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RAPPORT LANGUE MATERNELLE- LANGUE ÉTRANGÈRE

1. La situation linguistique en Algérie :

1.2.4. La région de M’Sila :

1.2.4.2. M’sila : historiquement

1.2.4.2.6. Après l’indépendance

Elle s’est reconstruite après l’indépendance, et plus précisément, après le séisme qui l’a touchée en 1965. En devenant un chef-lieu de wilaya en 1986, elle a essayé de reconquérir sa gloire et son statut d’antan.

En définitive, nous dirons que M’sila est une ville antique qui a été marquée, à cause de sa situation géographique, par différentes conquêtes ayant touché le pays. Quant au substrat social, nous distinguons les habitants de la ville avec leur parler par rapport aux habitants des différentes régions entourant le chef-lieu (parler citadin et parler rural) quoiqu’il y a eu une sorte de métissage suite à l’exode rural qui a caractérisé certaines régions du pays durant l’occupation française et jusqu’à nos jours sachant que le parler de M’sila se distingue des autres parlers algériens par rapport à l’accent( en général) mais aussi par rapport à l’utilisation de certains vocables. Enfin, nous pouvons dire, grosso modo, qu’il n’y a pas vraiment

97 Entre 1846 et 1847.

98 A l’ouest de la ville de Sétif.

99Les informations précédentes ainsi que les dates citées, traitant l’histoire de la région, sont recueillies à partir des archives de la Wilaya ; le mémoire de : Belkheir S. Répertoire numérique détaillé des archives de l’ancienne commune mixte de M’Sila (1884-1957), mémoire présenté en 1989 ; et des documents anonymes qui se trouvent au niveau du centre culturel du chef-lieu

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d’alternance codique entre le français et ce parler chez la plupart des usagers mis à part le cas de l’élite (médecins, enseignants de français et certains francophones).

Conclusion :

Au cours de ce chapitre, nous avons exposé la situation linguistique de l’Algérie en posant, de prime abord, quelques concepts théoriques de base tels que : le bilinguisme, le plurilinguisme, la diglossie, l’interculturel…en passant, en amont, par LE, LM, FLE, FLS et FLM.

D’ailleurs, l’Algérie représente un cas unique, complexe et particulier (tout comme chacun des pays du Maghreb) quant aux langues maternelles et au statut du français car contrairement à ce que l’on croyait, on parle d’un plurilinguisme et non d’un bilinguisme en Algérie. En d’autres termes, il existe plusieurs langues en contact en Algérie : il s’agit d’un quadrilinguisme selon R. Sebaa100. Pour K.T. Ibrahimi101, ce plurilinguisme s’organise autour de trois sphères langagières : la sphère arabophone, la sphère berbérophone et, enfin, la sphère des langues étrangères.

On parle, en même temps, de diglossie puisqu’il y a deux variétés de l’arabe qui sont en usage : l’arabe « fasiħ » ou littéral qui représente la variété haute (H) et l’arabe dialectal algérien qui n’est que la variété basse (L) et qui représente la langue maternelle d’une grande partie des algériens (arabophones). Cette dernière, c’est-à-dire la langue vernaculaire, se caractérise par des « degrés de différenciation » correspondant « aux variations régionales liées à la communication orale102 ».

En se composant essentiellement du kabyle ou takbaylit, le chaoui ou tachaouit, le mzabi ou mozabite et le targui ou tamachek ; le berbère, langue officielle du pays à partir de l’année de 2002 est, également, la LM d’une partie de la population. Il s’agit du plus vieux substrat linguistique de la région, pour reprendre les termes de K. T. Ibrahimi103.

En outre, l’interculturel est la notion qui s’impose à chaque fois que le sujet de contact de langues soit abordé. L’apprentissage de nouveaux sons (appartenant à un autre système

100 Sebaa, R. (2002). « Culture et plurilinguisme en Algérie », No13. [En ligne] consulté le 30 juin 2013. URL : http://www.inst.at/trans/13Nr/ Sebaa13.htm

101 Ibrahimi, K. T. (2004). « L’Algérie : coexistence et concurrence des langues », L’Année du Maghreb [En ligne], I | 2004, mis en ligne le 08 juillet 2010, consulté le 30 juin 2013. URL :

http://anneemaghreb.revues.org/305 ; DOI : 10.4000/anneemaghreb.305

102 Zellal, N (1991). Test orthophonique pour enfants en langue arabe. Phonologie et parole. Alger : OPU. p. 17

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linguistique), plus ou moins différents de ceux emmagasinés dans la mémoire des locuteurs, nécessite une certaine souplesse, une « perméabilité de l’égo » comme le dit B. Lauret, de la part des apprenants qui sont avant tout des sujets sociaux. C’est ainsi qu’accepter de prononcer les sons auxquels le sujet n’est pas habitué n’est qu’une preuve de l’ouverture sur l’Autre, sur sa langue et sa culture en l’occurrence. En d’autres termes, articuler les sons français fait directement penser à la France et aux Français.

Néanmoins, cette articulation est unique (idiolecte) et spécifique parce qu’elle dépend de plusieurs facteurs tels que la LM et le niveau socio-culturel des sujets parlants.

Par ailleurs, s’intéresser à la production des sons français, c’est-à-dire à la phonétique française, par des sujets algériens arabophones (apprenants habitant M’sila et ses alentours) exige la détermination du statut de cette langue au sein de cette communauté linguistique, ce qui nous a poussée à revisiter quelques concepts plutôt pratiques que théoriques comme : FLE, FLS, FLM mais aussi et en amont langue maternelle et langue étrangère puis le mécanisme de l’acquisition de ces deux systèmes linguistiques ainsi que la différence sociolinguistique entre langue, parler et dialecte, en aval.

De surcroit, l’arabe dialectal, qui a subi plusieurs changements durant son histoire, n’est pas homogène et les pays arabes ayant en commun l’arabe littérale (H) comme langue officielle et nationale ne parlent pas la même langue (B) car son usage diffère d’un pays à un autre ce qui nous a amenée à entamer l’histoire ainsi que l’origine de cette langue (étude synchronique) pour, enfin, nous arrêter à son état actuel dans une agglomération déterminée (étude synchronique). L’objectif étant de chercher s’il existe des traits ou spécificités caractérisant la langue source des apprenants et influant, négativement, sur l’apprentissage des unités vocaliques de la langue cible ce qui nous permettrait de mesurer le degré d’influence du parler de M’sila sur la prononciation des voyelles françaises. Vu l’immensité de la wilaya de M’sila, ce parler est, plus ou moins, hétérogène dans la mesure où il nous permet de différencier entre les habitants de telle ou telle région : il y en ceux qui substituent /ğ/ à [q](variante individuelle) et ce sont généralement autres que les habitants du centre ainsi que l’accent régional qui a une fonction contrastive en permettant au moins de distinguer les gens de l’est de la wilaya de ceux de l’ouest.

En s’interrogeant sur le degré d’influence de la langue maternelle sur la langue étrangère suivant la densité des deux systèmes vocaliques, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle

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toutes les articulations défectueuses des voyelles françaises seraient réduites à ce grand écart entre les deux systèmes vocaliques en question ce qui sera vérifié dans la seconde partie de cette recherche.

Suivant la seconde hypothèse émise au départ, nous estimons qu’il existe également d’autres facteurs (socio-culturels par exemple) qui ne sont pas négligeables et qui sont, eux aussi, à l’origine de la mauvaise articulation des voyelles françaises par nos sujets ce qui puisse rendre cette articulation évitable.

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CHAPITRE II :

PLACE DE L’ORAL DANS LE PROGRAMME DU FLE DANS