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Les personnes étudiantes ainsi que les personnes enseignantes nommées précédemment comme acteurs au sein du dispositif médiatisé sont amenées à entrer en relation au sein de l’ENA selon ce qui a été prévu par la personne enseignante au sein du dispositif d’apprentissage, soit en fonction du design pédagogique derrière l’agencement des composantes suivantes : ressources numériques, savoirs, personne étudiante et personne formatrice. Comme il a été suggéré précédemment, le fonctionnement du dispositif d’enseignement-apprentissage à distance s’appuie notamment sur les symboliques et rituels sociaux qui doivent être médiatisés à l’aide d’outils TIC. Il s’agirait entre autres de médiatiser nos comportements relationnels et socioaffectifs et de les communiquer aux personnes étudiantes efficacement (Peraya, 1999, dans Charlier et al., 2006). Le dispositif doit donc entre autres reprendre des symboles ou rituels sociaux qui rejoignent les personnes qui y prennent part pour favoriser la création de liens entre elles. Avant de définir plus en détail la médiation de type relationnel, nous aimerions revenir de manière plus détaillée sur le concept de médiation duquel celui-ci découle.

2.1 Média, médiation et médiatisation

La médiation est d’abord formée à partir du préfixe (média-), qui, selon Anderson (1988, dans Charlier, Deschryver et Peraya, 2006), « est une activité humaine distincte qui organise la réalité en textes lisibles en vue d’une action » (p.476). La notion de lisibilité du média fait ici référence au message qu’il sous-tend, mais aussi au geste posé en réaction à celui-ci par les individus qui le lisent. En d’autres termes, le média est produit par l’humain dans le but d’être lu, vu, entendu, mais celui-ci doit également être compris. La compréhension d’artefacts cognitifs, qui représentent l’idée qu’un individu se fait d’un objet d’apprentissage, est l’intermédiaire par lequel le savoir passe avant d’être intégré par les personnes étudiantes. Suivant cette logique de production et de compréhension d’un artefact médiatisé, la médiation permettrait de montrer comment celui-ci a eu une influence sur la façon dont les connaissances sont produites et communiquées (Ibid.). Elle est issue de la pensée cognitiviste qui prétend que l’humain doit se réaliser à travers une interaction entre lui-même, son milieu et les acteurs qui y œuvrent pour construire ses connaissances (Ibid.). Il est donc à noter qu’une tension existe entourant le concept de média : d’une part, se trouve la dimension praxéologique qui implique le fait de rendre numérique un texte et de le partager en vue de la réalisation d’une tâche en soutien à l’apprentissage, d’autre part, se présente un volet cognitif qui amène l’individu qui utilise le média à, avant tout, décoder les inférences à travers l’information présentée via le média. Ainsi, suivant la définition praxéologique du média, le concept de médiatisation a longtemps été présenté, comme l’ont souligné Peraya (1999) et Glickman (2002), comme la mise en format numérique, la représentation à l’aide de médias de l’information et de la communication des contenus de formation (Charlier, Deschryver et Peraya, 2006). Il est généralement associé au fait de concevoir et de sélectionner des ressources alors que le concept de médiation, aussi appelée médiation humaine ou médiation relationnelle, était plutôt lié à la communication entre la personne formatrice et la personne étudiante par le biais des supports numériques comme le courriel, le forum, les blogues ou autres (Barbot et Combès, 2006 ; Loisier, 2014). Cette distinction était réalisée dans le but de conscientiser les personnes formatrices

à l’aspect relationnel (médiation) de la communication qui représente un enjeu important pouvant être moins évident à traiter en formation à distance. Toutefois, ces mêmes auteurs relèvent un problème de compatibilité théorique avec le fait de restreindre la médiation et la médiatisation aux domaines auxquels ils se rattachent à priori, l’une étant humaine ; l’autre étant technologique. Étant donné que « certaines formes de médiation humaine sont médiatisées : le tutorat à distance, les dispositifs de communication synchrone ou asynchrone, les formes de téléprésence ou de présence à distance en sont de bons exemples. » (Ibid., p.477), elles impliquent l’usage d’outils TIC pour entrer en relation avec l’Autre. Par conséquent, la médiatisation représenterait plutôt, de manière générique, la mise en œuvre d’un dispositif de communication médiatisé et de chacune de ses composantes (Charlier et al., 2006), dont font notamment partie l’accompagnement pédagogique et les aspects communicationnels et relationnels (médiation humaine). Bref, le concept de médiation représenterait la relation pédagogique médiatisée entre la personne formatrice et les personnes étudiantes au sein du dispositif de formation. Ainsi, dans le but d’identifier les comportements à adopter pour communiquer avec les personnes étudiantes dans l’espoir de réduire la distance avec la personne enseignante et d’enrichir la relation pédagogique qui les unit, la prochaine section traite plus spécifiquement du concept de médiation relationnelle en FOAD qui se concentre sur la dimension sociale et affective de la relation pédagogique en formation à distance.

2.2 Dimension relationnelle

Le concept de médiation relationnelle prend entre autres ses origines dans les conceptions piagétiennes de l’apprentissage qui propose que le conflit cognitif occasionné par l’interaction sociale permette à la personne étudiante de cheminer durant son processus d’apprentissage (Brown, Metz et Campione, 1996). La confrontation des points de vue et les désaccords qui s’en suivent créent un état de déséquilibre cognitif propice à l’émergence d’un consensus au sein d’un groupe de personnes étudiantes, ce qui permet de produire une connaissance partagée qui restaure l’état d’équilibre cognitif. En d’autres

termes, nos représentations d’une réalité ou nos points de vue sur différents sujets sont mis en perspective lorsqu’on les confronte à ceux des autres. Toutefois, pour parvenir à un consensus lors de la confrontation des idées, les individus doivent préalablement établir un pacte social, soit un contrat implicite qui les lie les uns aux autres en vue de favoriser la communication et le respect entre ceux-ci et, de surcroit, pour rendre possible leur collaboration (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001). La notion de confrontation implique un engagement des individus émotionnellement dans la défense de leurs points de vue, de leurs idéaux (Loisier, 2014 ; Dussarps, 2014).

En formation à distance, l’interaction sociale, comme nous l’avons mentionné antérieurement, passe par une médiation technologique (médiatisation). Ainsi, pour favoriser les interactions sociales en FAD, et de surcroit, pour fournir un accompagnement pédagogique de qualité et soutenir les personnes étudiantes, la personne formatrice doit créer des liens avec celles-ci grâce aux ressources technologiques mises à sa disposition. Pour ce faire, selon Dionne et al. (1999), le soutien qu’elle offre aux personnes étudiantes doit répondre à des questions de divers ordres, notamment socioaffectif et motivationnel. Sur le plan affectif, le fait que les personnes étudiantes puissent percevoir la personne formatrice comme un humain qui possède ses intérêts, ses croyances et sa vision professionnelle et personnelle du contenu enseigné permet la création de liens entre celles- ci dans la mesure où ils reconnaissent des similarités avec leurs propres valeurs, croyances ou idéologies (Ibid.). Par ailleurs, par ses attitudes et par sa capacité d’expression, en l’occurrence écrite, de ses sentiments positifs à l’égard des personnes étudiantes et de leur cheminement au sein de leur processus d’apprentissage, elle envoie le message aux personnes étudiantes qu’elles ont une valeur à ses yeux, ce qui est susceptible d’avoir des impacts sur leur motivation et sur leur engagement, voire sur la qualité de ce qu’elles produisent dans le cadre du cours (Quintin et Masperi, 2010). Selon Dionne et al. (1999), la motivation est tributaire de la perception qu’un individu a de lui-même ainsi que de son environnement préalable à son engagement à accomplir une action. En se sentant soutenus par la personne formatrice sur le plan humain, elles seront tentées de s’engager avec plus

de confiance sur le plan cognitif notamment en percevant celle-ci comme une alliée et non uniquement comme une évaluatrice qui intervient à titre de personne correctrice des travaux produits.

En somme, la médiation relationnelle représente le moyen par lequel le pacte social entre les membres d’une même communauté de personnes étudiantes peut être conclu. Elle peut avoir une visée individuelle ou collective, c’est-à-dire qu’il peut renforcer le pacte entre deux individus ou entre les membres d’un groupe entier. Ce pacte social est étroitement lié au concept de présence sociale, voulant que la personne enseignante manifeste sa présence à distance afin de favoriser la cohésion sociale au sein du groupe et de faciliter la manifestation du soutien socioaffectif en FOAD de la part de chaque individu y prenant part. La section suivante présente le concept de présence sociale et aborde les manifestations possibles de cette présence.