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Méthodes relatives

Dans le document écologique des milieux naturels (Page 172-179)

13 Insectes/Généralités Fiche 13

3. Méthodes relatives

Dans le cas des méthodes relatives, le nombre d’individus ne peut pas être rapporté à un volume ou une surface donnée. Il ne peut être comparé qu’avec un autre nombre obtenu dans les mêmes conditions.

La chasse à vue en est une des principales composantes. Elle est souvent utilisée pour les études rapides, car elle est très simple à mettre en application. De plus, de bons résultats sont obtenus pour beaucoup de groupes recherchés, en particulier les espèces diurnes, de grande taille et volantes comme les libellules ou les papillons.

Certaines espèces, en particulier parmi les orthoptères*, peuvent être de plus détectées à l’oreille, par la reconnaissance des stridulations d’appel des mâles, ou à l’aide de matériel approprié (enregistreurs d’ultrasons par exemple).

Enfin, les techniques de piégeage sont aussi très utilisées en entomologie. Il en existe différents types.

a) Les pièges d’interception

Ils interceptent aléatoirement les insectes en mouvement. L’usage d’un liquide collecteur permet la mort rapide ; l’ajout d’un détergent mouillant (agent tensioactif) permet de diminuer la tension superficielle en surface du liquide et facilite l’immersion et la noyade. Les principaux pièges d’interception sont :

- disposés au sol - Il s’agit de pots-pièges ou pièges Barber (ou encore pitfall trap, figures 32 et 33), des contenants (type pot à confiture, boîte de conserves, gobelet) enfoncés dans le sol.

Les insectes qui y tombent ne peuvent en sortir.

N’importe quel contenant aux parois lisses (verre ou plastique) pourra faire l’affaire. Le système peut être recouvert avec un couvercle pour éviter le remplissage par l’eau de pluie et avec un grillage à maille assez large pour éviter la mortalité d’autres espèces non ciblées (micromammifères, amphibiens, reptiles).

Aspirateur à bouche

Pot-piège à insectes inopérant

(rebord au-dessus du niveau du sol) Figure 17 Pot-piège efficace

Figure 31

Figure 32 Figure 33

ASPIRATION

- disposés en aérien - Cela peut être des pièges

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adhésifs (dispositif en plaque recouverte de glu destinée à retenir les insectes qui s’y collent ou la percutent), ou des pièges à vitres (figure 34).

Ces pièges à vitres interceptent en vol des insectes particulièrement mobiles qui ont un vol lourd et présentent un géotactisme positif lors du choc avec un obstacle : ils se laissent tomber (coléoptères surtout). Un réceptacle est placé sous la surface d’interception ; plusieurs formes existent.

- piège Malaise (figure 35) - Il est constitué d’une structure en forme de tente en tissu finement maillé, dont les côtés sont ouverts, et avec un plan central vertical orientant les insectes vers un toit conique muni d’un dispositif de récolte.

Il capture majoritairement des diptères* et des hyménoptères*.

Son coût est d’environ 230 €, pour une durée de vie de 3 à 5 ans, les rayons ultraviolets rendant la toile cassante.

- disposés dans l’eau - Ce sont des nasses cylindriques formées de bouteilles en plastique dont le tiers supérieur aura été découpé et retourné vers l’intérieur de façon à former un entonnoir, ou réalisées à partir de grillage à maille fine avec

deux cônes à chaque extrémité. Ce type de nasse peut être éventuellement muni de flotteurs afin de permettre la respiration et d’éviter la mortalité de certains individus capturés.

Aspirateur à bouche

Pièges à vitres

Piège Malaise

Figure 34

Figure 35

Détail flacon

Vue de face Récipient collecteur

Entonnoir Vitres

Support (branche)

Vue d’ensemble du piège Malaise

INSECTES GÉNÉRALITÉS

O. Delzons

b) Les pièges attractifs

Dans ces pièges, la capture est basée sur l’at-traction active des individus, en réponse à des stimuli physiques ou chimiques. Les insectes recon-naissent ces pièges comme source alimentaire, conditions microclimatiques meilleures, présence d’un partenaire ou d’un habitat.

On distingue :

• les abris artificiels - Ce sont des leurres pour l’insecte lors de sa phase de recherche d’un abri, d’un site de nidification ou de ponte. Il permet d’échantillonner une espèce particulière (par exemple : tube scellé par de la cire d’abeille inséré dans une planche en bois, pour hyménoptères solitaires). Ce type d’abri peut également être adapté aux insectes aquatiques (substrats artificiels).

• les pièges basés sur un stimulus chimique - les pièges sexuels - Ils sont basés sur la réponse des mâles à l’émission d’une phéromone par la femelle avant l’accouplement ;

- les pièges appâtés - Ils sont basés sur un stimulus d’ordre alimentaire. L’appât peut être constitué de diverses substances, selon les groupes ciblés. Il peut s’agir de cadavres en décomposition, de crevettes, d’abats, d’escargots écrasés pour les nécrophages ou les carnassiers, d’excréments (bouse ou crottin), de plantes mellifères ou nectarifères (pot de lavande par exemple), de substances fermentées (bière, vin), de substances sucrées (sucre, miel, fruits), de substances synthétiques ou naturelles pour les xylophages (éthanol, benzyl acétate, térébenthine, alpha-pinène). Ce type de piège, de faible coût, fabriqué par exemple à partir d’une bouteille en plastique, et très efficace pour de nombreux groupes d’insectes, est largement utilisé, notamment en forêt (figure 36).

• les pièges attractifs basés sur un stimulus visuel

- les pièges chromo-attractifs - Ce sont des plateaux colorés, remplis d’eau et de produit mouillant, qui mimeraient des fleurs et attirent surtout des insectes héliophiles* et floricoles*.

Leur efficacité dépend de la couleur (jaune, blanc, bleu) et de la taille du plateau, de l’ouverture du milieu, de la hauteur de placement du piège.

D’autres types de piège, de forme verticale et de couleur sombre, sont utilisés pour la capture de xylophiles* ;

- les pièges lumineux - C’est une source lumineuse qui attire les insectes. Cette méthode est donc à utiliser de nuit, de préférence avec une luminosité lunaire faible. Les insectes sont attirés par certaines longueurs d’ondes lumineuses qui se situent entre 320 et 400 nm, mais la majorité des insectes sont surtout attirés par les longueurs

d’ondes qui se situent entre 350 et 370 nm, ce qui correspond à des rayons UV (ondes courtes).

Ces longueurs d’ondes lumineuses sont obtenues avec des néons de type blb (black-light-blue/

lumière noire bleutée) ou bl (black-light/lumière noire) ou d’autres types de lampe comme une lampe au mercure (lumière blanche très vive) par une lampe d’appel située en hauteur qui émet des fréquences lumineuses de 350 à 540 nm. Un drap blanc tendu réceptionne les insectes, attirés par une lampe d’appel. Plusieurs configurations sont possibles, comme par exemple une lampe d’appel de 400 watts + deux lampes de 400 watts au niveau du drap, ou une lampe d’appel de 400 watts + deux lampes de 250 watts au niveau du drap, ou pas de lampe d’appel mais deux lampes de 400 watts au niveau du drap ou encore pas de lampe d’appel mais une lampe au niveau du drap (figure 37).

Exemples de pièges appâts

Figure 36

INSECTES

GÉNÉRALITÉS

13

Pour terminer, signalons l’utilisation de pièges composites, combinant diverses techniques de piégeage, et permettant de capturer le spectre le plus large possible. L’efficacité peut être augmentée grâce à la mise en œuvre d’une complémentarité et d’une synergie des principes.

Pour exemple, le Piège entomologique composite (PEC, ROBERT, 1992) (figure 38) peut échantillonner une très grande variété d’insectes, parmi les insectes à géotactisme positif et négatif, les insectes marcheurs et les insectes floricoles.

c) Les pièges à émergence

Les insectes présentent des stades successifs, d’abord œufs, puis larves (plusieurs stades et éventuellement un stade nymphal), et une phase adulte ou imaginale, qui succède à la larve après l’émergence (mue imaginale). Beaucoup de groupes sont connus sous leur forme adulte,

mais beaucoup moins sous leur forme larvaire. De plus, l’identification des espèces repose souvent sur l’analyse des pièces génitales matures. Les larves, qui pourtant représentent une proportion considérable du cycle de vie des insectes, ne sont souvent pas reconnaissables au niveau de l’espèce. La capture d’insectes adultes est donc Exemples de pièges appâts

Schéma d’un piège lumineux

Éphémère

Piège entomologique composite, schéma de principe (d’après roBert, 1992).

Figure 37

Figure 38

Lampe d’appel

Ballasts

Flacon de récolte

1 m Voile en

tergal

Toile moustiquaire (une autre toile, perpendiculaire à la première, n’est pas représentée) Rampe d’accès

pour faune marcheuse

Bac à eau jaune

Bâche de sol 220 Volts

Drap blanc

INSECTES GÉNÉRALITÉS

B. Frochot

souvent préférable, voire absolument nécessaire, pour permettre de différencier les espèces.

L’élevage de larves permet de récolter des adultes.

Par exemple, une pièce de bois mort enveloppée hermétiquement peut être stockée (voir [fiche 17]

figure 39). Seul un faible interstice laisse passer la lumière. Les insectes, une fois adultes (ce qui prend des mois, voire des années), sont attirés par la lumière et sortent par cet orifice pour tomber dans un récipient collecteur placé à cet effet. Ce genre de piège, utile notamment pour les espèces vivant dans des milieux difficiles d’accès (bois mort, milieu aquatique, cadavres, etc.), nécessite une logistique importante et ne fournit des résultats exploitables que sur le long terme.

Si l’ensemble du substrat est placé dans le piège à émergence (un champignon, par exemple), les résultats obtenus peuvent être considérés comme absolus. La taille et les caractéristiques des milieux échantillonnés rendent souvent nécessaire une approche relative (une branche morte enveloppée in situ sur un arbre, des pièges de surface restreinte en milieu aquatique, etc.).

Choix et mise en œuvre des méthodes

Le choix de la méthode ou des méthodes utilisées est étroitement lié aux groupes d’insectes

étudiés : les études se focalisent généralement sur un (ou plusieurs) groupe(s) d’insectes, au sens systématique (libellules, par exemple) ou au sens écologique (insectes du bois mort, par exemple).

Les conditions météorologiques ont une forte influence sur l’activité des insectes. Il est donc nécessaire de tenir compte de ce paramètre lors des sorties sur le terrain. De plus, beaucoup d’espèces ne sont pas actives toute l’année, et les observations portent souvent prioritairement sur le stade adulte (insectes volants), qui ne sont parfois visibles que quelques semaines par an.

Il est donc important d’ajuster les campagnes d’échantillonnage en fonction de ces aspects et des variations observables localement ou d’une année sur l’autre. À ce titre, pour réduire le biais induit par les variations annuelles, qui peuvent être très fortes, il est souvent nécessaire de reproduire le protocole sur plusieurs années (3 à 5 ans généralement) afin de se rapprocher d’une vision la plus exhaustive possible du groupe étudié. Le nombre d’années d’études successives pour prétendre à l’exhaustivité est aussi variable en fonction du protocole et de son efficacité : 8 à 10 ans pour la chasse à vue, 5 à 8 ans pour les pièges colorés, 3 ans pour des plateaux colorés couplés avec des tentes Malaise.

Caractéristiques d’application des méthodes d’inventaire entomologique

Méthodes

milieux Tous les milieux Tous les milieux

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milieux Tous les milieux Tous les milieux

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INSECTES

GÉNÉRALITÉS

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R. Lecomte (Encem)

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