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1. TYPE DE RECHERCHE

1.1 Ami(e) critique

Bien que les résultats et réflexions de notre recherche soient avant tout profitables directement à notre développement professionnel, considérant notre approche

méthodologique de type self-study, ils possèdent également une résonance collective qui pourrait éventuellement alimenter le développement professionnel d’une communauté de personnes praticiennes. En ce sens, la self-study research suppose que la création de connaissances ne peut être réalisée uniquement par la chercheure sans que celle-ci ne soit confrontée avec le point de vue externe d’un individu qu’on qualifie d’ami critique. L’ami critique est un individu qui partage une expérience terrain s’apparentant à la nôtre en termes de nature et qui possède une certaine connaissance du sujet de recherche (Lassonde, Galman et Kosnik, 2009). Il est mandaté pour nous renvoyer une image de nos résultats afin de guider notre réflexion relativement au développement de nouvelles connaissances. L’ami critique n’est pas présent pour réaliser un accord interjuge sur l’ensemble de nos données, mais pour nous confronter lors de l’étape de la présentation de l’analyse que nous avons faite de celles-ci de manière à enrichir à la fois notre interprétation et la discussion les entourant.

Dans le cadre de notre recherche, le traitement du concept d’ami critique a fait appel à deux agents humains et à un agent technologique. Dans un premier temps, nous avons réalisé un processus itératif d’identification de nos sous-catégorisations de marques de liance et d’alliance et nous avons été amenée à redéfinir celles-ci à la lumière des commentaires de nos directrices de recherche. Leurs commentaires ont alors été traités comme des données brutes qui servent à faire avancer l’analyse et la réflexion les entourant. Ce processus itératif est abordé plus en profondeur dans la section 5 du présent chapitre.

Dans un deuxième temps, nous reconnaissons que le traitement du concept d’ami critique dans le cadre de la présente recherche comporte une limite : celui-ci est représenté principalement par un agent technologique, soit le logiciel Nvivo 11. Celui-ci a facilité pour nous

[…] la manipulation des données et [nous a aidée] à dégager du sens à partir de sous-catégories, mais non selon une logique « de classification

automatique ou de cadre figé à l’avance » (Auger, 2006, p. 122). Les opérations de codification sont décidées par le chercheur et lui seul, l’objectif étant de produire une analyse, une interprétation et non « un catalogue d’idées ou de citations » (Auger, 2006, p. 124). Aussi, son choix est justifié pour faire une analyse qualitative de données qualitatives. (Krief et Zardet, 2013, paragr. 52)

Dans le cadre de notre recherche, les marques énonciatives codées à l’aide du logiciel Nvivo 11 ont fait l’objet d’un consensus préalable en ce qui concerne leur définition et les extraits représentatifs de celles-ci, ce qui diminue la marge interprétative de l’exercice de codage qui en a découlé. Considérant que nous sommes seule à analyser et interpréter l’intégralité des segments textuels codés à partir du cadre de Quintin et Masperi (2010), il devenait essentiel de valider notre compréhension des indicateurs de reliance qu’il contient au préalable auprès de nos directrices de recherche, comme nous l’avons souligné antérieurement. De plus, comme le suggèrent Rupelle et Mouricou (2009), nous avons veillé à la stabilité de notre codage en revisitant le contenu de chacun des codes12 à plusieurs reprises durant l’intégralité de la démarche pour nous assurer que la même logique de classification était poursuivie. Considérant que le portrait obtenu à la suite du traitement et de la représentation informatisée de nos données brutes était principalement de nature qualitative, mais aussi quantitative, nous avons utilisé le logiciel Nvivo pour traiter, tester, analyser et interpréter nos hypothèses (Rupelle et Mouricou, 2009; Krief et Zardet, 2013). Bref, compte tenu de la grande quantité de données brutes dont nous disposons, nous avons pu établir un portrait de notre usage des marques de reliance sociale pour en faire une analyse à partir de la synthèse de celles-ci réalisée par le logiciel sous forme de «tableaux de comptage des extraits codés en fonction de catégories ou d’attributs.» (Ibid., paragr. 52). Par la suite, lors de l’étape du traitement et de l’interprétation des données, la réalisation des requêtes informatisées dans Nvivo nous a permis de croiser des codes qui avaient préalablement été ciblés en fonction des constats, des hypothèses et des questionnements que nous avons eus à l’égard de nos interventions

écrites asynchrones pendant le processus de codage des données et que nous avons retranscrits au sein de notre journal de bord tout au long de celui-ci. Nous avons ensuite confronté nos hypothèses et constats aux résultats de nos requêtes de manière à fournir un éclairage sur l’ensemble de ceux-ci.

Nous sommes consciente qu’une limite de notre recherche est posée par l’absence d’une interprétation humaine d’un tiers parti pour l’ensemble des résultats de notre recherche, qui ne permet pas un dialogue verbal élaboré entourant l’interprétation et la discussion de ceux-ci sur chacun des segments contenant une ou plusieurs marques de reliance au sein de notre corpus de données. Néanmoins, l’exploitation des technologies constitue une approche originale de traitement de données permettant la production d’un portrait descriptif et statistique des résultats de recherche. Considérant ce que nous rappelle Auger (2006) au sujet du logiciel Nvivo, soit que «les opérations de codification sont décidées par le chercheur et lui seul, l’objectif étant de produire une analyse, une interprétation et non « un catalogue d’idées ou de citations » (Auger, 2006, p. 124, dans Krief et Zardet, 2013, paragr. 52), nous considérons que nos choix méthodologiques sont cohérents avec l’objectif de notre self-study research. Le logiciel nous renvoie une image des marques de reliance répertoriées au sein de nos interventions écrites asynchrones, ce qui nous amène à confirmer ou à infirmer nos hypothèses de recherche et à réfléchir à nos pratiques à partir de ces constats pour contribuer à notre développement professionnel. C’est pourquoi nous n’avons choisi d’avoir recours que partiellement à des agents humains en guise d’ami critique. En somme, nous avons utilisé les outils d’analyse qualitative et quantitative de Nvivo pour raffiner l’élaboration du portrait de nos marques de reliance sociale et pour confronter à ce portrait les hypothèses formulées dans notre journal de bord quant à l’usage complémentaire de certaines marques de reliance afin de témoigner de notre présence sociale aux personnes étudiantes à distance en mode asynchrone.

En somme, nous reconnaissons que la présente démarche méthodologique pourrait être préparatoire à une deuxième phase d’analyse réalisée en collaboration avec un ami

critique. Dans la section suivante, les modalités de collecte des données sont présentées en détail.