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Notre modèle pourrait être enrichi de plusieurs façons. Tout d’abord, la distribution initiale des consentements à payer pourrait être généralisée. Le modèle pourrait également être étendu aux cas du monopole multi-produits et de l’oligopole, plus adapté à l’industrie du disque que celui du monopole (Belleflamme, 2003). Cette extension permettrait de rendre compte des interactions stratégiques entre producteurs dans leur utilisation de DRMs. Un cadre multi-produits permettrait également de prendre en compte le coût fixe de reproduction des copies domestiques.

Ensuite, la fonction de coût de la copie domestique pourrait être rendue plus réaliste de deux façons. Tout d’abord, on pourrait lever l’hypothèse simplificatrice d’uniformité des coûts variables de copies et les rendre hétérogènes selon les consommateurs. En effet, ce coût variable de la copie étant principalement un coût de recherche, il dépend de la valorisation du temps, différente selon les consommateurs. Une seconde piste importante d’amélioration de la fonction de coût est la prise en compte de l’impact des actions légales des ayants droit contre les fournisseurs de copies non autorisées et les téléchargeurs individuels. Comme nous l’avons vu, cette prise en compte impliquerait le développement d’un modèle alternatif qui, d’une part, donnerait une spécification différente de l’impact du DRMs sur le coût de la copie et, d’autre part, prendrait en compte le coût des actions en justice des producteurs.

Enfin, on pourrait rechercher des modifications permettant de caractériser le niveau optimal d’intensité du DRMs.

Conclusion

En utilisant des hypothèses qui nous semblent pertinentes pour la musique numérique à savoir la substituabilité parfaite des copies et des originaux, l’appropriabilité directe et la non prise en compte des effets sampling et de réseaux, nous avons produit deux types de résultats. Nous avons tout d’abord montré comment la mise en œuvre d’un DRMs modifiait les stratégies de tarification optimales du producteur de musique numérique. Premièrement, la mise en œuvre d’un DRMs peut contribuer à bloquer la copie, permettant ainsi une tarification de monopole. Deuxième la mise en œuvre d’un DRMs diminue le prix limite qui permet au producteur d’empêcher la copie. Enfin, elle rétablit la possibilité que l’accommodation de la copie soit une stratégie optimale dans un cadre faisant l’hypothèse de la substituabilité parfaite des copies et des originaux.

Nous avons également étudié les conditions de la profitabilité de la mise en œuvre d’un DRMs sans coût. La mise en œuvre d’un DRMs sans coût n’est jamais profitable lorsque la copie est bloquée sans DRMs. En revanche, sa profitabilité est indéterminée lorsque la copie n’est pas bloquée sans DRMs. Nous avons montré qu’elle augmentait avec l’efficacité du DRMs mais que dans certaines situations, la mise en œuvre d’un DRMs très efficace pouvait tout de même conduire à une diminution des revenus du producteur. Nous avons également montré que la profitabilité du DRMs diminuait lorsque les préférences des consommateurs pour les libéralités d’usage augmentaient. Enfin, les effets des variations de l’intensité des restrictions d’usage et du coût de la copie hors DRMs sur la profitabilité de la mise en œuvre d’un DRMs sont indéterminés dans notre modèle. Cependant, nous avons montré que l’augmentation du coût hors DRMs entraînait deux effets contradictoires : l’augmentation du revenu sans DRMs et l’augmentation du revenu avec DRMs.

Dans le sous-chapitre suivant, nous utilisons le cadre analytique du modèle et ses résultats pour fournir une explication économique au revirement de stratégie des maisons de disques dans leur utilisation des DRMs comme outils de protection contre la copie.

Sous-Chapitre 3c : La Logique Economique du Recours puis de l’Abandon des DRMs Comme Outils de Protection de la Musique en Ligne par les Maisons de Disques.

Introduction

À l’aide du modèle développé dans le sous-chapitre précédent, ce sous-chapitre analyse la logique économique du revirement des maisons de disques dans leur utilisation des DRMs comme outils de protection contre la copie de la musique en ligne. Nous avons en effet montré, dans la description historique du chapitre 2, que les majors du disque avaient imposé des DRMs très restrictifs sur les premières offres de musique en ligne avant de les assouplir puis de les supprimer complètement sur les téléchargement définitifs vendus à l’unité au début de l’année 2009. L’abandon des DRMs sur le modèle dominant de la distribution en ligne acte leur rejet comme outil de protection de la musique contre la copie par les maisons de disques.

Les DRMs ne sont qu’un outil de protection contre la copie parmi d’autres pour les maisons de disques. L’analyse de leur utilisation par les maisons de disques ne peut donc se faire qu’en référence au contexte plus large des stratégies globales de protection contre la copie de ces dernières. La première section du sous-chapitre revient sur l’historique développé dans le chapitre 2 et propose une synthèse de l’évolution du rôle des DRMs dans les stratégies globales des maisons de disques de protection de la musique en ligne contre la copie, de 1999 jusqu’au mois de janvier 2009. Elle retrace la façon dont les DRMs ont été exigés puis abandonnés sur les téléchargements définitifs vendus à l’unité aux Etats-Unis et en France. Elle montre également que, pendant cette période, les maisons de disques ont utilisé, sans grand succès, les poursuites judiciaires pour augmenter le coût d’accès des consommateurs aux copies non autorisées. Enfin, elle décrit les nouvelles solutions, privées et réglementaires, qui sont aujourd’hui envisagées pour relever ce coût.

La deuxième section de ce sous-chapitre analyse la logique économique du recours puis de l’abandon des DRMs en tant qu’outils de protection par les principales maisons de disques. Le comportement des maisons de disques y est examiné selon trois questions. Les maisons de disques ont-elles abandonné les DRMs pour leur substituer des outils plus efficaces de protection contre la copie? Ou est-ce par ce que les DRMs se sont finalement révélés non profitables pour les maisons de disques ? Et dans ce cas, comment se fait-il que ces dernières n’aient pas anticipé l’effet de la mise en œuvre de DRMs sur leur profit ? L’abandon des DRMs, alors qu’aucune solution alternative permettant de relever ce coût n’avait été effectivement mise en place, paraît confirmer l’hypothèse selon laquelle les DRMs ont finalement été jugés non profitables par les maisons de disques. Nous montrons que, si le manque d’efficacité technique des DRMs et les trop fortes restrictions d’usage qu’ils ont imposées aux consommateurs peuvent en effet expliquer l’abandon des DRMs, la

méconnaissance des majors du disque de leurs capacités techniques et des préférences de leurs consommateurs ne sont pas suffisantes pour expliquer leur revirement de stratégie. D’autres phénomènes, ayant émergé au cours du processus de déploiement des DRMs et de la distribution de musique en ligne, peuvent expliquer aussi bien l’abandon des DRMs par les maisons de disques que leur utilisation initiale.

Enfin, nous concluons ce sous-chapitre sur les perspectives des DRMs en tant qu’outils de protection contre la copie de la musique numérique.

1. Retour Sur l’Historique : l’Evolution du Rôle des DRMs Dans les Stratégies de

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