-à-dire d’influence des décideurs et des politiques publiques ont pu se produire, à quelle logique elles répondaient, sous quelles conditions elles ont pu se produire, etc. Mucchielli (2009) écrit justement que « la méthode de l’étude de cas consiste donc à rapporter une situation réelle prise dans son contexte, et à

l’analyser pour voir comment se manifestent et évoluent les phénomènes auxquels le chercheur s’intéresse » (op. cit., p. 91).

On pourrait se demander ce qu’est un « cas ». C’est « l’unité d’analyse »36

, répond (Yin, 2012, p. 7). Pour Stake (1994) un cas « est un système intégré » dont les composantes répondent à la dynamique qui lui est propre. « Un cas n’a pas à être un exemple de quelque chose ou un modèle à suivre ; c’est d’abord et avant tout un système comportant ses propres dynamiques qui demandent à être explicitées et qui feront l’objet d’une recherche méthodique », explicite Collerette (1997, p. 81). Plus concrètement, un cas peut être un individu, un événement, explique Yin (2009, p. 23) qui indique encore que « des études de cas ont été faites à propos de décisions, de programmes, de processus de mise en œuvre, de changement organisationnel » (Ibid.)37. Au total, le choix de l’unité d’analyse, autrement dit, du cas, se fait en fonction de ses objectifs de recherche. Et Yin explique qu’il est tout à fait possible de choisir un seul cas ou d’en prendre plusieurs.

Parce qu’elle « traite d’une situation comportant un grand nombre de traits typiques par rapport à un objet donné, fournissant ainsi une occasion d’étude à potentiel élevé » (Mucchielli, op. cit, p. 92), notre étude de cas répond aux critères définis par Stake (1994) pour l’étude de cas "instrumentale", c’est-à-dire « une situation qui comporte un grand nombre de traits typiques par rapport à l’objet d’étude, fournissant une occasion d’étude à potentiel élevé » (Collerette, op. cit, p. 84). Cet auteur soutient, en outre, que l’étude de cas instrumentale « est particulièrement indiquée dans les situations où le chercheur veut illustrer des phénomènes préalablement définis dans un modèle théorique » (Ibid.). A ce propos, nous voulons rappeler que, comme exposé dans notre problématique, nous voulons étudier les pratiques de lobbying par les ONG au Burkina Faso dans un cadre théorique global organisé « autour d’une « crisologie » générale », où « des évènements disruptifs focalisant l’attention publique » prennent place « au centre de la scène publique et médiatique ».

En tant que méthode de recherche, l’étude de cas ne fait pas l’unanimité. Il est généralement reproché à cette méthode de recherche son manque de rigueur, le risque de subjectivité ou encore la difficulté à générer des extrapolations. Toutefois, nous pensons qu’il est possible d’obtenir des résultats dignes d’intérêt. Une de ces règles concerne la « triangulation » de l’information (Yin, 1984 ; Zamanou et Glaser, 1989). La triangulation consiste en fait dans l’utilisation de plusieurs sources d’information : documents, archives, entrevues, observation directe, observation participante et des objets physiques. Par ailleurs, le chercheur doit constituer une banque d’informations à laquelle quiconque peut accéder, en cas de besoin : c’est la traçabilité des sources (Collerette, 1997). Enfin, le texte doit être soumis aux acteurs ayant vécu la situation afin de corriger les erreurs, les biais et enrichir les aspects qui auraient été oubliés (Mucchielli, op. cit, p.93).

En ce qui nous concerne, nous nous sommes efforcé de suivre ces règles. Pour chaque cas étudié, nous avons cherché à varier les sources d’information, en visant la

36 « The case serves as the main unit of analysis in a case study » (Traduction de l’auteur).

37 «Case studies have been done about decisions, programs, the implementation process and organizational

« saturation », en ayant recours à plusieurs personne interviewées pour le même cas sous étude, en vérifiant nos information auprès d’autres sources notamment médiatiques, mais aussi des éléments d’archives ou des productions concrètes comme des documents. On pourrait à présent se demander comment les cas ont été sélectionnés.

4.2. Echantillonnage : les cas à étudier

En étude de cas, Yin nous apprend que «le but de l’investigateur est d’enrichir et de généraliser des théories (généralisation analytique) et non d’énumérer des fréquences (généralisation statistique) » (1984, p. 21) »38.En conséquence, conclut Mucchielli « on ne peut pas juger de la valeur d’une étude de cas avec des critères de validité statistique » (op. cit, p. 92). Dans la même perspective, Collerette précise que l’étude de cas offre « plutôt une occasion pour observer, analyser des dynamiques et en extraire des conclusions susceptibles d’enrichir l’univers des connaissances » (op. cit., p. 81).

Au regard de toutes ces considérations, nous avons procédé à une sélection de cas à étudier par choix raisonné. Nous avons voulu multiplier les terrains d’étude, en choisissant quatre cas, pour augmenter nos chances de pouvoir identifier à la fois des constantes dans notre étude des pratiques de lobbying des ONG mais aussi d’éventuelles spécificités liées à la nature de la demande sociétale, en suivant ainsi des observations faites par des chercheurs dont Michalowitz (2007) et Anderson Macedo de Jesus (2010). Pour ceux-ci, en effet, il est plus difficile pour les groupes d’intérêt d’intervenir et de réussir sur les questions politiques sensibles que celles plus techniques. Suivant cette logique, il serait, par exemple, plus aisé d’obtenir un texte de loi qui consacre un quota pour permettre à plus de femmes d’être élues et de siéger au Parlement ou de devenir ministres dans un gouvernement que de faire voter un texte de loi qui limite le nombre de mandats présidentiels dans le cadre d’une démocratie qui ne l’est que de nom.

Notre sujet portant sur les ONG, ce sont elles qui ont fait l’objet des cas à étudier. Un critère majeur qui nous a guidé dans le choix des cas est que le cas étudié est connu de tous, pour avoir été l’objet de publication dans la presse. Il a constitué une « actualité » en son temps : c’est par ce biais qu’il a été porté à la connaissance du chercheur. Généralement c’est une ONG leader qui a conduit l’action. Dans notre exploration du sujet, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas une mais plusieurs autres associations ou ONG-sœurs qui ont été liées à l’action publique en question. Du coup, nous avons décidé, par souci de cohérence méthodologique, d’inclure pour chaque cas une ONG leader de l’action et d’interroger trois autres ONG ayant été associées au cas sous étude. Et c’est l’organisation leader qui, à notre demande, nous a proposé une série d’autres structures, dans laquelle nous avons puisé, par choix raisonné, au regard de l’antécédent desdits associés : avoir posé des actions semblables dans le passé et qui ont été relayées par la presse.

38

« The investigator’s goal is to expand and generalize theories (analytic generalization) and not to enumerate frequencies

C’est ainsi que dans les cas choisis, toutes les ONG sont réunies en réseau, de façon informelle dans trois des quatre cas investigués. Cela ne nous est pas apparu comme un défaut insurmontable puisque même sans avoir formalisé leurs relations, ces ONG ont mené des actions ensemble. Dans chacun des trois cas d’ONG réunies informellement en réseau (voir les numéros 1, 2 et 3 dans le tableau ci-dessous) nous avons interviewé quatre personnes, en recherchant la diversité des profils : le leader de la Coalition (ou l’ONG leader) et trois représentants du réseau ayant la qualité de membres. Dans le cas spécifique du réseau formalisé (soit, le n°4 dans le tableau ci-dessous), le même objectif de diversification des points de vue nous a guidé : nous avons interviewé le président du Conseil d’administration de la structure, pour recueillir le sentiment des dirigeants, le coordinateur du réseau pour nous imprégner de la vision du manager au quotidien de l’organisation et enfin, deux membres du réseau, pour les aspects liés au terrain).

Tableau n° 6 : Aperçu des 4 cas à étudier Domaine/

Secteur d’activité

ONG à l’initiative Qualité de l’interviewé Objet de la demande

sociétale ou objectif du lobbying

01 Santé Le Réseau Accès aux

Médicaments Essentiels (RAME)

1. Président du RAME

2. Représentant d’une association membre du RAME (Personne interviewée, le Président du

Conseil d’Administration de l’Association des Jeunes pour la Promotion des Orphelins (AJPO)

3. Représentant d’une association membre du RAME (Personne interviewée, le Président de

l’association AZET)

4. Représentant d’une association membre du RAME (Personne interviewée, le Président de

l’Association des Enfants et Jeunes Travailleurs du Kourwéogo, AEJTK)

Faire accéder les personnes malades du VIH/SIDA aux médicaments antirétroviraux (ARV)

02 Gouvernance

politique

La Coalition des Organisations de la Société civile

pour les réformes institutionnelles

et politiques

1. Porte-parole de la Coalition, (Personne

interviewée, un membre du Forum des Citoyens et Citoyennes de l’Alternance, FOCAL)

2. Membre de la Coalition, (Personne interviewée,

un membre du Centre pour l’éthique judiciaire, CEJ)

3. Membre de la Coalition (Personne interviewée,

un membre Mouvement Burkinabé pour l’Emergence de la Justice Sociale, MBEJUS)

4. Membre de la Coalition (Personne interviewée,

un membre du Centre pour la Gouvernance Démocratique, CGD)

Empêcher la modification de l’Article 37 de la Constitution, pour permettre une alternance politique après plus de 25 ans d’un régime qualifié de « dictature électorale »

03 Bonne Gouvernance Le Réseau national de lutte Anti-Corruption (Renlac)

1. Secrétaire exécutif du RENLAC (niveaux

managérial et opérationnel)

2. Représentant d’une association membre du RENLAC (Personne interviewée, un membre de

l’Association des Journalistes du Burkina, AJB)

3. Représentant d’une association membre du RENLAC (Personne interviewée, un membre du

Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement économique et social (GERDESS),

4. Représentant d’une association membre du RENLAC (Personne interviewée, un membre du

MBDHP, Mouvement Bukinabé des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP)

Faire voter un texte de loi qui sanctionne les cas de corruption 04 Environnement : hygiène-eau-assainissement Le Réseau RICHE (Réseau d’Information, et de Communication pour l’Hygiène, l’Eau potable et

l’assainissement)

1. Président du Conseil d’Administration du RICHE 2. Coordinateur du RICHE

3. Journaliste, Membre du réseau 4. Journaliste, Membre du réseau

Faire construire des latrines au bénéfice des populations démunies

4.3. Une enquête qualitative, avec guide d’entretien

Le présent travail consiste à décrire les pratiques de lobbying des ONG dans un environnement bien spécifique, celui du Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest ; nous voulons aussi comprendre les logiques à l’œuvre ou qui soutiennent les pratiques ou les actions posées. Dans cet objectif, nous avons fait le choix d’utiliser la méthode qualitative, par le biais des enquêtes. « Les enquêtes qualitatives consistent à interroger un petit nombre de personnes, qui s’expriment longuement, par entretien », affirme Pierre Brechon (2011, p.). « Les entretiens peuvent parfois être centrés sur une meilleure connaissance de ce qui s’est passé dans une séquence de temps en recoupant les informations livrées par les différents protagonistes. Mais il s’agit aussi souvent de comprendre les motivations des individus, ce qui les fait vivre et agir. À partir des paroles recueillies, on peut élaborer des conclusions sur les modes de raisonnement et les logiques à l’œuvre dans différentes catégories de population », soutient Brechon, 2011, p. 8).

Nous avons donc fait le choix de l’enquête qualitative dans la mesure où « sa finalité est de faire apparaître l’ensemble des facteurs qui fondent une opinion, un comportement ou une attitude » (Andrieu et Robinet, 1993, p.117).

Un guide d’entretien semi-structuré (voir en annexes) a été utilisé, bâti autour de quatre objectifs de recherche :

 Mieux connaître l’organisation interviewée (date de création, contexte de création, expérience passée dans l’influence des politiques publiques, etc.) et évaluer ses ressources propres (financières, organisationnelles, réseau de relations, niveau de représentation nationale, etc.) ;

 Rappeler le contexte de l’action d’influence menée par l’ONG et mesurer sa perception du niveau de responsivité des décideurs politiques aux demandes sociétales ;

 Identifier les stratégies et les moyens d’action utilisés par l’organisation ;

 Mettre en évidence le rôle et la place des médias ainsi que des événements et des crises dans l’action publique posée par les ONG.

Le guide d’entretien avait vraiment son sens de « guide » en ce sens qu’une réponse donnée pouvait faire l’objet d’une question non initialement prévue. Et nous évitions de rester prisonniers du guide, comme on peut le constater à travers le verbatim disponible en annexes.

Au total 16 entretiens dont quatre entretiens par cas sélectionné ont été réalisés, entre octobre 2013 et janvier 2014. En moyenne, les entretiens duraient entre une heure et une heure trente minutes. Ils ont été tous conduits par nous-même, à Ouagadougou, dans un lieu déterminé de commun accord avec l’interviewé. Toutes les interviews ont été enregistrées sur dictaphone numérique et téléphone portable, avec l’accord des personnes interviewées. Tous les entretiens ont tous été entièrement retranscrits, soit par nous-même, soit par des proches à

qui nous l’avions demandé. Nous avons relu toutes les retranscriptions nous-même et vérifié la concordance avec les sources d’origine.

4.4. Méthode d’analyse des données

Quelle méthode choisir pour analyser nos matériaux essentiellement composés d’entretiens ? Comment accéder à la signification profonde des messages émis par nos sources et comment les interpréter, à la lumière de notre problématique et de nos hypothèses de travail ? De fait, nous sommes d’avis avec Roger Mucchielli que « tout document parlé, écrit ou sensoriel contient potentiellement une quantité d’informations sur la personne qui en est l’auteur, sur le groupe auquel elle appartient, sur les faits et événements qui y sont relatés, sur les effets recherchés par la présentation de l’information, sur le monde ou sur le secteur du réel dont il est question » (1984, p. 17).

Le discours produit par les personnes interviewées nous a paru un support sur lequel pouvait s’exercer une analyse de contenu. Cette méthode d’analyse a été définie par Bardin comme « un ensemble de techniques d'analyse des communications visant, par des procédures systématiques et objectives de description du contenu des énoncés, à obtenir des indicateurs (quantitatifs ou non) permettant l'inférence de connaissances relatives aux conditions de production/réception (variables inférées) de ces énoncés» (1977, p.43).

Comme notre objectif de recherche est de découvrir la signification liée aux propos tenus, notre intention a été de procéder à une « analyse des « signifiés » (Bardin, 1983, p.35), il nous est apparu qu’une analyse thématique du contenu était le mode d’analyse le plus approprié pour « comprendre les communications au-delà de leurs significations premières » (Pourtois et Desmet, 1988, p. 197). A ce sujet, Bardin soutient que « faire une analyse thématique consiste à repérer des « noyaux de sens » qui composent la communication et dont la présence ou la fréquence d’apparition pourront signifier quelque chose pour l’objectif analytique choisi ». Dans le même sens, Negura soutient que « le but de l'analyse thématique comme méthode d'analyse de contenu est de repérer les unités sémantiques qui constituent l'univers discursif de l’énoncé » (2006, para. 11).

Il va de soi que « le thème » se trouve au centre de la méthode d’analyse de contenu thématique. « La notion de thème, largement utilisée en analyse thématique, écrit Bardin (1983, p.104), est propre à l’analyse de contenu. Berelson (1952) définissait le thème comme : « une affirmation sur un sujet. C’est-à-dire une phrase, ou une phrase composée, habituellement un résumé ou une phrase condensée, sous laquelle un vaste ensemble de formulations singulières peuvent être affectées ». Pour Negura, « les thèmes sont des unités sémantiques de base » (op. cit, para.12).

Mais comment faire alors l’analyse de contenu ? « Une analyse de contenu consiste à lire un corpus, fragment par fragment, pour en définir le contenu en le codant selon des catégories qui peuvent être construites et améliorées au cours de la lecture », indiquent Fallery

et Rodhain (2007, p. 20). Les catégories, précise Bardin « sont des rubriques ou classes qui rassemblent un groupe d’éléments (unités d’enregistrement dans le cas de l’analyse de contenu) sous un titre générique, rassemblement effectué en raison des caractères communs de ces éléments » (op. cit, p.118). La catégorisation, nous dit toujours Bardin (op. cit, p.119) se fait en deux étapes : l’inventaire, en isolant les éléments ; et la classification, en cherchant à imposer une certaine organisation aux messages.

En réalité, dans la description de l’organisation de la méthode de l’analyse proposée par Bardin (1983), le codage et la catégorisation relèvent de la deuxième phase dite de l’« exploitation du matériel », intervenant juste après celle de la « préanalyse ». Ce premier moment de l’analyse consacre l’organisation technique du matériel notamment par le choix des documents à analyser ; mais l’analyste amorce également un premier accès à la signification des énoncés, par la lecture « flottante » des textes pour laisser « venir à soi des impressions, des orientations ».

La troisième et dernière partie de l’organisation de l’analyse est consacrée au traitement des résultats obtenus et à leur interprétation. Il s’agit fondamentalement de faire « parler » les résultats bruts auxquels l’analyste est parvenu. Des épreuves statistiques et des tests de validité peuvent être appliquées dans le cadre d’une approche quantitative, mais in fine, l’objectif consiste alors à « proposer des inférences et avancer des interprétations à propos des objectifs prévus ou concernant d’autres découvertes imprévues » (Bardin, op. cit, p.100).

Le prochain chapitre présente les résultats obtenus des analyses thématiques de contenu que nous avons appliquées pour chacun des quatre cas étudiés.

Chapitre 4 :