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4.2 Les trois mécanismes du système de contrôle cognitif et deux concepts clés sous-jacents : le superviseur attentionnel et les deux plans du système

CHAPITRE 3 : MODÈLES MENTAUX ET REPRÉSENTATIONS

3. Les modèles de situation, leurs propriétés

3.1. La notion de modèle de situation

Or, selon Rouet (2000), la compréhension de texte est une capacité à comprendre "ce dont parle le texte" et de fait à :

faire fonctionner sa représentation afin de répondre à des questions, de résoudre des problèmes, de transférer et généraliser les informations

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acquises. En d'autres termes, la compréhension doit donner naissance à des connaissances nouvelles (Rouet, 2000, p. 8).

De plus, Rouet (2000) octroie au modèle de situation une caractéristique d'interaction entre les "processus linguistiques et l'activation des connaissances" initiales du sujet :

La "reconstruction" de la structure propositionnelle du texte n'est donc au mieux qu'une étape préliminaire de la compréhension. La notion de "modèle de situation" rend compte de l'interaction fondamentale entre les processus linguistiques et l'activation des connaissances du sujet qui caractérise la compréhension effective d'un texte (Rouet, 2000, p. 8).

C'est ainsi que van Dijk et Kintsch (1983) (cités par Rouet, 2000) considèrent non seulement les informations issues d'un texte mais aussi les informations issues des connaissances initiales du sujet en créant un nouveau modèle, le "modèle de situation" (Rouet, 2000, p. 11). Kintsch (1983) (cité par Ehrlich & Tardieu, 1993) différencie trois niveaux de représentation :

une représentation des caractéristiques de surface du texte une base de texte propositionnelle

une représentation du contenu du texte à savoir le "modèle de situation" (Ehrlich & Tardieu, 1993, p. 54).

Au sein du modèle de situation, il abandonne la notion de proposition pour celle de schéma propositionnel. Le schéma propositionnel comprend :

la structure interne de la phrase, en particulier la nature du prédicat, les rôles sémantiques des arguments, les modificateurs et les circonstances de lieu et de temps. [...] le schéma propositionnel est une représentation d'un fait (action, état, événement...) dans un monde possible (Ehrlich & Tardieu, 1993, p. 54).

Leregroupement des schémas propositionnels forme la "microstructure de la base du texte". A partir de ce regroupement on en déduit les schémas propositionnels à l'origine de la macrostructure. La microstructure et la macrostructure ne s'appuient plus sur des règles comme dans le cas du modèle propositionnel mais sur "les propriétés syntaxiques,

129 sémantiques et pragmatiques" des inputs linguistiques. Elles intègrent aussi de manière flexible "les propriétés du système cognitif du lecteur, ses connaissances, ses croyances, ses buts, ses intérêts..." et le contexte socio-culturel qui encadre la compréhension du texte (Ehrlich & Tardieu, 1993, p. 54). Ainsi, le modèle de situation insère tant les connaissances personnelles du sujet que ses connaissances générales et permet au sujet, en s'appuyant sur le texte, d'élaborer des tâches complexes telles que l'acquisition de nouvelles connaissances, le raisonnement, la résolution de problèmes, etc. Globalement, Kintsch (cité par Ehrlich & Tardieu, 1993) pense que les unités propositionnelles permettent de réactiver les connaissances issues de la mémoire permanente du sujet ou bien forment directement des modèles de situation ou encore imposent un raisonnement par analogie lors de la construction de ce type de modèle, ce qui semble assez flou (Ehrlich & Tardieu, 1993, p. 55).

3.2. Les propriétés des modèles de situation

En outre, selon Rouet (2000), les modèles de situation comportent deux types de propriétés propres :

à partir de représentations narratives, Morrow, Greenspan et Bower (1987) (cités par Rouet, 2000) ont démontré que lors de la construction d'un modèle de situation et ce, tout au long de la lecture d'un texte où évolue un personnage dans un environnement donné, les sujets conservent en mémoire les relations spatiales des objets. Selon Glenberg, Meyer et Lindem (1987) (cités par Rouet, 2000), il en est de même pour les caractéristiques des référents dont la fonction est liée à un personnage et ce, même en l'absence de citation des objets référents (Rouet, 2000, p. 11). En effet, selon Rouet (2000) :

durant la compréhension d'un texte le sujet construit une représentation analogue de la situation. Lorsque le texte fait référence à un aspect particulier de la situation, alors tous les référents relatifs à cet aspect se trouvent activés en mémoire même s'ils ne sont pas explicitement mentionnés (Rouet, 2000, p. 12) ;

toujours à partir de textes narratifs, Zwaan, Graesser et Magliano (1995) (cités par Rouet, 2000) concluent que les modèles de situation possèdent trois dimensions : le temps, l'espace et les causalités, dimensions que le lecteur adulte traite assez aisément malgré l'introduction de discontinuités qui affectent

130 le temps de lecture et ce, dans des conditions normales de lecture. Cependant, les sujets ont besoin d'une seconde lecture en ce qui concerne les propriétés spatiales en cas d'introduction d'une rupture au sein de la continuité spatiale (Rouet, 2000, p. 12).

3.3. Les modèles de situation et les modèles mentaux, des caractéristiques

interactives

Il est à noter que, selon Glenberg, Meyer et Lindem (1987) (cités par Rouet, 2000), les modèles de situation ont des caractéristiques communes avec les modèles mentaux :

ces deux types de modèles comprennent des traces perceptives (par exemple, l'image d'une scène perçue visuellement) et des informations symboliques (par exemple, des éléments de description linguistique verbale) d'où l'hybridité des représentations ;

ces modèles sont "malléables" c'est-à-dire qu'ils intègrent des modifications sur l'échelle du temps, les nouvelles activités réactivant les modèles antérieurs qui prennent la forme de "représentations circonstancielles" (terme employé par Ehrlich en 1985) ;

ces modèles sont "actifs" dans la mesure où ils influencent la perception et le traitement des informations (Rouet, 2000, p. 11).

Les modèles mentaux étant "malléables", on peut faire l'hypothèse que leur construction textuelle puisse être mise à jour à partir du traitement de nouvelles informations. C'est ainsi que Johnson et Seifert (1999) (cités par Rouet, 2000) différencient la mise à jour de surface de la mise à jour profonde. La mise à jour de surface demande au lecteur d'identifier l'information correctrice, d'intégrer cette information correctrice au sein de la représentation mentale, de comprendre sa contradiction avec une information antérieurement lue sans qu'il y ait une remise en cause du modèle mental dans son intégralité. Or, cette mise à jour de surface fait face à des difficultés : le lecteur ne comprend pas l'information correctrice, le lecteur n'est pas conscient de la contradiction entre les deux types d'information, enfin le lecteur peut utiliser des stratégies d'évitement pour omettre la remise en cause de ses croyances. Quant à la mise à jour profonde, il s'agit d'une révision totale du modèle mental remis en cause par l'information nouvelle. Or, dans ce cas, les difficultés relèvent de la correction locale du modèle mental ainsi que de la remise en question des inférences effectuées à partir de

131 l'information antérieure. Mais, la mise à jour des modèles mentaux ne s'effectue pas de manière automatique (Rouet, 2000, pp. 12-15).

S'agissant des inférences qui complètent les informations issues du texte pour construire une représentation des phrases intégrées en une structure sémantique globale, elles se définissent ainsi :

Par inférence, on entend généralement toute information qui consiste en une adjonction, à un état spécifié d'information, de nouveaux éléments dépendant de l'état de départ (Denhière & Baudet, 1992, p. 81).

Denhière et Baudet (1992) présentent les quatre types d'inférences en relation avec la compréhension écrite à savoir :

les inférences de liaison articulent les propositions construites à partir de l'information produite par le texte. Ces inférences font le lien (c'est-à-dire comblent une lacune) entre les énoncés explicites du texte et les représentations mentales construites, ce qui forme une cohérence des représentations. Ces inférences seraient donc élaborées lors de la compréhension du texte et seraient présentes dans la trace mémorielle dont la construction constitue l'ultime étape de la compréhension ;

les inférences d'enrichissement correspondent à l'intégration de l'information transmise au sein d'un cadre de connaissances. Elles précisent des éléments non explicités dans le texte ou encore mettent en relation le texte dans sa globalité avec des connaissances non explicitées. Il s'agit ici d'hypothèses plus ou moins probables ou encore d'inférences pragmatiques qui peuvent intervenir en partie lors du rappel ou de la reconnaissance et plus précisément lors de la prise de décision ;

les inférences basées sur des métaconnaissances reposent sur le savoir d'un individu sur ses propres connaissances;

les inférences logiques ont pour objet de sauvegarder les valeurs de vérité (Denhière & Baudet, 1992, pp. 81-85).

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