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Les spécificités de l'observation non - participante

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER II (Page 136-141)

L’exemple du cas Syngenta

2.2 Les spécificités de l'observation non - participante

Dans cette optique, les attributs temporels des événements (durée, séquencement) sont très importants et permettent de réaliser une analyse par phase du processus longitudinal étudié. Plus qu’une simple lecture chronologique, il est nécessaire de procéder à une réinterprétation des phénomènes observés, afin de les projeter dans le référentiel conceptuel choisi. Les résultats de notre analyse selon ces préceptes sont présentés et discutés dans le Chapitre 4.

socioculturels sur les processus d’analyse, de réflexion et donc sur la production de connaissance du chercheur seront d’autant plus élevées que celui-ci aura pour objet d’analyse un milieu familier et proche sur le plan socioculturel.

Une troisième coordonnée, enfin, est mobilisée lors de l’observation : l’affectivité du chercheur. Présente dans l’observation, elle tend à provoquer l’erreur dite de

"projection". L’observateur projette sur la situation qu’il observe ses propres désirs, affects, fantasmes, attentes, ou défenses psychologiques. "C’est un processus psychique inconscient, donc ignoré de bonne foi, qui peut être si fort que l’observateur ne voit que ce qui lui convient, n'entend que ce qu’il veut bien entendre et oublie ce qui lui est désagréable, voire difficilement supportable sur le plan émotionnel"

(Arnaud, 1996).

En conclusion, les problèmes liés à l’observation in situ des organisations sont nombreux et complexes. Certains mentionnés ci-dessus ne sont cependant pas spécifiques mais propres à toutes les démarches de recherche scientifique, il s’agit notamment des effets de la subjectivité du chercheur. Nous pouvons cependant essayer de distinguer deux niveaux d’actions souvent imbriqués. Tout d’abord celui de l’interaction proprement dite, dont les effets sont corrélés au savant dosage opéré entre distanciation et familiarité. Enfin celui de l’individu qui est soumis aux capacités de lucidité du chercheur et du contrôle exercé sur lui. A ces conditions, et donc avec un dispositif de recherche adéquat, les difficultés inhérentes à cette approche pourront être dépassées.

2.2.2 Application au cas étudié

La question évoquée se manifeste dans l'étude de cas menée par deux séries de questions, l'une touchant aux problèmes de compréhension et d'adaptation du chercheur, l'autre liée à l'impact potentiel de la présence du chercheur sur le déroulement du processus.

a) Les problèmes de communication

Des problèmes de communication peuvent naître de l'emploi d'un jargon, dés lors que l'étude se déroule dans un site industriel, et que le projet est en partie animé par des professionnels de métiers aussi divers que la gestion des Systèmes d'Information, la fabrication de produits chimiques, la logistique, etc. Or cette communication est

indispensable, d'une part pour que les acteurs, en confiance, puissent se confier au chercheur, et que, d'autre part, ce dernier puisse appréhender la complexité des situations, sans que le sens de celles-ci ne lui échappe.

Dans le cas présent, l'expérience professionnelle passée et la formation originelle du chercheur ont aidé à son adaptation rapide au milieu observé. En effet, le chercheur est ingénieur informaticien et son expérience professionnelle, en tant que Chef de Projet Informatique et Consultant en Systèmes d'Information pendant 7 ans, l'a conduit à être confronté à des situations organisationnelles très similaires.

La crédibilité du chercheur, en tant qu'observateur de pratiques complexes, et non plus comme "apprenti" découvreur de la réalité de l'entreprise, est accrue par sa faculté à discuter d'égal à égal avec le Chef de Projet, à démontrer sa compréhension réelle des phénomènes et des techniques, technologies, environnements organisationnels présents dans un projet de mise en place. De plus, la compétence professionnelle du chercheur lui assurait la compréhension rapide des documents à caractères techniques et le protégeait des erreurs éventuelles d'interprétation.

b) Problème relatifs à l'impact de la présence du chercheur

La présence du chercheur lors des réunions est portée à la connaissance des intervenants avant le début des sessions lorsque c'est possible. Au début de sa présence sur le site et à chaque fois qu'il est présent parmi un nouveau public, le chercheur est présenté par le Chef de Projet à l'assemblée. Il n'y a donc pas d'ambiguïté sur son statut. Les raisons de sa présence sont évoquées rapidement, sans apparemment peser sur le cours des réunions. Le chercheur est présenté comme un étudiant enquêtant sur la mise en place des PGI.

A travers ces éléments, des choix apparaissent, qui ont été faits en accord avec le contact dans l'entreprise, mais qui dépendent largement de sa capacité à faire accepter cette intrusion. Le sentiment de nécessité de se livrer à une (rapide) présentation révélant la volonté de désamorcer des questions éventuelles et de minimiser l'impact potentiel d'une présence inconnue. Celle-ci suscite une curiosité et des questions naissent spontanément des rencontres avec les acteurs. Les visiteurs du groupe, étrangers au site, et les consultants semblent les plus curieux de cette présence inhabituelle. Ils cherchent à se renseigner sur les motifs de la présence du

chercheur, ses motivations, en quoi ils peuvent le renseigner, l'aider dans sa démarche.

Il y a donc bien un effet lié à la venue d'un acteur étranger à l'organisation. Il en est pour autre preuve les demandes du chercheur d'enregistrer les débats. Cette demande est réitérée à chaque observation, mais pas toujours accordée. Pour diverses raisons (volonté de contrôler l'information, personnes importantes de la hiérarchie présentes, etc.) le Chef de Projet peut être amené à refuser l'enregistrement des observations. Il y a donc une dépendance vis à vis de ce dernier, corollaire de la nature du lien qui unit le chercheur à l'entreprise (qui dépend du niveau d'introduction dans la structure hiérarchique de l'organisation).

Cependant, lorsque les discussions sont enregistrées, il semble que la présence, et du chercheur, et du micro, soit oubliée assez vite. Il n'y aurait donc pas contrôle du discours? La question n'est pas simple, comme le prouve l'intérêt marqué par les acteurs pour la présence du chercheur, décrit plus haut, et qui laisse supposer l'existence d'une éventuelle modifications des attitudes et des discours (voir le point 1 ci-dessus).

CONCLUSION DE LA SECTION 1

Nous avons présenté notre posture de recherche, qui est celle de l'interprétation d'un processus et qui vise à décrire et comprendre les phénomènes à l'œuvre lors de la mise en place d'un PGI. Comme support à cette perspective, nous avons choisi de réaliser une étude de cas longitudinale, basée essentiellement sur une observation non participante. Puis nous avons décrit le dispositif de recherche qui a permis le travail d'analyse, grâce au recours à des sources de données variées. Nous avons également rappelé les difficultés qui naissent de la pratique de l'observation participante.

L'appréhension de la complexité du terrain et les effets de la présence du chercheur semblent donc être, dans un sens, des limites à la méthode d'observation directe non participante. En contrepartie, l'observation ainsi pratiquée permettrait que, selon

Wacheux (1996), "si les acteurs sur le terrain acceptent la présence d'une personne extérieure, sans lui accorder un statut exceptionnel, le chercheur participe au mouvement social sans trop le perturber. La fiabilité des données s'en trouve accrue."

Après avoir précisé les éléments essentiels de notre démarche de recherche nous allons décrire le contexte de son déroulement : la mise en œuvre du progiciel SAP R/3 au sein de l'entreprise Syngenta.

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER II (Page 136-141)