négligeable des équilibres trophiques.
Comme prédateurs, ils régulent une partie de l’entomofaune des zones humides. Comme proies, ils contribuent au maintien et au développement d’autres espèces animales. Ils sont, dans ce sens, de bons indicateurs et leur présence est un indice sûr de la richesse faunistique des eaux douces. D’après D’AGUILAR ET DOMMANGET (1998), bien que beaucoup d’entre elles soient
opportunistes quant à la nature et aux conditions de l’habitat colonisé, les libellules doivent être tenues pour de bons témoins biologiques, notamment dans les milieux lentiques* (eaux stagnantes, comme les mares et étangs) où l’évolution qualitative et quantitative de leur peuplement doit être pris en considération.
De plus, les libellules sont pratiques à utiliser en bio-indication car :
• leur biologie et leur biogéographie sont bien connues ;
• leur identification est facile au regard de celle des autres invertébrés aquatiques ;
• leur prise en compte entraîne celle des autres groupes aux exigences écologiques similaires ou proches ;
• leurs exigences, différentes de celles des vertébrés, donnent des informations complémentaires aux résultats amenés par d’autres mé-thodes ;
• elles peuvent mettre en évidence l’intérêt de certains microhabitats difficilement évalués (suintements, gouilles des tourbières à sphaignes).
LES ODONATES
Les odonates, plus connus sous le nom de libellules, figurent parmi les insectes les plus fréquemment étudiés, en raison de leur valeur patrimoniale et de leur place dans les écosystèmes*, couplées avec un stade aérien voyant et actif, dont les biologies et les écologies sont bien connues.
R. Lecomte (Encem)
14
ODONATES
Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale Cependant, l’apport d’informations sur
l’autochtonie des espèces par l’étude des imagos d’odonates est à relativiser. En effet, certaines espèces à forte capacité de déplacement peuvent simplement être observées en passage sur le site d’étude sans que ces dernières l’utilisent pour se reproduire ou même chasser. Ce type d’observation est donc à prendre avec précaution et il sera important de les compléter par des relevés relatifs au comportement des individus pouvant préciser l’information apportée : observation de pontes, accouplement, comportement territorial…
La mise en place d’inventaires des larves ou de récoltes d’exuvies permettra de compléter l’information en assurant la reproduction sur le site
des espèces identifiées [fiche 12 macroinvertébrés aquatiques].
La méthode des imagos* (adultes) est la plus simple des méthodes. La capture se fait à l’aide d’un filet à papillons (30 cm de diamètre, manche de 130 cm, avec une poche longue en tissu léger et solide). Certaines espèces peuvent éventuellement être reconnues à vue, ou avec des jumelles, ou encore sur photos. Cependant, il est souvent nécessaire de manipuler les insectes pour apprécier certains détails (genitalias*, motifs de l’abdomen, cellules des ailes), en recourant au besoin à une loupe, ce qui justifie pleinement l’utilisation de filets.
Les campagnes de chasse seront réparties en trois (ou deux) passages, idéalement en mai et en août/septembre.
La recherche d’imagos pourra être complétée par une recherche et une récolte d’exuvies à travers soit des prospections systématiques de l’ensemble des berges des zones en eau (mares, cours d’eau, plans d’eau), soit un échantillonnage de ces dernières avec parcours de transects de longueur ou de durée fixe, ce qui permettra de
réaliser un suivi standardisé d’année en année.
Dans les deux cas, lorsque cela est possible, une prospection à partir de l’eau (en embarcation si possible) permettra un meilleur repérage des exuvies tout en limitant le piétinement des berges.
Des pièges à émergence pourront également être posés pour simplifier les recherches d’exuvies. Ces pièges peuvent toutefois être assez sélectifs sur les espèces inventoriées selon leur positionnement. Ils peuvent par exemple être constitués d’un morceau de grillage fixé sur un piquet de façon à être en partie émergé et en partie immergé et placé dans l’eau à proximité de la berge. Ce grillage constitue alors un support sur lequel les larves d’odonates se fixent au moment de l’émergence et laissent leur exuvie après avoir accompli leur transformation. Il suffit ensuite de récupérer l’ensemble des exuvies présentes sur le piège. Pour plus de renseignements sur ce type de pièges, la fiche consacrée aux macroinvertébrés aquatiques [fiche 12] peut être consultée.
MÉTHODES
Exuvie Sympetrum sanguineum Lestes dyras
P. Gourdain (MNHN/SPN)
O. Delzons O. Delzons O. Delzons
Périodicité des relevés des odonates
Inventaire Suivi Période Conditions
Durée minimale 3 ans au minimum Tous les ans Années consécutives
Habitats lentiques*
(eaux stagnantes) Nombre de visites par an Habitat larvaire
Imagos 6 1 ou 2 Mai à octobre
10 h 30 - 15 h 30, temps ensoleillé, vent faible, températures > 18 °C & <
30 °C sous abri Exuvies
Émergences 2 ou 3 1 ou 2 Mai à juillet 8 h 30 - 12 h, temps non
pluvieux, vent faible
Larves 0 ou 1 0 ou 1 Toute l’année
Le matin de préférence afin de permettre rapidement la mise en élevage des larves Habitats lotiques*
(eaux courantes) Nombre de visites par an Habitat larvaire
Imagos 4 1 ou 2 Juin à
septembre
10 h 30 - 15 h 30, temps ensoleillé, vent faible, températures > 18 °C & <
30 °C sous abri Exuvies
Émergences 1 ou 2 1 ou 2 Mai à juillet 8 h 30 - 12 h, temps non
pluvieux, vent faible
Larves 0 ou 1 0 ou 1 Toute l’année
Le matin de préférence, afin de permettre rapidement la mise en élevage des larves
Environnement terrestre du site
étudié Nombre de visites par an
Habitats terrestres (zones d’alimentation, d’abri,
de repos, espèces crépusculaires, etc.)
Imagos 4 0 Mai à
décembre
7 h à 22 h, temps chaud et ensoleillé
D’après www.libellules.org : http://www.libellules.org/fra/fra_index.php. Les informations et périodes sont données à titre indicatif et doivent être adaptées selon les types d’études et les caractéristiques du milieu étudié (altitude, situation climatique, etc.).
Le calendrier ci-dessous précise les périodes de prospection les plus favorables pour l’étude des odonates.
Défavorable
PÉRIODES DE PROSPECTION
J F M A M J JL AO S O N D
Très favorable Favorable Peu favorable Assez favorable
Odonates Tableau 18
ODONATES
14
Inventaire Suivi Période Conditions
Durée minimale 3 ans au minimum Tous les ans Années consécutives
Habitats lentiques*
(eaux stagnantes) Nombre de visites par an Habitat larvaire
Imagos 6 1 ou 2 Mai à octobre
10 h 30 - 15 h 30, temps ensoleillé, vent faible, températures > 18 °C & <
30 °C sous abri Exuvies
Émergences 2 ou 3 1 ou 2 Mai à juillet 8 h 30 - 12 h, temps non
pluvieux, vent faible
Larves 0 ou 1 0 ou 1 Toute l’année
Le matin de préférence afin de permettre rapidement la mise en élevage des larves Habitats lotiques*
(eaux courantes) Nombre de visites par an Habitat larvaire
Imagos 4 1 ou 2 Juin à
septembre
10 h 30 - 15 h 30, temps ensoleillé, vent faible, températures > 18 °C & <
30 °C sous abri Exuvies
Émergences 1 ou 2 1 ou 2 Mai à juillet 8 h 30 - 12 h, temps non
pluvieux, vent faible
Larves 0 ou 1 0 ou 1 Toute l’année
Le matin de préférence, afin de permettre rapidement la mise en élevage des larves
Environnement terrestre du site
étudié Nombre de visites par an
Habitats terrestres (zones d’alimentation, d’abri,
de repos, espèces crépusculaires, etc.)
Imagos 4 0 Mai à
décembre
7 h à 22 h, temps chaud et ensoleillé
Caractéristiques d’application des méthodes d’inventaire des odonates
Méthodes
Inventaire des odonates (larves exclues)
Chasse à vue Recherche d’exuvies Pièges à émergence Domaines
d’application Tous les milieux Zones humides Zones humides
Limites
Météo Choix des périodes
de passage Pas de preuve certaine de
reproduction sur le site
Recherche longue
requises ++ en entomologie +++ en entomologie ++ en entomologie Coûts + et selon nombre de
passages
++
(travail en laboratoire) +++
BIBLIOGRAPHIE
D’AGUILAR J., DOMMANGET J.L. – Guide des libellules d’Europe et d’Afrique du nord. – Éd. Delachaux et Niestlé, 1998 – Les guides du naturaliste.
DOMMANGET J.L. et al. – Document préparatoire à une Liste Rouge des Odonates en France métropolitaine complétée par la liste des espèces à suivi prioritaire. – Société française d’odonatologie (SFO), 2008-2012 – Rapport non publié.
GRAND D., BOUDOT J.P. – Les libellules de France, Belgique et Luxembourg. – Mèze : Biotope, 2006 – Collection Parthénope.
JOLIvET S. – Intérêt de l’échantillonnage des exuvies pour
l’étude et la gestion conservatoire des Odonates. Inventaire et cartographie des invertébrés comme contribution à la gestion des milieux naturels français. Actes du séminaire tenu à Besançon les 8, 9 et 10 juillet 1999. – Paris : Patrimoines naturels, 1999 – p. 217-218.
PONT B., FATON J.M., PISSAvIN S. – Protocole de suivi à long terme des peuplements de macrophytes aquatiques et d’odonates comme descripteurs de fonctionnement des hydrosystèmes. Programme test sur 17 Réserves Naturelles ou Réserves Naturelles Volontaires de France. – RNF, 1999.
Tableau 19
ODONATES
Sympetrum fonscolombii
O. Delzons
15
R. Lecomte (Encem)