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Dans ces onze commentaires, de (6) à (16), que le conflit soit ouvert ou pas, cette situation fait ressentir un déséquilibre qui met plus ou moins mal à l’aise. Pour rétablir l’équilibre, les interactants doivent rechercher un accord. Pour cela, ils adoptent plusieurs comportements invitant tous ALJA6F (ou l’énonciateur identifié) à changer d’avis :

- l’ironie, en (12), les points d’exclamation et les subjectivèmes [bon], [vrai] et [magnifique] donne une appréciation positive exagérée de l’énoncé [les italiens mangent la pizza presque tous les jours], signifiant ainsi le contraire ;

- la réfutation simple impersonnelle, [c’est pas vrai que] en (10), [ce n’est pas bon] en (16) ;

- l’expression embrayée du désaccord, [je ne suis pas d’accord avec les français] en (6), [je ne suis pas d’accord sur quelques choses] en (7), [je ne serais pas très sure en dire que] en (11), [je ne suis pas d’accord avec toi] en (13), [tu as un idée très faux] en (15) ; [Nous n’aimons pas ça] en (16) est aussi un cas particulier de réfutation, mais celle-ci se situe sur le plan de l’énonciation, les stéréotypes ne sont plus l’objet de la réfutation, c’est la démarche même de les énoncer qui le devient ; de plus, elle est embrayée à la première personne du pluriel, Maro y

prend la parole pour tous ; tout cela, ajouté à l’utilisation du subjectivème « aimer », ancre fortement le discours dans la relation de sujet à sujets et lui donne de la force.

- la réfutation par l’exemple général, [IMPORTANT : nous ne sommes pas tous mafiosi !!] en (8) ; [C’est pas vrai que en Italie il y a beaucoup de soleil.. C’est pas vrai que dans l Italie tous sont mafiosi] en (10) ; [en Sardeigne il y beaucoup des choses à manger et pas soulment spaghetti !!!!] en 12 ; [alors je ne serais pas très sure en dire que l’Italie n’est pas très fort en sport o football vu que nous s’avons gagné la couple du monde ahahhaha :-P……..] en (11) ; le discours stéréotypé est rapporté directement ou indirectement et mis en emphase, ici, typographiquement par des points d’exclamation ou une accroche en lettre majuscule comme en (8) ; en (11), l’onomatopée [ahahhaha] et l’émoticône qui tire la langue marque l’ironie du sort de l’équipe française en répondant à l’énoncé [vous avez perdu] qui est sous-entendu ;

- la preuve par l’expérience personnelle, [je ne mange pas soulement les ‘spaghetti’] en (8) ; [je ne mange pas soulement cettes choses que tu as écrit !!!!] en (12) ; [mmmmmm je n’aime pas la straciatella !!!!] en (12) ; ; [Mais je n’ai jamais vu des hommes agés avec ‘lo smoking a righe’ !!] en (9) ; [quand tu viendras dans notre pays tu pourras manger pas seulement pasta et « spaghetti » !!!] en (14) ; [je crois que tu dois connaitre les italiens pour avoir un idée..] en (15) ; [tu es venu en Italie ? tu connais des jeunes qui porte les lunettes du soleil ou porte le gel dans ses cheveux ?] en (15) ; en (8) et en (12) les énonciateurs se présentent eux-mêmes comme l’exception qui confirme la règle ; en (9) l’expérience personnelle est explicitée ; en (14) et en (15), c’est un appel à l’expérience de l’interlocuteur qui est suscitée pour créer un contre-exemple ; - l’acceptation partielle, [En été il y a beaucoup de chaud…] en (10) ; [C’est pas

vrai que dans l Italie tous sont mafiosi mais la Sicile est connu pour les mafiosi…] en (10) ; [je ne mange pas soulement les ‘spaghetti’ mais c’est vrai que sont le plat principal de la gastronomie italienne !!] en (8) ; les stéréotypes ne sont pas rejetés en bloc, les énoncés se voient attribuer une vérité partielle ;

- l’acceptation totale, [Et puis c’est vrai.. je mange très souvent la pizza !] en (8) ; [J’aime les glacé à la straciatelle, gnam,gnam..] en (10) ; [C’est courieuse savoir

que vous nous voyez ‘bellissime’ ..et au meme temp c’est gratifiant !!!] en (8) ; [Donc nous sommes bellissime et fashion !!merci beaucoup !!] en (9) ; [puis tu as raison en dire que nuos garcon sommes poetique(les latin lovers italiens sont beaucoup recherchés)] en (11) ; l’acceptation peut se faire ironiquement comme peuvent le montrer l’onomatopée en (10), les points d’exclamation; elle peut aussi se faire par une sincère identification, qui, remarquons-le, est plus facile quand le stéréotype est avantageux pour les sujets !; malheureusement l’ironie n’est pas toujours facile à déceler en interaction écrite car il y manque la prosodie, les rires, le ton de la voix et les mimiques faciales qui sont d’une grande aide en face-à-face ;

- l’attaque à l’objet culturel de l’Autre, [en effet nous sommes les champions du monde et materazzi n’est pas un simulateur…c’est zidane qui est un peu nerveux…=)=)=)=)=)=)=)=)…] en (6) ; [en effet nous sommes le champions du monde !!!!et je pense que materazzi est un bon joueur et pas un simulateur comme Zidane !!!il est un peu trop nerveux !!!!=)=)=)=)] en (13) ; [les hommes ‘mafiosi’ se trouvent dans tous les pays en France aussi !!!] en (14) ; [je crois que ce n’est pas une chose seulement des italiens mais de tous les jeunes du monde entier] en (15) ; En (6), repris par (13), l’énoncé [nous sommes les champions] sous-entend comme on l’a vu en (11), [vous avez perdu] qui peut être reçu comme une insulte ; ensuite, Zidane, en tant que joueur de football coupable d’un coup de tête impulsif, personnalise métonymiquement le mauvais côté de la culture française à qui l’Italie n’aurait donc rien à envier ; en (14) et en (15), il s’agit plus d’une défense que d’une attaque, puisque le stéréotype est étendu à la culture de l’Autre ou même à toutes les autres cultures ;

- l’attaque personnelle, elle apparaît dans les discours à travers la remise en question du fondement des idées d’ALJA6F puis par l’invitation à en changer ; ce sont ses attaques qui constituent les indices les plus importants qui permettront à ALJA6F de réagir pragmatiquement ; [tu pense vraiment que les italiens sont des ‘ferventi credente’ ???] en (12), l’adverbe [vraiment] fonctionne sur le plan de l’énonciation, il suggère l’étonnement au point de remettre en question la sincérité de l’énonciateur (qui ne l’est pas !) et donc la vérité du discours tenu ; c’est aussi ce que fait Fra en (15) [tu as un idéetrès faux des italiens..] et [je voudrai savoir qu’est-ce qu’il y a a la base de tes idées.. ] ; par l’introduction [j’ai vu beaucoup

de commentaires mais je veux te dire mon opinion..], Fra souligne l’importance de sa remarque en explicitant qu’elle est consciente du fait qu’elle répète des reproches déjà formulés mais qui ne seront pas de trop ; en (15) et en (16), on trouve des injonctions, avec le conditionnel, le verbe modal « devoir », et l’infinitif [apprendre] qui a ici valeur d’impératif, à la révision du jugement en proposant des solutions [je crois que tu dois connaitre les italiens pour avoir un idée..] en (15), [Tu devrais parler avec la certitude de savoir qu’est-ce que tu es en train de DIRE et de PENSER] et [Apprendre à connaitre] en (16) ; et ce, plutôt que de répéter des [conries], subjectivème très fort puisqu’il est d’un registre grossier, ce qui montre la colère de Maro en (16) [Je dirais que tu es en train d’utiliser des mots que tu as entendu grace aux conries des gens] ; Maro ne s’arrête pas là pour exprimer sa colère, il donne à ALJA6F l’ordre direct de s’abstenir par l’impératif négatif [n’utilises pas], [Donc n’utilises pas ces préjugés entendus dans la route]et en le dégageant d’une responsabilité dont il pourrait se sentir investi par un [ce n’est pas ton problème] qui va justifier sa proclamation de la seule légitimité de l’autodérision ;

- l’exclusivité du droit d’autodérision, [Les seuls qui peuvent se moquer d’eux-mêmes sont les italiens vrais] en (16), pose pourtant un problème de logique de l’argumentation puisqu’elle revient à valider les stéréotypes que l’on souhaitait rejeter, pourtant…

- l’ajout d’auto-stéréotypes , constitue, en quelque sorte, l’application du droit d’autodérision et permet d’annuler les accusations ressenties pour les remplacer par d’autres plus supportable pour le sujet ; [chez nous les hommes agés s’habillent avec des pantalons et une veste !!....] en (9) ; [autre chose important sur nous.. nous sommes très passionelle !! et nous avons ‘senso dell’umorismo’ que je ne sais pas comment on le dit en français] en (8) ; [mais nous, sourtout en sardegne, avons un orgueille incredible mais non puor ce nous sommes ‘mafiosi’] en (11). [Si nous regardons notre aspect ce n’est pas ton problème. Notre style est fameux dans tout le monde entier. Ce n’est pas un facteur fortuit!] en (16).

Ces réactions au premier article vont être lues et interprétées par ALJA6F qui y répond dans l’article suivant, intitulé « Clarification ».

Clarification

L’article de clarification répond aux commentaires des correspondants italiens sur la base de deux facteurs définis par ALJA6F. Le premier est quantitatif [tant de réaction], le deuxième est qualitatif et chargé d’émotions négatives [que vous vous soyez senti insulté]. L’insulte appelle réparation, c’est bien ce qui définit l’intention communicative de cet article annoncée au début [je voudrais m’expliquer].

Cette réparation se fait dans la confusion visible dans la structure de l’intervention où se mêlent chaotiquement excuses et explications. On y trouve bien des connecteurs logique [tout d’abord], [alors premièrement] mais ils ne sont pas suivis par d’éventuels [ensuite]

ou [deuxièmement], et on a un [donc] qui n’exprime pas clairement de rapport de cause à effet.

Cette confusion vient d’abord du fait qu’à faute commise, le sujet perd sa face et qu’il n’est pas toujours agréable et facile de la récupérer. Mais en observant le discours de plus près, on peut voir également qu’ALJA6F n’est pas prêt à assumer toute les responsabilité. La seule excuse explicite [je suis désolé] n’apparaît d’ailleurs qu’au milieu du texte. Il préfère se décharger de la responsabilité de la faute en redéfinissant son origine dans une erreur de jugement sur les capacités de ses lecteurs [ce n’était pas mon intention], [ j’avais espéré que vous compreniez le second degré derrière…]. Ce qui revient finalement à l’attribuer à un manquement des Italiens qu’il exprime par un impératif mal orthographié : [regarder stéréotype sur un dictionnaire]. Ensuite, pour amoindrir l’accusation, qu’il trouve peut-être risquée dans cette situation tendue, il concède à prendre en charge une part de responsabilité :

(1) ALJA6F : « il aurait fallu, vu que je me suis trompé et je l’ai écrit en italien que vous le compreniez mieux (bien que je n’ai pas un bon italien écrit) »

En (1), il y a peut-être une autre explication à sa confusion dans l’antithèse de la coordination de l’énoncé [vu que je me suis trompé] avec [je l’ai écrit en italien que vous le compreniez mieux]. En effet, si l’usage de l’italien était motivé, il ne s’est pas « trompé », mais il a du mal à l’avouer car il sait que les professeurs, qui avaient demandé un texte en français, sont aussi des lecteurs. Il pense donc que sa « faute » est d’avoir surévaluer son niveau d’italien écrit au moment de l’énonciation.

Sa réparation consiste également à redéfinir le groupe des énonciateurs qui sont sensés prendre la charge des discours stéréotypés.

(2) ALJA6F : « ce n’est pas MON opinion,c’est celle de CERTAINS français, et bien entendu il y en a qui le pensent (y a des cons partout) »

Il s’en dégage d’abord personnellement en opposant [MON opinion] et [celle de CERTAINS] par le formule en parallélisme « ce n’est pas […] c’est ». Il en minimise le nombre en (2) où ils sont réduits par le déterminant indéfini [CERTAINS] qui a une fonction de partitif réducteur puis en (3) avec [la plupart] qui a fonction de partitif augmentatif.

(3) ALJA6F : « moi, je n’y crois pas,la plupart des français n’y croient pas »

Il montre sa volonté d’insister notamment par les lettres majuscules et le recours au registre grossier avec le subjectivème [cons], fortement marqué axiologiquement, qui valorise d’autant plus, en creux, ceux qui ne partagent pas ces stéréotypes.

La répétition de structures en parallèles comme en (2) et en (3), délimite clairement la séparation entre « eux » et « moi » et place les interactants de cet échange dans le même camp. ALJA6F rappellera d’ailleurs par deux fois qu’il est italien, [je suis italien] et [m’appellent le ‘mafieux’].

Tout au long de l’article, il explique, encore et plusieurs fois [je le repete], ce qu’est un stéréotype ; [mais ce sont des idées stéréotypées], [c’était du second degré], [c’est une idée FAUSSE], notons les majuscules. Le terme de « blague » revient trois fois en leitmotiv, [une blague], [mais les autres c’est surtout une blague], [c’est comme les blagues sur les blondes….] renchéri par [de l’humour].

Il cherche à démontrer par l’exemple le côté humoristique dans un récit allégorique, amorcé en (4), qu’il développe en (5):

(4) ALJA6F : « je suis italien et ils me disent ça en rigolant »,

(5) ALJA6F : « quand par exemple je dis que les italiens sont des mafieux je sais que ce n'est pas vrai,mais beaucoup d'amis à moi rigolent et m'appellent le "mafieux") »

Tout cela donne ce que la rhétorique appellerait une expolition. Les mêmes arguments sont répétés plusieurs fois de manière différente sans vraiment apporter d’élément nouveau. Cela donne l’impression que le locuteur est à cours d’idée et qu’il semble avoir

épuisé tout le vocabulaire possible pour exprimer son idée. C’est ce qu’il explicite d’ailleurs par [je ne sais quoi quel adjectif utiliser pour vous le faire comprendre].

Pour finir, il pose un [je vais vous proposer quelque chose] qui met la « fameuse » proposition en suspens par un futur proche qui fait attendre le lecteur et par la locution indéfinie [quelque chose] qui ne nomme pas encore ce dont il va s’agir.

Et il propose une réparation « œil pour œil, dent pour dent », en (6), qui sera peut-être l’ultime solution pour enfin atteindre le but perlocutoire espéré, exprimé dans la toute dernière phrase, en (7).

(6) ALJA6F : vous écrivez dans les commentaires de cet article vos stéréotypes sur les français,vous marquez TOUT les choses gentilles comme celles méchantes].

(7) ALJA6F : « j'espere que vous comprendrez le message que je veux faire passer »

Quatre commentaires suivent cet article. L’objectif semble avoir été atteint et même dépassé puisque son discours lui vaut :

- des excuses :

(8) Maro : « Je m’excuse pour les mots ‘fortes’ que j’ai dit. »

(9) Marm : « Je crois que nous n’avons pas fait un bon effet car nous avons démontrer de pas connaisser le sens du mot stéréotype. »

(10) Maremik : « nous avons exagéré… nous sommes un peu orgueilleux mai j’avais dèja compris tes intentions… »

- des louanges :

(11) Marm : « Je pense que ton blog est un des plus intéressants! » (12) Marm : « j’attends de découvrir quelques autres stéréotypes »

(13) Tiz : « ton blog est très interessante et je pense tu es très actif et ton travaille est très beau.. !!! »

(14)Tiz : « j’attends de découvrir autres choses interessantes dans ton blog !!! »

(15) Maremik : « tu as gagné le « gran prix » de meilleur BLOG, non ?!?j’aime ton blog… » - et, c’était le prix à payer, des stéréotypes en juste retour des choses et la promesse

d’une « punition bien méritée » prévue lors du voyage :

(16) Marm : « On dit que les français sont très meticuleux,tres fiers,nationalistes,que ne se lavent pas très souvent »

(17) Maremik : « quand tu arriveras en Italie nous te ferons manger seulement SPAGHETTI§§§=) »

Conclusion

Notre analyse peut être menée en trois parties.

Dans la première, nous remarquons que le conflit est d’autant plus important que les énoncés stéréotypés sont attribués au mauvais énonciateur. Les sujets semblent perdre leur face, se sentent attaqués par un phénomène de personnalisation, chaque sujet représentant sa culture d’origine.

Dans la deuxième, nous étudions la façon dont ils sont reçus par les différents intervenants. On a ici tout autant de stratégies discursives que les interactants utilisent aussi bien pour sauver leur face.

Dans la troisième, nous nous analysons la phase d’excuses réciproques où les torts et les responsabilités sont partagés.

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Avant-propos

Le blog de PAJA11F contient la troisième et dernière « zone de conflit » de la totalité de notre premier corpus. Il a d’abord été titré « La Grande Guerre », la version actuelle est titrée « La Seconde Guerre Mondiale ». Voilà pourquoi.