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Pour avoir une vision la plus exhaustive possible, nous avons privilégié plusieurs manières d’analyser ces récits biographiques. L’objectif de ces multiples voies d’accès permet de saisir l’objet d’étude sous des dimensions différentes bien que complémentaires.

Nous avons procédé à deux types d’analyse des entretiens de recherches, d’une part une analyse horizontale incluant tous les sujets en appliquant l’analyse de contenu de Bardin (2007) qui permet une analyse thématique transversale ; d’autre part, une analyse verticale par la méthode de l’étude de cas telle qu’elle est pratiquée en psychologie, mais également inspirée de l’IPA (analyse phénoménologique interprétative) (Antoine & Smith, 2016; Brocki & Wearden, 2006; Choudhry, Park, Golden, & Bokharey, 2017; Eatough & Smith, 2006; Restivo, Julian-Reynier, & Apostolidis, 2018; Shinebourne, 2011).

II.5.1.- Étape initiale : la retranscription

Le matériel enregistré a fait l’objet d’une écoute attentive, répétée, prenant plusieurs heures pour obtenir chaque retranscription de façon intégrale et fidèle dans la langue utilisée. Les mahorais ont été traduits in vivo en français par le médiateur et dans l’écoute des bandes audio. Nous avons donc le double langage à la fois mahorais et français du traducteur qui avait pour consigne de faire du mot à mot. En ce qui concerne les entretiens en créole, c’est une langue de tradition orale issue d’influences du français, du malgache, du tamoul et de l’indo portugais, qui est en constante mutation. Depuis les années 1980, différentes graphies existent sans qu’aucune ne se soit véritablement imposée. Quatre guérisseurs ont par ailleurs employé des termes indiens ou malgaches dans leur récit qui nous étaient inconnus et que nous avons écrit de manière phonétique pour pourvoir faire une recherche de signification dans l’après-coup.

Pour que nous puissions travailler de concert avec notre directrice sur ces écrits, nous avons fait le choix d’une version « francisée » c’est-à-dire en essayant de perdre le moins possible les tournures créoles du récit, en gardant certains mots créoles difficiles à traduire, tout en mettant les termes en français. Dans le même souci de compréhension, nous avons choisi dans la rédaction de la thèse, une écriture du créole étymologique proche du phonème français, mais au plus près du parlé. Tous les mots créoles sont écrits en italique.

imprégner pour une analyse fine car une première lecture seule ne suffisait pas. Cela a permis par ailleurs d’enrichir les notes de l’atmosphère de la rencontre prise en suivant. Par la suite, les nombreuses relectures nous ont permis de surligner, commenter, regrouper les idées principales contenues dans chaque texte. Ainsi, nous avons pu mettre en évidence de grandes thématiques, favorisant de ce fait l’analyse aussi bien horizontale que verticale.

II.5.2.- Analyse horizontale : l’analyse de contenu

L’analyse de contenu (ADC) de Bardin (2007) est une méthode systématisée permettant une analyse transversale détaillée et précise concernant les thématiques présentes dans le récit. Bardin (2007) définit l’analyse de contenu comme :

Un ensemble de techniques d'analyse de communication visant, par des procédures systématiques et objectives de description du contenu des messages, à obtenir des indicateurs (quantitatifs ou non) permettant l'inférence de connaissances relatives aux conditions de production/réception (variables inférées) de ces messages (Bardin, 2007, p. 47).

Bardin développe l’idée que l’analyse de contenu possède deux fonctions, d’une part, une « ADC pour voir » c’est-à-dire ayant une « fonction heuristique », elle enrichit de cette manière le tâtonnement exploratoire et augmente l’inclination à la découverte ; d’autre part, une « ADC pour prouver », autrement dit ayant une « fonction d’administration de la preuve » qui permet l’infirmation ou la confirmation des hypothèses de départ (Bardin, 2007, p. 33).

Par là-même, cette méthode s’intéresse au sens des propos recueillis mettant en exergue de façon objective les significations contenues dans les retranscriptions, d’en trouver le sens caché, le contenu latent à l’arrière-plan du contenu manifeste (Bardin, 2007; Michelat, 1975). L’ADC envisage, par conséquent, d’identifier et de mettre à jour les différents thèmes présents dans les retranscriptions de manière horizontale, c’est-à-dire dans ce cas, communs à plusieurs guérisseurs pour pouvoir les catégoriser indépendamment de la forme du discours. Elle s’organise en trois étapes : la pré-analyse, l’exploitation des documents, le traitement et l’interprétation (Wanlin, 2007) pour lesquelles nous avons travaillé en étroite collaboration avec notre directrice de recherche. II.5.2.1. La phase de pré-analyse

Durant cette première phase, nous avons opté pour des documents retranscrits à analyser, c’est ainsi que nous en avons éliminé un qui ne correspondait pas au troisième critère d’inclusion, à savoir qui ne se reconnaissait pas en tant que guérisseur. Nous avons

décidé par ailleurs de refaire un entretien, alors que le guérisseur était en transe lors du premier, pour qu’il soit dans des conditions similaires au reste de notre échantillon.

Nous avons alors procédé sur chacun des vingt et un récits sélectionnés à une prise de connaissance par une réécoute et une lecture flottante afin de nous imprégner du récit. Puis, pendant les relectures, nous avons essayé de repérer des unités de sens et commencé à identifier les thèmes abordés par le guérisseur sur la façon dont il parle de lui et comment il se reconstruit.

Nous avons par la suite pu regrouper ces thèmes et les organiser selon nos hypothèses, à chaque fois que le guérisseur s’exprimait sur son parcours et ses représentations personnelles, la façon dont il avait eu le don, son initiation, s’il avait eu des maladies spécifiques à ce devenir. Nous avons laissé de côté les descriptions qu’il pouvait faire en lien avec ses techniques n’intervenant pas dans sa construction identitaire. Nous avons ainsi pu dégager un certain nombre de thèmes en surlignant et annotant ces passages significatifs mis en avant par chacun d’eux.

Nous avons ainsi travaillé en co-cotation avec notre directrice sur chaque récit, un travail de confrontation et d’harmonisation de nos données afin de nous mettre d’accord sur les thèmes à retenir et à regrouper en catégories, ainsi que définir les thèmes principaux, majeurs et ceux secondaires peu développés par les guérisseurs. De cette manière, nous avons découpé le corpus en unités comparables en constituant des catégories sémantiques qui ont permis d’établir une grille de codage élaborée au fur et à mesure des lectures.

II.5.2.2. Deuxième phase : l’exploitation du matériel

Une grille d’analyse thématique manuelle a ainsi pu être élaborée dans laquelle les vingt et un entretiens ont été codés. Six grandes catégories ont été dégagées en fonction des unités sémantiques et en fonction des grands axes de nos entretiens. Les thèmes principaux concernent 1/ l’identité, 2/ le don, 3/ la métamorphose identitaire, 4/ l’enfance, 5/ les épreuves signifiantes, et 6/ la réinterprétation d’événements et la résilience. Chaque catégorie se décline en un certain nombre d’items ou de sous-thèmes pouvant ensuite fournir le codage des divers énoncés.

En focalisant ainsi le contenu sur la relation du guérisseur à son récit de vie, cette analyse permet de repérer et de catégoriser de manière transversale des thèmes communs aux vingt et un praticiens. Elle part du singulier, de l’histoire particulière de chacun pour trouver et dégager des éléments collectifs, des idées dans une démarche de généralisation des processus en jeu permettant de les penser de manière plus globale (Chahraoui &

Bénony, 2003).

De plus, cette grille dont la validation se passe en coopération avec notre directrice de thèse qui possède le regard externe d’un co-cotateur, permet l’introduction d’un tiers extérieur à la rencontre en posant un regard neutre et objectif sur les éléments du récit. Ces regards croisés autorisent l’objectivation des résultats recueillis et la possibilité de se décentrer par rapport à la subjectivité présente dans les relations.

II.5.2.3. Troisième phase : traitement et interprétation

La grille une fois complétée fournit la récurrence des thèmes, donnant ainsi une estimation statistique sur l’échantillon des vingt et un praticiens, permettant de cette manière d’analyser l’importance d’apparition de certains phénomènes. Bardin (2007) signale que procéder à une analyse thématique, c’est pouvoir repérer des « noyaux de sens » constituant la communication dont les occurrences pourront être significatives par rapport à l’objectif choisi.

Par ailleurs, elle permet d’interpréter les résultats en prenant appui sur le texte et en fournissant une lecture originale du corpus. Elle donne également un éclairage sur la valeur de nos hypothèses en les confirmant ou en les infirmant. De plus, ces interprétations se basent sur des résultats systématisés permettant de justifier la validité de notre argumentation à propos de la fabrication de ces maîtres des désordres réunionnais.

Cette analyse de contenu permet donc à partir d’entretiens singuliers d’obtenir des catégories communes au corpus de façon transversale et de savoir de quoi parlent les sujets (Chahraoui & Bénony, 2003). Cependant, ce type d’analyse souligne Bardin (2007), en découpant et catégorisant, va occulter une partie de la richesse des contenus individuels car la « manipulation thématique consiste à jeter l'ensemble des éléments signifiants dans une sorte de « sac à thèmes » détruisant définitivement l'architecture cognitive et affective des personnes singulières » (Bardin, 2007, p. 95).

II.5.3.- Analyse verticale : analyse phénoménologique et

narrative

Par conséquent, pour assurer un continuum méthodologique avec ces éléments qui sont sur un versant plus quantitatif bien que qualitatif, et dans un souci « d’adéquation entre la problématique de la recherche envisagée et la démarche méthodologique retenue »

(Ionescu & Blanchet, 2009), les options qui ont semblé les plus appropriées sont les recherches basées sur une analyse qualitative des entretiens des récits de vie des tradipraticiens en prenant appui sur l’étude de cas.

L’étude de cas constitue un outil méthodologique précieux en sciences humaines (Castro, 2009; Collerette, 1997; Gagnon, 2005; Pedinielli & Fernandez, 2011) car elle permet d’observer, de décrire et d’analyser des phénomènes, ainsi que les processus qui les composent à partir d’études de cas. Par ailleurs elle relie selon Castro (2009) la pratique de la psychologie clinique avec les aspects conceptuels de la discipline, l’enrichissant ou servant notamment à établir de nouvelles théories. À partir de cas singuliers, elle permet d’analyser des processus à la lumière d’apports théoriques et/ou de soulever des questionnements à travers un partage de connaissances. Elle est définie par Collerette (1996, 1997), comme « une technique particulière de cueillette, de mise en forme et de traitement de l’information qui cherche à rendre compte du caractère évolutif et complexe des phénomènes concernant un système social comportant ses propres dynamiques ».

Pour obtenir une analyse verticale et faire émerger les parcours individuels, nous avons utilisé deux types de méthodes :

D’une part, nous nous sommes inspirée de l’analyse phénoménologique interprétative (IPA) (Antoine & Smith, 2016) dans une approche narrative du récit intervenant dans l’identité (Hochmann, 2011; Michel, 2003; Ricoeur, 1990). Elle a été appliquée sur deux cas de façon à analyser de manière fine les processus de construction identitaire des guérisseurs.

D’autre part, nous avons fait une synthèse de chacun des entretiens réalisés, pour faire ressortir de chaque récit les grands thèmes abordés. Nous avons réalisé ainsi les vingt et un cas sous forme de vignettes cliniques permettant d’avoir une vision globale et exhaustive du corpus.

II.5.3.1. Présentation des données de l’IPA

L’IPA est une méthode relativement récente (1990), venant du Royaume-Uni qui a permis d’enrichir les méthodes qualitatives, notamment en psychologie de la santé et en psychologie clinique, en matière d’expérience de la maladie par le sujet. Ses fondements théoriques s’appuient sur trois piliers issus de la philosophie : la phénoménologie175,

175 Phénoménologie telle qu’initiée par Husserl qui a procuré à l’IPA une source pour comprendre, examiner

et analyser les expériences vécues (Meyor, 2007; Shinebourne, 2011). « L’objet à l’étude étant toujours un objet de l’expérience humaine, c’est le retour à la subjectivité qui importe. Le propre de l’exercice

l’herméneutique176 et l’idiographie177. Elle est particulièrement intéressante en ce qu’elle

s’attache à la façon dont les individus donnent du sens et interprètent les expériences qu’ils vivent à travers leur histoire de vie (Antoine & Smith, 2016; Brocki & Wearden, 2006; Restivo et al., 2018; Shinebourne, 2011), en restituant la parole du sujet et sa subjectivité.

Par ailleurs, l’IPA se réfère à une double herméneutique impliquant d’une part, la capacité du narrateur d’avoir accès à son expérience personnelle, de lui donner du sens et de la partager avec l’autre ; d’autre part, l’engagement et la capacité du chercheur pour faciliter et analyser la démarche de la personne (Antoine & Smith, 2016; Brocki & Wearden, 2006; Shinebourne, 2011). Elle s’effectue donc dans cet espace d’intersubjectivité, ce temps de rencontre autorisant la narration du récit de vie et l’élaboration du sens des événements y prenant part.

L’IPA prône une méthode d’entretien semi-directif qui permet au sujet cette narration de son vécu et de ses ressentis avec ses propres mots et du sens qu’il leur donne, l’objectif étant de comprendre les phénomènes étudiés à partir de cette perspective interne, subjective et singulière (Restivo et al., 2018). Elle procède d’une démarche inductive dont l’analyse va porter sur chaque cas de façon minutieuse et poussée.

Aussi, dans notre étude de récits biographiques des guérisseurs, elle est pertinente en permettant d’explorer « les bouleversements existentiels dont l’IPA vise l’exploration » (Antoine & Smith, 2016) et ainsi d’aller plus avant sur la compréhension du vécu et la mise en sens des événements de vie modifiant et transformant le parcours de chacun (Restivo et al., 2018). Elle est spécialement indiquée dans l’étude de cas, parfois unique comme dans l’étude de Eatough & Smith (2006) ou sur des échantillons restreints telle que pratiquée par Choudhry et al. (2017).

II.5.3.1.1. Les différentes étapes de l’IPA

L’IPA se décline en six étapes en plus de la phase de pré-analyse dans sa formalisation la plus récente (Antoine & Smith, 2016; Restivo et al., 2018) :

phénoménologique est l’ouverture et la considération à ce que le phénomène manifeste de lui-même, dans une mise entre parenthèses préalable des connaissances, biais personnels, préjugés, etc., du chercheur » (Meyor, 2007).

176 L’herméneutique se traduit dans l’IPA par une démarche interprétative active affirmée (Restivo, & al.,

2018, p. 430)

177 La démarche idiographique s’intéresse au particulier par contraste avec une démarche nomothétique. En

IPA cela se traduit par une analyse détaillée et approfondie pour comprendre comment un phénomène particulier est compris par des personnes particulières dans un contexte donné (Antoine & Smith, 2016).

L’étape de pré-analyse s’assure que l’IPA est en adéquation avec l’objet d’étude, qu’elle s’applique sur un échantillon pertinent, que le fondement même de l’IPA passant par l’expérience vécue du sujet et sa capacité à l’élaborer par le langage soit respecté et enfin que le matériel discursif recueilli soit suffisamment riche et détaillé pour mener une analyse verticale approfondie.

Première étape, écoute et lectures répétées : Lors de cette première étape les lectures multiples et l’écoute des bandes permettent une imprégnation et une immersion dans le monde du sujet. C’est une démarche compréhensive qui offre une vision globale de l’entretien.

Deuxième étape, les premières annotations : ces commentaires et notes initiales portent sur le discours du sujet, le langage utilisé, le contenu sémantique du discours et n’est pas encore la recherche de thèmes ou une quelconque interprétation. Ici ce sont les interrogations, les ressentis du chercheur qui sont notés pourvu qu’ils soient ancrés dans le récit.

Troisième étape, les thèmes émergents : à ce stade, le chercheur est dans une démarche interprétative et repère les thèmes contenus dans la narration en considérant les extraits du récit à un certain niveau d’abstraction. Les commentaires et notes prises auparavant peuvent servir de point d’appui.

Quatrième étape, liens entre les thèmes : dans un même récit, le chercheur va mettre en lien les thèmes émergents repérés dans l’étape précédente. Il va ainsi mettre en évidence les aspects les plus importants et les plus intéressants du récit en articulant les thèmes les uns aux autres, en les regroupant dans une structure nommée « clusters178 ».

Il est alors recommandé de passer à l’écriture des résultats même si cela doit être un premier jet rapide. Ainsi l’analyse verticale de l’entretien s’achève avec cette étape.

Étapes cinq et six : passer à l’analyse du cas suivant en refaisant les étapes une à quatre puis rechercher et établir des liens entre les différents entretiens analysés.

178 Cluster : de l’anglais signifiant grappe, groupe ou amas. Plus rarement dans le sens de faisceau,

II.5.3.1.2. Analyse phénoménologique de cas individuels

Nous avons donc fait le choix de deux études de cas qui nous ont semblées les plus pertinentes pour illustrer notre recherche. Elles ont été élaborées à partir de la méthodologie de l’IPA et analysées de façon détaillée et développée. Ces deux cas mettent en évidence les résultats les plus importants de l’étude, en faisant valoir les phénomènes et processus présents et amenant des éléments nouveaux sur les processus identitaires de ces spécialistes du sacré. Nous les avons soigneusement choisis car ils répondaient, d’une part à l’objectif principal de la recherche et, d’autre part ils offraient une narration riche des vécus et ressentis des phénomènes intervenant dans la construction identitaire.

Notre premier critère a porté sur la sélection des cas. Nous avons pris le parti de ne pas détailler des cas par trop semblables à ceux rapportés auparavant par les anthropologues (Andoche, 1995, 2002; Benoist, 1980, 1993; Dumas-Champion, 2008a; Hell, 2008; Pourchez, 2001). Nous n’avons pas voulu être redondant avec des études précédentes.

Notre deuxième critère a été de nous concentrer sur des guérisseurs d’un type nouveau, contemporains et plus jeunes, prenant la suite de leurs aînés. Ainsi, donner une description de La Réunion actuelle des guérisseurs devient-elle possible, sachant que les anciennes façons de procéder sont toujours d’actualité, aux côtés d’autres manières d’appréhender le soin. Par ailleurs, ce qui nous intéresse ici, c’est le vécu et la mise en sens de cette construction dans une Réunion moderne. Nous questionnons, d’une part le regard que portent ces guérisseurs sur leur expérience de transformation peut-être sensiblement différente de ce qui a déjà été décrit par le passé, et d’autre part comment ils composent avec des valeurs personnelles, familiales, traditionnelles et culturelles dans un monde contemporain où le scientifique et le médical font loi.

De même, il nous a semblé intéressant d’analyser le récit de guérisseurs qui se sont construits de manière un peu singulière dans un parcours de vie atypique, ainsi de nous laisser surprendre par l’inventivité et la créativité des individus empruntant des chemins peu fréquentés, voire traçant des voies inédites.

Enfin, si lors de nos résultats se révélait ce que Savoie-Zajc (2013) décrit comme un « contre cas ou cas négatif », ce cas « déviant » ferait l’objet d’une analyse attentive nous offrant de réinterpréter les autres cas, ou d’en modifier l’interprétation généralisée. De plus, il remettrait en question nos idées de départ et permettrait un dépassement de nos représentations et conceptions a priori dans une démarche de progrès scientifique (Savoie- Zajc, 2013).

II.5.3.2. Constitution des vingt et une synthèses cliniques

Pour avoir une vue exhaustive des vingt et un cas du corpus en fonction de nos grandes hypothèses, nous avons établi une synthèse de chacun de ces vingt et un récits de praticiens rencontrés. Nous avons utilisé la méthode d’étude de cas classique pratiquée en psychologie, enrichie de l’approche phénoménologique et narrative. Nous avons appliqué cette méthodologie aux récits de vie des praticiens en essayant de garder l’essentiel et les éléments les plus significatifs de ces parcours de vie. Ces vignettes cliniques nous brossent un tableau de l’ensemble du corpus en restant centré sur chaque entretien et la singularité de la rencontre dans laquelle le praticien nous a raconté la manière dont il s’est construit.