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CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE

Dans le document écologique des milieux naturels (Page 106-110)

renouvellement des écosystèmes. Spécifiques à chaque espèce, ces continuités sont formées de réservoirs de biodiversité reliés entre eux par des corridors continus (linéaires) ou discontinus (pas japonais) (fig. 18 et 19)

La modification du paysage peut af-fecter le déplacement des espèces dans la mesure où ces continuités sont touchées. Par exemple, le comblement des fossés empêchera les échanges des poissons entre les plans d’eau ; l’arrachage de haies isolera les diffé-rentes populations de plantes. C’est donc à l’échelle du paysage que doit

être évaluée la manière dont le site perturbe ou favorise le déplacement des espèces.

Les projets d’aménagement peuvent modifier les différents éléments du paysage et influencer de cette façon le fonctionnement des continuités éco-logiques.

Fonctionnement des réseaux écologiques/continuités écologiques

‘‘pas japonais’’ M. Debailleul

M. Debailleul J. Gourvil

MÉTHODES

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CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE

La valeur écologique du site s’évalue ici à un ni-veau plus global, c’est-à-dire à l’échelle du pay-sage. L’étude du site, de son environnement et des continuités permet de mieux comprendre sa contri-bution au fonctionnement du réseau écologique.

Il existe différentes méthodes permettant d’évaluer la connectivité d’un paysage ou l’effet d’un projet d’aménagement sur les continuités écologiques.

Deux méthodes sont ici décrites, de la moins coû-teuse/précise à la plus coûcoû-teuse/précise.

Méthode 1 - Évaluation de la connectivité potentielle

Cette méthode consiste à évaluer la manière dont le projet relie ou fragmente les réseaux écolo-giques à partir d’une analyse spatiale des milieux et des capacités de déplacement des espèces cibles.

Étape 1 - Définition des réseaux cibles /espèces cibles – collecte de données L’utilisation d’espèces cibles ou de cortèges d’es-pèces permet d’affiner l’appréciation de la valeur du réseau écologique, suivant son utilisation qui est propre à chaque cortège (voir tableau 4).

Avant tout, les réseaux cibles doivent être définis en fonction des enjeux environnementaux locaux.

Il s’agit de mettre en lien les capacités de dépla-cement des espèces cibles avec l’occupation du sol sur le site et à ses abords, afin d’identifier les continuités et les barrières limitant le déplacement de ces espèces. Afin de déterminer les espèces cibles et leurs milieux associés, les données à col-lecter sont reprises au tableau 4.

En l’absence d’enjeu particulier, il est conseillé d’identifier la présence des réseaux suivants : - forestier - forêts, zones arborées ou

buisson-nantes, prairies et cultures proches des lisières ; - agricole extensif - prairies, pâturages,

bo-cages,cultures isolées ;

- prairial - prairies, pâturages, bocages, vergers ;

- réseau de zones humides - marais, prairies et cultures en zones alluviales ;

- aquatique - cours d’eau et divers types de plans d’eau du réseau hydrographique.

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Objectifs Données à collecter Sources

Définition des espèces à

en-jeux (espèces patrimoniales…) Inventaire des espèces et inventaire des milieux

Inventaires issus des zonages environnementaux (Natura 2000, ZNIEFF…), collectivités, associations naturalistes

Délimitation des réservoirs de biodiversité

Inventaire des espèces et inventaire des milieux

Zonages environnementaux (Natura 2000, ZNIEFF…)

Identification des continuités et des barrières

Capacités de

déplace-ment des espèces cibles Bibliographie, experts

Occupation du sol

Conseils régionaux, établissements publics (PNR) Numérisation manuelle sur fond cartographique (IGN, Google Earth)

Définitions des réseaux cibles/espèces cibles

Tableau 4

Étape 2 - Identification des barrières

Deux outils peuvent être utilisés pour identifier les réseaux écologiques et les barrières pour chaque espèce cible ou cortège d’espèces.

- Outil 1 : photo-interprétation et dire d’expert. Connaissant les milieux favorables et défavorables pour le déplacement de l’espèce cible, on identifie à dire d’expert les zones préférentielles de déplacement (les réseaux écologiques) ainsi que les barrières.

- Outil 2 : calcul du coût de déplacement. Il s’agit d’estimer le coût de déplacement d’un animal, suivant la distance à parcourir entre un compartiment 1 et un compartiment 2, et selon le coefficient de résistance du milieu.

Ce coefficient est attribué à chaque milieu, suivant le type de continuum considéré.

Par exemple, un lac aura un coefficient de résistance faible pour un continuum « zones humides », et un coefficient de résistance très fort pour un continuum « zones thermophiles ».

Cette méthode est plus précise.

Méthode 2 - Évaluation de la connectivité réelle

La méthode précédente permet de définir a priori le fonctionnement des réseaux écologiques

et d’identifier les barrières supposées au déplacement des espèces considérées. Cette méthode évalue donc la connectivité potentielle du paysage.

Évaluer la connectivité réelle consiste à mesurer des déplacements réels d’espèces au niveau du paysage. Cette méthode est utile lorsqu’on cherche à évaluer la perméabilité d’un élément particulier du paysage tel qu’une carrière. Deux grandes familles d’outils sont employées à ce sujet.

- Outil 1 : observation directe des mouvements.

À l’aide de technique de capture-marquage-recapture ou de suivi des déplacements par télémétrie ou mise en place de pièges photographiques, il est possible de suivre en temps réel le déplacement des espèces à travers un paysage ou un élément du paysage. On en déduit ainsi la perméabilité du paysage pour l’espèce/le cortège d’espèce cible.

- Outil 2 : comparaison des distances génétiques. En comparant les distances génétiques entre plusieurs populations d’une même espèce, il est possible d’évaluer le nombre de migrants entre chacune des populations et en déduire ainsi la perméabilité du paysage ou de l’élément considéré (fig. 20).

La présence d’un élément du paysage (disque grisé) séparant deux populations « a » et « b » d’une même espèce peut être - cas 1 : fragmentant si les deux populations n’échangent aucun individu ; cas 2 : perméable si les deux populations échangent des individus.

Figure 10 Cas 2 - Perméabilité

Figure 20

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Valeur bio-indicatrice de quelques groupes de faune dans l’analyse des éléments constituant un réseau

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écologique régional (d’après Berthoud, 2001)

Valeur bio-indicatrice du groupe : Tableau 4

Population B

BIBLIOGRAPHIE

BERTHOUD G. – Les corridors biologiques en Isère – Projet de réseau écologique départemental de l’Isère (REDI) – Conseil général de l’Isère, 2001.

CALABRESE J.M., FAGAN W.F. – A comparison-shopper’s guide to connectivity metrics. – Front. Ecol. Envi-ron, 2004 – 2(10), p. 529-536.

ECONAT S.A. – Les corridors biologiques en Isère – Projet de réseau écologique départemental de l’Isère (REDI). 2001.

FLAvENOT T. – Évaluation de l’effet des carrières de granulats sur la connectivité du paysage. – Paris : Thèse de doctorat – Muséum national d’Histoire naturelle. 2014.

GIRAULT v. – Mise en œuvre de corridors écologiques et/ou biologiques sur le territoire des parcs naturels régionaux. – Éd. Parcs Naturels Régionaux de France, 2005.

Groupes bio-indicateurs :

Chevreuils sangliers Musaraignes chamois, cerfs, tétras Mustélidés hérissons Lièvres, perdrix Reptiles xérophiles, orthoptères, lépidoptères Reptiles mésohydrophiles, batraciens Insectes et oiseaux aquatiques, odonates Chiroptères, hirondelles

Continuums : Forêts de basse altitude (< 1000 m) Forêts + pâturages d’altitude (> 1000 m) Agricole extensif Prairial extensif thermophile Prairial marécageux Aquatiques (étangs et cours d’eau)

Rocheux de basse altitude (< 1000 m) Structures paysagères : Lisières forestières, haies

Talus, coteaux ensoleillés Vallons, coteaux ombragés Cours d’eau Végétation riveraine

Crêtes sommitales Espaces interforestiers

Très bonne Bonne Faible à nulle Tableau 5

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