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Extrait de la Convention Cadre de partenariat entre la CAM et la SAFER, établie le 22/10/2010 (Source : Archives 3M, 2016).

La création de l’agriparc à l’épreuve

Encadré 5. Extrait de la Convention Cadre de partenariat entre la CAM et la SAFER, établie le 22/10/2010 (Source : Archives 3M, 2016).

Le domaine de Valédeau est l’exemple souvent cité d’une réalisation win-win issue de la convention entre la CAM et la SAFER :

« On a acheté aussi le domaine de Valédeau, sur la commune de Montpellier, derrière le Zénith. La SAFER nous a dit ‘si vous voulez, on vous le plante pour un agriculteur’. Nous on négociait à ce moment-là l’acquisition d’un gros domaine sur Castelnau-le- Lez, pour faire l’extension du parc d’activités Eurêka, pour faire un Gérontopôle. On s’est dit : le gars qui es là en vin de pays, on va lui proposer une compensation avec des terres AOC sur Valédeau. Il était prêt à accepter. Entre temps, la négociation pour l’acquisition de son domaine a capoté, et on s’est retrouvés avec le domaine de Valédeau sur les bras, que la SAFER venait de nous planter en vignes AOC… avec des fonds européens, 10 hectares de vignes palissées et arrosées. On a choisi les cépages ensemble. Les deux premières années, c’est la SAFER qui s’en est occupé, directement. C’est un domaine magnifique, qui appartient à l’Agglo. On le donne en baux reconductibles, annuellement, en attendant qu’on puisse y relocaliser sur le long

terme un exploitant, on le donne à deux jeunes qui ont demandé à exploiter, à des

prix qui ne sont ni ceux des baux ruraux, ni ceux des locations de terres. Des vignes plantées en AOC ça se loue entre 600 et 800€ à l’ha. Nous on loue 400€/ha à des gens qui savent que demain peut- être ils ne pourront plus exploiter. Ça permet de renforcer les exploitations agricoles de ces deux jeunes. C’est fabuleux ce qu’ils font… » (Chargé de mission Foncier CAM, 2015).

La CAM a acquis le domaine qui est situé au sein d’une zone amenée à subir prochainement des transformations importantes, car située sur l’axe Est-Ouest structurant l’autoroute, la ligne grande vitesse et les réseaux de communication. La zone est prévue pour accueillir la future gare LGV « La Mogère » de Montpellier, sur le tracé du contournement Nîmes Montpellier. En attendant que la gare et le quartier environnant ne voient le jour, la CAM a confié la plantation du domaine à la SAFER, en s’attachant à ne planter que des cépages améliorateurs, permettant la réalisation d’un vin AOC Grés de Montpellier. La SAFER a donc réalisé les plantations, puis s’est chargée de trouver des viticulteurs locaux intéressés par un

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bail court « SAFER » de gestion de ces vignes. Ce cas montre que même des viticulteurs peuvent avoir, en périphérie des villes, une logique mêlant de l’investissement sur des parcelles soignées car en propriété et inclues dans un périmètre AOP à de l’investissement plus temporaire, plus « nomade », sur des vignes disponibles pour une durée limitée (mais non connue à l’avance).

La convention entre la CAM et la SAFER est renouvelée chaque année depuis 2010 : c’est aujourd’hui une pratique établie de partenariat.

Le monde viticole en arrière-plan des négociations entre acteurs

La Chambre d’agriculture est également sollicitée pour « faciliter le dialogue ville-

agriculture » :

« La convention proposée prévoit que la Chambre d'agriculture de l'Hérault aidera la Communauté d’Agglomération de Montpellier à mieux comprendre les problématiques et les enjeux agricoles sur son territoire. La convention se décline autour de trois axes : pérenniser l'agriculture sur le territoire communautaire, faciliter le dialogue entre ville et agriculture (notamment dans les agriparcs et franges urbaines), et enfin favoriser le développement de circuits courts de commercialisation des produits locaux. » (Source : Extrait de la délibération n°11297

(séance de la CAM, 20/12/2012) relative à la convention de partenariat 2013 entre CAM et Chambre d’agriculture).

En 2010, la Chambre d’agriculture est dirigée par Jacques Gravegeal, élu pour la première fois en 1988. Il s’est impliqué fortement dans la promotion des vins de l’Hérault, en concevant et portant l’appellation « vins de pays d’Oc ». Alors que la figure historique de la gauche paysanne est plutôt représentée par le mouvement des caves coopératives (voir ci- dessous le portrait de Jean Huillet), Frêche, en tant que président de Région (élu pour la première fois en 2004, succédant ainsi à Jacques Blanc) est amené à se rapprocher de l’autre figure agricole de l’Hérault, plutôt de droite : Jacques Gravegeal. Le rapprochement est lié à un affaiblissement temporaire de Frêche à la Région, qui n’est pas parvenu à imposer son idée de « Septimanie » pour renommer et promouvoir le territoire. Gravegeal et son syndicat des « Coteaux du Languedoc » offrent alors à Frêche leur marque brevetée « Sud de France », conçue à l’origine pour promouvoir collectivement à l’étranger les vins régionaux, dont Frêche fera la marque-ombrelle pour l’ensemble des produits et services issus de la région.

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Jean Huillet. « Figure emblématique et historique de la viticulture, vital pour l'économie locale, il a l'oreille de Georges Frêche. Cet homme de gauche, occitan convaincu, contrôle une partie des réseaux viticoles. Il est à la fois président des vins de pays et président régional des caves coopératives. Au fil des mois, Frêche a aussi appris à travailler avec Jacques Gravegeal, l'autre figure de la viticulture, mais de droite. » (Aujourd’hui en France, 06/12/2006) Jacques Gravegeal a aussi le soutien inconditionnel de Jacques Blanc, opposant historique à Frêche à la Région Languedoc Roussillon.

Georges Frêche et la marque « Sud de France » : « Septimanie est morte, vive Sud de France ». Gravegeal, Le fondateur des Pays d'Oc est aussi le père d'une marque qui met en avant l'origine, le « made in Languedoc- Roussillon ». Elle sauva la cohésion régionale à un moment de fort tangage. « Sud de France », avant de devenir propriété de la collectivité, appartint d'abord au syndicat de Jacques Gravegeal [vins de pays d’Oc]. « Nous avions créé cette marque ombrelle pour que vins de pays et AOC puissent se retrouver sur un linéaire commun, raconte-t-il. Quand il devint évident que Georges Frêche ne parviendrait pas à imposer le concept de Septimanie, je l'ai rencontré et la lui ai donnée. On était la veille de la foire de Montpellier [édition 2006]. Il m'a lancé : 'Septimanie est morte, vive Sud de France'. Dans les heures qui ont suivi, on a pavoisé la foire aux couleurs de la nouvelle marque régionale » (Midi Libre, 22/01/2014).

Jacques Gravegeal : maire de Campagne, village de l’Est héraultais (au nord de Lunel) depuis 1971, élu au CDJA en 1972, puis à la Chambre d’agriculture en 1988 (jusqu’en 2013). « Apôtre du rendement maîtrisé et des cépages qualitatifs, cet orateur né s'érige contre les accords de Dublin. Fort de son slogan 'Touche pas à mon 90', il obtient que les vignerons engagés dans la qualité échappent à la distillation obligatoire. La création des vins de pays d'Oc en 1987, avec Jean Clavel et l'aide du négociant Skalli, demeure sa plus grande victoire. Persuadé que le salut de la région ne «peut être tout AOC», il fédère même la coopération autour de cette idée novatrice. Les vins de Pays d'Oc, première dénomination à l'export et cinquième exportateur mondial, pèsent 2 750 000 hectolitres. «Les VDP représentent plus de la moitié de la récolte totale en Languedoc-Roussillon.» […] L'interprofession d'abord illégale est reconnue en 2004. Président du comité IGP à l'INAO à Paris, Gravegeal veille inlassablement sur la viticulture languedocienne. Le combat de sa vie. » (Midi Libre, 30/10/2010).

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