• Aucun résultat trouvé

Les professionnels de l'espace (architectes, urbanistes, ingénieurs)

lieux du quotidien

2. Les professionnels de l'espace (architectes, urbanistes, ingénieurs)

espaces publics à la circulation automobile sont au centre de leurs revendications.

- Certaines associations, qui oeuvrent pour la protection de l'environnement urbain, prennent régulièrement position en matière d'aménagement des espaces centraux ; nombre de ces associations sont regroupées au sein de l'Association Transports et Environnement (ATE).

- La Société d’Art Public (SAP), qui représente la section genevoise de la Heimatschutz (Ligue suisse du patrimoine national), a été constituée dans les années 1900 autour de la sauvegarde de la Tour de l'Ile. Alors qu'elle regroupait à l'origine des membres essentiellement issus des milieux de droite, sa composition actuelle est plus diversifiée et certains de ses représentants siègent aussi au sein des commissions officielles. Dès 1976 (loi pour la protection des monuments et sites), il fut reconnu un droit de recours à cette association. Celle-ci dépouille systématiquement les requêtes en autorisations de construire (Feuille d'avis officielle), afin de

« détecter » toute construction qui ne réponde pas aux critère légaux de sauvegarde du patrimoine. Par ailleurs, elle a contribué à l'élaboration de certaines lois et plans de sites ; enfin, elle favorise la compréhension et l'information du patrimoine (visites, conférences, publications).

Le respect de restaurations « adéquates » (telles qu'édictées par les diverses Chartes de protection) constitue le principal objectif de la SAP ; en outre, cette société est concernée par la qualité de l'environnement urbain (mobilier, façades, etc). Cette association estime avoir un rôle important à jouer en palliant à l'incurie de l'Etat et en tirant, si nécessaire, la sonnette d'alarme. Ses interventions, parfois combattives (lancements de référendums), se sont orientées durant ces dernières années vers la sauvegarde d'éléments patrimoniaux récents et mineurs (cinéma Manhattan, Station Shell, etc.)17.

- Dans les années 90, l'association Action Patrimoine Vivant s'est formée, afin

« de veiller à l'application de la législation en matière de protection du patrimoine ». Cette association, regroupant des représentants de l'Alliance de Gauche, s'est démarquée durant ces dernières années par des prises de position tranchées et un nombre considérable de recours.

- Des associations liées à un type de patrimoine ou à objet en particulier (Association pour le patrimoine industriel, Association pour la sauvegarde du Manhattan, des Bains des Pâquis, du patrimoine lémanique) sont aussi présentes.

2. Les professionnels de l'espace (architectes, urbanistes, ingénieurs)

17 Relevons que la Loi Blondel (protection des ensembles des 19e et 20e siècles) a été créée par le

Les professionnels de l'espace regroupent les représentants d’institutions étatiques et municipales, les responsables de la mise en place de certains dispositifs institutionnels et législatifs. Certains d'entre eux ont le pouvoir de définir juridiquement et « officiellement » ce qui relève ou non du patrimoine commun ou ce qui doit être aménagé en tant qu'espace public. Enfin, les manières de sauvegarder et d'aménager l'espace central sont partiellement entre leurs mains ; cependant, leurs décisions doivent être validées par les acteurs politiques.

Concernant l'espace public, ces professionnels se divisent en deux groupes : le premier est formé d'ingénieurs et de personnels techniques dont les domaines d'intervention sont essentiellement la voirie (réseaux) ; le second regroupe les architectes et urbanistes qui se réservent la conception et l’aménagement de l’espace public.

Le cadre institutionnel genevois se scindent en deux niveaux : le niveau cantonal et le niveau communal.

Niveau cantonal

- C’est la direction du patrimoine et des sites qui constitue le principal organe officiel en charge de la gestion du patrimoine à Genève18. Cette direction dépend du Département de l’aménagement, de l’équipement et du logement, c'est-à-dire d'un département concerné par la construction.

Ce service a pour rôle : de recenser et d'évaluer les éléments patrimoniaux ; de mener les procédures d'inscription à l'inventaire, de classement, d'adoption de plans de sites ; d'établir (ou recueillir) des préavis sur les requêtes en autorisation de construire ; de suivre des chantiers, de choisir et de conseiller les matériaux et l'exécution. Ce service se dit avant tout concerné par le respect de la déontologie de la conservation, telle qu'énoncée dans la Charte de Venise : valeur mémoriale et esthétique semblent être prédominantes.

Une certaine évolution de l'échelon de référence et d'intervention est visible : autrefois attachée au bâti, cette direction intègre actuellement et dans une certaine mesure les sites et les paysages, ainsi que certains éléments du patrimoine récent. Enfin, et suite à des pressions externes, la valeur d'usage a progressivement été intégrée aux réflexions, mais néanmoins pas encore aux structures (légales).

18 Dès 1996, un regroupement de toutes les entités et services cantonaux concernés par la dimension culturelle est effectué : la Direction du patrimoine et des sites chapeaute ainsi le Fonds cantonal de décoration et d’art visuel, le service des monuments et sites, l’inventaire des monuments d’art et d’histoire, le service d’archéologie. En outre, il relaie, sur le plan cantonal, les activités de certains Offices ou organismes nationaux (l’Office fédéral de la culture ; Office de l’environnement, des forêts et du paysage, etc.).

- L'Office des Transports et de la Circulation (OTC) (Département de justice et police et des transports) organise et gère la circulation des véhicules privés et les transports publics sur l'ensemble du canton. Il établit la signalisation et les marquages.

Ce sont les logiques d'ensemble qui sont préconisées dans ce service, ceci à travers l'établissement de plans directeurs (Mobilité 2005) ; cependant, ce service se doit de respecter des contraintes multiples comme le respect des normes en matière de pollution atmosphérique.

- Les autres responsables cantonaux impliqués dans l'aménagement des espaces centraux sont : La Direction de l'aménagement (Département de l’aménagement, de l’équipement et du logement) ; l'Office cantonal du Logement (Département de l’aménagement, de l’équipement et du logement) qui intervient indirectement dans la gestion du patrimoine en étant responsable de la mise en œuvre de la Loi sur les Démolitions, Transformations et Rénovations (LDTR, 1983) ; les transports publics genevois ; les services industriels.

Niveau communal

- Le service de la Conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève (Département de l’Aménagement des Constructions et de la Voirie) a été créé en 1983 et a, jusqu'à récemment, été rattaché au Département des Affaires Culturelles ; son changement d'affectation démontre une certaine volonté d'intégrer les questions patrimoniales à l'aménagement du territoire. Ce Service reste cependant indépendant des deux divisions existantes (Division de l'aménagement et des constructions et Division de la voirie).

Ce service a pour mission de conseiller les autorités municipales en matière de patrimoine architectural (maintien, restauration, etc.) se trouvant sur le territoire de la Ville de Genève. Son rôle est essentiellement consultatif, mais il peut cependant introduire certaines demandes ; ce service préavise les demandes en autorisation de construire sur la base de dossiers fournis par le Département des Constructions, il effectue des recherches scientifiques et des études historiques permettant d’établir la valeur patrimoniale de certains édifices. Par ailleurs, ce service participe à l’élaboration de projets de restauration, ceci afin d’étayer les choix ; enfin, des conseils techniques sont promulgués, ceci une fois les crédits votés. Ces missions sont complétées par un rôle d’information et de sensibilisation (Journées du patrimoine).

- Le service d'urbanisme élabore des plans d'utilisation du sol, ainsi qu'un plan directeur communal ; il est chargé de donner des préavis concernant des projets d'aménagement effectués sur le territoire de la Ville de Genève (demandes d'autorisation de construire). Le plan directeur communal est conçu à l'échelle de la ville et a pour objectif de définir

certaines options de développement pour les quinze ans à venir. Ce plan n'a cependant pas de force légale, du fait de l'absence de pouvoir décisionnel de la Commune en matière d'aménagement du territoire. Ce plan (le dernier étant le schéma directeur « Genève 2001, options d'une politique urbaine ») édicte des principes généraux (réhabilitation du logement en ville, préservation du paysage urbain hérité du passé par exemple).

L'échelon est celui de la ville et l'intérêt est porté aux processus de structuration de l'espace, plutôt qu'aux objets isolés ; la dimension évolutive du patrimoine et des espaces publics est ainsi avant tout soulignée, ces composantes étant conçues selon une idée de ressources. Le patrimoine est conçu dans l'intégration des abords du bâti, ainsi que selon ses diverses dimensions contextuelles (sociales, économique, etc).

Par ailleurs, du fait de l'accent récent porté au développement de cheminements piétonniers (voir Plan directeur des chemins pour piétons), ce service accorde une attention particulière aux questions d'animation urbaine.

- Le service d’aménagement urbain et d’éclairage public (Département de l'aménagement, des constructions et de la voirie) se charge des études et projets d'aménagement concernant le domaine public de la Ville de Genève. A travers l'organisation de concours d'architectes et de mandats d'études parallèles, ce service élabore des projets de création ou d'aménagement d'espaces publics. En outre, il travaille à l'élaboration de projets de création de zones ou cheminements piétonniers, de mise en place de réseaux de transports publics, de modération de la circulation et d'éclairage public. Au stade de la réalisation, ce service mène ses propres chantiers sur les terrains privés, les cours et les squares de la Ville de Genève ; quant aux travaux sur le domaine public des rues et des places, il les confie à la Division de la voirie.

Dans la définition et le choix des projets, ce service travaille en collaboration avec : les services de la Division de la Voirie (Département de l'aménagement, des constructions et de la voirie), le Service d'Intervention et de Secours (SIS), le service des agents de ville et du domaine public (Département municipal des sports et de la sécurité), le Service des espaces Verts et de l'Environnement (SEVE) (Département des affaires sociales, écoles et environnement), etc.

Le principal échelon de référence est la place dans son périmètre élargi et la rue dans ses connexions avec le reste du quartier.

Les orientations actuelles de ce service sont notamment la mise en œuvre de zones piétonnières et la promotion de modes de déplacements doux (gestion de la manifestation annuelle « En ville, sans ma voiture ! »). Le retour à des matériaux

traditionnels (graviers naturels19 en opposition à l'enrobé bitumeux et le béton) occupe une place importante. Enfin, les expérimentations d'usages multiples de l'espace public sont régulièrement proposées aux citadins à travers la réalisation d' aménagements « éphémères ».

- Le Fonds d’Art Contemporain a pour objectif de permettre la décoration des espaces publics, grâce à la présence d'œuvres d’art. L'objectif poursuivi est une amélioration de la relation entre l’art et la ville, ceci dans les espaces du quotidien. Ce Fonds participe aux Journées du patrimoine à travers la mise en œuvre de parcours artistiques.

Autres professionnels de l'espace

- L’Institut d’architecture prend régulièrement position dans les débats relatifs à la sauvegarde du patrimoine et à l'aménagement de l'espace public, notamment à travers le lancement de concours d'idées pour étudiants. En outre, elle est la seule institution universitaire européenne à dispenser une formation post-grade sur le thème de la sauvegarde du patrimoine bâti moderne et contemporain, situation qui lui confère une certaine légitimité.

- Des organismes privés d'utilité publique, telle la Fondation Braillard Architectes occupent une place importante sur la scène genevoise en matière de sauvegarde du patrimoine contemporain.

Commissions consultatives

A la jonction entre professionnels de l'espace et acteurs politiques se trouvent les diverses commissions consultatives ; elles regroupent des membres de chaque parti représenté au Grand Conseil et désignés par ce dernier, divers représentants de communes, d'organismes et de milieux intéressés, ainsi que des experts dans les questions traitées. Leurs compétences en matière d'aménagement du territoire sont variables en fonction des individus.

- La Commission consultative cantonale pour l'aménagement du territoire participe à la définition du « Concept de l'aménagement cantonal ».

- La Commission cantonale des monuments, de la nature et des sites donne des préavis (mais sans force obligatoire) sur les questions relatives à la protection des monuments, de la nature et des sites. Cette commission effectue des travaux d'analyse des dossiers, rédige des préavis qui sont renvoyés à la Police des Constructions.

- Les Commissions d'Architecture et d'Urbanisme interviennent, en donnant leurs préavis, dans les prises de décision en matière d'aménagement des espaces centraux.

Du fait que les représentants de ces commissions, ainsi que les rapports de force qui les unissent, varient au cours du temps, les conceptions dominantes sont difficiles à cerner ; il est clair cependant que les options préconisées au sein de ces commissions ont un poids considérable dans les prises de décisions.