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PRODUCTIONS DES VOYELLES / PARAMÈTRES PHONÉTIQUES

2.2.2. Le mécanisme de production des unités vocaliques :

2.2.2.4. Les critères articulatoires des voyelles :

2.2.2.4.4. Le lieu d’articulation :

Selon le lieu d’articulation, on distingue les voyelles antérieures (palatales) des voyelles postérieures (vélaires) :

- Voyelles antérieures : elles sont articulées dans la région palatale (au niveau du palais dur) c’est-à-dire dans la partie antérieure (ou avant) du chenal buccal avec une langue qui s’avance pour se mettre contre le palais. Les voyelles : [i], [ə] et [a], par exemple, sont des voyelles antérieures.

- Voyelles postérieures : elles sont articulées dans la région vélaire (au niveau du voile du palais) c’est-à-dire dans la partie postérieure (ou arrière) du chenal buccal avec une langue reculée pour se mettre contre le voile du palais. Les voyelles : [u], [ɑ] et [ɔ] sont, à titre d’exemple, des voyelles postérieures.

Le nombre des voyelles antérieures dépasse largement celui des voyelles postérieures qui sont en nombre de 6 contre 10 voyelles antérieures.

Ce sont ces quatre critères articulatoires et distinctifs (c’est-à-dire l’aperture, l’arrondissement, la nasalité et le lieu d’articulation) qui permettront de distinguer les 16 voyelles françaises entre elles car on ne trouve pas deux voyelles qui partagent exactement les mêmes caractéristiques. On trouve, au maximum, trois caractéristiques partagées et aucune, au minimum. Toutes ces caractéristiques figurent sur le trapèeze vocalique qui nous fournit une représentation schématique des critères articulatoires des voyelles du français.

279 Argod-Dutard F. op. cit., p. 41

134 Figure 10. Le système vocalique du français standard d’après P. Delattre

Figure 11. Schéma simplifié du système vocalique du français standard281.

135 2.2.3. L’instabilité du système vocalique français :

Les voyelles, en français, représentent une grande instabilité, comme les consonnes d’ailleurs, parce qu’elles dépendent également de plusieurs conditions : l’appartenance régionale, le niveau intellectuel et social de l’individu, l’âge et le sexe des locuteurs…

Prenons le cas de l’appartenance géographique par exemple, les parisiens ne distinguent pas aujourd’hui [έ] de [œ̃]. Ce dernier qui va disparaitre au profit du premier qui l’a substitué282. Le même cas est constaté pour le [ɑ] dit postérieur qui n’est guère utilisé par les français à part quelques vieux ruraux, c’est pourquoi on parle de l’archiphonème [A] qui représente les deux « a » français. Donc, on parle de neutralisation concernant les cas similaires où l’archiphonème représente les deux voyelles à la fois car la distinction entre les deux n’est presque plus en cours. Une autre cause de la disparition de certaines oppositions vocaliques est le rendement faible de ces oppositions telles : [ø] et [œ] qui ne s’opposent que dans les deux paires minimales : « jeûne » /ᴣøn/ vs « jeune » /ᴣœn/ et « veule » /vøl/ vs « veulent » /vœl/. On a le même cas pour les voyelles nasales[œ̃] et [έ] qui s’opposent uniquement, elles aussi, dans deux paires minimales : « brun » /brœ̃/ vs « brin » /brέ/ et « emprunte » /ãprœ̃t/ vs « empreinte » /ãprέt/. On parle, également, de la « faible fréquence d’occurrence dans le discours »283. Cette soit disant différence articulatoire n’est pas claire et c’est le contexte linguistique qui nous fait savoir de laquelle des deux unités linguistiques s’agit-il à chaque fois.

En plus, on dit souvent qu’ « on ne peut pas toujours affirmer qu’un même sujet parlant va toujours être constant dans sa prononciation284 ». Ce constat empêche d’avoir toujours les mêmes lois de prononciation car du fait qu’il s’agit de l’individu, la subjectivité marquant son individualité va entrer en jeu. Cependant, on peut trouver des règles générales gérant la prononciation.

Contrairement aux voyelles, les consonnes sont plutôt stables. Leur nombre est limité dans le système de la langue française.

282 Argod-Dutard F. op. cit., p. 66

283 Ibid. p. 67

136 2.2.4. Les spécificités du vocalisme français :

Si on compare les critères du classement articulatoire des voyelles avec ceux des consonnes françaises, on remarquera que les consonnes sont définies de façon plus précise que les voyelles comme le confirment P. et M. Léon285 en ajoutant que les consonnes sont mieux localisées concernant leurs lieux d’articulation où on précise exactement le lieu de rétrécissement maximal au niveau de la cavité buccale lors de leur prononciation. Ce qui n’est pas le cas pour les voyelles car quand on parle de lieu d’articulation de ces dernières, on parle d’une manière générale d’articulation palatale ou vélaire.

Encore, les voyelles françaises se caractérisent également, en plus des caractéristiques articulatoires précédemment citées, de leurs « modalités particulières»286 touchant à la tension, à la durée et à la hauteur287 en constituant ainsi leur spécificité. Alors, il est important de définir chacune de ces modalités :

- La tension articulatoire : c’est l’une des caractères acoustiques des sons (voyelles et consonnes) dépendant de la force articulatoire et la pression de l’air qui s’effectuent au moment de leur articulation. Ainsi, on parle de phonèmes tendus qui s’opposent aux phonèmes lâches ou relâchés.

- La durée vocalique : cette modalité caractérise les voyelles qui peuvent être allongées selon le contexte consonantique. La durée vocalique est par définition le temps que prend la réalisation d’une voyelle en millisecondes. Cette durée, différente de celle habituelle, dépend notamment du contexte consonantique surtout la consonne qui se met après la voyelle. Les consonnes [z], [R], [v] et [p], par exemple, influencent la voyelle qui se met avant elles dans certains contextes en syllabes fermées comme : [o :z], [du :z] , [pɛ :R], [pœ :v], [ɑ :pR].

- La hauteur : elle résulte de la fréquence des vibrations des cordes vocales. Plus la hauteur est élevée, plus le son apparait aigu car les sons aigus sont caractérisés par une haute fréquence ; et vice-versa c’est-à-dire plus la fréquence est basse, plus le son est grave puisque les sons graves sont des sons ayant une basse fréquence. En plus, la

285 Léon P. et Léon M. op. cit., p. 18

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hauteur mélodique s’utilise d’une manière distinctive dans de nombreuses langues du monde288 où le ton289 a une fonction lexicale comme en chinois.