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Méthodologie de la modélisation structurelle

La modélisation comme moyen d’étude de la terminologie

1.2. La modélisation en linguistique

1.2.2. Modélisation structurelle des syntagmes terminologiques

1.2.2.1. Méthodologie de la modélisation structurelle

1.2.2.1.1. Définition du modèle structurel d’un terme

Outre la définition générale de modèle, il existe en linguistique des définitions qui considèrent le modèle comme « exemple » qui sert de standard pour la reproduction, « type »,

« schéma », « structure » etc. (Jarceva 1990 : 305).

Par analogie aux groupes de mots « lexicalement pleins », les modèles syntaxiques reflètent le plus haut niveau d’abstraction grammaticale ; ils forment un système ouvert et représentent la généralisation d’une quantité infinie de syntagmes ou de propositions potentiellement existants (Sadovskij 1974 : 58).

On peut définir les modèles des syntagmes terminologiques comme des structures de groupes de mots qui indiquent la position, la nature grammaticale et les corrélations des éléments qui les composent.

La modélisation des termes est surtout intéressante pour l’étude et la comparaison des terminologies de différentes langues : en passant des unités terminologiques à leurs modèles, on se retrouve à un niveau plus élevé d’abstraction qui permet d’observer les particularités de distribution des termes entrant dans les mêmes types de construction, et de comparer l’organisation grammaticale des unités lexicales.

La variabilité de l’utilisation des modèles peut dépendre des principes qui régissent la formation des groupes de mots, de la particularité de la structure du texte, du contexte et d’autres facteurs. Mais un corpus important et l’étude de sources différents assurera la

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fiabilité des données. Les termes doivent être choisis dans des textes pour étudier leur fonctionnement et leur répartition dans le discours du droit. En outre, les termes à plusieurs composants sont rarement consignés dans les dictionnaires.

1.2.2.1.2. Procédés de modélisation

En général, on modélise les liens morphologiques entre les éléments du groupe de mots. Cela est dû au fait que le groupe de mots est par nature surtout morphologique, parce qu’il résulte des particularités syntagmatiques et la valence des lexèmes, et non des termes d’une proposition. C’est pourquoi les structures grammaticales des groupes de mots sont modélisées par des symboles qui désignent les parties du discours et montrent leurs places dans le groupe de mots.

Les modèles ont la plupart du temps l’aspect suivant : Union Européenne N+A ou bien N A

Les lexèmes sont représentés par des symboles alphabétiques qui renvoient à leur classe grammaticale (partie du discours), le signe « + » qui marque la linéarité des éléments lexicaux pouvant être omis. Les prépositions sont reproduites en toutes lettres :

contrat de prêt N+de+N ou bien N DE N

Ces modèles sont très explicites quand on a un groupe syntagmatique formé de deux composants. Dans les modèles représentés ci-dessus, N est surordonné à A et dans le deuxième exemple, le deuxième N est relié par une relation de subordination au premier à l’aide de préposition de.

Mais si le nombre de composants est plus élevé ? Si le terme complexe comprend plus de quatre composants et si les mots subordonnés ne sont pas en contact direct avec le mot principal ? Si c’est un modèle correspondant de l’autre langue (le cas du russe, langue synthétique où l’ordre de mots est variable) où le modèle N+N ne nous montre pas quelle est la tête de syntagme ?

D. Candel, P. Marchaudon et V. Todédano ont utilisé les modèles des termes dans leur étude des aspects du groupe nominal dans l’activité définitoire des scientifiques. La modélisation leur a permis de faire des analyses statistiques. Ils ont choisi une modélisation qui ne montre pas explicitement les liens syntaxiques. Par exemple :

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N ADJ ADJ PAR N pour réseau logique programmable par l’utilisateur

A notre avis, présenter les prépositions et les conjonctions de la même manière ne révèle pas l’organisation grammaticale complètement différente du terme :

N A N ADJ ET N ADJ pour aéronef à décollage court et atterrissage vertical (Candel, Marchaudon & Todédano 2001 : 22). Cette présentation ne rend pas compte des relations syntaxiques à l’intérieur du terme (dépendance d’une part, coordination d’autre part).

J.-L. Sourioux et P. Lerat (1975 : 29-31) énumèrent les schémas usuels de formation des termes juridiques en français, qui correspondent aux caractéristiques normales des vocabulaires techniques : substantif + adjectif de relation (administration pénitentiaire) ; substantif + de + substantif (frais de justice, bureau d’aide judiciaire); substantif + de + article défini + substantif (accident du travail, Organisation des Nations Unies) ; séquences figées (jugement par défaut, descente sur les lieux). Ces schémas comprennent l’information détaillée sur le type d’adjectif (adjectif de relation), sur l’utilisation ou non de l’article défini.

Tous les composants ne trouvent pas leur place dans les schémas, l’accent fait sur la structure de base. Toutes autres structures que les trois présentées, comprenant des prépositions différentes, semblent être réunies sous le groupe « séquences figées » sans préciser leur formation.

1.2.2.1.3. Symboles utilisés dans les modèles

Le modèle que nous proposons peut servir à atteindre plus d’objectifs et semble plus adapté à des recherches en terminologie comparée ainsi qu’à l’enseignement de langue étrangère spécialisée.

La modélisation structurelle des termes juridiques du français et du russe a été effectuée en tenant compte de la classe grammaticale des éléments qui composent les syntagmes terminologiques, de la position des éléments et de leur relation syntaxique. Pour la modélisation, nous avons utilisé les symboles qui reflètent la classe grammaticale du mot ou les particularités de sa structure (voir Tableau 1.1). Les mêmes symboles ont été utilisés pour les modèles des termes russe et français pour faciliter la comparaison. Les relations syntaxiques sont marquées par des flèches orientées du mot principal vers le mot subordonné. Les prépositions sont au-dessus des flèches. Les articles ne sont pas représentés

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dans les modèles parce que c’est un élément de la langue qui d’une part dépend du contexte et d’autre part dépend des exigences purement grammaticales.

Tableau 1.1 – Principaux symboles des modèles structurels32

S Substantif

Scomp Substantif composé

Ab Abréviation

A Adjectif

Acomp Adjectif composé

V Verbe

G Gérondif

P Participe

Adv Pr

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