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La création de l’agriparc à l’épreuve

Agenda 21 Local : le guide des agriparcs (2009-2011)

L’Agenda 21 Local est lancé en 2009. Le guide des agriparcs est un des « éco-projets » portés par la CAM. C’est l’occasion, dans le fil des idées avancées dans le SCoT, de proposer un concept d’aménagement, le « parc agraire urbain », ou agriparc, qui aurait donc pour fonction de limiter l’étalement urbain. L’idée est de s’appuyer sur la profession agricole, de lui déléguer la gestion des espaces ouverts périurbains, favorisant ainsi au passage un renouvellement agricole correspondant mieux aux attentes de la ville, orientées d’après la CAM sur « l’agriculture respectueuse de l’environnement et les circuits courts ». La CAM veut montrer l’exemple en mobilisant de façon expérimentale son foncier privé, auquel peut s’ajouter le foncier en propriété des communes.

Un groupe de travail est lancé en 2009 par la CAM autour des agriparcs. Il est animé par le Bureau d’études (BE) en charge de la réalisation d’un « guide des agriparcs ». Il regroupe en partie le réseau d’acteurs pré-existant s’intéressant aux relations entre urbanisme et agriculture, le Groupe de travail urbanisme et agriculture (GTUA), la recherche (INRA, UMR Innovation), les techniciens de la CAM et les élus des communes intéressées (agriparcs envisagés initialement sur les communes de Clapiers, au sein de la vallée du Lez, et de Lavérune, à l’Ouest de Montpellier). Ponctuellement, des organisations agricoles porteuses d’innovations comme le CIVAM Bio 34 (agriculture biologique) ou le réseau héraultais des CIVAM (circuits courts, agritourisme), sont conviées. Ce groupe envisage l’agriparc comme un outil de gestion de l’interface urbain-rural, au service de la mise en œuvre de la notion d’armature d’espaces agricoles et naturels. Trois formes sont envisagées133 : (1) l’intégration à un projet urbain, avec du foncier en maîtrise publique (cas du Mas Nouguier, situé au sein

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de la ZAC des Grisettes : 18 ha d’agriparc sur des terres de la Ville de Montpellier) ; (2) la réalisation d’un parc périurbain (cas des 200 ha en propriété CD 34 du domaine de Restinclières (MDE), issu des investissements fonciers réalisés par le Département dans le cadre de sa gestion de la taxe sur les Espaces naturels sensibles (ENS). Ce foncier public en ENS est inaliénable ; (3) une interface ville – territoire : cas de l’agriparc de Viviers : des espaces de campagne aux franges de l’urbanisation, à valoriser, à intégrer à la ville (car le plan de secteur proposé par le SCoT ne semble pas suffire à pérenniser la vocation agricole de l’espace). Le cas de l’agriparc de Viviers m’intéresse car il est « prescrit » comme moyen d’exclure une part du foncier de la spéculation caractéristique du périurbain proche de villes en expansion rapide.

La DFAO, créée peu de temps avant (en 2005), fonctionne en relation étroite avec les notaires, les propriétaires fonciers et la SAFER. Elle cherche à constituer un portefeuille foncier, en lien avec les opérations prioritaires d’aménagement identifiées au sein du SCoT (comme par exemple les zones d’extension urbaine). Cette réserve foncière permet ensuite d’avoir « sous la main » un stock de terres disponibles pour un aménagement à venir (quelques mois après l’acquisition) ou différé (jusqu’à plus de dix années entre l’acquisition et l’aménagement) : Figure 33. Fonctionnement du Service Foncier de la CAM, interface avec la SAFER entre propriétaires fonciers et aménageurs.

Cette direction se retrouve en premier front dans la gestion des périmètres fortement impactés par les projets d’aménagement, en particulier les zones situées le long des principaux axes de circulation qui traversent le territoire entre l’Est et l’Ouest. Des exploitations agricoles situées sur la plaine fertile des communes de Fabrègues (à l’Ouest) à Saint Brès (à l’Est) sont impactées. La DFAO s’implique dans la recherche de compensations

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permettant aux agriculteurs intéressés de se délocaliser, de « déménager » pour un autre secteur de la CAM.

L’agriculture, une question viticole

Georges Frêche est le « patron » local jusqu’à son décès, survenu brusquement en octobre 2010. La CAM est alors gérée par Jean Pierre Moure, fidèle de Frêche, maire de la commune de Cournonsec (Encadré 3). Pendant ces deux mandats (le dernier de Frêche à la CAM, et celui de Moure, de 2010 à 2014), l’élu en charge de la viticulture reste Yvon Pellet, maire de Saint Géniès des Mourgues (Encadré 1).

Christophe Moralès, élu issu de la commune de Montpellier, est en charge de la coordination politique de l’Agenda 21 Local, en lien avec sa délégation à l’urbanisme. Il s’appuie comme les autres élus sur son collègue Yvon Pellet pour la mobilisation d’agriculteurs locaux.

Jean Pierre Moure : né en 1949, ancien cadre de La Poste, maire de la commune de Cournonsec depuis 1986 (3 234 hb en 2015, source Insee), conseiller général de l’Hérault (depuis 1998), il a remplacé Frêche à la CAM après son décès en 2010. Il est investi officiellement par le PS aux dépens d’Hélène Mandroux pour les élections municipales de Montpellier en 2014. Il s’incline au second tour (quadrangulaire) face au candidat dissident de gauche Philippe Saurel (37.54% contre 27.39%).

Christophe Morales, VP chargé de l’urbanisme et de la politique foncière : né en 1953, il est architecte- urbaniste et enseigne à l’École d’architecture de Montpellier. Il est en charge de l’urbanisme et de la politique foncière au sein de la CAM : « en matière d’écologie, il faut progresser et transgresser les limites. Densifier pour répondre à la pression démographique, et compenser avec des espaces naturels qui ne soient pas que des jardins récréatifs ou des paysages à l’usage des citadins mais aussi des espaces à usage agricole en même temps que des habitats pour les espèces végétales et animales » (magazine Artdeville, n°41, automne 2013). Michel Chastaing, conseiller municipal à Clapiers : membre du PS depuis 1995, il est enseignant au lycée agricole d’Agropolis au nord de Montpellier. Il a participé à la création d’associations agricoles paysannes : Terres Vivantes 34 (en 1997) et la fédération régionale ADEAR LR (en 2000). Il est proche de Paul Reder, vigneron à Cournonterral, président de l’ADEAR LR et membre influent de la Confédération paysanne dans l’Hérault.

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